Voyant qu'il ne pourrait pas cacher la réalité de l'attentat, le PCC a visiblement décidé, en tout cas, de l'instrumentaliser : une pétition a été mise en ligne pour "chasser du pays les terroristes du Xinjiang et CNN" ; elle comptait déjà quelque 20.000 signataires hier soir.
Il serait intéressant de connaître le vocabulaire employé par les internautes à ce sujet : il est encore très fréquent, dans les messages nationalistes publiés sur le net, de trouver la rhétorique en vigueur pendant la guerre sino-japonaise : le mot 洋鬼子 [yáng guǐzi] "diable étranger", "fantôme d'au-delà des mers", est régulièrement employé dans les messages de propagandistes zélés du PCC.
Le Figaro avec L'AFP a écrit:Tiananmen : Pékin furieux contre CNN
Le ministère chinois des Affaires étrangères s'en est pris aujourd'hui aux médias étrangers qui ont laissé entendre que l'incendie d'une voiture lundi dernier place Tiananmen, un attentat des séparatistes ouïghours selon Pékin, pouvait avoir des motivations ethniques ou sociales.
Le véhicule a foncé sur la foule qui se trouvait sur la célèbre place du centre de Pékin et a pris feu, tuant ses trois occupants ainsi que deux touristes, et faisant une quarantaine de blessés.
Les autorités y voient un attentat soigneusement planifié par le Mouvement islamique du Turkestan oriental, un groupe séparatiste ouïghour. Les représentants en exil de cette minorité turcophone du Xinjiang, les groupes de défense des droits de l'homme et certains spécialistes mettent en doute cette version des faits.
Les Ouïghours dénoncent régulièrement les restrictions imposées par les autorités à leur religion, leur langue ou leur culture.
"Certains ont lié cet acte terroriste violent (...) à la politique ethnique et religieuse de la Chine (...). C'est de la connivence avec les terroristes", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hong Lei. "Nous exprimons notre forte désapprobation", a-t-il dit. La Chine demande aux médias de prendre une position "objective et juste", a-t-il ajouté, estimant que "toute personne dotée d'une conscience se doit de condamner" cet incident.
Hong Lei ne cite pas directement CNN mais une tribune publiée par la chaîne d'information américaine sur son site internet a particulièrement irrité les autorités et a été dénoncée par plusieurs organes de presse officiels.
L'auteur de cet article se demandait si l'incident n'était pas, plutôt qu'un acte terroriste minutieusement planifié, "un cri de désespoir préparé à la hâte par des gens vivant dans les marges extrêmes de la monstrueuse machine de développement de l'Etat chinois". Dans un communiqué, CNN a précisé que cet article reflétait uniquement la position de son auteur et non celle de la chaîne d'information en continu.
Une pétition mise en ligne en Chine pour "chasser du pays les terroristes du Xinjiang et CNN" avait recueilli quelque 20.000 signatures lundi en fin de journée.