He Weifang, professeur de droit, sur son blog a écrit: "Comment pouvons-nous croire dans les promesses de ce genre de régime? Quand allez-vous enfin vous réveiller : la même vieille rengaine ne peut plus marcher!".
Zhao Chu a écrit:La voie d'une politique démocratique et d'un pouvoir libre, c'est la voie d'une véritable constitution, d'une véritable république et d'un véritable système judiciaire.
Le Monde du 29.09.2012 a écrit:Le respect des procédures et la transparence mis en doute dans les procès de l'affaire Bo Xilai
Wang Xuemei est une célèbre spécialiste de médecine légale au Parquet populaire suprême – célèbre car elle intervient régulièrement dans les émissions de télévision consacrées à des questions pénales. Elle tient un blog, sur lequel elle a mis en ligne, le 26 septembre, un billet (en version cache, l'original ayant été supprimé) très critique concernant l'affaire Neil Heywood, le Britannique empoisonné par Gu Kailai, la femme de Bo Xilai. L'experte conteste notamment les descriptions des effets du cyanure sur le consultant britannique tels qu'ils ont été rapportés par les accusés au procès de Gu Kailai. Ces réactions "ne sont pas compatibles avec les règles scientifiques concernant le cyanure, mais la cour les a acceptées. Je trouve ceci décourageant et je suis horrifiée", écrit-elle.
Mme Wang s'interroge également sur le rôle ambigu de Wang Lijun, le numéro un de la police de Chongqing, qui avait la confiance de Gu Kailai (celle-ci lui aurait parlé du meurtre avant et après l'avoir perpétré). A en croire la spécialiste, il aurait pu "manipuler" l'affaire.
Mme Wang, dont la "sortie" est relativement atypique pour une personnalité au cœur du système judiciaire, a l'habitude d'affirmer ne pas avoir pour priorité les plus hauts intérêts du pays ou du parti, mais ceux des "morts". Volontairement ou non, elle semble aussi servir la cause des réseaux pro-Bo Xilai : le 23 septembre, trois jours avant son billet, le site Hongge huiwang (littéralement le réseau des chansons rouges) publiait une longue interview d'elle (l'auteur explique qu'il est entretenu quatre heures avec la dame), sur sa vie et sa carrière, mais aussi sur les incohérences liées à l'empoisonnement au cyanure de Neil Heywood.
Le site a depuis été "décroché" de la Toile. Son slogan, "chanter des chansons rouges pour promouvoir la justice !", rappelle la campagne de "chansons rouges" lancées à Chongqing par Bo Xilai ces deux dernières années. Les réseaux néo-maoïstes pro-Bo Xilai – qui se trouvent le plus souvent être justement des réseaux en ligne – ne cessent d'émettre des doutes sur les circonstances du meurtre de Heywood par l'épouse de M. Bo, alimentant la thèse d'un complot destiné à écarter du pouvoir l'ancien numéro un de Chongqing.
Une agence de presse anglo-saxonne a ainsi été contactée suite au procès de Gu Kailai par une source qui affirmait détenir les preuves que celle-ci avait été remplacée par un "double" lors de l'audience. L'argumentaire reposait sur la mention d'une date de naissance différente de celle de Gu Kailai par l'accusée.
Les rapports officiels des procès de Gu Kailai et Wang Lijun publiés par l'agence Chine nouvelle, et les quelques fuites de personnes ayant assisté aux audiences, suggèrent que des continents entiers d'informations sont encore immergés. Ainsi la question du cyanure : le jour du procès, l'avocat Li Xiaolin, qui avait été retenu par la famille de l'aide de Gu Kailai pour le défendre, mais a été évincé au profit d'un avocat commis d'office, avait indiqué au Monde après avoir assisté au procès, que "l'un des points saillants, c'est qu'ils n'ont pas trouvé où Gu Kailai s'était procuré le poison. Il n'a pas été dit que c'était du cyanure [alors que cette possibilité a été mentionnée dans la presse étrangère]. Il est possible que ça vienne d'un dératiseur, mais il n'y a pas de cyanure dans ce genre de pesticides ".
L'autre source indépendante d'information lors du procès de Gu Kailai, le jeune internaute Zhao Xiangcha, qui a publié sur Renren, le Facebook chinois, les notes qu'il a rédigées à l'issue de l'audience à laquelle il a assisté, avait longuement évoqué la ligne de défense adoptée par les avocats de Gu Kailai et de son complice et les doutes qu'elle suscitait (le rapport a été intégralement traduit en anglais sur le blog du juriste Donald Clarke).
Selon l'internaute, la source du poison n'est pas "claire", et " il n'y a pas de preuve que le poison était du cyanure". "Aucune trace de cyanure n'a été trouvée lors des tests sanguins initiaux, et le dernier test effectué quatre mois après sur des prélèvements a montré un dosage insuffisant pour tuer" – sans compter, signale l'internaute, que les conditions de stockage n'étaient pas valides (puisque Wang Lijun avait fait préserver l'échantillon en secret).
L'aspect qui suscite le plus de doute selon l'auteur est le fait que les deux accusés ont attesté que Heywood était dans une position différente sur son lit quand ils ont quitté sa chambre, de celle de quand le corps a été découvert. "Si c'est le cas, cela montre que le poison n'était pas suffisant pour tuer Heywood et que l'acte de Gu pourrait être considéré comme une tentative d'homicide". En outre, les avocats ont avancé que "certaines indications laissent penser que quelqu'un est entré par le balcon de la chambre entre la nuit du 13 [mort de Heywood] et la découverte du corps le 15"...
Ces arguments n'ont pas été acceptés par la cour, poursuit l'internaute. Et pour cause : d'autres éléments ont permis au juge de condamner Gu Kailai : sa confession, les témoignages de ses complices (l'ancien militaire Zhang Xiaojun qui était un secrétaire officiel des Bo et a assisté Gu Kailai le soir du meurtre). Ou encore de Wang Lijun, qui a "enregistré" en secret le récit du meurtre que lui a fait Gu Kailai.
L'affaire Bo Xilai suscite des doutes aussi bien du côté des pro-maoïstes que des libéraux – comme le juriste He Weifeng, ou encore l'avocat Pu Zhiqiang, de passage en France. Le respect des procédures et la transparence sont loin d'être la règle en Chine, mais, à travers les Bo, c'est le procès de tout un système d'abus de pouvoir et de collusion au sommet qui est en train de se dérouler. En témoigne le large spectre d'accusations auquel fait référence la dépêche de Chine nouvelle du 28 septembre annonçant l'exclusion de Bo Xilai du PCC : celles-ci vont de la corruption massive, à une tirade typique des procès de corruption de cadres du parti mentionnant " ses relations inappropriées avec un certain nombre de femmes "...
Le parti, pourtant, ne cesse de mettre en avant son souci de l'état de droit et son rejet de la corruption au nom de la "modernisation socialiste". Mais le manque de transparence, et l'encadrement, voir la manipulation de la justice, relativisent et écornent cette croisade aux yeux du public. "Cette façon de faire décrédibilise leur position qui se veut respectueuse des lois. Le paradoxe, c'est que s'ils respectaient les règles et abandonnaient cette façon de traîner les gens dans la boue, ils pourraient craindre dans le contexte chinois de ne pas apparaître assez... convaincants ", analyse le sinologue Michel Bonnin.
" ses relations inappropriées avec un certain nombre de femmes "...
Le Monde a écrit: une lettre ouverte en soutien au dirigeant déchu Bo Xilai
Plusieurs centaines d'universitaires et d'anciens responsables chinois ont appelé le Parlement à ne pas exclure de ses rangs le dirigeant déchu Bo Xilai, en affirmant que les poursuites le visant étaient politiques et infondées sur le plan légal.
Dans cette lettre ouverte, publiée sur un site Internet défendant les thèses de la gauche conservatrice maoïste, les plus de 500 signataires estiment "choquant" que les "droits fondamentaux" de Bo Xilai, dont ils saluent le bilan à la tête de la métropole géante de Chongqing, ont été "violés". "Quelle raison invoquer pour exclure Bo Xilai ?", interrogent les personnalités, qui demandent au Parlement de fonder sa décision "sur les faits et les preuves tangibles". [...]
Libération a écrit:La fortune cachée de Wen Jiabao dérange Pékin
Les autorités chinoises censurent dans le pays une enquête journalistique qui révèle que le Premier ministre possède une fortune de plus de 2 milliards de dollars.
La Chine a censuré vendredi une enquête du New York Times selon laquelle la famille du Premier ministre Wen Jiabao, qui aime à rappeler ses origines modestes, possède aujourd’hui une fortune colossale d’au moins 2,7 milliards de dollars.
Les autorités bloquaient sur le principal service de microblogs du pays, Sina Weibo, toute recherche comportant les mots clés «Wen Jiabao» ou encore «New York Times». Le site du quotidien américain était également inaccessible, vu les révélations susceptibles d’embarrasser le Parti communiste chinois.
La mère de Wen Jiabao était une simple institutrice du nord de la Chine, son père a élevé des porcs durant les campagnes maoïstes de travail forcé à la campagne, rappelle le journal dans cette enquête publiée jeudi.
Aujourd’hui âgée de 90 ans, Yang Zhiyun, la mère du Premier ministre, «n’est pas seulement sortie de la pauvreté, elle est de façon incontestable devenue riche», écrit le New York Times, qui cite notamment un investissement il y a cinq ans au nom de Mme Yang dans une société chinoise de services financiers, pour un montant de 120 millions de dollars.
«Dans de nombreux cas, les noms des proches (de Wen Jiabao) se dissimulent derrière plusieurs paravents et des vecteurs d’investissement impliquant des amis, des collègues de travail et des associés», explique le journal.
La famille du chef du gouvernement possède des intérêts diversifiés dans des banques, des bijouteries, des stations touristiques, des compagnies de télécommunication et des projets d’infrastructure, en recourant parfois à des entités offshore, ajoute-t-il.
«Reine des diamants»
Dans beaucoup de ces investissements, certaines des puissantes sociétés d’Etat chinoises jouent un rôle prépondérant. Leurs décisions dépendent souvent des agences gouvernementales supervisées par M. Wen Jiabao. Son frère cadet, qui possède une entreprise de traitement des déchets, a bénéficié de plus de 30 millions de dollars de contrats attribués par l’Etat, selon le quotidien américain.
La femme de Wen Jiabao, Zhang Beili, surnommée «la reine des diamants» par le New York Times, a elle fait fortune dans les pierres précieuses, un secteur strictement régulé par l’Etat. L’ascension de Mme Zhang a connu une accélération après que son mari a atteint les marches les plus élevées du pouvoir.
Quant au fils unique du couple, Wen Yunsong, il a connu une réussite fulgurante en revendant son entreprise de technologie à la famille d’un magnat de Hong Kong, puis en fondant une société de capital-investissement devenue l’une des plus importantes de Chine. Parmi ses associés figure le gouvernement de Singapour.
En juin dernier, l’agence financière Bloomberg avait publié une enquête, immédiatement censurée en Chine, sur les biens de la famille du vice-président Xi Jinping, le futur président chinois qui doit le mois prochain prendre les rênes du Parti communiste. Selon ces révélations, les proches de M. Xi possèdent une fortune cumulée de plusieurs centaines de millions de dollars. La vaste majorité de la population chinoise est convaincue que la nomenklatura communiste du régime bénéficie d’une vie dorée et de nombreux privilèges, dans un climat d’impunité.
(AFP)
Brice Pedroletti dans Le Mondedu 15 octobre 2012 a écrit:
Avec leurs fratries et leurs alliés dans les affaires, Bo Xilai et son épouse sont représentatifs de cet arrangement "une famille, deux systèmes" - un membre d'une famille fait de la politique, et les autres des affaires - que dénonçait déjà la chercheuse He Qinglian, au début des années 2000, dans les rangs du pouvoir. Les outils actuels de la lutte anticorruption épargnent ces stratégies de rentes, car ce sont elles qui ont permis de rallier à l'économie de marché les familles dirigeantes.
RFI a écrit:
Les avocats de la famille de Wen Jiabao menacent le New York Times de poursuites judiciaires.
Un communiqué rendu public tard samedi 27 octobre au soir, qualifie les révélations sur le patrimoine familial du Premier ministre chinois, publiées vendredi par le journal américain, de « mensonges ». Le New York Times estime les avoirs des proches du chef du gouvernement à 2,7 milliards de dollars. Et il est très rare que les dirigeants chinois réfutent ainsi les informations des médias étrangers.
De notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Avec un demi milliard d’internautes chinois, la censure ne suffit plus à retenir les informations et les avocats sont de sortie. Chose très rare, ce sont donc deux conseils de la famille Wen Jiabao qui, à la suite du porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères vendredi, sont venus démentir les révélations du New York Times.
Le communiqué en six points publié samedi soir à 23h et dont le Sunday Morning Post a pu obtenir une copie affirme que :
1. Les « soi-disant richesses cachées des membres de la famille Wen Jiabao n’existent pas. »
2. Que la mère du chef du gouvernement, qualifiée de « reine des diamants » par nos confrères américains, « n’a jamais eu de revenus (…) autres que la pension qui lui est versée par l’Etat. »
3. Enfin, que le Premier ministre « n’a jamais joué aucun rôle dans les activités commerciales des membres de sa famille ». C’est pourtant ce dernier point qui est reproché par le New York Times à celui que les médias officiels ont surnomé « Papy Wen ».
« Nous continuerons de faire les clarifications nécessaires sur les autres rapports mensongers », indiquent les avocats qui se réservent le droit de poursuivre le journal en justice. Un pare-feu destiné à préserver cette image d’un chef du gouvernement réformateur, grand-père du peuple et héros de l’anticorruption. Pas sûre que cela suffise… David Barboza, le correspondant du New York Times à Shanghaï depuis huit ans, explique sur son blog que toutes les informations collectées pendant un an pour cette enquête, sont publiques.
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