casse-tête chinois : l'affaire Chen Guangcheng

Chen Guangcheng en résidence surveillée à l'hôpital

Messagepar laoshi » 15 Mai 2012, 10:52

Comme je le pressentais plus haut, l'hôpital dans lequel Chen Guangcheng est soigné depuis sa sortie de l'ambassade américaine est devenue pour lui et sa famille une nouvelle résidence surveillée ; plus de violences, c'est déjà un point positif, mais pas encore de passeport pour les USA, malgré les engagements formels pris par les autorités chinoises qui cherchent à retrouver "la face" en faisant montre de leur pouvoir. Derrière ces atermoiements, on devine d'âpres conflits et un nouveau bras de fer entre les partisans de la répression à tout-va et les partisans d'une certaine décrispation, voire d'une certaine démocratisation de la société chinoise.

Libération a écrit:La Chine garde le contrôle sur l'avocat dissident Chen Guangcheng

Plus de dix jours après un accord entre Pékin et Washington sur son départ aux Etats-Unis, Chen Guangcheng est toujours confiné et isolé dans un hôpital de Pékin, une manière pour la Chine de montrer qu’elle reste maîtresse de l’exil de l’un de ses plus célèbres dissidents.

Toutefois, il semble exclu pour les analystes que Pékin revienne sur son engagement de laisser partir le militant des droits civiques étudier aux Etats-Unis.

Ce champion de la lutte contre les stérilisations et avortements forcés avait provoqué un bel imbroglio diplomatique en se réfugiant à l’ambassade des Etats-Unis à Pékin après s'être évadé fin avril de sa résidence surveillée.

Le 5 mai, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton avait terminé une visite en Chine, plombée par cette affaire, sur un accord obtenu après d'âpres négociations.

La Chine a accepté de donner «au plus vite» à Chen Guangcheng un passeport, avait annoncé le porte-parole de Hillary Clinton, promettant que Washington délivrerait «de manière prioritaire» des visas au militant et à sa famille.

Mais dix jours plus tard, Chen, qui a reçu une offre de bourse de l’Université de New York, n’a toujours pas de passeport.

Les Etats-Unis sont apparemment tout autant dans le flou que Chen puisque, a-t-il indiqué à l’AFP, leurs diplomates lui téléphonent une, voire deux fois, par jour pour demander s’il a reçu les sésames.

Résidence surveillée de facto

En attendant, l’avocat autodidacte aveugle se retrouve de facto en résidence surveillée à l’hôpital de Pékin où il est soigné, et dans une situation ressemblant fort à celle qui prévalait avant son évasion - interdiction de sortie et de visites - violences physiques en moins.

«Les responsables gouvernementaux ne sont pas venus (depuis une semaine). Je ne comprends pas pourquoi c’est retardé», a dit Chen en début de semaine par téléphone à l’AFP, «c’est peut-être pour sauver la face».

Pour Alice Ekman, chercheur à l’Institut français des relations internationales, «ne pas laisser Chen partir tout de suite est une façon pour la Chine de montrer qu’elle est encore maître du jeu, de regagner une partie de la face qu’elle avait perdue» lors de l'évasion du dissident.

Puisque «la crise a été désamorcée» par l’accord entre Pékin et Washington et qu'«il n’y a plus urgence côté chinois», la Chine donne l’impression qu’elle «n’est plus à quelques jours, voire quelques semaines près» et que Chen partira «quand elle le voudra», explique-t-elle.

La Chine «fait traîner et montre que c’est elle qui a le pouvoir», tout en adoptant «une attitude bureaucratique assez classique», relève aussi le sinologue Jean-Philippe Béja.

Chez Human Rights Watch, Nicholas Bequelin avance qu’on peut «spéculer sur le fait que le ministère de la Sécurité publique, qui contrôle la délivrance des passeports et des entrées-sorties du territoire, n’est pas favorable à la solution négociée entre le ministère des Affaires étrangères (chinois) et le Département d’Etat américain».

Toutefois, ajoute-t-il, la décision du départ de Chen «pourrait être hâtée par le calcul de Pékin que (son) maintien en Chine est plus coûteux politiquement que l’acceptation de son départ sous pression des Etats-Unis».

Mais à quelques mois du congrès du Parti communiste, les luttes sont exacerbées entre les partisans d’une répression systématique des dissidents et ceux de davantage d’ouverture, y compris vers l'étranger.

Les analystes n’imaginent pas que Pékin puisse finalement refuser de laisser partir Chen Guangcheng.

«Ils ont donné publiquement leur parole, ce serait très grave s’ils revenaient dessus», estime Jean-Philippe Béja. Et «les Américains ne peuvent pas se permettre un échec (...) en campagne électorale».

Hillary Clinton avait averti que Washington serait vigilant sur la situation du militant.

«La Chine n’a pas intérêt à ce que Chen reste sur son territoire», note aussi Alice Ekman, mais plutôt à ce qu’il tombe dans l’anonymat aux Etats-Unis, comme tant d’autres dissidents exilés.

Finalement, la «vraie question» sera surtout celle de son retour après ses études.

Pékin «ne laissera probablement pas revenir Chen, dont la simple image peut devenir le symbole fédérateur d’un mouvement» de contestation, estime-t-elle.

Les dissidents exilés n’ont jusqu’ici jamais pu rentrer en Chine.

(AFP)
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Chen Guangcheng bientôt libre ?

Messagepar laoshi » 17 Mai 2012, 12:59

Bientôt libre ? C'est, si j'en crois Le Monde, ce qu'on peut espérer d'ici une quinzaine de jours.

Les autorités chinoises auraient également promis à Chen Guangcheng d'enquêter sur les accusations d'homicide volontaire proférées à l'encontre de son neveu, qui a effectivement blessé un des nervis à la solde du pouvoir régional et ce, en état de légitime défense (ils avaient défoncé sa porte et fait irruption dans sa maison en représailles de l'évasion de son oncle), mais qui n'a tué personne.

Un article du Figaro et un article du Nouvel Observateur nous en disent un peu plus sur les derniers développements de cette affaire :


Le Figaro a écrit:Chen Guangcheng rappelle le Congrès US

Le dissident chinois Chen Guangcheng a accusé aujourd'hui les autorités chinoises de maltraiter un membre de sa famille, dans un appel téléphonique au Congrès à Washington depuis son lit d'hôpital à Pékin. L'avocat aveugle, auteur d'une évasion spectaculaire de sa résidence surveillée fin avril, suivie d'une semaine à l'ambassade de Pékin, téléphonait pour la seconde fois au Congrès américain depuis l'hôpital de Pékin.

Contrairement à la première audition, M. Chen ne s'est pas montré inquiet de sa propre situation, mais il a accusé les autorités locales de la province de Shandong (est) de chercher à se venger de lui en accusant son neveu de meurtre. "Ce sont des accusations falsifiées. Ces gens du comté de Yinan ne se soucient pas du tout de la loi en Chine", a dit M. Chen au téléphone, alors que l'un de ses plus célèbres soutiens, Bob Fu, traduisait ses déclarations aux membres du comité des Affaires étrangères.

Selon l'avocat chinois, des voyous pilotés par le gouvernement ont fait irruption dans la maison de son neveu Chen Kegui et l'ont battu pendant trois heures au point que son visage était en sang. Malgré les accusations de meurtre, personne n'a été enregistré comme mort. Selon M. Chen, les autorités chinoises appliquent à son neveu le même schéma de persécutions que contre lui, qui a fait quatre ans de prison pour de fausses accusations.

Le militant de 40 ans a passé ensuite deux années assigné à résidence dans son village du Shandong à cause de son combat contre les avortements et stérilisations forcés en Chine. Il est actuellement toujours à l'hôpital à Pékin pour soigner des blessures mais ne peut en sortir ni recevoir qui il le souhaite. Et il n'a toujours pas reçu le passeport qui lui permettrait de quitter le pays.

Aux membres du Congrès qui admiraient son militantisme, l'avocat chinois a déclaré: "Je ne suis pas un héros, je fais seulement ce que ma conscience me demande de faire". "Je ne peux pas garder le silence et ne rien faire quand je vois ces démons s'en prendre aux femmes et aux enfants et c'est ce que je dois faire", a-t-il insisté. Lors de l'audition au Congrès, des élus et militants américains ont lancé un appel pour accentuer la pression sur la Chine afin qu'elle autorise l'avocat aveugle à se rendre aux Etats-Unis, après la crise qui a opposé les deux pays à son sujet.


Le Nouvel Observateur a écrit:Chine: le militant Chen Guangcheng espère partir pour les Etats-Unis dans 15 jours

L'imbroglio diplomatique entre Pékin et Washington semblait en passe d'être réglé jeudi, Chen Guangcheng ayant effectué les formalités pour obtenir les passeports qui devraient lui permettre de quitter la Chine pour les Etats-Unis avec sa famille dans les deux semaines.

"Des responsables sont venus hier (mercredi). Nous avons rempli les formulaires de demande de passeport pour moi, ma femme et mes enfants", a dit le militant aveugle joint au téléphone par l'AFP à l'hôpital de Pékin où il se trouve depuis son départ de l'ambassade des Etats-Unis où il s'était réfugié.

"Ils ont dit que les passeports devraient être prêts d'ici 15 jours", a-t-il ajouté, donnant ainsi la première indication que son départ en exil était toujours à l'ordre du jour.

Ce champion de la lutte contre les stérilisations et avortements forcés avait provoqué une crise diplomatique en se réfugiant à l'ambassade des Etats-Unis à Pékin après s'être évadé fin avril de sa résidence surveillée de la province du Shandong (est) dans des conditions rocambolesques.

Chen avait quitté la mission américaine début mai au bout de six jours, alors que la secrétaire d'Etat Hillary Clinton se trouvait à Pékin, une concomitance malencontreuse pour les diplomaties américaine et chinoise.

Un accord entre Pékin et Washington avait ensuite été obtenu après d'âpres négociations, la Chine acceptant de donner "au plus vite" à Chen Guangcheng et à sa famille des passeports pour qu'ils puissent partir, et Washington de leur délivrer tout aussi rapidement des visas.

Mais depuis, l'avocat autodidacte aveugle n'avait rencontré qu'une seule fois, le 7 mai, les responsables chinois de l'émigration. Rien n'avait apparemment bougé pour lui permettre, avec sa femme et ses deux jeunes enfants, de partir aux Etats-Unis, où Chen a reçu une proposition de bourse de l'Université de New York pour étudier le droit.

"Les responsables gouvernementaux ne sont pas venus (depuis une semaine). Je ne comprends pas pourquoi c'est retardé", avait dit Chen lundi à l'AFP, "c'est peut-être pour sauver la face".

Chen a également déclaré à l'AFP jeudi que les autorités lui avaient promis d'enquêter sur les accusations d'homicide volontaire pesant sur son neveu Chen Kegui, qui avait blessé un responsable local ayant fait irruption chez lui en pleine nuit -- sans le tuer toutefois.

Depuis son évasion, Chen a accusé les autorités locales de se venger sur les membres de sa famille restés dans son village de Dongshigu, y compris en début de semaine dans un appel téléphonique au Congrès américain.

L'organisation Défenseurs des droits de l'Homme en Chine (CHR), a affirmé que la police avait torturé Chen Guangfu, frère aîné de Guangcheng et père de Kegui, fin avril.

Ils "ont menotté Chen Guangfu et lui ont attaché les jambes, et ensuite lui ont fouetté les mains avec une ceinture en cuir, l'ont frappé aux côtes et lui ont sauté très fort sur les pieds", a expliqué CHRD tard mercredi dans un communiqué.

Chen Guangfu reste placé sous un "strict contrôle" et ne peut entrer en contact avec d'autres membres de sa famille, dont de nombreux sont également surveillés, ajoute l'organisation.

Deux avocats ont tenté mercredi de rendre visite en prison à Chen Kegui mais "ils n'ont pas été autorisés par la police à le voir", a déploré Chen.

En attendant son passeport, l'un des plus célèbres dissidents chinois est de facto en résidence surveillée à l'hôpital de Pékin où il est soigné pour des fractures au pied, stigmates de son évasion de son village du Shandong.

Avec sa femme, son garçon de neuf ans et sa fille de six ans également confinés, il se retrouve peu ou prou dans la même situation que lors des 20 mois qu'il vient de passer en résidence surveillée, les violences physiques en moins.

Auparavant il avait été emprisonné quatre ans, jusqu'en septembre 2010, pour son combat contre les abus de la politique de l'enfant unique en Chine et des expropriations.


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l'envol pour l'Amérique

Messagepar laoshi » 19 Mai 2012, 07:13

Le journal de France Culture (9 h ce matin) vient de l'annoncer, Chen Guangcheng vient d'arriver avec sa femme et ses enfants, à l'aéroport de Pékin. Il va donc enfin pouvoir s'envoler pour les USA. C'est un triste soulagement : devoir choisir l'exil pour échapper à l'enfer, rien de plus douloureux, sans doute, pour cet homme qui ne souhaitait rien d'autre que de contribuer à la construction de l'Etat de droit dans son pays et qui abandonne, avec son pays, ses parents et toute sa famille qui reste confrontée à la vindicte des autorités du Shandong....
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Re: casse-tête chinois : l'affaire Chen Guangcheng

Messagepar laoshi » 19 Mai 2012, 07:55

Plusieurs articles de journaux relaient l'information ; celui du Point est le plus détaillé :

Le Pointà 9H20 a écrit: Le dissident aveugle Chen guangcheng en partance pour les Etats-Unis

Le militant chinois des droits civiques Chen Guangcheng, au centre d'une crise diplomatique entre la Chine et les Etats-Unis, a déclaré samedi à l'AFP se trouver à l'aéroport international de Pékin où il serait en partance pour New York

Chen Guangcheng se trouvait à l'aéroport international de Pékin samedi, apparemment en partance pour les Etats-Unis, plus de deux semaines après un accord âprement négocié entre Pékin et Washington sur un départ de l'un des plus célèbres dissidents chinois.

Le militant aveugle a déclaré par téléphone à l'AFP se trouver à l'aéroport de Pékin où il serait en partance pour New York avec sa famille.

"Je suis à l'aéroport. Je n'ai pas de passeport. Je ne sais pas quand je vais partir", a déclaré Chen, ajoutant: "Je crois que je vais à New York".

Chen Guangcheng a estimé qu'il était possible que les autorités chinoises donnent directement aux responsables américains les passeports à l'aéroport et que ces derniers délivrent les visas d'entrée aux Etats-Unis dans la foulée.

Il semble que Chen n'a été informé de son départ de l'hôpital où il était soigné qu'au dernier moment: dans un précédent appel téléphonique samedi matin, le militant avait indiqué à l'AFP n'avoir rien entendu de neuf sur son départ.

Interrogée par l'AFP, l'ambassade des Etats-Unis n'a pas souhaité dire à quelle heure ni pour quelle destination Chen quitterait la Chine.

Un vol pour les Etats-Unis était prévu au départ de Pékin à 15H45 (07H45 GMT), mais on ignorait si la famille Chen serait à bord. Une forte présence policière était visible à l'aéroport, a constaté l'AFP.

Chen se trouvait depuis plus de deux semaines confiné dans un hôpital du centre de Pékin -- où il était soigné pour des fractures au pied -- en attente d'un passeport pour lui et sa famille leur permettant d'aller aux Etats-Unis.

Un photographe de l'AFP avait vu un convoi de voitures quitter samedi en début d'après-midi l'hôpital de Chaoyang.

L'association China Aid, qui a toujours été en contact étroit avec Chen, a indiqué samedi que son dirigeant Bob Fu avait parlé à Chen qui avait fait état de son départ "aujourd'hui" (samedi), mais avait ajouté ne pas avoir été informé de sa destination.

"Chen veut exprimer sa gratitude au gouvernement chinois qui a respecté sa promesse de laisser partir sa famille", a écrit China Aid, qui ajoute que "la famille Chen apprécie au plus haut point" les efforts consentis par la communauté internationale, et notamment les Etats-Unis pour un obtenir un exil de Chen Guangcheng.

Ce champion de la lutte contre les stérilisations et avortements forcés avait provoqué un imbroglio diplomatique en se réfugiant à l'ambassade des Etats-Unis à Pékin après s'être évadé fin avril dans des conditions rocambolesques de sa résidence surveillée de la province du Shandong (est).

Il y a plus de deux semaines, il avait quitté la mission américaine au bout de six jours, alors que la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton se trouvait à Pékin, une concomitance très embarrassante pour la Chine et les Etats-Unis.

Un accord entre Pékin et Washington avait été obtenu après d'âpres négociations, la Chine acceptant de donner "au plus vite" à Chen Guangcheng et à sa famille des passeports pour qu'ils puissent partir, et les Etats-Unis de leur délivrer tout aussi rapidement des visas.

Ensuite cependant rien n'avait apparemment bougé pour permettre à Chen, avec sa femme et ses deux enfants de 6 et 9 ans, de partir aux Etats-Unis, où il a reçu une proposition de bourse de l'Université de New York pour étudier le droit.

Mais mercredi il avait reçu une visite de responsables chinois de l'émigration et avait ensuite indiqué à l'AFP qu'il espérait recevoir les indispensables passeports "dans les 15 jours".

"Nous sommes heureux pour Chen et sa famille", a déclaré China Aid, "c'est un grand jour pour les combattants de la liberté".

Mais si Chen est autorisé à aller étudier aux Etats-Unis, pour de nombreux analystes il est très improbable que la Chine acceptera qu'il revienne ensuite dans son pays.
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Les premiers mots d'un homme libre

Messagepar laoshi » 20 Mai 2012, 06:25

Il n'y a de liberté qu'en "situation", disait Sartre. Toute liberté est une "liberté embarquée", disait, plus joliment encore, Simone de Beauvoir. Je ne choisis pas la situation dans laquelle je suis amené à choisir, mais c'est toujours moi qui choisis le sens que je donne aux obstacles que je rencontre sur ma route, c'est toujours moi qui choisis la résignation, la lutte ou l'indifférence, c'est toujours moi qui choisis la parole ou le silence, l'aveuglement ou la lucidité... Prétendre "ne pas avoir le choix", faire comme si l'on n'était pas concerné, dire que l'on n'y peut rien, c'est tout simplement être "de mauvaise foi". Les premiers mots de Chen Guangcheng, arrivé à New York, auront été pour rappeler que chacun garde une marge d'action et de responsabilité, y compris dans les conditions les plus difficiles, pour lutter contre l'injustice. Belle leçon de liberté dont j'espère qu'elle "parlera" aux élèves de philosophie mais aussi à tous tous ceux qui détournent le regard pour ne pas voir ce qui crève les yeux !

L'Express a écrit:
Chen Guangcheng arrive aux Etats-Unis, fin d'un mois de tension diplomatique

NEW YORK - Le dissident chinois Chen Guangcheng est arrivé samedi soir à New York en provenance de Pékin, épilogue d'un mois d'incertitude et de casse-tête diplomatique entre la Chine et les Etats-Unis.
A son arrivée à Manhattan, le militant aveugle a exprimé sa "gratitude" envers les autorités américaines et les nombreux amis qui l'ont aidé, mais s'est également dit "très satisfait d'avoir vu le gouvernement chinois traiter la situation avec retenue et calme".

Lunettes noires et chemise blanche, il s'est exprimé en chinois, à travers une traductrice, devant un immeuble de Greenwich Village où il va résider avec sa femme et ses deux enfants.

Il y a été accueilli par des applaudissements, alors qu'il avançait sur des béquilles, le pied droit plâtré, jusqu'au micro, pour une brève déclaration devant la presse.

Chen Guangcheng a quitté Pékin samedi matin et est arrivé peu avant 18H30 locales (22H30 GMT) à l'aéroport de Newark, qui dessert New York.

Le défenseur des droits de l'homme, qui ne parle pas l'anglais, est un avocat autodidacte rendu célèbre pour avoir dénoncé les avortements et campagnes de stérilisation forcés, ainsi que les expropriations abusives. Il avait été emprisonné en 2006, puis de facto assigné à résidence en 2010.

Il s'est vu offrir une bourse par l'université de New York, et logera dans un immeuble qui héberge des professeurs ou étudiants boursiers de l'université.

"Quel que soit l'environnement difficile dans lequel on vit, je pense que rien n'est impossible si on y met du coeur", a déclaré M. Chen, en appelant à "poursuivre le combat pour le bien dans le monde et lutter contre l'injustice".

Il a ajouté que depuis sept ans, il n'avait pas eu un jour de repos, et qu'il avait l'intention de récupérer et d'étudier.

La Maison Blanche a salué son départ de Chine, dont les détails avaient été tenus secrets jusqu'au dernier moment.

"Nous prenons note du fait que M. Chen, sa femme et ses deux enfants, sont en train de voyager vers les Etats-Unis. Nous saluons cette évolution et le fait qu'il pourra étudier ici", a fait savoir la présidence américaine.

Bob Fu, président de l'Association chrétienne américaine ChinaAid, a précisé à l'AFP que Chen, auquel il a parlé avant son départ de Pékin, n'avait su qu'à la dernière minute qu'il devait partir, et qu'il avait reçu ses passeports à l'aéroport.

"C'est arrivé très vite. Personne ne lui avait rien dit avant ce matin. A 10H00 (heure de Pékin), on lui a dit de faire ses bagages et peu après une voiture du gouvernement l'a emmené à l'aéroport".

Selon Bob Fu, il était "très enthousiaste", mais aussi "très inquiet" pour les membres de sa famille restés en Chine.

Chen Guangcheng s'est évadé le 22 avril dans des conditions rocambolesques de son village de Dongshigu (est de la Chine) où il était assigné à résidence.

Il s'était ensuite réfugié à l'ambassade des Etats-Unis à Pékin, quelques jours avant l'arrivée de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton pour le "dialogue stratégique et économique" annuel entre Pékin et Washington.

Après six jours, il avait accepté de quitter l'ambassade pour être hospitalisé pour un pied cassé durant son évasion, mais avait rapidement regretté d'avoir fait confiance aux autorités chinoises et s'était dit désireux de quitter la Chine.

Un accord avait été annoncé le 5 mai entre Pékin et Washington pour son départ.

"Je suis très heureux d'apprendre que Chen Guangcheng est en route pour les Etats-Unis. J'attends avec impatience de l'accueillir avec sa famille ce soir et de travailler avec lui sur ses études", a indiqué le sinologue Jerome Cohen, co-directeur de l'institut de droit Asie-USA à NYU.

Le militant pourrait aussi recevoir d'autres propositions, notamment d'un groupe de Dallas (Texas), a déclaré à l'AFP Reggie Littlejohn, présidente de l'association "Womens's right without frontiers", venue l'accueillir samedi soir.
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Re: casse-tête chinois : l'affaire Chen Guangcheng

Messagepar mandarine » 20 Mai 2012, 19:27

YES ! Cet épilogue grandit les USA ; on peut leur reprocher beaucoup aux américains , mais force est de constater qu'ils n'ont pas froid aux yeux et ne s'en laissent pas compter facilement ; même pas peur ... :applause:


PS:c'est le moment de relire ma signature ....
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
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Re: casse-tête chinois : l'affaire Chen Guangcheng

Messagepar laoshi » 21 Mai 2012, 14:57

Belle phrase, en effet, que celle de Vaclav Havel ; je crains malheureusement que, dans un calcul cynique des avantages et des inconvénients, les autorités chinoises n'aient choisi de se "débarrasser" au plus vite de Chen Guangcheng en "l'exilant" aux USA (pour le moment, rien ne garantit qu'il pourra retourner en Chine quand il le souhaitera). C'est la menace à peine voilée que brandissait l'article du Global Times que j'ai commenté ailleurs et qui semble pourtant émaner de la frange "réformiste" du régime :

Le Global Times a écrit: Au cours des dernières décennies, aucun des Chinois qui se sont réfugiés dans le giron occidental sans se préoccuper des sentiments de la société chinoise n’a "réussi" comme il l’espérait.


Chen Guangcheng est prévenu : il va inéluctablement sombrer dans l'oubli et, avec lui, toutes les avancées juridiques dont il était porteur...

Le point de vue de Vaclav Havel est très juste, à long terme. Un jour viendra, sans doute, où les plus lucides s'en "mordront les doigts" et où l'on mesurera le gâchis mais les durs du régime ne peuvent raisonner qu'à court terme : vite, vite, colmater les brèches, faire retomber la chape du silence et le voile de l'oubli sur ceux qui parviennent, un moment, à défrayer la chronique.... Rien ne doit troubler les apparences.

La Chine a perdu d'immenses talents et a gâché bien des occasions de rayonnement mondial à force de pousser dehors - manu militari ou non -, ses intellectuels : je pense à tous les romans magnifiques que nous avons eu la chance de lire comme La Montagne de l'âme , qui aurait pu lui valoir un prix Nobel de littérature en 1999, prix Nobel qu'elle a vu lui passer sous le nez pour avoir déchu Gao Xingjiang de sa nationalité... Je pense par exemple à Beijing Coma, à Un Beau jour de Printemps, au Rêve du Village des Ding tous interdits en Chine...

Quant aux intellectuels qui restent, comme notre cher Ai Weiwei ou Liu Xiaobo, ils le payent au prix fort, même s'ils sont un rien protégés par leur renommée internationale : l'un reste soumis à toutes sortes de vexations, l'autre croupit en prison dans des conditions qu'on n'oser imaginer....
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Re: casse-tête chinois : l'affaire Chen Guangcheng

Messagepar laoshi » 22 Mai 2012, 12:28

La presse semble unanime pour douter de la possibilité laissée à Chen Guangcheng de revenir un jour dans son pays comme il le souhaite. Comme j'ai mis en cause le "service minimum de l'Humanité" dans cette affaire, je commence par l'article qu'elle consacre aujourd'hui au sujet :

L'Humanité a écrit:

Le dissident chinois Chen Guangcheng à New York

Après deux semaines de crise diplomatique entre Washington et Pékin, l’avocat aveugle et défenseur des droits de l’homme est arrivé samedi avec sa femme et ses deux enfants aux États-Unis. Le gouvernement chinois pourrait l’empêcher de revenir dans son pays.

«Je suis très reconnaissant envers l’ambassade américaine pour son aide et pour avoir reçu la promesse du gouvernement chinois que mes droits de citoyen seront protégés sur le long terme (…). Je suis très satisfait de voir que le gouvernement chinois s’est occupé de la situation avec calme et retenue et j’espère qu’ils continueront à avoir un discours ouvert et gagneront le respect et la confiance du peuple.» Ce sont les premières déclarations du dissident chinois Chen Guangcheng, arrivé samedi à New York en compagnie de sa femme et de leurs deux enfants.

Le départ de ce défenseur des droits civiques, bête noire des dirigeants chinois, marque la fin de deux semaines de crise diplomatique entre Pékin et Washington. «Je pense que, quelle que soit la difficulté de l’environnement, rien n’est impossible pour autant qu’on y mette du cœur. (…) J’espère que tout le monde travaille avec moi pour promouvoir la justice et l’équité en Chine. L’égalité et la justice n’ont pas de frontières», a-t-il ajouté.

Emprisonné de 2006 à 2010 pour avoir dénoncé les campagnes de stérilisation forcée et les expropriations abusives, ce militant aveugle assigné à résidence depuis dix-neuf mois avait faussé compagnie à ses gardiens et s’était placé sous la protection de l’ambassade américaine en attendant d’être fixé sur son sort. Chen Guangcheng a précisé qu’il ne solliciterait pas l’asile et qu’il reviendrait dès que possible en Chine. Les autorités chinoises lui ont simplement délivré un passeport pour faire des études. Mais ce voyage aux États-Unis, où il bénéficiera d’une bourse universitaire, pourrait s’avérer n’être qu’un aller sans retour. « Si son intention est de revenir en Chine, je crois que ce sera très difficile», a déclaré à l’AFP le professeur d’université à la retraite et ancien opposant Sun Wenguang. Selon lui, «il est à l’origine de turbulences diplomatiques et s’est retrouvé dans la lumière de la presse internationale. Le gouvernement ne le laissera pas revenir aussi facilement».

Damien Roustel


Il faut dire que le journal n'est pas le premier à le dire, j'ai échoué à poster hier ce message du Point (toujours mes problèmes connexion...)

Le Nouvel Observateur du 20/05/2012 a écrit:Le dissident chinois Chen Guangcheng entame une nouvelle vie à New York

Le dissident chinois, qui s'est vu proposer une bourse d'études à l'université de New York, est arrivé avec femme et enfants.
Dans un appartement entouré de jardins au coeur de Greenwich Village à New York, le militant chinois Chen Guangcheng a entamé dimanche sa nouvelle vie américaine, goûtant à une liberté douce-amère à des milliers de kilomètres du pays qu'il voulait changer de l'intérieur.

Il est logé dans un immeuble de l'université de New York (NYU) qui lui a offert une bourse pour étudier le droit. Au pied de l'immeuble, des jeux d'enfants devraient faire le bonheur de sa fille de 6 ans et de son fils de 8 ans.

Pour sa première journée, il n'avait rien prévu de particulier, selon son entourage.

"Je suis venu pour récupérer un peu (dans mon) corps et (mon) esprit", après sept années "sans un jour de repos", avait-il déclaré samedi soir.

A son arrivée à New York, Chen Guangcheng, souriant, a pris le temps de parler à la presse, une liberté qu'il n'aurait pas imaginée dans l'isolement de son village de Dongshigu (est de la Chine), où il était encore assigné à résidence il y a un mois.

Mais cet avocat autodidacte aveugle de 40 ans, rendu notamment célèbre pour avoir dénoncé les campagnes de stérilisation et les avortements forcés en Chine, n'exultait pas pour autant.

Il a exprimé sa gratitude envers l'ambassade américaine --où il avait trouvé brièvement refuge à Pékin après son évasion rocambolesque de son village fin avril-- et a également remercié les autorités chinoises pour avoir géré la situation "avec retenue et calme".

Mais il s'est aussi inquiété de ce que les "représailles ne semblent pas avoir diminué" dans son village, où vivent encore des membres de sa famille. "Nous espérons une enquête approfondie sur cela", a-t-il ajouté.

"Je pense que les promesses du gouvernement central sont sincères et qu'ils ne me mentent pas", a-t-il ajouté. Chen a également mentionné que les autorités chinoises lui avaient promis de "protéger ses droits de citoyen à long terme".

Arrivé à New York avec sa femme et leurs enfants, après que Pékin eut finalement décidé de les laisser partir, Chen avait dit à plusieurs reprises avant son départ qu'il ne voulait pas obtenir l'asile aux Etats-Unis --il a obtenu un passeport et visa pour des études-- et il souhaite pouvoir retourner en Chine dès que possible.

Samedi soir, il semblait plus combatif que jamais, appelant à "continuer le combat pour le bien dans le monde et contre l'injustice". "L'égalité et la justice n'ont pas de frontières", a-t-il ajouté.

Mais selon les défenseurs des droits de l'homme, rien ne dit qu'il pourra retourner facilement dans son pays.

Chen Guangcheng s'est évadé le 22 avril de son village, gagnant clandestinement Pékin pour se placer sous la protection de l'ambassade américaine, affirmant d'abord vouloir rester en Chine, puis souhaitant en partir. Deux semaines de tractations tendues ont finalement permis son départ, sans pour autant résoudre la question de son avenir.

"Si son intention est de revenir en Chine, je crois que ce sera très difficile", a déclaré à l'AFP le professeur d'université à la retraite Sun Wenguang, longtemps redouté de Pékin pour sa virulente critique sociale.

"Il est à l'origine de turbulences diplomatiques et s'est retrouvé dans la lumière de la presse internationale. Le gouvernement ne le laissera pas revenir aussi facilement", a-t-il ajouté, doutant également que Chen puisse être "aussi efficace" depuis les Etats-Unis.

Ses années de prison (2006-2010) puis son assignation à résidence empêchaient Chen de militer autant qu'il le souhaitait, mais d'autres dissidents avaient rallié sa cause et des célébrités étrangères, dont l'acteur britannique Christian Bale, avaient défié Pékin en tentant de lui rendre visite dans son village.

Selon l'organisation Human Rights Watch, "le plus dur (..) sera de garantir son droit (..) de rentrer en Chine quand il le souhaitera".
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Dans la famille Chen, je demande... le frère aîné

Messagepar laoshi » 24 Mai 2012, 12:37

Y aura-t-il bientôt un jeu des 7 familles des dissidents échappant à leurs geôliers ? Le frère de Chen Guangcheng, lui aussi mis en résidence surveillée extra-judiciaire, vient d'échapper aux gros bras qui exercent des représailles sur sa famille depuis que son petit frère a réussi à s'enfuir... Voilà une bonne occasion d'apprendre les mots chinois " ” [gēge] pour le frère aîné “” [dìdi] pour le frère cadet... ceci, ajouté à la formidable lettre ouverte des papys du Parti, je me demande si on ne va pas bientôt pouvoir célébrer "un grand bond en avant" des libertés en Chine... mais j'ai tellement peur de pécher par optimisme !....

l'AFP a écrit:

Chine: le frère de Chen Guangcheng parvient aussi à échapper à ses gardiens

PEKIN — Le frère de Chen Guangcheng, le militant aveugle qui a provoqué ce mois-ci de fortes tensions diplomatiques entre Pékin et Washington, est également parvenu à échapper à la vigilance de ses gardiens pour fuir son village et gagner la capitale chinoise, a annoncé à l'AFP un avocat.

Chen Guangfu, frère aîné de Chen Guangcheng, a profité de la nuit pour quitter le village de Dongshigu (province orientale du Shandong) où il était maintenu sous bonne garde, a précisé cet avocat nommé Ding Xikui.

"Il s'est échappé en pleine nuit de Dongshigu", a déclaré Me Ding, en confirmant que le frère du célèbre militant chinois des droits civiques était de facto en résidence surveillée, jusqu'à ce qu'il prenne la fuite.

"Il y avait des gens chargés de le surveiller et de contrôler ses mouvements. Ils ne l'autorisaient pas à sortir du village où il était confiné", a-t-il précisé.

Me Ding a refusé de révéler où se trouve exactement Chen Guangfu dans Pékin.

"Je m'inquiète pour sa sécurité", a déclaré l'avocat, ajoutant que Chen Guangfu craignait que des policiers du Shandong viennent l'arrêter dans la capitale, bien qu'il n'ait commis aucun crime.

Avant son départ pour les Etats-Unis samedi dernier, Chen Guangcheng avait accusé les autorités du Shandong de chercher à se venger sur les membres de sa famille élargie, suite à sa propre évasion de résidence surveillée.

Le 10 mai, la police du Shandong a ainsi annoncé que le neveu de Chen Guangcheng, Chen Kegui, se trouvait accusé de meurtre.

Selon Chen Guangcheng, après son évasion, des voyous pilotés par le gouvernement ont fait irruption chez Chen Kegui et l'ont battu pendant trois heures au point que son visage était en sang. Malgré les accusations de meurtre, personne n'a été enregistré comme mort.

Le gouvernement a désigné deux avocats à Chen Kegui, mais les défenseurs choisis par sa famille, dont Me Ding, n'ont pas eu la permission de rencontrer leur client.

"En nous refusant le droit de lui rendre visite, ils violent la loi", a déclaré Me Ding. "Il n'y a pas de base légale à ce refus."

L'avocat a écrit lundi une lettre à l'unité de police en charge de Chen Kegui dans laquelle il a exprimé sa crainte que des mauvais traitements soient infligés à son client.

Il est en effet fréquent en Chine que les droits de visite soient refusés afin que des passages à tabac ne soient pas révélés au grand jour, selon Me Ding, qui attend toujours une réponse à sa lettre.

L'évasion de Chen Guangfu ressemble à celle qu'a réalisée fin avril, malgré sa cécité, Chen Guangcheng.

L'emblématique "avocat aux pieds nus" s'était blessé en sautant un mur entourant son logis, mais il avait finalement réussi, grâce à l'aide de ses proches, à se réfugier à l'ambassade des Etats-Unis à Pékin.

Après six jours, il avait accepté de quitter l'ambassade pour être hospitalisé pour un pied cassé, mais avait rapidement regretté d'avoir fait confiance aux autorités chinoises et s'était dit désireux de quitter la Chine, avec sa femme et leurs deux enfants.

Le dissident aveugle est finalement arrivé samedi dernier à New York, officiellement pour y suivre des études, cet exil étant l'épilogue d'un mois d'incertitudes et de casse-tête diplomatique entre la Chine et les Etats-Unis.

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Cette fois, on ne joue plus !

Messagepar laoshi » 26 Mai 2012, 16:20

On est sans nouvelles du frère de Chen Guangcheng qui avait lui aussi réussi à fausser compagnie à ses "geôliers" (le terme est inapproprié puisque la détention de Chen Guangfu, comme celle de son frère Chen Guangcheng est extra-judiciaire) : "arrivé mercredi à Pékin, où il voulait trouver une assistance juridique pour son fils, poursuivi pour tentative de meurtre", il n'a pas donné signe de vie depuis vendredi après midi. Son avocat, Liu Weiguo est pessimiste :

20 minutes a écrit: «Nous n'avons à l'heure actuelle aucune nouvelle de lui. Nous ne sommes pas optimistes. Chen Guangcheng lui aussi est très inquiet et il est en train de contacter des amis pour tenter de le retrouver», a déclaré l'avocat samedi à la mi-journée.

Dernière victime des représailles contre la famille Chen ?

Son entourage redoute que Chen Guangfu, 55 ans, soit la dernière victime en date des représailles exercées par les autorités contre la famille de Chen Guangcheng, dont l'odyssée a plongé le pouvoir chinois dans l'embarras. Samedi dernier, la Chine a finalement autorisé Chen Guangcheng à partir s'installer aux Etats-Unis pour suivre des études. Mais ses proches restés en Chine sont victimes de représailles.

Dans une interview, Chen Guangfu a livré le récit du harcèlement policier et des mauvais traitements dont lui-même était victime depuis l'évasion de son frère. Quelques heures seulement après l'évasion de son frère, il a été dit-il emmené par des hommes en civil qui lui ont recouvert le visage d'une cagoule avant de le transporter dans un bâtiment de la police où il a été menotté et frappé.

Ses interrogateurs lui demandaient sans cesse comment son frère aveugle avait réussi à s'enfuir. Alors qu'il était toujours en détention, des hommes armés ont fait irruption chez lui, frappé son épouse et leur fils Chen Kegui. C'est là que son fils, qui tentait de se défendre, a été arrêté et accusé d'«homicide intentionnel». Chen Kegui est passible de la peine de mort.
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