On le savait déjà et les autorités en sont conscientes, le déséquilibre démographique chinois est une catastrophe. Il naît aujourd'hui 118 garçons pour 100 filles en Chine. Faute de femmes, 30, voire 40 millions de Chinois seront célibataires en 2020. Or, si officiellement l'avortement sélectif est interdit, dans les faits, il se pratique couramment et quand l'échographie n'a pas permis de détecter le sexe de l'enfant à naître (officiellement, c'est interdit), les méthodes traditionnelles reprennent leur droit : l'infanticide des petites filles, interdit par Mao, a fait retour en Chine depuis les années 70 avec la politique de l'enfant unique. « Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain », avait dit Mao pour interdire l'infanticide, une expression que nous employons couramment aujourd'hui sans voir toute la cruauté qu'elle implique. Il faisait ainsi allusion à la coutume chinoise traditionnelle consistant à placer une bassine d'eau aux côtés de l'accouchée : pour laver le bébé, si c'était un garçon, pour le noyer, si c'était une fille.
Les conséquences de cette situation sont d'ores et déjà préoccupantes : privés de femmes, les Chinois sont prêts à tout pour s'en procurer. L'enlèvement et la vente de femmes vietnamiennes sont devenus monnaie courante dans certaines régions limitrophes du Vietnam. Antenne 2 a diffusé hier soir un reportage très intéressant sur ce sujet : voyant son fils, un paysan de 34 ans, désespérément célibataire, une vieille mère a acheté une jeune femme, prétendument chinoise et âgée de 19 ans, à un intermédiaire dont elle ignorait qu'il était un trafiquant. La jeune femme était en réalité une jeune vietnamienne de 15 ans, enlevée dans son village et à qui le trafiquant ne laissait d'autre choix que la vente matrimoniale ou la prostitution. Le couple a été dénoncé par une famille voisine. La jeune femme, qui a eu un enfant de son mari, est incarcéréée depuis le 23 août pour entrée illégale sur le territoire chinois ; elle risque l'expulsion au grand dam de la famille qui réclame à cor et à cris son retour auprès de son mari et de son enfant. Quant au trafiquant, bien connu des autorités, il est libre !