"un pays, deux systèmes"

"un pays, deux systèmes"

Messagepar laoshi » 02 Nov 2016, 11:46

Les incidents se multiplient depuis l'entrée au Parlement de quelques élus pro-démocratie hostiles à la mainmise de Pékin sur l'administration de Hong Kong. Avec la fougue de leur jeunesse, Nathan Law, Eddie Chu, Baggio Leung et Yau Wai-ching ont commis une bévue, ils ont écorché le mot "Chine" et/ou défié ouvertement Pékin lors de leur investiture. Il n'en fallait pas plus pour que leur prestation de serment ne soit contestée par les alliés du PCC qui règnent sur les destinées de Hong Kong. Voici le compte rendu que Ouest France faisait de cette séance tumultueuse il y a quinze jours. Aujourd'hui, le Parlement a carrément été le siège de bagarres impensables : 3 blessés parmi les agents de sécurité, semble-t-il. Les jeunes indépendantistes font remarquer que, tandis qu'on leur cherche des poux dans la tête et qu'on les empêche même physiquement d'entrer au Parlement, on n'a jamais inquiété le grand ami de Pékin, chef de l'exécutif CY Leung, qui a curieusement omis de nommer Hong Kong après avoir promis allégeance à Pékin dans son propre serment...

Ouest France a écrit:Hong-Kong. Entrée remarquée au "Parlement" pour les indépendantistes

Des cris, des tambours et des proclamations contre la tyrannie... Les nouveaux élus hongkongais prônant la rupture avec Pékin ont fait mercredi une entrée remarquée au « Parlement » local, transformant leur prestation de serment en tribune politique.

Le Conseil législatif (LegCo) se réunissait pour la première fois depuis les législatives de septembre, qui ont été marquées par l'élection d'une poignée de candidats demandant une plus grande autonomie vis-à-vis de la Chine, deux ans après les grandes manifestations prodémocratie de l'automne 2014.

Hong Kong jouit d'une semi-autonomie, en vertu du principe « Un pays, deux systèmes », qui avait présidé à la rétrocession à Pékin du petit territoire du sud de la Chine en 1997.

L'accord, qui avait été conclu entre Londres et Pékin, préserve pendant 50 ans sur le papier l'ancienne colonie britannique des libertés, inconnues dans le reste de la Chine. Mais de nombreux Hongkongais pensent qu'un durcissement de la mainmise chinoise est à l'œuvre.

Toute entorse interdit de siéger

Chaque élu du LegCo est censé lire une brève déclaration avant de pouvoir officiellement siéger. Le texte stipule plusieurs fois que Hong Kong est « une région administrative spéciale » de la Chine.

L'exécutif hongkongais avait averti les élus que toute entorse au texte officiel pourrait leur interdire de siéger. Ancien leader des manifestations de 2014, Nathan Law, le plus jeune élu âgé seulement de 23 ans, a prononcé un discours passionné avant de prêter serment.

« Vous pouvez m'enchaîner, vous pouvez me torturer, vous pouvez même détruire ce corps. Mais vous ne pourrez jamais emprisonner mon âme », a-t-il lancé.

Les nouveaux élus hongkongais prônant la rupture avec Pékin ont fait mercredi une entrée remarquée au « Parlement » local, transformant leur prestation de serment en tribune politique.

Le mot « Chine » écorché

Le jeune homme, qui milite pour l'autodétermination de Hong Kong, a ostensiblement changé de ton chaque fois qu'il a eu à prononcer le mot « Chine » lors de sa prestation de serment.

De leur côté, deux députés indépendantistes, Baggio Leung et Yau Wai-ching, se sont engagés, avant de prêter serment, à servir « la nation hongkongaise ».

Tous deux ont systématiquement écorché dans leur serment le mot « Chine », et arboraient un drapeau proclamant: « Hong Kong n'est pas la Chine ».

« Mort à la tyrannie ! »

Eddie Chu, qui demande un référendum sur la souveraineté future de Hong Kong, a crié après sa prestation de serment : « Autodétermination démocratique ! Mort à la tyrannie ! »

Lau Siu-lai, une enseignante également largement impliquée dans le mouvement des Parapluies, a fait sensation en prononçant le plus lentement possible son serment, suscitant les huées de députés prochinois qui ont finalement quitté l'assemblée.

Un autre a agrémenté sa prestation de serment de roulements de tambour.

Disqualifié

Un greffier du LegCo a indiqué à M. Leung, Mme Yau et un autre élu qu'il ne pouvait acter leur serment car ils l'avaient modifié.

On ignore ce qu'en sera l'implication pour la capacité des trois à siéger. Les règles gouvernementales indiquent que leur cas doit être transmis au président du LegCo, appelé à être élu mercredi.

Dans un communiqué, le gouvernement avait auparavant rappelé un texte de loi stipulant que « quiconque refuse ou néglige la prestation du serment requis doit laisser son siège ou être disqualifié ».

Les nouveaux élus hongkongais prônant la rupture avec Pékin ont fait mercredi une entrée remarquée au « Parlement » local, transformant leur prestation de serment en tribune politique.

« Aucune raison » de le faire

Baggio Leung a balayé cette hypothèse, expliquant qu'il n'y avait « aucune raison » de le disqualifier.

La session a été suspendue dans l'après-midi quand Nathan Law a refusé de regagner son siège, alors qu'il demandait des comptes sur les réserves émises par le greffier du LegCo.

Malgré une mobilisation très forte et pour l'essentiel pacifique, destinée à réclamer un véritable suffrage universel pour l'élection du chef du gouvernement hongkongais en 2017, Pékin avait en 2014 refusé de céder le moindre centimètre carré de terrain.

La marionnette de Pékin

La Chine avait averti au moment des législatives de septembre qu'elle ne tolèrerait pas que l'indépendance soit discutée « dans et en dehors » du LegCo.

Le gouvernement local, accusé d'être la marionnette de Pékin, avait interdit aux indépendantistes les plus virulents de se présenter aux législatives. En raison d'un système électoral favorable à Pékin, l'establishment a toujours 40 sièges contre 30 au camp prodémocratie au sein du LegCo.
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Re: "un pays, deux systèmes"

Messagepar laoshi » 07 Nov 2016, 17:30

France 24 vient de diffuser une vidéo très bien faite sur les derniers rebondissements de cette affaire ; l'ANP (le parlement chinois à la botte du PCC) vient de s'arroger le pouvoir d'interpréter la loi fondamentale de Hong Kong ; elle invalide donc le nouveau serment prêté par Yau Wai-ching (pourtant, cette fois, dans les règles) et Baggio Leung s'est vu interdire l'accès à la tribune pour répéter le sien. Le chef du gouvernement de Hong Kong, Leung Chun-ying, véritable toutou de Pékin, a annoncé, sans surprise, qu'il "mettrait en œuvre complètement cette interprétation"...

France 24 a écrit:La Chine interdit à deux indépendantistes de sièger au Parlement de Hong Kong

Une fois, pas deux. La Chine a interdit à deux députés indépendantistes de siéger au parlement de Hong Kong après que ceux-ci ont délibérément mal prononcé leur serment.

S'appuyant sur une rare interprétation de la Loi fondamentale du territoire revenu en 1997 sous juridiction chinoise, l'Assemblée nationale populaire (ANP, Parlement chinois) a jugé que le serment ne pouvait être prononcé une nouvelle fois. Un serment qui ne respecte pas la Constitution de Hong Kong "doit être invalidé et ne peut être reprononcé", a tranché l'ANP.

Hong Kong respectera la décision

Le chef du gouvernement hongkongais Leung Chun-ying a déclaré à la presse qu'il "mettrait en œuvre complètement cette interprétation". "Les mots, les actions qui violent délibérément (les termes de l'interprétation), qui violent la procédure de prestation de serment, ou même qui en profitent pour insulter le pays et le peuple chinois et prôner la sécession, doivent prendre fin conformément à la loi", a-t-il déclaré.

Lundi, le Royaume-Uni s'est dit inquiet de la décision de la Chine. Le ministère des Affaires étrangères a exhorté la Chine et Hong Kong à "s'abstenir de toute action qui pourrait miner le principe intitulé" : 'Un pays, deux systèmes'".

"Hong Kong n'est pas la Chine"

Le Conseil législatif (LegCo) de Hong Kong est depuis trois semaines le théâtre de scènes de chaos dues au rejet de la prestation de serment des deux indépendantistes, au motif qu'ils s'étaient drapés dans une bannière proclamant que "Hong Kong n'est pas la Chine".

Yau Wai-ching et Baggio Leung, élus en septembre, avaient également refusé de prononcer correctement le mot "Chine", et utilisé des termes péjoratifs en prononçant le serment, lequel stipule que Hong Kong est une "région administrative spéciale de la République populaire de Chine".

Des manifestations de soutien

La crise constitutionnelle et l'annonce de l'intervention de Pékin ont généré des manifestations dimanche dans l'ancienne colonie britannique, qui jouit d'un statut d'autonomie au sein de la République populaire.

Dimanche soir, la police hongkongaise a utilisé du gaz au poivre pour tenter de disperser quelques centaines de manifestants qui tentaient de forcer le cordon de sécurité autour du bureau de liaison chinois, qui fait office d'ambassade de Pékin.

Lors de scènes rappelant les mobilisations massives de l'automne 2014 qui avaient paralysé plusieurs quartiers de la ville pendant plus de deux mois, des manifestants ont utilisé leurs parapluies pour se protéger des gaz, certains jetant de l'eau et des bouteilles en plastique sur les forces de l'ordre en tenue anti-émeute.

À lire sur France 24 : "Hong Kong en rébellion contre l’emprise de Pékin"

Première publication : 07/11/2016
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La fin de l'autonomie hongkongaise

Messagepar laoshi » 25 Jan 2018, 16:34

Rosa Brostra, dans Libération , a écrit:
Un cheval de Troie chinois s’apprête à entrer en gare de Hongkong

Dans un territoire encore ému par le rapt de libraires critiques envers la Chine, la décision d’appliquer les lois de Pékin dans la future gare fait craindre pour le principe «un pays, deux systèmes».

L’affaire des «libraires de Causeway Bay» avait choqué Hongkong. Un nouveau rebondissement sème aujourd’hui l’émoi. L’un des cinq libraires volatilisés dans l’ex-colonie à l’automne 2015, qui avait réapparu des mois plus tard en Chine, a de nouveau disparu. Gui Minhai, citoyen suédois, a été enlevé samedi dans un train pour Pékin par dix policiers en civil, sous les yeux des diplomates suédois qui l’accompagnaient. Depuis, aucun contact n’a pu être établi, aucune assistance légale n’a pu être fournie, selon ses proches.

Initialement basé à Hongkong, Gui Minhai vivait en Chine continentale depuis sa sortie, en octobre, des geôles chinoises où il purgeait une peine pour une histoire d’accident de la route. Pour l’association littéraire PEN Hongkong, cette disparition s’apparente à une «tentative pour réduire au silence» ce libraire, ses collègues et leur maison d’édition, friande des dessous de l’élite politique chinoise.

Cet incident trouve un écho tout particulier à Hongkong. Longtemps, l’ancienne colonie britannique s’est pensée protégée par sa frontière et son statut de région administrative spéciale de la Chine. Jusqu’aux révélations d’un des libraires de Causeway Bay sur les conditions de son arrestation musclée, à Hongkong, par la police chinoise. L’incident de samedi devrait raviver les inquiétudes, alors que Hongkong s’apprête à inaugurer à l’automne un terminal ferroviaire transfrontalier avec la Chine.

Crible.
Déjà, la polémique sur une nouvelle ingérence présumée de Pékin était aussi retentissante que les marteaux-piqueurs et les pelleteuses du chantier en cours de West Kowloon. Pour beaucoup, la future liaison à grande vitesse qui placera Hongkong à quarante-cinq minutes de Canton n’est que le cheval de Troie de Pékin. Pourtant située en plein cœur de Hongkong, à l’entrée de l’emblématique baie Victoria, une partie de la gare sera en effet «louée» par Pékin et considérée comme un territoire où la loi de Chine continentale s’appliquera.

Le Parlement chinois en a décidé ainsi fin décembre. Afin de fluidifier le trafic, policiers, douaniers et agents de sécurité chinois, jusque-là cantonnés de l’autre côté de la frontière séparant la Chine de Hongkong, devraient être déployés sur les quais et dans l’enceinte de la gare. Ils y assureront les formalités d’immigration et «devront prendre les mesures légales appropriées si quiconque contrevient à la loi chinoise».

Ce qui fait dire à la députée d’opposition démocrate Tanya Chan que dès lors que quelqu’un pénétrera dans ce périmètre d’environ 105 000 m2, soit l’équivalent de 15 terrains de foot, «il ne devra pas s’attendre à être traité différemment de s’il était en Chine, quand bien même il est géographiquement à Hongkong». Pourra-t-il dans la gare surfer librement sur Internet comme à l’extérieur ? Devra-t-il dissimuler telle inscription sur son tee-shirt qui serait illégale en Chine ? Potentiellement, tout sera désormais passé au crible des caméras et agents chinois, devenus maîtres dans l’art de l’hyperflicage. Des arrestations comme celle de Gui Minhai ou des rétentions administratives sont une possibilité réelle, redoute Tanya Chan. L’Association du barreau de Hongkong a fustigé cette «mesure sans précédent, la plus rétrograde depuis l’application de la Basic Law», la mini-constitution de Hongkong en vigueur depuis la rétrocession en 1997, «dont l’intégrité a désormais été irréparablement bafouée».

Soldats.
Selon cette Loi fondamentale, le droit chinois ne s’applique pas à Hongkong, sauf à de rares exceptions. Même les 8 000 soldats de l’Armée populaire de Chine qui y sont postés doivent respecter cette Basic Law. La volonté de Pékin d’imposer sa loi sur le territoire hongkongais «sape profondément la confiance locale et internationale dans le maintien de l’Etat de droit et du principe "un pays, deux systèmes"» qui assure entre autres à l’ex-colonie son statut de place financière internationale, met en garde l’Association du barreau.

C’est une série de violations de la Loi fondamentale et une «castration de la justice hongkongaise», renchérit Eric Cheung. Ce professeur de droit à l’université dit «craindre que finalement Pékin n’exerce sa toute-puissance afin d’affirmer son autorité sans contrainte sur Hongkong». «A l’avenir, même si des législations contredisent les provisions de la Loi fondamentale, nos tribunaux n’auront pas le pouvoir de les censurer à partir du moment où le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire [qui a l’autorité constitutionnelle en Chine, ndlr] aura jugé qu’elles sont conformes à la Loi fondamentale», explique-t-il. West Kowloon pourrait donc faire jurisprudence et ouvrir la voie aux nombreux projets à venir d’intégration économique, et physique, de Hongkong à la Chine continentale.
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