Mo Yan : la photo qui accuse

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Mo Yan : la photo qui accuse

Messagepar laoshi » 31 Mai 2015, 17:58

J'ai toujours été persuadée que le PCC n'avait pas digéré le Prix Nobel de Mo Yan ; en publiant sur internet une photo de Mo Yan, prétendument à l'âge de 8 ans, un professeur pékinois, descendant de Confucius à la 72 °génération, lance un pavé dans la mare : Mo Yan prétend en effet qu'il ne savait pas ce que c'était qu'une photographie avant l'âge de 10 ans (précise le professeur Kong). "Menteur, rétorque le vertueux redresseur de torts, à 8 ans, le petit Guan Moye était photographié avec sa cousine..."

Mais il y a pire, Mo Yan prétend qu'il a connu la faim pendant le Grand-Bond-en-avant et qu'il allait ordinairement "cul nu" à cette époque : "Que nenni, réplique le professeur, regardez ces vêtements ouatinés, c'est bien la preuve que Mo Yan affabule, n'est-ce pas ?" . Les internautes se sont emparés du sujet et la polémique enfle, la télévision s'en mêle, relaie l'information mais apparemment personne n'a fait le calcul : si Mo Yan a 8 ans, la photo ne peut dater de 1962, puisqu'il est né en 1955. Elle date de 63. La famine a duré jusqu'en 61 ; en 62, ses effets commençaient à se faire beaucoup moins sentir et la situation était très variable selon les régions de la Chine.

Apparemment, personne non plus n'a lu Au Pays des contes, le discours de réception du Prix Nobel : Mo Yan y dit justement que l'un de ses premiers souvenirs est celui de sa mère cousant des vêtements ouatinés :


Mo Yan, dans Le Pays des contes, pp. 14-15, a écrit:
Pendant un certain temps vint au marché un conteur. J'allais l'écouter en cachette. [...] Quand, le soir, à la lueur d'une petite lampe à huile, [ma mère] s'affairait à confectionner des vêtements ouatinés pour la maisonnée, c'était plus fort que moi, il fallait que je lui raconte l'histoire que j'avais entendue de la bouche du conteur..

Quant à sa grosse tête, dont on fait un argument contre l'idée qu'il aurait pu avoir faim, c'est un trait anatomique que la faim ne peut changer : Mo Yan en parle justement dans tous ses romans et dit toujours qu'il se demande comment son corps pouvait porter une si grosse tête. J'ai vraiment l'impression qu'il s'agit de discréditer un écrivain un peu trop bavard et qui parle trop sur l'histoire tragique de la Chine... Que les souvenirs de Mo Yan ne soient pas fiables à 100% est une chose très compréhensible, comment le seraient-ils ? Il suffit d'ailleurs de le lire pour voir qu'ils varient au fil du temps, comme c'est le cas pour nous tous. Qu'ils soient à l'origine de ses œuvres ne signifie pas que ses romans reflètent fidèlement la réalité ! ce serait la négation même de la littérature et Mo Yan répète lui-même souvent qu'il ne faut pas prendre ses textes pour argent comptant.

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Le professeur Kong Qingdong critique de Mo Yan

Messagepar laoshi » 02 Juin 2015, 08:39

Je viens de me rendre compte que le bouillant professeur n'était pas un inconnu sur ce forum ; il s'agit de Kong Qingdong, 孔庆东, descendant de Confucius à la 72ème génération, professeur à Beida, qui s'est déjà illustré en affirmant "les Hongkongais sont des chiens" ; nous en avons longuement parlé. Or, comme je l'avais montré à l'époque, ce propos n'avait rien d'un simple dérapage raciste, il s'agissait bel et bien du lancement d'une campagne de dénigrement dont les visées politiques (la mise au pas de l'ancienne colonie britannique) dépassaient de très loin le fait divers qui lui avait servi de prétexte.

Je l'ai dit ailleurs, on assiste en ce moment, en Chine, à une mise au pas des artistes et des intellectuels. Comme il n'est pas possible d'envoyer Mo Yan au laogai, comme il n'est pas possible non plus de l'envoyer "apprendre auprès des paysans" (méthode actuellement employée contre les artistes anticonformistes), on tente de le discréditer dans l'opinion en utilisant, une fois encore, le réflexe nationaliste. Cette méthode est typique du "soft power" à la chinoise : il n'est pas possible que la télévision ait consacré un si long sujet à la question sans y avoir été incitée...

Le ressort du raisonnement que l'on attend du spectateur de cette émission de TV est simple : Mo Yan a menti sur son enfance, il n'a pas eu faim, il était bien vêtu, donc tout ce que dit Mo Yan sur l'époque du Grand-Bond-en-avant est faux, il s'agit de propagande antichinoise destinée aux Occidentaux, le succès de Mo Yan au Nobel le démontre, Mo Yan est un "chien couchant" de l'Occident, ce n'est pas un authentique Chinois.

Les internautes qui soutiennent le professeur Kong, disent exactement ce que le PCC ne peut supporter (merci à Lucie de m'avoir aidée dans la traduction) :


Mo Yan n'est il pas le lauréat du prix Nobel qui répand sa propagande partout dans le monde sur les défauts de notre nation ? [...]
Du film à la littérature, ses oeuvres enlaidissent l'image de notre peuple pour remporter le soi-disant grand prix international. L'ignorance du peuple chinois et des réalités chinoises permettent peut-être d'obtenir la reconnaissance de l'Occident mais nous, nous ne pouvons pas nous piétiner ainsi nous-mêmes pour obtenir ce soi-disant succès
.

De fait, Mo Yan révèle au monde entier ce que le pouvoir continue à vouloir cacher aux Chinois eux-mêmes. Il suffit de lire ses textes pour voir qu'ils s'accordent parfaitement avec l'existence de cette photo même s'il a lui-même oublié qu'elle avait été prise. Mo Yan dit d'ailleurs (je chercherai la citation exacte) que la famine a sévi dans son village pendant deux ans (je crois que les deux années les plus noires ont été 1959 et 1960, il faudrait relire Stèles, mais je n'ai pas le temps pour le moment).

Affaire qui nous démontre en tout cas qu'il faut lire et relire Mo Yan, c'est ce que je fais en ce moment quotidiennement !
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Re: Mo Yan dans le texte

Messagepar laoshi » 02 Juin 2015, 09:35

Voici le texte litigieux de Mo Yan. Chacun pourra constater que Mo Yan situe ses années de famine à l'âge de ses 5 ou 6 ans, autrement dit dans les années 60 et 61. L'année 62 est bien celle d'un début d'embellie même s'il a fallu attendre "le milieu des années 60" pour que la situation redevienne normale. Chacun pourra constater aussi qu'il ne nie pas l'existence de rares photographies et qu'il ne prétend pas avoir été "cul nu" d'un bout de l'année à l'autre mais seulement du printemps à l'automne. J'ai déjà dit, par ailleurs, que l'un de ses tout premiers souvenirs d'enfance était de voir sa mère "confectionner des vêtements ouatinés pour la maisonnée". On mesure ici la mauvaise foi du professeur Kong Qingdong, passé maître dans l'art de la manipulation de l'opinion !

Mo Yan, dans La Faim et la solitude sont des atouts de ma création, conférence donnée à l'université de Stanford en mars 200, reprise dans Dépasser le pays natal, a écrit:
Retournons […] au début des années 60, époque étrange de folie s’il en est […]. Alors que nous étions à moitié morts de faim, nous nous considérions comme les gens les plus heureux sur Terre, tandis que […] les deux tiers restants de l’humanité – y compris les Américains -, vivaient dans un abîme de souffrances. Ces crève-la-faim que nous étions étaient prêts à assumer le devoir sacré de vous tirer de là. […]
Dans mon enfance, j’ignorais jusqu’à l’existence des appareils photo […]. Je ne peux donc imaginer ce que fut mon enfance qu’à partir des quelques documents photographiques que j’ai pu voir et de mes souvenirs. J’ose garantir que ces images produites par mes rêveries sont vraies. Nous autres, gosses de cinq ou six ans, allions pratiquement nus du printemps à l’automne ; avec les froidures de l’hiver, on nous mettait vaguement quelque chose sur le dos. […] à l’époque nous avions tous une capacité de résistance au froid stupéfiante […] si vous étiez venus dans nos campagnes en ces temps-là, vous auriez pu voir des enfants cul nu ou vêtus de misérables guenilles courir et chahuter dans la neige. […] Nous n’avions presque pas de muscles, nos quatre membres étaient fluets comme des allumettes, et nos ventres aussi bombés que des jarres à eau. La peau de nos abdomens semblait transparente, on pouvait voir au-dessous nos intestins brûlants d’envie de passer à l’action. Nos cous étaient grêles, paraissant incapables de porter nos têtes si lourdes.
Notre idéologie était des plus simples : manger. […] Nous étions là telle une meute de chiots affamés […]. Beaucoup de choses qui, de nos jours sembleraient impropres à la consommation, faisaient nos délices. Nous avons mangé les feuilles des arbres et, quand il n’y eut plus de feuilles, nous avons mastiqué l’écorce, puis rongé les troncs. […]
Au printemps de l’année 1961, l’école de notre village fit venir une charrette de morceaux de charbon tout brillants ; nous étions d’une ignorance crasse, nous ne savions pas de quoi il s’agissait. Un petit malin s’empara d’un de ces morceaux et se mit à le manger […]. Nous nous sommes précipités pour saisir chacun un fragment et nous avons croqué dedans, crunch, crunch. […] Voyant combien nous nous délections, les adultes du village se ruèrent à leur tour sur le charbon. […]
Ces temps de famine durèrent un peu plus de deux ans, au milieu des années 60, nos conditions de vie s'améliorèrent. Même si nous ne mangions pas à notre faim, nous pouvions toucher chaque année par personne cent kilos de céréales, auxquels il convient d'ajouter quelques légumes sauvages déterrés dans la campagne ; c'était en gros suffisant pour assurer notre subsistance, il y avait de moins en moins de cas de mortalité dus à la faim.
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Re: Mo Yan : la photo qui accuse

Messagepar mandarine » 02 Juin 2015, 12:01

Et pourtant , il doit y en avoir des milliers des "Mo Yan" en Chine qui ont connu les mêmes souffrances !
Pourquoi ne pourraient-ils pas ,comme nos déportés et prisonniers des camps de concentration,parler pour conserver "la mémoire"?
Un régime ,quel qu'il soit, qui ne reconnaît pas les torts du passé n'a pas d'avenir.Il ne peut être crédible.
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
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Mo Yan vu d'Amérique.

Messagepar laoshi » 27 Déc 2016, 11:24

Une critique de Mo Yan, par un Américain, qui rejoint le point de vue de bien des critiques réductrices de son oeuvre. Je n'ai pas le temps de la traduire, mais elle pourrait vous intéresser. Peut-être la traduirai-je plus tard si j'en ai le temps.

Je ne partage pas du tout ce point de vue, je l'ai déjà dit. Vouloir juger une oeuvre littéraire à l'aune de ses engagements politiques supposés, c'est traiter l'art par l'idéologie, comme Mao le faisait en son temps. Loin de taire la réalité, comme le prétend l'auteur de ce texte, Mo Yan la fictionnalise de manière éminemment subversive. Ainsi, par exemple, les expériences de fécondation interspécifique durant le Grand Bond en avant ne sont pas une simple farce, ce sont au contraire des folies maoïstes très réelles !


Perry Link, le 24 décmbre 2012, a écrit:Why We Should Criticize Mo Yan

At a recent conference at Princeton University, I met a Chinese language teacher whom I had not seen since 1989 in Beijing. Trying to recall our first meeting, she asked me, “Was that before or after the dongluan [turmoil]?” Teasing her, I asked, “What do you mean by dongluan? Student dongluan or government dongluan?” She replied reflexively: “Student dongluan, of course.” Then she peered at me for a moment, realized what I had meant, and said: “Oh, yes! Government dongluan. The massacre!” Then she went into a long apology to me: she herself had been a student protestor in 1989, had been in Tiananmen Square in the days before the massacre (but not during it); she was on the students’ side; she agreed with me. And yet the phrase “student turmoil” now rolled off her tongue as easily as “Wednesday.” How much does this kind of induced linguistic habit reinforce state power? And how much does the habit affect Chinese writers?

In my New York Review essay on the new Nobel laureate Mo Yan, I objected to the writer’s way of presenting twentieth-century Chinese history. I noted that when he arrives at catastrophic episodes like the Great Leap famine, he deflects attention by resorting to what I call “daft hilarity”—shooting sheep sperm into rabbits or forcing someone to eat a turnip carved to be a “fake donkey dick”—while making no mention of starvation that cost 30 million or more lives.

In a lengthy response to my essay, Charles Laughlin disagrees with me, arguing that “Mo Yan’s intended readers know that the Great Leap Forward led to a catastrophic famine, and any artistic approach to historical trauma is inflected or refracted.” Laughlin sees Mo Yan as doing satire, not cover-up, and when the point is put this way, I can, in a narrow sense, accept it (even though my personal taste in satire does not extend as far as donkey dicks). The problem, in my view, turns on Laughlin’s phrase “intended readers.” Mo Yan has said that he does not write with any particular readers in mind, so “intended readers” here needs to be understood not as actual readers but as the kind of reader that is implied by the writer’s rhetoric. In this meaning, “implied reader” is a well-established term in literary studies, and it is fair enough to analyze things this way.

My own worry is about the actual readers. How does “daft hilarity” affect them? I hope Laughlin will agree with me that Mo Yan’s actual readers are numerous, mostly young, and not very well schooled in Chinese history. To reach the level of what Laughlin sees as Mo Yan’s ideal “intended reader,” a young Chinese must leap a number of intellectual hurdles that Communist Party education has put in place: first, that there was no famine, because the story is only a slander invented by foreigners; second, that if there really was a famine, it was “three years of difficulty” caused by bad weather; third, that if the famine indeed was man-made, it still wasn’t Mao-made, because Mao was great; fourth, that if it was Mao-made, people died only of starvation, not beatings, burnings-alive (called “the human torch”), or brain-splatterings with shovels (called “opening the flower”), as Yang Jisheng’s book Tombstone documents.

But there is another problem with the arguments made by Mo Yan’s defenders, and that is what the Chinese call xifangzhongxinzhuyi. This phrase does not translate easily, so please pardon my awkward rendering as “West-centrism.” The late Chinese physicist and human rights advocate Fang Lizhi was good at pointing out double standards in Western attitudes. When Communist dictatorships fell in Europe, the Cold War was declared “over.” But what about China, North Korea, and Vietnam? If the reverse had happened—if dictatorships had fallen in Asia but persisted in Europe—would Washington and London still have hailed the end of the Cold War? What if Solzhenitsyn, instead of exposing the gulag, had cracked jokes about it? Would we have credited him with “art” on grounds that his intended audience knew all about the gulag and appreciates the black humor? Or might it be, sadly, that only non-whites can win Nobel Prizes writing in this mode?

Pankaj Mishra, in an essay in The Guardian called “Why Salman Rushdie Should Pause before Condemning Mo Yan on Censorship,” acknowledges that Mo Yan has offered deplorable support to China’s rulers. But the main point of Mishra’s essay is that Western writers have also been the handmaidens of powers that oppress people in distant places. He asks, therefore, that people like Rushdie (and me, whom he also mentions) “pause.” I admire some of Mishra’s penetrating observations, for example that “Jane Austen’s elegantly self-enclosed world” depended on unseen “hellish slavery plantations” in the Caribbean. But why does any of this mean that I should “pause” before criticizing Beijing or its acolytes?

Must Salman Rushdie hold his tongue about Beijing until London is squeaky clean? My guess is that Pankaj Mishra, if you could shake him by the shoulders, would say (as I would) that any citizen of any country should be free to criticize any government anywhere that oppresses anyone. But his article does not leave that impression.

Authoritarians in China and elsewhere regularly take the position that foreigners should keep criticisms to themselves; the reasons for their position are obvious. The reasons that Western liberals often take the same position are far less obvious but well worth probing. The kinds of problems in China that, in different ways, Mo Yan and Liu Xiaobo bring to our attention—suppression of speech to protect state power, harassment and prison for “offenders”—can also be found in democratic societies. But to stand on that discovery and say “look, the whole world is the same, so let’s calm down” is not only intellectually feeble; when uttered by people who live at comfortable distances from true suffering, it is also morally indefensible. How do you think a Chinese liberal, sitting on a bench in a drab prison, would feel to hear an American liberal, sitting on a couch with the Guardian, say “you and I both live under oppressive governments, my friend; I must pause before criticizing yours”?

Laughlin notes that I do not answer the question posed by the title of my Review essay: “Does This Writer Deserve the Prize?” Fair enough. The title was written by editors of the Review, and I did not see it until the piece came out. Let me address the question now.

Measures of excellence in the natural sciences are objective enough that the question “Did X really deserve a Nobel?” can be answered with some confidence (if never certainty). For the literature and peace prizes, though, the question is so beholden to subjective impressions that consensus is impossible. Henry Kissinger won a peace prize. If that happened, what is not possible? I can answer only the question, “Would I personally have chosen Mo Yan?,” and I would like to restrict it further by adding the phrase “among living Chinese writers.” (Only living writers are eligible for the prize.)

The answer is no. Mo Yan would not have been at the top of my own list, which would include writers who work both “inside the system” in China and outside it. For authenticity and control of language, I would rate Zhong Acheng, Jia Pingwa, Wang Anyi, Liao Yiwu and Wang Shuo more highly; for mastery of the craft of fiction, Pai Hsien-yung and Ha Jin are clearly superior to Mo Yan; for breadth of spiritual vision, Zheng Yi is one of my favorites. I would also have put Yu Hua or Jin Yong (the Hong Kong writer of popular historical martial-arts fiction) above Mo Yan. But these are only my views. Please help yourself to your own.

A longer version of this essay appears on ChinaFile.com, a new online magazine from Asia Society’s Center on US-China Relations.


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