Le soleil se lève sur une petite maison bleue, entourée de verdure. Les dessins sur les murs indiquent que des enfants vivent ici. En réalité, ils sont 150 à séjourner dans l’orphelinat "Village du Soleil", situé à Pékin. Le point commun entre eux : leurs parents ont été condamnés à la peine de mort pour crime, dissidence politique ou trafic de drogue. Aujourd’hui, ils sont considérés par la plupart des Chinois comme les enfants de la honte.
Le reportage "Chine, les enfants de la honte" du magazine "Grand Angle" lève le voile sur une réalité méconnue, mais saisissante. Chaque jour, d’après Amnesty International, une quinzaine d’exécutions ont lieu dans l’empire du Milieu. Proportionnellement à sa population, la Chine exécute trente fois plus que les Etats-Unis. Or, la plupart de ces condamnés à mort abandonnent derrière eux des enfants brusquement livrés à eux-mêmes dans les rues. D’après la loi chinoise, ils ne sont pas adoptables. L’Etat ne les prend pas en charge non plus; et les familles, frappées par le déshonneur, refusent généralement de s’en occuper. C’est pourquoi "Grand-mère Zhang", comme la surnomment les enfants, a fondé l’orphelinat "Village du Soleil" il y a 20 ans, dans le but de donner une chance à ces enfants de se construire un avenir.
"Mes parents se sont disputés", raconte Xialong, orphelin de 10 ans, "Mon papa a tué ma maman, et il a été condamné à mort." Dans les yeux de cet enfant, on lit la culpabilité vis-à-vis de l’acte commis par son père. Le reportage suit le quotidien de ces enfants à l’existence fracassée. Les images d’archives font écho à d’autres prises aux quatre coins de la Chine : dans l’orphelinat de Pékin, dans les campagnes chinoises où les familles témoignent, ainsi que dans les prisons où les condamnés font leurs adieux à leurs enfants.
"Papa a fait une grosse bêtise", chuchote un père à son fils, "Promets-moi d’être sage", ajoute-t-il, avant de s’en aller dans le couloir de la mort. Aujourd’hui, parmi les 2 000 enfants que Grand-mère Zhang a recueillis, certains sont ingénieurs, d’autres sont sculpteurs, d’autres encore travaillent dans des usines; mais tous continuent à se battre chaque jour contre le déshonneur et le rejet de la société qu’ils subissent malgré eux.
**Chine, les enfants de la honte. Reportage. RTL-TVI, 23h25.