Wukan, un village en état de siège

[mandarine]

non non , ne soyez pas déçue ,
c'est seulement une info qui apparait sur la bande annonce déroulante en bas de l'écran
lorsque le titre / chine apparait

je le vois encore qui s'affiche , c'est en continu , vous pouvez le voir si vous patientez un peu , les info tournent en rond sauf pendant les pub

[laoshi]

Ah ! d'accord, je n'ai pas l'habitude de cette chaîne... j'étais tombée sur la manif des enseignants contre les suppressions de postes.

[laoshi]

Mandarine nous recommande un article très complet dans J'écris ton nom, je vous y renvoie ! On y apprend entre autres que les autorités, utilisant des méthodes d'un autre âge, soumettent le village à un véritable blocus, qui les privent d'eau et qu'elles essayent d'acheter les meneurs :

Face aux manifestants, le gouvernement chinois a fait boucler le village par un millier de policiers en armes, empêchant l’eau et la nourriture de rentrer dans le village et les habitants d’en sortir, et censurant toutes les recherches qui mentionnent « Wukan » sur les réseaux sociaux. [...]
Depuis le début du conflit, le village vit en autogestion. Les fonctionnaires ont quitté les lieux, ni police, ni administration et des débats sur la place centrale du village pour organiser le mouvement. (...]
Constatant l’inefficacité de la répression pour calmer les ardeurs des villageois, les autorités ont choisi d’acheter les leaders du mouvement. Une trentaine d’habitants se sont ainsi vus offrir du riz et de l’huile alors que l’approvisionnement se faisait de plus en plus rare. En contrepartie, ces villageois ont dû signer une feuille blanche « susceptible d’être manipulée pour montrer plus tard leur soutien au gouvernement » [...]Les autorités ont tout juste réussi à retourner une centaine de personnes. [...]
Journaliste politique, Zhu Zhiyong, souligne néanmoins qu'une fois n'est pas coutume, « les manifestants ont ouvertement appelé à la fin de la dictature. Ce sont les premiers conflits sociaux à mettre en avant un programme politique ».

[laoshi]

Un nouvel article, dans Le Monde, cette fois, témoigne, entre autres à travers les slogans des banderolles, du durcissement du conflit.

En novembre, malgré les violences policières contre les manifestants, les banderoles criaient déjà :

"A bas la dictature !", "Sus à la corruption !" et "Rendez-nous nos droits"

mais on pouvait encore espérer une résolution pacifique du conflit : marche disciplinée, sit-in devant la mairie, négociations entre le maire de Lufeng, qui a autorité sur le village, et les treize délégués que se sont choisi les habitants de Wukan. En venant arrêter les délégués du village, "de la pire manière possible : en arrivant à l'aube, en civil, sans procédure", les autorités ont exacerbé le conflit. On peut lire désormais sur les banderolles des slogans beaucoup moins pacifiques :

"Les dettes de sang seront remboursées par le sang", par exemple.

Sur Weibo, les messages se font menaçants, comme celui-ci, daté du 15 décembre :

"Aujourd'hui, nous sommes à genoux et nous parlons avec la plume. Demain, nous serons debout, et c'est avec des balles que nous nous exprimerons", .

La parade du pouvoir, toujours la même, consiste à brandir l'épouvantail du complot étranger (un argument que j'ai maintes fois lu ou entendu ailleurs quand j'essayais vainement de défendre les Droits de l'homme). Mais cette fois, la ficelle est trop grosse, cela ne marche plus :

"Rendez la Chine à son peuple, et foutez dehors la seule vraie puissance étrangère qui soit : les communistes !"

Deuxième tactique : la désinformation digne d'un mauvais roman.

Après la mort de Xue Jinbo, officiellement d'un arrêt cardiaque, les autorités ont prestement organisé des visites au centre de détention des autres délégués par les membres de leurs familles. Celles-ci ont été filmées et diffusées sur ordre du gouvernement. Les prisonniers expliquent qu'ils sont bien traités et enjoignent à leurs proches d'écouter le gouvernement. Cette stratégie cousue de fil blanc n'a pas eu l'effet escompté : les bonnes gens de Wukan sont désormais persuadés que les leurs ont été torturés. Et qu'il faut continuer la lutte coûte que coûte...

Les autorités ont beau surveiller Weibo, bloquer toute requête concernant Wukan sur Internet, il n'est plus possible d'endormir le "weiguan", la vigilance des citoyens.

[laoshi]

La détermination des révoltés de Wukan paie : ils viennent de remporter un "début de victoire" ; selon Le Monde d'aujourd'hui, trois des meneurs incarcérés vont être libérés et le corps de Xue Jinbo va leur être rendu, promettent les autorités qui ont, par ailleurs, commencé à lever certains de leurs barrages. Zhu Mingguo, un responsable local du Parti communiste avec lesquels les représentants des "indignés de Wukan" a négocié, a également promis que "les villageois de Wukan recevraient des compensations pour les terres saisies" . Bien que Zhu Mingguo n'ait apporté aucune précision sur ces compensations, c'est déjà un pas en avant pour les manifestants.

[laoshi]

La détermination des habitants de Wukan porte ses fruits, le pouvoir central est contraint de désavouer les autorités locales pour "sauver la face",

[...]APPLIQUER LA LOI DE FAÇON "CIVILISÉE"
A la suite de récentes manifestations violentes qui ont eu lieu dans le pays, le ministre de la sécurité publique a demandé aux autorités décentralisées de résoudre les conflits sociaux rapidement et d'appliquer la loi de façon "civilisée". "Nous devons également respecter les normes civilisées d'application de la loi et traiter les incidents de foule et les actions individuelles d'extrémistes selon la loi", a ajouté M. Zhou, qui appelle les autorités locales à plus d'efforts pour apaiser la grogne "au niveau de ses racines".

Confrontées à la rébellion des habitants de Wukan, un village du sud de la Chine, excédés par les expropriations de terres, les autorités locales ont fini par lâcher du lest mercredi, allégeant la présence policière et promettant de libérer les meneurs de la révolte. Les résidents ont alors interrompu leur soulèvement.
Dans cette même province du Guangdong, des milliers d'habitants ont manifesté mardi et mercredi contre la grave pollution causée selon eux par une centrale thermique au charbon dans la ville de Haimen. Les policiers ont frappé brutalement les protestataires. La presse officielle chinoise a critiqué jeudi l'attitude des autorités locales à Wukan, qui ont d'abord imposé une dizaine de jours de blocus à ce gros bourg avant de choisir la posture conciliante qui a dénoué la situation.

Ces autorités ont échoué à "répondre aux demandes raisonnables des villageois", ce qui a conduit à une "escalade vers des actes excessifs", a jugé le Quotidien du peuple, organe officiel du Parti communiste chinois. Le journal Global Times a aussi appelé les gouvernements locaux à "considérer de façon sérieuse toute protestation de la population et faire preuve d'une attitude responsable vis-à-vis des exigences du peuple".

Jeudi, les autorités chinoises ont libéré l'un des meneurs de la rébellion des habitants d'un village du sud du pays excédés par les expropriations, confirmant ainsi leur volonté de dénouer cette crise qui fait grand bruit dans le pays, a annoncé sa famille à l'AFP. "Mon frère est rentré à la maison cet après-midi, il m'a dit : 'Je suis en liberté conditionnelle, donc je ne peux pas beaucoup parler et je n'ai pas le droit d'accepter d'interview'", a déclaré par téléphone Zhang Jianxin, le frère de Zhang Jiancheng. M. Zhang avait été arrêté il y a deux semaines après avoir été l'un des meneurs du soulèvement.

Un autre meneur, Xue Jinbo, est décédé en détention, après avoir été battu à mort selon ses proches, ce que dément la police. Le autorités se sont engagées à remettre son corps aux habitants et à libérer deux autres responsables villageois encore détenus.

[laoshi]

Les révoltés de Wukan ont obtenu une grande victoire symbolique : des élections libres et transparentes. Même Xinhua s'en est fait l'écho !

[laoshi]

Le journal de 20 h a diffusé un beau reportage sur la lutte et les balbutiements de la démocratie à Wukan ; je suppose que vous pourrez le revoir ou le voir en ligne dès demain sur le site de la chaîne.
Le N°1 du Guangdong, Wang Yang, le rival de Bo Xilai dans l'affaire Wang Jilun, a été présenté par le journaliste comme l'artisan de cette formidable avancée.

[mandarine]

merci pour l'info Laoshi mais sur quelle chaîne est -il donc possible de revoir ce reportage ?

[laoshi]

Où avais-je la tête ? Je croyais avoir indiqué la chaîne, c'est la 2 !