Après l'horreur de cet infanticide sur ordre du Parti, Feng Jiangmei et son mari, Deng Jiyuan, doivent subir le harcèlement des autorités et la vindicte des villageois dûment endoctrinés, empoisonnés au "nationalisme victimaire" dont j'ai déjà parlé : accusé de "trahir la nation", un crime majeur pour l'opinion chinoise, dénoncé à grands coups de banderoles vengeresses, le couple, à qui le Planning familial a tenté d'extorquer 100 000 yuan (près de 12 500 euros !) avant de redescendre à 40 000 yuan (5 000 euros) avant même l'accouchement (et ce en violation de la loi) est condamné à la mort sociale. Les internautes "dissidents" leur apportent heureusement leur soutien en attendant que les "wu mao" fassent leur sinistre besogne et inondent Internet de messages de propagande contre "les traîtres". Disparu depuis plusieurs jours, Deng Jiyuan est réapparu à Pékin, où il a pris contact avec l'avocat Zhang Kai.
7sur7 du 26 juin 2012 a écrit:Disparition du mari d'une Chinoise forcée à avorter à sept mois
L'époux d'une Chinoise forcée à avorter à sept mois de grossesse, une affaire qui a scandalisé l'opinion en Chine, a disparu, a annoncé mardi un proche en faisant état du harcèlement quotidien de cette famille. Feng Jiangmei, déjà mère d'un enfant, avait été forcée à avorter faute de pouvoir payer les 40.000 yuans (4.880 euros) d'amende pour non-respect de la politique de l'enfant unique.
Une photo la montrant sur son lit d'hôpital, son foetus ensanglanté auprès d'elle, avait entraîné une avalanche de commentaires outrés des internautes à la mi-juin. Son mari, Deng Jiyuan, a disparu depuis dimanche, a annoncé un proche à l'AFP.
"La dernière fois que je l'ai vu, il est parti en disant qu'il devait aller voir un responsable qui voulait le rencontrer", a dit cette personne sous couvert de l'anonymat. "On ne l'a pas revu".
Mardi toutefois, Deng a appelé sa famille, mais sans toutefois dire où il se trouvait ni s'il allait rentrer chez lui. Ni la police du district de Zhenping où vit cette famille, ni les autorités de tutelle de la ville de Ankang (nord) n'étaient joignables mardi. Depuis dimanche, la famille est harcelée par de nombreuses personnes non identifiées, a ajouté cette source.
Quand cette famille est sortie de l'hôpital, "beaucoup de gens étaient là. Ils ont pendu des bannières à un pont et beaucoup de gens criaient que nous étions des traîtres". "Maintenant, où que nous allions nous sommes suivis", a ajouté le proche. Les autorités chinoises avaient confirmé que la jeune femme avait été obligée d'avorter à sept mois de grossesse et promis de faire toute la lumière sur cette affaire et de sanctionner les responsables.
Les avortements forcés sont très fréquents en Chine, pays le plus peuplé de la planète avec 1,34 milliard d'habitants qui a mis en place une politique drastique de limitation des naissances à la fin des années 1970. En règle générale, les Chinois dans les villes peuvent n'avoir qu'un enfant et ceux des campagnes deux lorsque le premier est une fille.
RFI le 29 juin 2012 a écrit:Avortement forcé en Chine : le mari de Feng Jiangmei «en sécurité»
Feng Jiangmei, forcée à avorter à 7 mois, sur son lit d'hôpital.
D.R.Par Stéphane Lagarde
Il avait disparu depuis près d’une semaine, on le retrouve à Pékin. Le mari de Feng Jiangmei a quitté son village de la province du Shaanxi en cachette pour rejoindre la capitale chinoise jeudi. Le 2 juin dernier, son épouse enceinte de 7 mois a été forcée à avorter par les agents du planning familial. La photo de la jeune mère et de son fœtus ensanglanté sur son lit d’hôpital avait alors choqué l’opinion publique chinoise. Son mari dit aujourd’hui avoir peur des représailles et refuse pour l’instant de s’exprimer, mais son avocat parle pour lui.
Petite moustache, chemise boutonnée jusqu’en haut, Deng Jiyuan est un homme marqué par la double peine. Après l’avortement forcé de son épouse, les pressions des autorités de Zhenping se sont multipliées. Les manifestations des villageois l’accusant de « trahir la nation », le week-end dernier, ont achevé de le convaincre de quitter son village. Deux tentatives vont être nécessaires avant d’arriver, jeudi à 6h du matin, chez maître Zhang Kai.
Surveillance renforcée autour de la famille
« La première fois, il a été suivi par des véhicules qui l’ont contraint à faire demi-tour, explique son avocat. Sa femme est également surveillée en permanence par une dizaine de personnes qui se relaient nuits et jours. Les contrôles ont également été renforcés autour de ses proches. La deuxième fois, il est donc parti en cachette pour venir ici à Pékin. » Le téléphone de maître Zhang Kai n’arrête pas de sonner. Toute la journée, les médias étrangers se sont bousculés autour de la table en bois au 20ème étage de cette résidence de l’ouest pékinois. De la pastèque, du melon et des verres de thé sont proposés aux visiteurs. Nouveau coup de fil : « C’est une femme qui a été contrainte d’avorter à 8 mois dans la province du Fujian », confie l’avocat avant de reprendre son récit. On en sait désormais un peu plus sur le calvaire vécu par le jeune couple. Les agents du planning familial ont d’abord demandé 100 000 yuan, près de 12 500 euros pour être autorisé à avoir un deuxième enfant, explique Zhang Kai. Puis ils sont descendus à 40 000 yuan (5 000 euros).
Fuite dans la montagne
La famille est de toute façon incapable d’avancer une telle somme. Le 30 mai, la jeune mère se cache chez sa tante, le planning familial la retrouve. Le 1er juin, les fonctionnaires préviennent : « Il faut payer sinon c’est l’hôpital ! ». Feng Jiangmei s’enfuit cette fois dans la montagne et passe la nuit chez un paysan, ami de la famille. Peine perdue ! Le lendemain, les agents sont de nouveau à sa porte. La jeune femme est enlevée et forcée d’avorter. « Ils ont posté la photo de la mère et du fœtus sur l’internet afin de pousser le planning familial à s’excuser », affirme aujourd’hui l’avocat qui entend aller en justice en invoquant les irrégularités de procédure dans l’application de la politique de l’enfant unique. « L’amende qui représente généralement entre 3 et 10 fois le salaire annuel des parents fautifs n’aurait jamais dû être réclamée avant l’accouchement », précise maître Zhang Kai. Au bout de la table, Deng Jiyuan qui n’a rien perdu de la conversation, acquiesce résigné. Bien que totalement illégaux, les « avortements forcés » sont monnaies courantes en Chine.