l'Etat chinois cible les féministes et leurs avocats

l'Etat chinois cible les féministes et leurs avocats

Messagepar mandarine » 04 Fév 2016, 12:04

Enfin la France s'éveille(un peu).


ACAT: L'ACAT est une ONG chrétienne de défense des droits de l'homme créée en 1974 .

IUA: Union Internationale des Avocats Image





ImageDes centaines d’avocats, juristes et membres du staff de cabinets d’avocats, tous engagés en faveur des droits de l’homme, ont été interpellés et/ou détenus par la police dans plusieurs provinces de Chine depuis le 9 juillet 2015 (709 Crackdown).

Ces interpellations ont suivi celle de Me Wang Yu, avocate au cabinet Fengrui Law Firm à Pékin. Me Wang Yu est connue pour son implication dans la défense des cas politiquement sensibles et notamment celui des cinq jeunes féministes arrêtées au début du mois de mars pour avoir organisé des actions de rue contre le harcèlement sexuel dans les transports publics. Son mari, Me Bao Longjun, a été aussi arrêté le 9 juillet.

Plus de 100 avocats chinois ont écrit une lettre conjointe pour protester contre sa disparition. Certains de ces avocats, ainsi que ses collègues du cabinet Fengrui à Pékin, ont été alors arrêtés à leur tour, dont Me Zhou Shifeng, directeur du Cabinet Fengrui.

Bien que la plupart de 317 personnes interpellées aient été relâchées depuis, 14 avocats et 22 défenseurs des droits de l’homme font toujours l’objet de mesures de privation de liberté. 33 autres personnes ont été interdites de quitter le pays.

Plusieurs des personnes encore détenues font ou ont fait l’objet d’une procédure pénale dénommée «surveillance résidentielle dans un lieu désigné », qui autorise la détention au secret, et souvent dans des conditions d’isolement, dans un lieu non divulgué pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois. La période de six mois étant arrivée à échéance le 9 janvier 2016, l’UIA a co-signé une déclaration préparée par l’organisation China Human Rights Lawyers Concern Group, appelant la communauté internationale à soutenir leur demande de libération en faveur des avocats arbitrairement détenus (voir ci-dessous).

A l’initiative de l’ACAT, Me Jean-Jacques Uetwiller, Président de l’UIA, s’est joint à 19 avocats, juges et juristes, dont Robert Badinter, ancien garde des Sceaux français, et Manfred Nowak, ancien rapporteur de l'ONU sur la torture, pour signer une lettre ouverte adressée au président Xi Jinping exprimant leur préoccupation à propos de la répression des avocats en Chine (voir ici).


http://www.uianet.org/fr/content/pr%C3% ... ats-en-chi
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
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l'Etat chinois cible les féministes et leurs avocats

Messagepar laoshi » 05 Fév 2016, 09:58

Article doublement intéressant : à la répression contre les avocats, malheureusement déjà bien documentée, s'ajoute la répression contre le féminisme chinois, dont nous n'avons jusqu'alors guère parlé faute de sources documentaires. Pas facile de se renseigner sur les luttes des femmes chinoises ! Nous avons déjà vu que Tang Hui, une mère dont la fille de 11 ans avait été victime de viol et prostituée par ses ravisseurs, avait été jetée en prison et condamnée à 1 an et 1/2 de travaux forcés pour les avoir dénoncés et pour avoir mis en cause les policiers chargés de l'enquête, manifestement de mêche avec le patron du bordel ; Li Chenpeng reprend cette information dans le recueil de ses blogs, Confessions d'un traitre à la patrie, dont nous avons déjà parlé. J'ai lu, dans la presse anglosaxonne, qu'une exposition de femmes artistes avait été récemment interdite en Chine, en raison, justement de son féminisme, et qu'une manifestation de femmes contre le harcèlement dans les transports publics (si mes souvenirs sont bons), avait donné lieu à des arrestations mais je suis débordée et je n'ai pas eu le temps de traduire ces deux artciles. Je vais essayer de les rechercher dès que j'aurai un moment.
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LuiPourElle : le féminisme interdit aux artistes chinois

Messagepar laoshi » 18 Fév 2016, 09:37

J'ai enfin retrouvé l'article que j'évoquais ci-dessus : en voici la traduction. Je mettrai en ligne les photos des œuvres dans la rubrique des expositions.

The Gardian a écrit:Pékin vient d’interdire une exposition sur la violence faite aux femmes
Les autorités de Pékin ont interdit une exposition consacrée au féminisme et à la violence domestique juste avant son ouverture, déclarent les organisateurs (le 26 novembre 2015).
L’exposition, prévue pour le Jour de l’élimination de la violence contre les femmes des Nations Unies, devait ouvrir le 25 novembre à la galerie d’art Ginko Space de Pékin. Plus de 60 artistes – dont la moitié de femmes -, avaient travaillé à la manifestation. Mais, quand ils sont arrivés au rendez-vous, ils sont trouvé porte close et le personnel de la galerie était absent.
« La raison de la déprogrammation de notre exposition est la pression des plus hautes autorités », a déclaré au Guardian Cui Guanxia, l’artiste pékinois qui s’occupait de l’événement. Cui, qui a été détenu pendant plus d’un mois l’an dernier pour avoir soutenu le Mouvement pro-démocratique des Parapluies de Hong Kong, affirme que les autorités considèrent cet événement comme « sensible », parce qu’il met l'accent sur les violences conjugales et sur l’égalité entre les sexes.
Les œuvres des artistes ne seront probablement pas montrées au public dans un futur proche. Mais des photos de ces œuvres sont d’ores et déjà diffusées en ligne à partir de plusieurs comptes sur Webchat (une application de messagerie populaire) qui promouvaient l’événement. [...]
L’exposition est intitulée "Adultère : les symboles de la violence sexiste, LuiPourElle". LuiPourElle est une campagne de solidarité pour l’égalité entre les sexes lancée par les Femmes des Nations unies. L’adultère, explique l’un des messages du Webchat, s’écrit
en caractères traditionnels. Le caractère résulte de la combinaison de trois fois le composant femme. Un symbole du genre ne devrait pas être devenu un symbole d’infidélité, d’autant plus, ajoute le rédacteur du message que 姦 signifie aussi perversité et hypocrisie. Le gouvernement chinois encadre et contrôle étroitement les campagnes féministes (comme il le fait, d’ailleurs, des autres mouvements de citoyens) qui pourraient mettre le feu aux poudres, déclencher des mouvements de contestation ou constituer un facteur d’instabilité. Cinq féministes chinoises ont été arrêtées par la police en mars dernier alors qu’elles avaient prévu de distribuer des tracts et des autocollants contre le harcèlement sexuel. Elles ont été relâchées plus d’un mois plus tard après avoir attiré l’attention internationale.

je suis particulièrement fière de voir mon analyse du caractère validée par un Chinois...
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"L'autre moitié du Ciel" vit encore en enfer

Messagepar laoshi » 02 Mars 2016, 08:16

Pas facile d'être féministe en Chine. Au pays de "l'autre moitié du Ciel", les femmes qui luttent contre le harcèlement sexuel vivent encore en enfer. Je vous traduis un article de Radio Free Asia :

Radio Free Asia a écrit:

Image[/color]
Li Tingting, photo sans date

Près d’un an après leur arrestation alors qu’elles avaient prévu de participer à une campagne contre le harcèlement sexuel pour la Journée Internationale des femmes, cinq militantes féministes restent très loin d’avoir retrouvé la liberté de vivre une vie normale.

Arrêtées le 6 mars 2015, deux jours avant cette manifestation, Li Tingting, Wu Rongrong, Wei Tingting, Wang Man et Zheng Churan, accusées de trouble à l’ordre public ont été libérées sous caution à la fin du mois avril 2015. Bien que leur détention ait suscité des protestations internationales, et qu’elles en aient appelé aux Nations Unies contre la répression qui frappent leur mouvement, elles sont toujours considérées comme des criminelles.

“C’est très dur pour nous de vivre et de travailler,
a declaré Zheng Churan à RFA. Si sous quittons notre province, nous devons en informer la police au préalable. J’avais prévu d’aller faire un tour à Pékin mais un groupe de policiers s’est rendu chez ma grand-mère, disant qu’ils me recherchaient, alors que je ne vis pas chez elle. Voilà le genre de problèmes auxquels nous sommes confrontées. ”

Des intrusions continuelles

Zheng affirme que les intrusions continuelles de la police dans leur vie privée leur rend cette vie très difficile : « nous avons la nette impression qu’ils cherchent à salir notre réputation dans les yeux de nos amis et de nos familles ».

Wu Rongrong, quant à elle, déclare être sous la surveillance constant de la police : “je dois demander l’autorisation de voyager et je ne peux m’éloigner trop longtemps de chez moi, dit-elle. J’ai dû demander la permission de rendre visite à mes parents pour le Nouvel An chinois”

"Cette intense pression psychologique a eu raison de ma santé”,
ajoute-t-elle. Ces contraintes l’empêchent de chercher du travail et même d’assister aux conférences en rapport avec sa spécialité. « Ils débarquent souvent chez moi, prétendument pour voir comment je me débrouille”.

Un statut légal incertain

L’avocat de Wu Rongrong, Lu Zhoubin affirme que les autorités n’ont jamais abandonné les poursuites qu’elles ont entamées contre les cinq féministes. Celles-ci n’ont pas reçu de précision sur le statut légal qui est le leur et elles pourraient donc encore se voir signifier une arrestation en bonne et due forme ou un procès.

"Le service chargé de l’enquête a affirmé qu’elles avaient commis un crime, il a ordonné leur arrestation et fait transmettre leur dossier au bureau du Procureur général, peut-être pour leur inculpation", a-t-il déclaré à RFA. "Mais, selon moi, il n’y a eu aucun crime et le dossier devrait être abandonné, y compris le statut de libérées sous caution." Elles n’auraient d’ailleurs jamais dû être “libérées sous caution” puisque ce statut est réservé aux criminels dans l’attente de leur jugement. Tous les avocats des prévenues ont récemment écrit une lettre ouverte aux autorités policières de Pékin, au Parquet général, au Parlement du peuple chinois et à toutes les fédérations de femmes chinoises.

Il est temps

L’avocat de Wei Tingting, Ge Wenxiu, signataire de la lettre, affirme que la caution ne peut excéder une durée d’un an après l’arrestation. "Cette durée est bientôt révolue mais la police n’a rien fait pour abandonner les poursuites, c’est pourquoi nous pensons qu’il est de notre devoir de dire notre point de vue de juristes sur cette affaire aux autorités compétentes. Nous en appelons à elles pour agir conformément à la loi."

Selon Yan Xin, l’avocat de Li Tingting, les actions entreprises par sa cliente n’étaient rien d’autre qu’une performance artistique et ne constituaient en aucune manière un danger pour l’ordre public. Dans le même temps, Zheng Churan a affirmé qu’elle entendait bien continuer à s’exprimer au nom du droit des femmes.

"J’ai toujours été une féministe, et je le resterai toute ma vie, dit-elle. Je continuerai à agir pour le droits des femmes autant que possible. Mais elle reconnaît qu’il est difficile de dire si la lettre ouverte aura quelque effet que ce soit.
propos recueillis par Wen Yuqing pour le cantonais et par Yang pour le mandarin. Traduction anglaise de Luisetta Mudie.
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Re: l'Etat chinois cible les féministes et leurs avocats

Messagepar laoshi » 13 Avr 2016, 17:27

Zheng Churan, Li Tingting et Wei Tingting, trois des 5 féministes dont nous parlions plus haut, viennent de répondre à la convocation qui leur a été faite par le centre de détention de Hainan, où elles ont été emprisonnées pendant 5 semaines l'an dernier. Wu Rongrong et Wang Man, ne se sont pas présentées.

Bien qu'elles n'aient commis aucun délit, ces 5 jeunes femmes restent sous le coup d'une inculpation pour "rassemblement visant à causer un trouble à l'ordre public". La caution qui avait été exigée d'elles pour leur libération conditionnelle a été levée, quelques-unes des affaires qui leur avaient été confisquées leur ont été rendues et elles sont désormais libres de leurs déplacements mais les charges ne sont pas abandonnées pour autant et elles continuent à risquer 5 ans de prison, ce qui, dans la législation chinoise, signifie que la peine peut devenir exécutoire à tout moment pendant 4 ans encore (la mesure court pendant 5 ans à compter de la date leur emprisonnement, à la veille de la journée de la femme 2015 !).

Les 3 féministes ont tenté en vain de remettre une demande de levée des poursuites à la police. Les policiers n'ont pas accepté de prendre leur requête et ont affirmé qu'elles n'étaient pas seules visées mais que les charges visaient "tout un groupe", sans vouloir préciser lequel. Elles ont aussi précisé qu'elles avaient été maltraitées (refus de soins et de médicaments, fumée soufflée au visage) et qu'elles avaient subi diverses humiliations pendant leur détention, entre autres pour leur "manque de pitié filiale" ou leur "déviance sexuelle" (il va sans dire que Li Tingting n'a pas pu recevoir la visite de sa compagne, Theresa Wu, pendant sa détention, puisqu'elles restent étrangères l'une à l'autre aux yeux de la loi chinoise)

La police a refusé l'entrée à l'avocat qui accompagnait les 3 jeunes femmes et de nombreux agents de sécurité ont tenté d'empêcher les journalistes d'approcher et de prendre des photos, ce matin.

Image

Zheng Churan, Li Tingting et Wei Tingting, accompagnées de Chen Jinxue, l'avocat de Zheng Churan
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Re: l'Etat chinois cible les féministes et leurs avocats

Messagepar laoshi » 08 Oct 2016, 17:53

Un article passionnant et terrifiant sur le sort que le PCC réserve aujourd'hui à l'autre moitié du Ciel dès lors qu'elle refuse de se taire ! je n'ai malheureusement pas le temps de le traduire

Leta Hong Fincher, a écrit:China’s Feminist Five

Image
Li Maizi (left) takes part in a 2012 protest against domestic violence in Beijing. Photo courtesy of Media Monitor for Women Network.

When Chinese police detained feminist activist Li Maizi on the night of March 6, 2015, they held her in a small, unheated room of a Beijing police station, with the temperature falling to below freezing. The interrogations began immediately: Why was she organizing subversive activities about sexual harassment? Who was she working with? Who funded her organization, Yirenping? Li was freezing, hungry, and angry. She refused to cooperate with the men interrogating her.
In an effort to get Li to talk, one security agent took her outside the room to show her a group of women waiting in the entrance area—they had arrested so many young feminists that night, there weren’t enough interrogation rooms for all of them in the police station.
“Those men acted like they had just won some glorious battle,” Li later told me with contempt. Li, just twenty-five at the time of her arrest, had not even contemplated the possibility that she might be detained for more than twenty-four hours just for planning to hand out stickers about sexual harassment. She and her fellow activists had done nothing to oppose the government, so she told herself, just get through this twenty-four hours, then you’ll be released. Police let some of the detained feminists go the following day, but they told Li to gather her belongings and follow them through an underground passage. More agents joined them, some in front, some behind. “I felt that the people behind me were very afraid that I would escape,” she says. “At that moment, I knew there was no way they were letting me go home.”
Li Maizi is one of five women arrested in early March 2015 for planning to commemorate International Women’s Day by handing out stickers about sexual harassment on public transportation in the Chinese capital of Beijing, the southern city of Guangzhou, and the eastern city of Hangzhou. At the time of their arrest, the women—Li Maizi (whose birth name is Li Tingting), Wei Tingting, Zheng Churan, Wu Rongrong, and Wang Man—were completely unknown outside China. Had the women not been detained, their activities marking International Women’s Day likely would have passed without much attention. Yet in cracking down on these largely anonymous young women, the Chinese government itself provided the spark for the creation of a powerful new symbol of feminist dissent against a patriarchal, authoritarian state: China’s “Feminist Five.”
News of the arrest of the Feminist Five spread swiftly around the world through the hashtag campaign #FreeTheFive, which went viral on Twitter, Instagram, and Facebook. The arrests coincided with preparations for Chinese president Xi Jinping to co-host a UN summit on women’s rights in New York to mark the twentieth anniversary of Beijing’s World Conference on Women, sparking an international outcry from rights organizations and world leaders. Hillary Clinton tweeted, “Xi hosting a meeting on women’s rights at the UN while persecuting feminists? Shameless.”
Inside the Haidian Detention Center, Li Maizi was interrogated at least once a day. For the first week, she barely said anything during these sessions and smiled sarcastically when agents asked about the friends who collaborated with her. Faced with her stubborn refusal to cooperate, the security agents tried to humiliate her. They attacked her for being lala—a lesbian—and called her a whore. “You can yell at me all you want for being a dirty woman, a prostitute, a lesbian, it doesn’t hurt me in the slightest,” Li said. After being held for about a week, Li was regularly woken up at night to scrub floors and do other types of work in the detention center. Agents outside the center began threatening Li’s parents, especially her father. They ordered him to write a letter to his incarcerated daughter, urging her to give up her activism, but Li seemed impervious to the pressure.
Then the agents took her into a special interrogation room equipped with an intensely bright spotlight, which they shone into her eyes at close range, making it impossible for her to keep her eyes open and causing tears to stream down her face. With the spotlight forcing her eyes closed, the agents accused her of being a spy for “foreign forces” (a term generally used by the Chinese state media to refer to countries such as the United States).
“What? I work on gender equality—now you’re calling me a spy?” Li said.
“You’re a spy subverting state power!” the agents said, with the spotlight bearing down on her.
At first, they said she would be sentenced to five years in jail. Seeing that Li was still relatively unfazed, the agents threatened her with an even longer jail term. “When they started talking about eight to ten years in prison, I couldn’t stay calm anymore,” says Li. “I repeated these three things every day: ‘Perseverance, bravery, endurance.’ I said this in the morning, each time I was taken out for interrogation, and before sleeping at night. I relied on this mantra to get by.”
On the thirty-seventh evening of detention, faced with tremendous global diplomatic and social media pressure, authorities finally released all five women on bail.
More than a year after their release, the women remain “criminal suspects” under investigation for the charge of “gathering a crowd to disturb public order,” an offense carrying a prison sentence of up to five years. “The political environment is very difficult now,” says Li, who lives in Beijing. “We have to think very carefully about new methods to push forward China’s feminist movement.”
During the early Communist era, the Chinese government publicly celebrated gender equality and boasted one of the biggest female workforces in the world (a strategy it employed to boost the nation’s productivity). But in the 1990s, gender inequalities deepened as China accelerated economic reforms, dismantling the Party-mandated system of equal employment for women and men. In 1990, for example, the average annual salary of an urban woman was 77.5 percent that of men, but by 2010, urban women’s average income fell to just 67.3 percent that of men, according to government data. I argue in my book, Leftover Women: The Resurgence of Gender Inequality, that Chinese women—including highly educated, upper-middle-class women—largely missed out on the biggest accumulation of residential real-estate wealth in history (worth over $30 trillion according to an analysis of figures provided by HSBC Bank) because of gendered factors, such as intense pressure on women to leave their names off property deeds and new regulatory barriers to women’s property ownership.
The reform-era media has aggressively promoted traditional gender norms. In 2007 the Chinese government began a crass campaign to stigmatize single, professional women in their late twenties, mocking them as “leftover” women in order to pressure them into marrying. But as record numbers of Chinese women attend university, both at home and abroad, they are beginning to challenge widespread sexism and unequal treatment, and more and more are identifying as feminists.
By 2012 around 100 university-educated feminists were regularly participating in performance art and activism across the country to denounce growing gender inequality driven by market reforms. They took up domestic violence (China had no specific domestic violence law in effect until 2016), sexual harassment, sex discrimination in employment and university admissions, and insufficient toilets for women—issues chosen because they were not overly politically sensitive, but relevant enough to spark public debate.
Unlike the state-sanctioned All-China Women’s Federation, which urges women to be loyal to the government, China’s younger generation of feminist activists is outside the control of the Communist Party. Under President Xi Jinping, the Chinese government has intensified efforts to wipe out many kinds of dissent—including carrying out an unprecedented crackdown on hundreds of human rights lawyers. But the feminist movement’s message of resistance to the traditional, feminine roles of wife and mother poses a unique threat to the Communist Party’s vision of a patriarchal family at the core of a strong, paternalistic state.
The feminist celebration of single, sexually non-normative, and often child-free women flies in the face of government edicts that marriage—between heterosexuals only—and family form “the basic cell of society” and are the foundation of political stability. The one-child policy may be over, but the Communist Party still views women as reproductive tools to sculpt the nation’s destiny. The latest propaganda pushes a revival of Confucian values, urging women to return to the home and have two children rather than one. As China’s birth rates plummet and its population ages, Chinese leaders believe that the very survival of the Communist Party depends on the subordination of women for social stability and to produce future generations of highly skilled workers. Yet women in China’s rapidly growing middle class (which made up 68 percent of China’s urban population in 2012, according to a study by McKinsey) are starting to reject patriarchal norms and long-held expectations of compulsory marriage.
In spite of heavy censorship, women are increasingly voicing their dissatisfaction on Chinese social media like Weibo and WeChat. In an authoritarian, one-party state like China—where citizens do not have freedom of assembly or freedom of information—it is remarkable that a critical mass of women among China’s 700 million internet users is becoming more vocal about calling out sexism, and has sometimes succeeded in pressuring the government to retract its misogynistic propaganda.
Consider the propaganda faux pas shortly after the May 2016 inauguration of Taiwan’s first female president, Tsai Ing-wen, when a Communist Party–linked newspaper published an op-ed calling President Tsai an excessively “emotional” single woman without family or children, and therefore prone to take “extremist political positions.” The op-ed was widely ridiculed by both women and men on Weibo and within a day of its publication, all Chinese media outlets were ordered to delete it because it was “inappropriate” and had a “bad influence on public opinion,” according to a leaked censorship directive.
Another member of the Feminist Five, Zheng Churan, nicknamed “Giant Rabbit,” was twenty-five when she was arrested at her home in Guangzhou in March 2015. She says the repeated interrogations during her detention were so stressful that a lot of her hair fell out. But the worst part came after her release from detention, when state security continued to call on her at her home while she suffered from post-traumatic stress. “Anytime I heard a knocking sound, I was terrified and my heart would start beating really fast,” says Zheng. “I would remember the dark, hazy images from my detention, because they had confiscated my glasses and I couldn’t see properly. After my release, I think I suffered from a kind of Stockholm Syndrome, where I tried to cater to some of the requests of the state security. I acted out this very dutiful role and censored myself constantly.”
Zheng says she began to recover from her trauma four or five months after her release, and has now regained a sense of optimism about China’s feminist movement. “The outpouring of support for us has been tremendous,” says Zheng, who is now working on ways to build solidarity between middle-class feminists and working-class women. “In this kind of political environment, the most acceptable form of feminism revolves around consumerism and elite women. This is politically safer and won’t get us arrested, but we need to come up with ways to use this trend to do something for less educated, women workers, who have very different problems.”
Although working-class women have been on the front lines of growing labor unrest in China, thus far, few if any of these women have linked their protests to a feminist cause. Any cross-class collaboration between middle-class feminists and working-class women would likely be viewed as a threat to the Communist Party, since the Communist Revolution of 1949 succeeded in part because elite Communist intellectuals joined forces with hundreds of millions of peasants and workers.
Meanwhile, one of China’s most influential feminist activists has relocated to New York to—as she put it—“open a new front” in the feminist movement, free from Chinese government interference. Lu Pin, the former chief editor of China’s preeminent feminist website Feminist Voices, was in New York to attend the UN Commission on the Status of Women just as police carried out its arrests of feminist activists in 2015. Lu Pin decided that she could do more for the beleaguered movement outside China. She was appointed a visiting scholar at Columbia University in New York in July 2015.
“Even though in the past we never openly said that we were opposed to the Communist Party, we know what the Party thinks of us now . . . we have entered the confrontational stage of the movement,” says Lu Pin, who is using her new base in New York to speak more freely than she ever could under the close monitoring of authorities in China. Another prominent male activist in the feminist movement, Lu Jun (no relation to Lu Pin), has been based in New York for several years already. Lu Jun co-founded the organization Yirenping, which employed three of the five arrested feminists. Lu Pin believes the feminist movement needs a dedicated presence outside China, so she and three partners are starting the first-ever Chinese women’s rights group based in the United States. Lu Pin hopes the group can become a valuable resource for Chinese-language information on women’s rights in China, and also raise money for feminist causes in the country.
Since the Feminist Five were arrested in 2015, a Guangzhou-based feminist activist, Xiao Meili, has worked on a domestic crowd-funding campaign for an anti-sexual harassment ad to be placed at a Guangzhou subway station later this year. Over 1,200 people within China have so far donated small amounts to the campaign, raising more than $6,000 for the ad. Although the amount raised seems small by American standards, activists say that the most important purpose of crowd-funding is to build a strong base of supporters who publicly identify themselves as committed to the feminist movement—an extraordinarily risky position to take in the current political climate.
Although many other rights activists lose their ability to tap into domestic Chinese networks once they are exiled, Lu Pin has kept up close friendships with most of China’s core feminist activists. Quoting Virginia Woolf, Lu Pin says, “As a woman I have no country.” She believes that Chinese feminists—whether in China, the United States, or elsewhere—can form alliances that cross national boundaries. “If we don’t set up this group in the U.S., China’s feminist movement will become too passive. The position of our core activists is extremely fragile and we don’t know when the police will come and arrest someone again—it could be today or tomorrow,” she says.
The Communist Party has ruled China for sixty-six years—almost as long as Communist rule in the Soviet Union. It has survived for this long because of its ability to adapt to social change and to deliver rapid economic growth to its citizens. But China’s economy has entered a protracted slowdown, just as it is beginning to face the severe demographic crises of an aging population and a shrinking workforce. More and more Chinese women are choosing to reject the traditional norms of heterosexual marriage and child rearing pushed by the Chinese state. Feminist activists in China have tapped into the broad discontent among Chinese women, which is why authorities continue to harass feminists and their colleagues and loved ones in cities across China. Yet even if all these activists are arrested or intimidated into silence, the movement they have unleashed will be difficult to stamp out.
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la répression des féministes continue

Messagepar laoshi » 19 Jan 2017, 11:28

un article à lire absolument, en anglais :
La féministe Ye Haiyan, connue sous le pseudonyme "Hooligan Sparrow,", expulsée de son logement au village des artistes de Pékin Songzhuang, pour avoir critiqué les extrémistes maoïstes qui, de plus en plus, font la pluie et le beau temps (surtout la pluie) en Chine.
Electricité, eau et chauffage coupé (Pékin est glacial en hiver), c'est le traitement que le PCC réserve à ceux qui osent critiquer le pouvoir... comme le poète Wang Zang, lui aussi dans le collimateur. je traduirai l'article plus tard, si j'ai le temps.
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Re: l'Etat chinois cible les féministes et leurs avocats

Messagepar laoshi » 29 Jan 2017, 17:54

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