On ne peut exclure, bien sûr, les arrière-pensées des autorités chinoises mais ce qui est choquant, comme le note Nuan Bui dans L'Obs, c'est que ce qui pourrait bien être une bavure policière soit traité à la légère dès lors que la victime n'a pas, en quelque sorte, le "bon profil". Alors que "l'affaire Théo" a suscité, à bon droit, une indignation massive de la presse et de l'opinion, la publication par Le Parisien d'une note de la DGSI, qui accorde plus d'attention aux manipulations supposées de Pékin et de la mafia qu'à la victime elle-même, a profondément blessé les Français d'origine chinoise, qui se sentent traités en citoyens de seconde zone, et les ressortissants chinois vivant à Paris. En août dernier, c'était un autre Chinois, Zhang Chaolin, qui mourait à Aubervilliers. Souvent victimes d'agressions restées impunies, les Asiatiques et, singulièrement les Chinois, réputés pour leur calme, commencent à se demander si la violence n'est pas le seul moyen de se faire entendre des autorités françaises. Les débordements qui ont accompagné les manifestations de soutien à la famille sont en tout cas une réalité inédite de leur part.
En affirmant que « la sécurité des ressortissants chinois [était] une priorité des autorités françaises », Romain Nadal, porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères, tente de les rassurer et de rassurer aussi, peut-être, les touristes chinois dont la venue en France est essentielle à l'économie... Quant aux autorités chinoises, elles ne sont peut-être pas mécontentes de prendre la France en flagrant délit de bavure policière alors que celle-ci vient de signer, avec 10 autres pays, une "lettre privée au ministre chinois de la Sécurité publique"pour condamner le recours systématique de la police chinoise à la torture, déjà dénoncée par un groupe de juristes, dont Robert Bandinter, contre les avocats des défenseurs des droits de l'homme....
L'Obs a écrit:
une "lettre privée" [a été] adressée par 11 pays au ministre chinois de la Sécurité publique, appelant à mettre fin à des pratiques terrifiantes de détention illégale et de tortures contre des avocats et des militants de droits de l’homme. Les signataires sont les ambassadeurs d’Australie, du Canada, du Japon, de la Suisse et de sept pays membres de l’Union européenne : l’Allemagne, la Belgique, l’Estonie, la France, la République tchèque, le Royaume-Uni et la Suède.
Et comme les autorités chinoises viennent de devoir reconnaître elles-mêmes l'usage de la torture par certaines de leurs unités de police après le décès d'un prévenu au Henan, le cas français, tombe, si l'on peut dire, à pic...
Cela n'enlève rien, évidemment, à notre devoir d'indignation et de solidarité avec nos compatriotes d'origine chinoise et avec les ressortissants chinois de France si bavure policière il y a....