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Un attentat place Tian'Anmen ?

MessagePublié: 28 Oct 2013, 16:54
par laoshi
Que se passe-t-il, dans un pays démocratique, lorsqu'une explosion secoue la capitale ? Immédiatement, les forces de police sécurisent le périmètre de l'événement pour qu'aucun indice matériel ne soit effacé et que l'enquête puisse aboutir à la vérité. Il en va tout autrement à Pékin où elle s'empresse au contraire d'effacer toute trace de l'explosion et de confisquer les photographies des journalistes étrangers ! Le PCC voudrait-il que les Chinois et le monde entier ignorent que le régime ne fait pas l'unanimité ? C'est ce que l'on peut penser en lisant cet article de Libération.

Philippe Grangereau, dans Libération, a écrit:RÉCIT : Pékin cherche à effacer toute trace de l'explosion d'une Jeep qui a fait au moins cinq morts, dont les trois occupants de la voiture, sur la place symbolique de la capitale.

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«La secte Falungong, les indépendantistes du Xinjiang ou du Tibet, d’autres forces dites "hostiles"… », s’interroge sur son microblog l’artiste Ai Weiwei. Comme lui, beaucoup de Chinois estiment que le grave incident qui a fait au moins cinq morts dont une touriste philippine et 38 blessés ce lundi sur la place Tiananmen, est sans nul doute un attentat, et que seule se pose la question de l’identité de ses auteurs. Une Jeep de type 4X4 avec à son bord trois occupants s’est engagée vers midi sur une voie piétonnière menant à la porte Tiananmen, au-dessus de laquelle est accroché le fameux portrait géant de l’ancien leader Mao Zedong. Le véhicule s’est frayé un chemin en heurtant sur son passage nombre de touristes et de policiers, toujours très nombreux dans ce lieu névralgique du pouvoir communiste. Et où en juin 1989, le régime a réprimé dans le sang les étudiants qui réclamaient la démocratie.

Après une course folle de 400 mètres, la Jeep a été immobilisée par une barrière, à quelques dizaines de mètres à peine du portrait de Mao, vers lequel elle semblait se diriger. Le véhicule s’est alors enflammé pour des raisons encore inconnues. Un témoin dit avoir entendu «une explosion». Les trois occupants de la voiture ont brûlé vif, et on décompte au moins deux touristes morts, une Philippine et un Chinois, et 38 blessés.

La police de Tiananmen, équipée en permanence d’extincteurs pour dissuader les personnes qui voudraient s’immoler par le feu, a éteint l’incendie. Un homme de 42 ans s’était immolé pratiquement au même endroit en octobre 2011, et la police avait étouffé les flammes à peine dix secondes plus tard.

Parvis nettoyé et photos effacées

En très peu de temps, des barricades ont été érigées pour occulter la scène. Plusieurs journalistes étrangers parvenus sur les lieux ont été interpellés et les photos qu’ils ont prises effacées. De nombreux clichés de l’incident posté sur les microblogs chinois ont eux aussi été effacés par la police de l’Internet mais certaines restent visibles sur Twitter.

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La volonté de faire disparaître des mémoires cet attentat va très loin. Même une version semi-officielle des faits postée à chaud sur le site du Quotidien du peuple a disparu peu de temps après. L’unique journal télévisé national de 19 heures n’a pas soufflé mot de l’incident. L’opération de nettoyage du parvis où s’est consumée la Jeep a été d’une telle efficacité que quelques heures à peine après l’incident, il ne subsistait plus la moindre trace si ce n’est quelques dizaines de policiers en civil à l’attitude vigilante.

En Chine, les mécontents sont nombreux. Quelque 122 Tibétains se sont immolés par le feu depuis 2009 pour protester contre la répression de la police chinoise au Tibet. Les Ouïghours musulmans, pour les mêmes raisons, ont souvent recours à des actions violentes. Les adeptes de la secte bouddhiste Falungong, emprisonnés par milliers depuis les années 2000, se livrent parfois à des gestes de protestation désespérés. Des milliers de plaignants venant de tout le pays se relaient à Pékin où ils espèrent obtenir justice.

Coïncidence ou pas, une heure avant que la Jeep entame sa course suicide, un groupe de sept de ces pétitionnaires, des Shanghaïens expulsés de leurs logements, étaient descendus dans les douves nord de la Cité interdite, situées à l’opposé de la porte Tiananmen. L’eau leur arrivant au nombril, ils espéraient que la police hésiterait à se mouiller pour aller les arrêter, et qu’ils pourraient poursuivre plus longtemps leur protestation, qui avait pour but d’attirer l’attention sur leur cas.


Tian'Anmen ou la mémoire perdue

MessagePublié: 29 Oct 2013, 05:46
par laoshi
Vous vous souvenez peut-être du livre de Chan Koonchung, Les Années fastes, où Fang Caodi, journaliste d'investigation, part en quête de ce que j'ai appelé les archives de l'oubli : il cherche les preuves matérielles de 28 jours de répression féroce disparus comme par enchantement de la mémoire de ses contemporains. C'est exactement ce à quoi nous sommes en train d'assister en direct avec l'incident de Tian'Anmen : aucune mention dans le journal de CCTV, des journalistes étrangers interpellés au moment de l'incident, puis relâchés après l'effacement des cartes-mémoire de leurs appareils photos, des messages internet immédiatement effacés eux aussi... Dans ces cas-là, il faut faire vite et la police de la pensée est aussi efficace que les équipes qui ont en trois heures fait disparaître toute trace du drame qui s'est joué hier sur la Place Tian'Anmen... Bientôt, l'incident aura disparu de la mémoire des Chinois

Faustine Vincent, dans 20 Minutes a écrit:Censure: Le tour de vis des autorités chinoises
CHINE – La censure autour de l’incident survenu ce lundi place Tiananmen témoigne de la détermination de la Chine à éradiquer toute contestation. Comment y parvient-elle avec internet et les réseaux sociaux?...

Il a fallu moins de trois heures pour faire place nette. Le véhicule qui a foncé lundi sur la foule puis s’est enflammé sous le portrait de Mao sur la célèbre place Tiananmen a disparu en un tour de main. Un «avant-après» immortalisé par deux journalistes sur place :


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Emily Ford @emilyford1
Remarkable picture of a vehicle fire in Tiananmen Square that has killed three
7:23 AM - 28 Oct 2013


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Gady Epstein @gadyepstein
Nothing to see here, go back to your homes MT @anguswalkeritv: All evidence of the car on fire has been scrubbed away
9:53 AM - 28 Oct 2013


L’opération de nettoyage s’est accompagnée avec la même rapidité d’une vaste opération de censure, alors que les réseaux sociaux chinois étaient déjà en ébullition. Le journal du soir de la télévision d’Etat CCTV n’a même pas évoqué l’événement.

Nouveaux outils de censure

L’arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2012 ne s’est pas accompagnée de l’ouverture que certains espéraient, confondant libéralisme économique et idéologique. Déterminée à ne rien laisser passer, la Chine a même renforcé la censure en 2012 en se dotant de nouveaux outils. La presse traditionnelle écrite est censurée en amont via des directives envoyées quotidiennement, et en aval si un contenu paru est jugé trop critique. La télévision est contrôlée grâce à de «faux directs», présentés comme des vrais. Internet et les réseaux sociaux bénéficient quant à eux d’une surveillance spécifique.

«Des messages de dissuasion sont envoyés aux professionnels des médias, aux blogueurs et aux cyberdissidents, ce qui sème la peur et favorise l’autocensure, explique Benjamin Ismaïl, responsable Asie à Reporters sans frontières. Les autorités s’efforcent d’être très réactives après publication. Et ça marche: si un contenu est supprimé très vite, il peut disparaître». Le contrôle a été encore renforcé en décembre 2012 avec l’adoption de nouvelles mesures qui obligent les internautes à fournir leur véritable identité à leur fournisseur d'accès.

La censure, un gagne-pain pour tous

Pour les aider à censurer tous azimuts, les autorités ont à leur disposition une véritable armée de hackers. Leur surnom: 50 cents. Ces rédacteurs Internet anonymes sont embauchés par le gouvernement ou le Parti communiste chinois pour écrire des commentaires en ligne favorables au régime (ou hostiles envers les dissidents) en échange d’une petite somme – 50 centimes le commentaire. En tout, la surveillance et la censure d’Internet occupent quelque deux millions de personnes dans le pays, a révélé ce mois-ci la presse officielle. Jean-Luc Domenach, professeur de sciences politiques et auteur de Mao, sa cour et ses complots (Ed. Fayard), se souvient que parmi ses étudiants chinois, certains y recouraient. «Pour eux, c’est une activité périphérique qui permet de gagner un peu d’argent.»

Si Internet et les réseaux sociaux permettent de faire sortir plus d’informations qu’avant, grâce notamment à des VPN (permettant de surfer anonymement sur le Web) ou des noms de code, ils ne parviennent pas à vaincre la censure chinoise. «Le contrôle est absolu sur tous les faits importants, poursuit Jean-Luc Domenach. Elle peut échouer ponctuellement mais ce n’est pas durable: le grand couvercle retombe ensuite.»

Etouffer toute contestation

Le tour de vis des autorités remonte à 2008, après la fin des Jeux olympiques, où la Chine avait fait croire à une ouverture. Il s’est encore renforcé au printemps 2011 avec les appels aux «rassemblements du jasmin», une campagne antigouvernementale lancée anonymement sur Internet en écho aux printemps arabes. En 2013, «la surveillance et la répression sont à un rythme tellement effréné qu’on a du mal à suivre», constate Benjamin Ismaïl. Les autorités espèrent tuer dans l’œuf les mouvements de contestation, en hausse: mobilisation de la société civile contre la corruption, des paysans contre les expropriations, des minorités ethniques pour leur reconnaissance, ou encore des travailleurs dans les mines contre leurs conditions de travail.

La décision en septembre d’alléger le contrôle pesant sur Internet à Shanghai, où sont installés de nombreux expatriés, est trompeuse. La Chine censure plus que jamais.

Re: Un attentat place Tian'Anmen ?

MessagePublié: 29 Oct 2013, 08:08
par mandarine
Ouf,je n'étais donc pas parano ! :roll:

La décision en septembre d’alléger le contrôle pesant sur Internet à Shanghai, où sont installés de nombreux expatriés, est trompeuse. La Chine censure plus que jamais.


:o Comme on se retrouve !
Coïncidence ou pas, une heure avant que la Jeep entame sa course suicide, un groupe de sept de ces pétitionnaires, des Shanghaïens expulsés de leurs logements, étaient descendus dans les douves nord de la Cité interdite,

Re: Un attentat place Tian'Anmen ?

MessagePublié: 29 Oct 2013, 11:13
par laoshi
Aux dernières nouvelles, les recherches viseraient les rebelles du Xinjiang ; le silence des autorités officielles se fissure.

Re: Un attentat place Tian'Anmen ?

MessagePublié: 30 Oct 2013, 05:32
par laoshi
Toujours pas d'information officielle sur l'attentat de la Place Tian'Anmen, mais des fuites....

l'Agence Reuters a écrit:Pékin soupçonne une attaque suicide place Tiananmen

PEKIN (Reuters) - Le gouvernement chinois soupçonne que l'accident suivi de l'incendie d'une voiture sur la place Tiananmen, qui a fait cinq morts et 38 blessés lundi, était un attentat suicide, rapportent des sources au fait du dossier ou proches du pouvoir chinois.

Cinq personnes ont trouvé la mort lorsqu'un 4x4 a percuté des piétons avant de prendre feu à proximité de l'entrée de la Cité interdite et du portrait géant de Mao Zedong.

Les autorités chinoises n'ont fait aucun commentaire sur les raisons de l'explosion survenue sur cette place symbole du mouvement de contestation en faveur de la démocratie de 1989 réprimé dans le sang.

Mais, selon une source au fait du dossier, "cela ressemble à une attaque suicide préméditée".

Cette source, qui a requis l'anonymat pour ne pas s'exposer, a ajouté que les occupants de la voiture auraient utilisé une substance inflammable. Tous trois sont morts sur les lieux ainsi que deux touristes.

"Ce n'était pas un accident. La Jeep a renversé des barrières et a délibérément foncé sur des piétons. Les trois hommes (à bord) n'avaient prévu aucun plan pour fuir les lieux", a déclaré une seconde source, liée au pouvoir chinois.

L'attaque, ajoute-t-on, serait en rapport avec la réunion le mois prochain du comité central du Parti communiste chinois, qui doit se prononcer sur des réformes économiques majeures.

DES OUÏGHOURS RECHERCHÉS

Lundi soir, plusieurs heures après l'incendie, la police de Pékin a annoncé qu'elle recherchait en liaison avec "un incident majeur" deux suspects originaires du Xinjiang, province troublée de l'ouest de la Chine.

L'un des deux suspects est originaire de Piqan, une ville du Xinjiang où des affrontements avec la police ont fait au moins 35 morts en juin dernier.

La notice ne fait pas explicitement référence à ce qui s'est passé sur la place Tiananmen et aucune précision n'a pu être obtenue auprès de la police de Pékin. De même, le gouvernement régional du Xinjiang n'a donné suite à aucun appel téléphonique.

Mais des policiers ont diffusé auprès des propriétaires d'hôtel une notice concernant deux clients suspects arrivés depuis le 1er octobre et qui seraient originaires du Xinjiang.

Compte tenu de leurs noms, les suspects appartiendraient à l'ethnie des ouïghours, minorité turcophone vivant de la province du Xinjiang dont des éléments séparatistes ont été accusés par le pouvoir central d'une série d'attentats.

Quatre plaques d'immatriculation appartenant à la province de Xinjiang sont également évoquées.

"Afin d'empêcher les suspects et d'autres véhicules de commettre de nouveaux crimes, informez les services de police de tout élément concernant ces suspects et ces véhicules", peut-on lire dans cette notice distribuée à plusieurs hôtels de la capitale et reproduits sur des sites internet locaux.

Les violences séparatistes imputées aux Ouïghours n'ont jamais atteint Pékin, en dépit d'interrogations sur les auteurs d'une attaque à la bombe contre un bus de la capitale qui avait fait deux morts en 1997.

Si la piste menant aux séparatistes ouïghours était confirmée, ce serait aussi une première, selon Barry Sautman, politologue à l'Université des Sciences et Technologies de Hong Kong. "Il y a certes eu un grand nombre d'attentats à la bombe commis par des groupes ouïghours, mais à ma connaissance aucun n'a impliqué jusqu'à présent un suicide", a-t-il dit à Reuters.

DES COMBATTANTS FORMÉS EN SYRIE ?

D'après le compte rendu officiel de l'"accident" par la police de Pékin, un véhicule 4x4 a quitté la chaussée dans la partie nord de la place, haut lieu du tourisme, et franchi des barrières avant de prendre feu à proximité immédiate de l'entrée de la Cité interdite, devant un portrait géant de Mao.

Des photos vues par Reuters suggèrent que le véhicule a parcouru plusieurs centaines de mètres sur la partie réservée aux piétons, renversant des passants avant de prendre brutalement feu.

Une témoin s'exprimant sous le sceau de l'anonymat dit avoir vu la voiture renverser trois ou quatre personnes. Elle ajoute avoir vu sur le véhicule une bannière blanche avec des caractères inscrits en noir.

"Les gens ont commencé à paniquer et nous nous sommes tous cachés dans des toilettes. Trois ou quatre minutes plus tard, je suis ressortie et j'ai pu voir de la fumée noire. La police avait commencé à disperser les gens", a-t-elle raconté.

Les mesures de sécurité ont aussitôt été renforcées dans la capitale chinoise.

En juillet dernier, la presse officielle chinoise rapportait que le gouvernement soupçonnait des éléments extrémistes du Xinjiang de se former au combat au sein de la rébellion syrienne et de projeter des attentats à leur retour en Chine.

"Depuis 2012, certains membres de factions du Turkestan oriental (l'Etat indépendant que les séparatistes ouïghours sont accusés par Pékin de vouloir créer, NDLR) ont pénétré en Syrie de Turquie, rejoint des organisations extrémistes, religieuses et terroristes au sein des forces de l'opposition et combattu contre l'armée syrienne", affirmait le Global Times, un journal dépendant directement du Quotidien du peuple, l'organe officiel du Parti communiste chinois.

"Dans le même temps, ces éléments du Turkestan oriental ont désigné des candidats pour s'introduire sur le territoire chinois et mener des attaques terroristes", ajoutait le journal.

Avec Michael Martina, Adam Rose et la rédaction de Pékin, Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser

Re: Un attentat place Tian'Anmen ?

MessagePublié: 30 Oct 2013, 08:08
par mandarine
Il serait intéressant de savoir ce qui était écrit sur la bannière de la jeep (une bannière blanche avec des caractères inscrits en noir)avant son embrasement.

Re: Un attentat place Tian'Anmen ?

MessagePublié: 30 Oct 2013, 18:42
par laoshi
Cette fois, les autorités chinoises admettent l'attentat. La répression est en marche....

Tom HANCOCK, de l'AFP, dans La Presse, a écrit:Attentat de Tian'anmen: cinq suspects arrêtés
La police chinoise a annoncé mercredi avoir interpellé cinq suspects après l'«attaque terroriste» qui a fait cinq morts et 40 blessés lundi place Tian'anmen, à Pékin.
La place emblématique, centre névralgique du pouvoir en Chine, a été le théâtre d'une «violente attaque terroriste, soigneusement planifiée, organisée et préméditée», a affirmé le bureau de la sécurité publique de la capitale chinoise, sur son site de microblogue officiel.
Selon elle, cet attentat a été commis grâce à un véhicule immatriculé dans la région du Xinjiang (nord-ouest), où vivent les Ouïghours, une minorité musulmane rétive à la tutelle de Pékin.
Lundi, juste après midi, cette voiture de type 4x4 a percuté des touristes et des policiers, avant d'exploser devant l'entrée de la Cité interdite sous le grand portrait de Mao Tsé-Toung.
Le conducteur et les deux occupants du véhicule sont morts, ainsi qu'une touriste de nationalité philippine et un touriste de la province méridionale du Guangdong (province de Canton), selon la police. Quarante personnes ont été blessées, selon un dernier bilan.
Sans employer le terme d'attaque-suicide, la police a précisé que les suspects, «morts sur place», avaient mis le feu à des bidons d'essence qu'ils transportaient, provoquant l'explosion et l'incendie de la voiture.
Les trois occupants de la voiture faisaient partie d'une même famille : le conducteur, répondant au nom d'Osmane Hassan, selon la transcription de son nom en chinois, était accompagné de sa mère et de son épouse, selon le communiqué de la police.
Les enquêteurs ont retrouvé dans la carcasse du véhicule des jerricans d'essence, deux couteaux, une barre en métal et des banderoles avec des inscriptions religieuses fondamentalistes, ont précisé les autorités policières.
Aux domiciles «provisoires» des cinq suspects arrêtés, des banderoles appelant au djihad et des sabres ont été découverts, selon la police, qui ne fournit pas d'autre précision.
Les autorités et l'ensemble de la presse officielle chinoise refusaient jusque-là d'admettre explicitement que le coeur de Pékin ait pu être le théâtre d'un attentat.
C'est autour de la place Tian'anmen que le régime communiste a maté dans le sang en juin 1989 le mouvement pour la démocratie.
Mais la piste de l'attentat s'est confirmée ces dernières 48 heures, les policiers ayant envoyé aux hôtels de la capitale deux avis de recherche identifiant au total huit suspects originaires du Xinjiang.
Les noms communiqués pour les trois occupants du véhicule impliqué dans l'attentat, ainsi que pour les cinq suspects interpellés, sont à consonance ouïghoure, même si la police n'a pas explicitement précisé l'ethnie à laquelle ils appartenaient.
Les Ouïghours, musulmans turcophones, représentent la majorité de la population du Xinjiang, immense «région autonome» chinoise frontalière de l'Asie centrale.
Le Xinjiang est régulièrement secoué par des troubles en raison des fortes tensions entre Hans, l'ethnie fortement majoritaire en Chine, et Ouïghours. Les autorités accusent invariablement de «terrorisme» les militants ouïghours.
«Il y a de vives inquiétudes sur le sort du peuple ouïghour», s'est alarmé Dilshat Rexit, porte-parole du Congrès mondial ouïghour, organisation de défense des Ouïghours dont le siège est à Munich, en Allemagne. Il dit redouter que l'attentat ne serve de «prétexte» à Pékin pour renforcer «la répression au Xinjiang».
«La Chine est en train d'accroître sa surveillance des étudiants et commerçants ouïghours (...) Selon nos sources locales, 93 Ouïghours ont été arrêtés à Pékin, les forces de l'ordre procèdent à des contrôles et aucun motif n'est fourni pour ces interpellations», a-t-il expliqué dans une déclaration communiquée par courriel.
«Aujourd'hui, j'ai peur pour l'avenir du Turkestan oriental et pour le peuple ouïghour comme jamais je n'ai jamais eu peur», a par ailleurs confié dans un communiqué Rebiya Kadeer, présidente de cette organisation en exil.
L'appellation «Turkestan orientale» est utilisée par les séparatistes ouïghours pour désigner la région autonome chinoise du Xinjiang.
Mme Kadeer a passé plusieurs années dans les geôles chinoises avant de prendre la route de l'exil.
Mercredi, un nombre inconnu des victimes de l'attentat étaient toujours hospitalisées. Un journaliste de l'AFP a tenté d'entrer en contact mercredi avec certaines d'entre elles en se rendant à l'hôpital public Tongren de Pékin, mais s'y est vu refuser l'accès.
«Tous les patients impliqués dans l'événement sont en voie de rétablissement et ce ne serait pas approprié que vous les rencontriez maintenant», lui a déclaré une infirmière.
Trois touristes philippins et un Japonais figurent parmi les blessés.
Une vaste censure était en cours mercredi sur l'internet, et les commentaires sur le sujet étaient toujours soigneusement contrôlés sur les réseaux sociaux.
Les informations de la police suscitaient des réactions d'inquiétude chez certains internautes : «Je travaille à Pékin, je n'aurais jamais imaginé qu'un acte terroriste puisse se produire si près de nous», a ainsi témoigné un utilisateur de Weibo, équivalent chinois de Twitter.

Qui veut noyer son chien...

MessagePublié: 31 Oct 2013, 18:46
par laoshi
Il n'est évidemment pas exclu que les "terroristes" qui ont foncé sur la foule place Tian'Anmen soient originaires du Xinjiang, il n'est pas exclu non plus qu'ils soient des fondamentalistes musulmans mais ce qui gêne dans cette affaire c'est qu'après avoir fait disparaître toute trace de "l'incident", après en avoir quasiment nié l'existence, les autorités aient brutalement changé de stratégie et désignent désormais les coupables avec une étonnante rapidité. Elles ne procéderaient pas autrement si elles voulaient utiliser ce drame comme un prétexte à la répression de plus en plus lourde qu'elles mènent au Xinjiang. C'est aussi le point de vue de cet article du Monde, dont je vous cite un extrait

Le Monde a écrit:Place Tiananmen : Pékin accuse des « terroristes » ouïgours d’attentat-suicide
L'implication de Ouïgours dans l'attentat du 28 octobre est un sujet sensible en raison de la volatilité des relations entre Ouïgours et Chinois han depuis les affrontements meurtriers d'Urumqi, en 2009. Les 10 millions de Ouïgours turcophones et de confession musulmane du Xinjiang (dans l'extrême Ouest chinois) ont une longue tradition de résistance et de ressentiment face à la domination sino-communiste, qui s'est incarnée dans divers mouvements islamo-nationalistes, dont une frange djihadiste liée à Al-Qaida, mais aussi dans une opposition laïque pro-démocratique en exil en Occident.

A ce stade, signale Alim Seytoff, président de l'organisation non gouvernementale Uyghur Human Rights Project, basée à Washington, « les affirmations chinoises soulèvent plus de questions qu'elles n'apportent de réponses », et « elles ne doivent pas être prises pour argent comptant sans une enquête internationale indépendante ». Même s'il s'agit d'un « cas dramatique d'auto-immolation de Ouïgours », des éléments restent énigmatiques : pourquoi l'homme était-il accompagné de sa mère et de son épouse ? Pourquoi un témoin a-t-il parlé d'une poursuite avec la police ? Tout incident « terroriste », dit-il, « sert de prétexte à la Chine pour justifier sa répression du peuple ouïgour ».

Depuis 2009, l'arsenal de mesures répressives mis en place par les autorités locales (fouilles à domicile, actions pour limiter le port du voile intégral pour les femmes) a poussé à bout les populations, conduisant à une recrudescence d'actes de vendetta contre fonctionnaires locaux et policiers.

« INCIDENT 28.10 »

En outre, une opacité totale règne sur les raids antiterroristes menés ces dernières semaines dans le sud du Xinjiang. Le flou entretenu par Pékin sur la réalité du « terrorisme » au Xinjiang, à la fois minimisé et dramatisé, lui épargne de faire le tri entre les différents types d'attentats et les actes violents de protestation, collectifs ou individuels, comme il s'en produit régulièrement en Chine.

L'amalgame sert la propagande qui colle l'étiquette de « terrorisme » ou de « séparatisme » sur tout individu et phénomène violent relatif au Xinjiang. S'il est embarrassant pour Pékin, l'« incident 28.10 », comme il est désormais appelé, risque de renforcer cette tendance.

Re: Un attentat place Tian'Anmen ?

MessagePublié: 31 Oct 2013, 19:51
par mandarine
Le conducteur était accompagné de son épouse et de sa mère ,
un témoin dit que la police poursuivait la voiture...

Contexte très particulier pour un "attentat -suicide" !

couteaux tibétains et terroristes ouïgours

MessagePublié: 05 Nov 2013, 05:44
par laoshi
Vous ironisiez, l'autre jour, sur les ficelles de la propagande chinoise, Mandarine :

Mandarine a écrit:
Je me demande qui "actionne" le mouvement des Ouïgours, pas le Dalaï Lama tout de même

Eh bien, vous ne croyiez pas si bien dire ! Figurez-vous que les terroristes ouïgours avaient des "couteaux tibétains" .

Le Monde a écrit:
Selon la police chinoise, trois Ouïgours du Xinjiang ont précipité lundi leur voiture chargée de bidons d'essence sur l'entrée de la Cité interdite, dans une attaque qui a fait deux morts, en plus des trois occupants du véhicule, et 40 blessés. Cet attentat toujours non revendiqué a mobilisé un groupe de huit "terroristes", qui disposait d'armes – y compris "des couteaux tibétains et 400 litres d'essence" –, a précisé la télévision publique chinoise.

Voyez que tout se tient... Par ailleurs, l'enquête progresse, le commandant militaire de Xinjiang a été limogé et plus de cinquante personnes ont été arrêtées au Xinjiang.
Je n'ai évidemment aucune sympathie pour les terroristes, d'où qu'ils viennent, mais je crains décidément que cette affaire ne soit instrumentalisée par l'Etat chinois pour justifier une répression démesurée sur le Xinjiang .