A Touch of Sin censuré en Chine

[laoshi]

Décidément, "le rêve chinois" de Xi Jinping vire au cauchemar. Voilà que le film A Touch of Sin, qui avait pourtant passé les barrières de la censure avant sa sortie, est bloqué en Chine. Il ne fait pas bon parler des conflits sociaux à Pékin ou à Changsha. Je constatais récemment sur CI, que deux messages consacrés aux "mouvements contestataires en Chine" le 23 novembre avaient été immédiatement supprimés sans laisser de traces sur le site...

CENSURE : Un film récompensé à Cannes sous omerta en Chine

«A Touch of Sin», prix du meilleur scénario sur la Croisette et dernier film de Jia Zhangke, a vu sa sortie repoussée en Chine. Les médias chinois sont contraints de ne pas l'évoquer.A Touch of Sin[Un soupçon de péché], le nouveau film du cinéaste chinois Jia Zhangke, a malheureusement de grandes chances d’être interdit en Chine. Cette œuvre qui décrit une Chine au bord de l’explosion sociale, a été jugée trop incendiaire par les censeurs: ils ont enjoint cette semaine les médias chinois, dans une directive émanant du Département de la propagande du Parti, à ne pas en souffler mot.

Cette censure médiatique est un très mauvais signe, et ce n’est pas le seul. Jia Zhangke, qui devait se rendre cette semaine à Taïwan pour y recevoir un prix et y montrer son film, a affirmé, mercredi sur son blog, qu’il avait annulé son voyage «pour des raisons personnelles». Mais selon une source proche du metteur en scène contactée par Libération, c’est bel et bien sur ordre des autorités chinoises qu’il a dû renoncer à son voyage. Il est probable que ce soit par prudence qu’il ait choisi de ne pas en dire trop sur son blog, lu par dix millions de fans. Interviewé par Libération en juillet à Pékin, Jia Zhangke se félicitait de constater que son film avait réussi à «passer la censure» chinoise, à l’issue de laborieuses palabres avec les bureaucrates chargés de cette tâche ingrate. «Je perds un temps fou à négocier avec la censure, mais j’y suis obligé parce qu’il est nécessaire que mes films soient vus en Chine. Je négocie néanmoins pour ne pas faire de compromis», disait-il.

A Touch of Sin, qui a obtenu le prix du meilleur scénario à Cannes en mai, devait sortir en Chine début novembre. Puis, invoquant la nature «sensible» du film, des collègues du cinéaste ont expliqué à Libération que la sortie avait été repoussée «après le 3e plénum du Parti communiste» -qui s’est achevé il y a deux semaines. La consigne de silence imposée aux médias chinois depuis lors, indique sans ambiguïté que les censeurs ont, depuis, changé leur fusil d’épaule. Il est aussi possible que ces exécutants, jugés trop coulants par de plus hautes autorités, se soient fait taper sur les doigts.

Le film, intitulé en chinois Tianzhuding, est une véritable bombe. Il raconte quatre histoires de révoltés inspirées de faits réels: un mineur, confronté à la corruption des cadres, règle ses comptes à coups de fusil; un paysan migrant, pour qui la vie n’a pas de sens, devient tueur professionnel; une employée d’un sauna tue au couteau un officiel qui tente de la violer; un jeune ouvrier, dont l’amie devient une prostituée de luxe pour les puissants, se suicide en sautant du balcon de son dortoir.
Pour plus d’authenticité, Jia Zhangke s’est amplement documenté sur ces faits divers réels, symptomatiques de la société chinoise. «Il plane sur la Chine une odeur de d’explosion sociale, expliquait le cinéaste en juillet. Les bouleversements qu’a connus la société ont accru les pressions sur les individus, mais ceux-ci n’ont pas de moyen de les exprimer ou de résoudre leurs problèmes par les voies habituelles. Face à l’inextricable, ils ont recours à des moyens violents. A partir du moment ou une société bloque tous les moyens d’expression des gens, cette société est anormale.»
Après visionnage de ce film-vérité très fort, le spectateur a presque envie d’aller lui-même se venger sur les nantis.

La censure de cette œuvre intervient dans un contexte de colère sociale tangible: début novembre, à Taiyuan (province du Shanxi), un «indigné»a fait exploser sept bombes, qui ont fait un mort, devant l’entrée du siège du Parti communiste de la ville.

[mandarine]

J'avais également remarqué...

[jolvil]

Vous savez ce que je pense de CI, un site qui a vendu son âme au gouvernement chinois....
et qui utilise le même genre de censure arbitraire.
Si je souhaite me connecter à CI je me retrouve automatiquement redirigé vers http://www.disney.com.hk, surement un trait d'humour de son webmasteur.
Heureusement il y a des moyens de contourner cette forme de censure... de toute façon je ne visite plus ce site, je préfère largement zhongguowenhua qui nous ouvre les yeux et l'esprit sur la Chine.

[laoshi]

Merci pour le compliment, Jolvil !

[mandarine]

Bien dit ,Jolvil .
Seule la constatation de la dégringolade de CI m'incite à ouvrir ce site quand il n'est pas dans les spams;son contenu est navrant.

[laoshi]

deux interviewes fort intéressantes de Jia Zhangke sur Rue89 /

« Pas de création sans liberté » : le cinéaste Jia Zhangke et la censure. Le cinéaste y rappelle opportunément que le personnage de Lei Feng, dont nous avons déjà parlé ici, incarne le refus de reconnaissance de l'individu dans le régime chinois ; on voit aussi sur cette page plusieurs vidéos, dont la bande annonce du film.

Jia Zhangke, cinéaste : « La Chine nie l'individu »

[mandarine]

En effet , très intéressant .
Dès que je rentre en France , je commande le film !

[laoshi]

Je ne crois pas que le film soit disponible en DVD, Mandarine. Je pense qu'il n'est pas encore sur les écrans ; il sortira en avant-première mardi (demain) au cinéma Etoiles-Lilas avant d'être projeté à Lyon et à Strasbourg :

Le mardi 3 décembre à 20 heures :

Cinéma Etoile Lilas, place du maquis du Vercors (Paris, XXe).
Métro - Porte des Lilas : lignes 3bis & ligne 11.
Bus - Porte des Lilas : lignes 48, 96, 105, 115, 129, 170, 249.
Tramway - Porte des Lilas : T3bis.
Tarif unique de 7,5 euros ; étudiants et -18 ans : 5 euros. Carte Le Pass Gaumont/Pathé acceptée.
Renseignements : lfremond@rue89.com

Lyon, le 10 décembre à 20h au Comoedia (13, Avenue Berthelot 69 007 Lyon) :
Renseignements : yannick@rue89lyon.com

Strasbourg, le 11 décembre à 20h, au cinéma Star St-Exupéry (18, rue du 22 novembre 67 000 Strasbourg) :
Renseignements : elsa@rue89strasbourg.com

[mandarine]

[laoshi]

Le film sera sur les écrans français le 11 décembre.