Wang Bing : Les Trois Soeurs du Yunnan

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Wang Bing : Les Trois Soeurs du Yunnan

Messagepar laoshi » 22 Avr 2014, 06:34

Le film est sorti en salle mercredi dernier, je l'ai vu dimanche. Bouleversant, comme la version courte diffusée par Arte dont nous avons longuement parlé ici même. A ma grande surprise, la salle du Panthéon était pleine. Le public, malheureusement, était globalement âgé, comme si ce genre de problème ne touchait pas les jeunes générations.

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Pas grand-chose à ajouter à ce que nous avons déjà dit sinon que le père finit par revenir au village avec une femme et la fille de celle-ci. Pour Yingying, elle sera visiblement une marâtre. Sa fille, qui semble avoir elle aussi une dizaine d'années, est dispensée de la corvée de lessive et est mieux habillée que les petites qui reviennent de la ville avec les habits qu'elles avaient en partant. Yingying, quant à elle, n'a pas changé une seule fois de sweat-shirt durant tout le tournage qui s'est pourtant déroulé sur plusieurs mois,d'octobre 2010 au Nouvel An de 2011 au moins, en février donc.

Wang Bing a beau dire, Yingying ne connaît rien des joies de l'enfance. Pas question qu'elle fasse ses devoirs quand il faut s'occuper des bêtes : "Tu es encore dans tes livres ?”, lui reproche son grand-père un jour qu'il rentre seul les moutons… Pour le grand-père, Yingying a d'abord le tort d'être née fille ; Wang Bing dit en effet dans une interview avoir rencontré la mère des trois fillettes dans le sud du Yunnan en 2013 : "Elle s'est remariée et a deux autres enfants, c'est une femme honnête, bienveillante, qui a eu de gros problèmes relationnels avec la famille dupère, furieuse de ne pas avour d'héritier mâle." Le grand-père ne voit donc en Yingying qu'une bouche inutile même si elle s'éreinte à faire paître les moutons, à préparer la pâtée des cochons, à ramasser du crottin, des pommes de pin, à ramasser du fourrage pour les bêtes et à porter des charges trop lourdes pour elle. A plusieurs reprises, il lui reproche son "appétit" et lui dispute même le peu qu'elle mange : il lui affirme qu'elle ne pourra finir son bol et lui ordonne d'en donner une partie à ses soeurs. Comme si elle comprenait ce qu'il y a d'insupportable dans cette remarque, la toute petite, Fenfen, répond, en mandarin, parlant d'elle à la troisième personne, "Fenfen aussi est rassasiée" :
粉粉也[Fěnfěn yě chī bǎo le] : l'expression, en chinois, évoque vraiment un sac débordant de nourriture.

Visiblement, les petites ont appris le mandarin à la ville et la nouvelle femme apporte avec elle des habitudes alimentaires rapportées de celle-ci : on mange des nouilles à leur arrivée. Mais les scènes consacrées à la vie urbaine du père ont été supprimées du film qui se consacre avant tout à la vie de Yingying à la campagne.

Par contre, on y voit une fête de Nouvel An chez le grand-oncle, le seul repas où l'on mange de la viande, qui n'était pas dans le documentaire d'Arte. Le chef du village, convié au festin, explique à ses concitoyens qu'il devra prélever plus d'impôts encore que l'année précédente : 10 yuans de plus, mais sachant bien que les villageois sont trop pauvres pour les payer, il affirme qu'il n'organisera pas la réunion au cours de laquelle il est censé en exiger le paiement. Il explique que le Parti fait construire des maisons en ciment dans de "nouveaux villages" qu'il s'agit de financer et que les autorités sont intraitables, pour cent yuans d'impayés, elles confisquent le bétail. Quand on connaît le degré de corruption des cadres et l'ampleur des détournements de fonds, on ne peut qu'être très en colère devant la misère de ces gens qui n'ont même pas un morceau de savon pour se laver, qui vivent encore dans des maisons en torchis, couvertes de chaume et rongées d'humidité... Je le disais à propos du documentaire d'Arte, les bêtes sont mieux traitées que les hommes dans ce hameau délaissé du miracle chinois. Les bêtes, sauf le chat, une bouche inutile lui aussi mais qu'il faut bien tolérer sans doute pour qu'il chasse les rats et les souris : on l'entend miauler désespérément à longueur de repas....

La bande son est particulièrement remarquable ; aucune musique, aucune voix off, mais des moments forts : Zhenzhen chantant une comptine disant que sa maman est "la meilleure des mamans", le silence de Yingying, sa toux, obsédante, et sa respiration coupée par l'altitude, le brouhaha de la classe où elle tente, en vain, de lire à l'unisson de ses camarades, le remugle des cochons mangeant leur pâtée ou le bêlement des moutons, le vent s'engouffrant bruyamment dans le micro de la caméra, les pleurs ou les rires de la petite Fenfen, tout cela contribue à donner au film une vérité bouleversante.

Wang Bing ne l'a sans doute pas fait exprès mais les couleurs de son film et les scènes de repas évoquent les toiles des frères Le Nain ou Le Mendiant de Murillo. Mais on peut difficilement, ici, regarder les images avec la distance qu'autorise la peinture de Le Nain et avoir une approche esthétique du film...

Voir les deux bandes-annonces

voir les photos du film
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Re: Wang Bing : Les Trois Soeurs du Yunnan

Messagepar laoshi » 22 Avr 2014, 09:10

Je viens de parcourir deux interviewes de Wang Bing en chinois qui confirment ce que je disais plus haut. D'abord sur le dialecte des petites filles (n'imaginez pas que je lise couramment le chinois, j'ai utilisé, pour une fois, le traducteur automatique). Wang Bing explique qu'il ne comprend lui-même qu'un tiers de ce que disent les personnages de son film parce qu'ils parlent la langue de la dynastie Ming, ils semblent être des descendants des armées de Nankin de cette époque.

Ensuite sur la durée du tournage, 5 mois d'octobre 2010 à mars 2011. Il avait rencontré les petites filles alors que la plus grande, Yingying, n'avait que 7 ans. Comme me le faisait remarquer Faustula à l'issue de la projection, même si son film est admirable, Wang Bing ne semble guère éprouver de pitié pour ces enfants qui l'ont accueilli chez elles et lui ont fait partager leur repas de pommes-de-terre le jour de leur première rencontre. Il ne semble pas se préoccuper d'améliorer leur devenir, qu'il observe de l'extérieur.

Le nom des enfants contraste cruellement avec leur destin :
英英 [yīngyīng] signifie "fleur", "perfection", 珍珍[zhēnzhēn] "objet précieux", et 粉粉 [fěnfěn] "poudre de fard"...
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Re: Wang Bing : Les Trois Soeurs du Yunnan

Messagepar mandarine » 22 Avr 2014, 13:48

Merci Laoshi pour cette présentation du film.
La beauté époustouflante des montagnes est la seule richesse de ces personnages .
Et que vient faire une femme de la ville dans cette campagne ?Va-t-elle y rester?Le sort de yīngyīng est ce qu'il est en ce moment ,mais que peut-elle attendre du futur?Se marier , être l'esclave d'une autre famille avec en plus la charge de sa famille, puis de ses propres enfants...Pas étonnant que les petites filles étaient données aux cochons à leur naissance (j'espère que ça n'existe plus mais je finis par en douter).

Je crois pouvoir dire que les sentiments des chinois sont soit bien cachés soit inexistants lorsqu'il est question d'argent...
J'aimerai pouvoir faire quelque chose pour cette famille,mais elles sont innombrables dans la Chine profonde , oubliées de la croissance comme vous le dites.
C'est terrible cette histoire mais elle a la qualité de nous montrer une certaine réalité grâce au film.C'est vrai que les couleurs sont extraordinaires ,vous avez vu juste.


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Il y a aussi cette peinture de la famille heureuse ...

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Merci encore Laoshi
Dernière édition par mandarine le 22 Avr 2014, 19:29, édité 1 fois au total.
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
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Re: Wang Bing : Les Trois Soeurs du Yunnan

Messagepar laoshi » 22 Avr 2014, 16:14

La nouvelle compagne du père n'est pas une femme de la ville, c'est visiblement, elle aussi une mingong mais elle a sans doute passé suffisamment de temps en ville pour en revenir un tant soit peu "acculturée", convertie aux usages alimentaires et vestimentaires des citadins même si elle reste avant tout paysanne. Sa fille est plus "soignée" que Yingying et ses soeurs :

troisoeurs7.jpg
la fille de la compagne du père avec Fenfen, donnant à manger des feuilles de bambous aux chèvres
troisoeurs7.jpg (29.85 Kio) Consulté 2113 fois


Pour les toiles des frères Le Nain, je pensais surtout à Famille de paysans dans un intérieur

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Mais les paysans des Le Nain, au XVII° siècle, sont beaucoup moins démunis que ne l'est cette famille du Yunnan au XXI°!...

troisoeurs1.jpg
les deux plus petites, Zhenzhen et Fenfen
troisoeurs1.jpg (27.01 Kio) Consulté 2113 fois


La toile de Murillo, quant à elle, me rappelle, outre les séances d'épouillage, un épisode éminemment cruel du film : le cousin demande à sa mère s'il peut donner une pomme à Yingying, qui vient de les aider dans le travail de la ferme : "surtout pas, répond celle-ci, il ne nous reste que ça" (en l'occurrence, une bonne dizaine de pommes).
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Re: Wang Bing : Les Trois Soeurs du Yunnan

Messagepar mandarine » 22 Avr 2014, 19:26

Même les roms ne sont pas aussi démunis ;ils sont solidaires .Ce qui n'existe pas dans dans ce village ni dans la famille.
J'y ai pensé toute l'après-midi en jardinant.
Je me vois mal faire une randonnée à plus de 2000 m d'altitude pour rencontrer les enfants , mais l'idée m'a effleurée.
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Re: Wang Bing : Les Trois Soeurs du Yunnan

Messagepar mandarine » 23 Avr 2014, 13:32

Pas de chance , ce film n'est pas programmé à Reims.
Dix villes seulement le projettent actuellement en France .
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Wang Bing et le cinéma "de la pauvreté"

Messagepar laoshi » 15 Mai 2014, 07:50

Belle soirée, le mardi 7 mai à la Librairie du Cinéma du Panthéon, 15 Rue Victor Cousin, à Paris.

Après avoir accueilli Wang Bing, la semaine précédente (j’ai malheureusement manqué ce rendez-vous), elle proposait cette fois un débat plus général autour de la pauvreté au cinéma dans lequel le film de Wang Bing avait évidemment toute sa place.

Andrea Grunert, qui a dirigé le numéro 149 de la revue CinémAction intitulé De la pauvreté, aux éditions Charles Corlet, préfacé par Ken Loach en personne, a d’abord rappelé, à grands traits, la place que tient la représentation de la pauvreté dans l’histoire du cinéma. Car, si les pauvres sont, dans les sociétés prospères, repoussés dans les marges urbaines et voués à l’invisibilité, voire à une mort symbolique, le cinéma participe incontestablement, comme l’a fait la littérature du XIX° siècle (entre autres avec des auteurs comme Charlotte Brontë, Dickens, Hugo, Zola) à un retour du refoulé social. Ces pauvres que l’on s’efforce de ne pas voir, le cinéma les montre depuis ses tout-débuts, participant ainsi à la construction/déconstruction de la représentation sociale de la pauvreté et des stéréotypes à travers lesquels nous percevons les SDF, les Roms ou les immigrés clandestins qui hantent nos villes mais aussi les déshérités de la désindustrialisation et les prolétaires du monde postcolonial : du film réaliste au mélodrame, de My Fair Lady à Slumdog Millionnaire, du blockbuster hollywoodien aux œuvres exigeantes des frères Dardenne ou d’Aki Kaurismäki, les discours misérabilistes ou moralisateurs, les rêveries libertaires de la marge et les fantasmes des classes dangereuses se croisent et se démentent tissant les linéaments de notre imaginaire.

La place du cinéma chinois, dans ce contexte, est éminemment problématique. C’est ce qu’a rappelé Raymond Delambre en interrogeant d’emblée la question de la réception des films qui ont assuré à Zhang Yimou, par exemple, tant de récompenses dans les festivals de Cannes, de Venise ou de Berlin. Le film de Wang Bing, en montrant crument le dénuement absolu dans lequel vivent les trois sœurs du Yunnan, semble rompre avec un symbolisme esthétisant dont on soupçonne parfois qu’il a été voulu par Zhang Yimou à destination des spectateurs occidentaux et des jurys internationaux avant de lui valoir une récupération en fanfare par le régime (personne n’a oublié la mise en scène de la cérémonie d’ouverture des JO).

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Or c’est un double contresens. D’abord, parce que le film de Wang Bing n’est pas un simple documentaire « réaliste », qu’on pourrait opposer de manière simpliste à Epouses et concubines, par exemple, mais une œuvre d’art à part entière, stylistiquement exigeante, comme en témoigne, entre autres, la manière dont Wang Bing place sa caméra : filmer une petite fille de dix ans en contre-plongée et en tirer les mêmes effets de perspective qu’avec un adulte, par exemple, est une authentique prouesse. Ensuite, parce que le cinéma chinois, dès l’origine, est saturé de symboles comme l’écriture idéographique dont il est inséparable. Quant à la référence à l’opéra, dont le film de Chen Kaige, Adieu ma concubine, est emblématique, et qu’on voudrait parfois réduire au souci pittoresque et exotique de la « couleur locale » (toujours à destination de l’Occident), elle est omniprésente dans le cinéma chinois, et ce depuis 1905, puisque le premier film chinois est justement une captation d’extraits de Ding Jun Shan, un opéra de Pékin lui-même adapté des Trois Royaumes, l’un des quatre grands classiques du roman chinois. Si l’opéra, dans ses variantes régionales, tient une telle place dans le cinéma chinois contemporain, ce n’est donc en aucune manière pour séduire les esthètes occidentaux, c’est qu’il appartient authentiquement à la culture populaire autant qu’à la culture savante : lorsque le public chinois voit les ouvriers d’une petite cité minière assister au spectacle que donne une troupe du Shanxi sur des tréteaux de foire, dans, A Touch of sin, de Jia Zhangke, c’est lui-même qu’il regarde.

Or, comme le montre le film de Wang Bing, l’un des effets de la pauvreté est justement de priver les déshérités de toute spiritualité (ce n’est sans doute pas un hasard si Le Fossé commence par une image de Pietà) et du patrimoine culturel qui est authentiquement le leur : comme je le disais dans l’analyse que j’ai faite de cette scène, le jeune instituteur qui tente de sensibiliser les petits pouilleux de son école à la beauté du chant de Mei Lanfang tenant le rôle de Xiang Yu dans Adieu ma Concubine, n’a aucune chance de toucher ces pauvres enfants voués aux travaux éreintants de la ferme, pataugeant dans la boue et le purin de cochon… Les programmes débilitants de la télévision, présente dans le hors-champ, font un contrepoint éminemment symbolique à cette tragique déculturation. Notons néanmoins, comme je l’ai montré avec Mei Lanfang dans Adieu ma concubine, que les feuilletons chinois ont un rôle pédagogique qu’on chercherait en vain à la télévision française : non seulement on y voit et on y entend le fils de Mei Langang jouant le rôle du roi mais encore le drame est joliment expliqué.

Car l’Etat communiste chinois, et c’est là encore l’une de ses spécificités, entretient une relation étroite avec ses marges sociales, linguistiques et ethniques. Les trois petites filles que filme Wang Bing appartiennent bien à l’ethnie majoritaire han mais elles ne parlent pas le mandarin. Comme je le faisais remarquer au cours du débat, c’est paradoxalement le statut misérable de son père, contraint à se faire mingong (c’est-à-dire travailleur migrant surexploité) qui assure pour la cadette l’acculturation linguistique que serait bien incapable de lui procurer l’école.

La représentation des minorités ethniques par le cinéma officiel est l’une des pièces maîtresses de la politique chinoise et des rapports du centre à la périphérie. Car il est crucial, pour le PCC, d’éviter le scénario catastrophe dont la fin de l’URSS lui a donné l’exemple : perdre le contrôle de ses marges, de ses minorités, c’est le prélude de l’écroulement intérieur. Aussi n’est-ce pas un hasard si la Chine est aujourd’hui le seul Empire qui se remembre (Poutine semble avoir retenu la leçon) : Macao est rentré dans le giron central, Hong Kong perd peu à peu son indépendance et le rapprochement avec Taïwan (voire son absorption) est en marche. Comme le montre magnifiquement Liu Jie dans Le Dernier Voyage du juge Feng, l’appareil d’Etat se doit de pénétrer partout sur le territoire, y compris au fond des vallées vertigineuses du Yunnan où l’on ne peut s’aventurer qu’à dos de mulet…. Le cinéma ethnique fait donc partie intégrante du dispositif idéologique de l’Etat chinois. Comme je l’ai montré dans les rapports du Parti et des minorités en feuilleton, les minorités sont à la fois les objets et les destinataires du cinéma ethnique : des équipes de tournage et de projection accompagnaient l’Armée populaire de libération dans les régions les plus reculées et la projection, en plein air, de la proclamation de la Chine populaire par Mao est attestée. Mo Yan montre d’ailleurs, dans Beaux Seins, belles fesses, que les nationalistes n’étaient pas en reste dans ce domaine. Le film de Wang Bing doit donc aussi être analysé de ce point de vue. Au cinéma de légitimation officiel, il oppose un film de dénonciation : le dénuement absolu de ces enfants est à lui seul une preuve à charge contre un régime qui prétend défendre un idéal d’égalité et de justice et « servir le peuple ».

Le débat que je viens de résumer a évidemment eu lieu à bâtons rompus ; je crois avoir restitué ici la logique implicite du propos de Raymond Delambre et la logique interne des discussions.

Andrea Gruner est titulaire d'un doctorat en études cinématographiques, elle a déjà coordonné Le Corps filmé (2006) et L'écran des frontières (2010) pour CinémAction.

Raymond Delambre a participé au numéro 149 de CinémAction, De la pauvreté, où l'on trouve également une inteview de Wang Bing. Il est l'auteur d'Ombres électriques : les cinémas chinois, aux éditions Cerf-Corlet.
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Les Trois Soeurs du Yunnan en DVD

Messagepar laoshi » 03 Avr 2015, 06:43

Si vous avez manqué ce film bouleversant, ou si vous voulez le revoir, vous trouverez Les Trois Soeurs du Yunnan en DVD chez ARTE éditions.
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