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casse-tête chinois : l'affaire Chen Guangcheng

MessagePublié: 01 Mai 2012, 08:55
par laoshi
Casse-tête chinois pour les autorités américaines autant que pour les autorités chinoises.

Pékin reste muet sur l'évasion de l'avocat-aux-pieds-nus, Chen Guangcheng, qui a réussi le tour de force non seulement de fausser compagnie à ses geôliers mais encore d'interpeler le premier ministre Wen Jiabao, qu'il met au défi, en quelque sorte, d'assumer son image réformiste et de faire respecter l'Etat de droit qu'il prétend servir.

Quant à Barak Obama, fort embarrassé à la veille de la rencontre de Wen Jiabao et d'Hillary Clinton, il reste muet sur la présence de Chen Guangcheng à l'ambassade des Etats-Unis tout en soulignant "qu'à chaque fois qu'il y a des entretiens avec des responsables chinois, la question des droits de l'homme fait surface" : "Nous sommes convaincus que c'est la bonne chose à faire, a-t-il assuré lors de sa dernière conférence de presse, non seulement parce que cela correspond à nos principes et à notre foi dans la liberté et les droits de l'homme, mais aussi parce que nous pensons vraiment que la Chine sera plus forte si elle s'ouvre et se libéralise".

La position de Chen Guangcheng, qui ne demande pas l'asile politique aux Etats-Unis, rend les choses plus compliquées de jamais pour les autorités chinoises : Chen ne veut pas quitter son pays (cela serait tellement plus facile si l'on pouvait l'accuser d'être un rénégat, "un suppôt du libéralisme bourgeois", voire un "traitre à la nation" !) . Il demande simplement l'application de la loi, c'est beaucoup plus redoutable !

au nom de la raison d'Etat

MessagePublié: 01 Mai 2012, 12:31
par laoshi
Il fallait s'y attendre, le pot de terre ne pouvait l'emporter contre le pot de fer ! Au nom de la raison d'Etat, les USA ont choisi de brader la cause des droits de l'homme en Chine pour permettre aux autorités chinoises de "sauver la face" ! Alors que Chen Guangcheng souhaitait rester en Chine, demandant seulement l'application de la loi, le voilà contraint à l'exil aux Etats-Unis... Tout ce qu'il peut négocier est l'exil de sa famille... Wen Jiabao n'aura pas à répondre à l'avocat aux pieds nus, les nervis du PCC continueront à agir en toute impunité pour mettre au pas les récalcitrants qui prétendent faire valoir le droit contre l'arbitraire !

L'Express a écrit: La Chine et les Etats-Unis négocient le départ du dissident Chen


Le militant des droits de l'homme, Chen Guangcheng, se serait résolu à partir aux Etats-Unis, si sa famille l'accompagne. Il s'est évadé de son domicile où il était assigné à résidence il y a quelques jours et serait actuellement sous protection américaine.

Pékin et Washington négociaient mardi un accord permettant au dissident chinois Chen Guangcheng de quitter la Chine pour les Etats-Unis avec sa famille après son évasion de son domicile où il était assigné à résidence, a affirmé un militant des droits de l'Homme.

Pékin et Washington voudraient régler cet épineux dossier avant l'arrivée dans la capitale chinoise de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et du secrétaire au Trésor Timothy Geithner pour une importante rencontre bilatérale - le dialogue stratégique et économique - prévue jeudi et vendredi.

Selon Bob Fu, le président de l'organisation chrétienne China Aid basée au Texas, Chen était dans un premier temps réticent à l'idée de quitter la Chine, mais il a fini par s'y résoudre à condition que sa famille l'accompagne.

"La situation a changé au cours des derniers jours. Il comprend qu'il lui est désormais impossible de retourner à Dongshigu", dans la province du Shandong (est), d'où il s'est échappé le 22 avril, a-t-il affirmé à l'AFP lors d'un entretien au téléphone.

"Il ne partira pas sans sa famille - s'il l'avait envisagé, il serait déjà parti. Le scénario le plus raisonnable est la négociation d'un accord rapide qui permette à la Chine de sauver la face", a-t-il dit.

Cet accord consisterait par exemple à autoriser la famille Chen à se rendre aux Etats-Unis pour raisons médicales, a précisé Bob Fu, qui affirme détenir ces informations de sources officielles en Chine et à Washington.

Chen Guangcheng, pourfendeur des abus de la politique de l'enfant unique en Chine et des expropriations, s'est échappé de son domicile du Shandong où il était assigné à résidence depuis 19 mois.

Il serait depuis réfugié à l'ambassade des Etats-Unis, selon un de ses compagnons de route, le dissident Hu Jia, mais ni Pékin ni Washington n'ont confirmé.

Dans un message adressé vendredi dernier via l'internet au Premier ministre Wen Jiabao, Chen se plaint des brutalités physiques et du harcèlement des nervis du régime dont il a été victime ainsi que sa famille depuis le début de son assignation officieuse à résidence.

Ce militant des droits civiques de 40 ans avait été libéré de prison en septembre 2010 après avoir purgé une peine de plus de quatre ans de réclusion, puis confiné dans sa maison de Dongshigu, gardée par des dizaines d'hommes de main du régime.

Des membres de sa famille, mais aussi des amis militants soupçonnés de l'avoir aidé dans sa fuite ont été arrêtés, selon des associations de défense des droits de l'Homme.

Signe que la Chine et les Etats-Unis cherchent à éviter par tous les moyens d'envenimer la crise, les deux pays se refusent à commenter officiellement cette affaire. "Je suis au courant des informations de presse sur la situation en Chine. Je ne ferai pas de déclaration à ce sujet", s'est borné à déclarer lundi le président Barack Obama.

Mme Clinton s'est elle aussi refusée à tout commentaire sur l'affaire Chen mais assuré qu'elle soulèverait la question des droits de l'homme pendant sa visite.

Selon le sinologue Kenneth Lieberthal, de l'institut Brookings, Washington est à la recherche de la solution "la moins embarrassante possible pour la Chine et la plus rapide possible".

Mais le climat politique est délicat en Chine à quelques mois de la transition attendue à la tête de l'Etat et du Parti communiste chinois entre le président Hu Jintao et la nouvelle équipe qui devrait être emmenée par le vice-président Xi Jinping. Dans ce contexte, certains responsables chinois pourraient être tentés de faire monter la pression avec Washington autour de Chen Guangcheng.

"Pour moi, la question est de savoir si cette affaire devient une pomme de discorde politique en période politique sensible. Je pense qu'il y a plus de chances que cela soit résolu, mais on ne sait jamais", observe M. Lieberthal.

Pas si simple...

MessagePublié: 06 Mai 2012, 17:54
par laoshi
Désolée de n'avoir pu rendre compte au jour le jour des développements de l'affaire Chen Guangcheng. Mes problèmes de connexion internet m'ont empêchée de lire la presse en ligne comme je le fais quotidiennement et poster des messages est souvent une gageure...

Voilà une vidéo publiée sur Youtube le 4 mai 2012 : on y entend Chen Guangcheng intervenir par téléphone au beau milieu du Congrès américain :



Un article du Monde donne aussi des informations très intéressantes avec des liens vers une conférence de presse donnée par un négociateur américain (le texte est très long, je l'ai lu mais je ne sais pas si j'aurai le temps de le traduire) ; il met en évidence les difficultés qu'a eues Chen, après tant d'années de détention, coupé de toute information ou presque, à prendre sa décision. Il semble que les autorités chinoises aient fait pression sur lui pour obtenir qu'il sorte de l'ambassade des USA. Après s'être vengé sur son père de son évasion, les nervis du régime auraient menacé de battre sa femme à mort s'il refusait de sortir... fait ou rumeur (et si rumeur il y a, qui est à l'origine de la rumeur ?), le professeur Jérôme A. Cohen ne peut le dire.



Le Monde a écrit:C'est un demi-succès, ou un demi-échec pour la diplomatie américaine, et le mouvement des droits civiques en Chine : Chen Guangcheng ne restera pas étudier en Chine dans une ville de son choix, selon la feuille de route sur laquelle Américains et Chinois s'étaient mis d'accord avant le départ du militant aveugle de l'ambassade américaine à Pékin mercredi 2 avril, mais lui et ses proches (son épouse et ses deux enfants) seront en principe autorisés à se rendre aux Etats-Unis pour un séjour d'études, présenté comme provisoire.

Les discussions qui, sur fonds d'escalade politique aux Etats-Unis, ont fait suite au volte-face de Chen Guangcheng une fois qu'il s'est retrouvé seul à l'hôpital mercredi 2 mai, ont conduit si ce n'est à un accord, du moins à des engagements mutuels de la part des Chinois et des Américains. Les premiers ont ainsi concédé que Chen Guangcheng "pourra utiliser les canaux normaux offerts aux citoyens chinois selon la loi" pour partir étudier aux Etats-Unis, a confirmé, dans un communiqué vendredi 4 mai, le ministère des affaires étrangères chinois. Tandis que les Américains ont promis de faciliter les procédures de visa de M. Chen et de sa famille. Le juriste autodidacte sera en principe l'invité de la faculté de droit de l'Université de New York et du professeur Jérôme A. Cohen, un spécialiste du droit chinois qui a suivi de très près le cas du militant et s'est entretenu à plusieurs reprises avec lui ces derniers jours.

Le site du Think tank américain Council on foreign relations (CFR) fournit une transcription très éclairante d'une longue discussion avec M. Cohen sur l'affaire Chen Guangcheng. Lors de la conférence de presse très brève et très encadrée qu'elle a donnée vendredi soir à Pékin après la clôture du Dialogue stratégique et économique sino-américain, Hillary Clinton s'est déclarée au sujet de Chen Guangcheng, "encouragée par les progrès qui ont été faits [aujourd'hui]", mais a souligné "qu'il restait encore beaucoup à faire".

Hillary Clinton en Chine, vendredi 4 mai. | AFP/SHANNON STAPLETON
Le principe d'un séjour temporaire de M. Chen aux Etats-Unis comporte toutefois un certain nombre d'inconnues et de zones d'ombres - au moins autant que le projet initial de le voir étudier en Chine. M. Chen Guangcheng n'est pas sous protection américaine à l'hôpital pékinois où il est en train d'être soigné de plusieurs fractures à son pied, et rien ne dit que les inquiétudes qu'il a exprimées depuis son admission au sujet de sa sécurité ne réapparaissent pas. Lui et sa famille sont vulnérables à toutes sortes de représailles de la part de l'appareil de sécurité, dans un système opaque où aucune garantie n'est jamais fournie.

En outre, sa famille restée à Dongshigu - son frère, sa mère, et son neveu, accusé d'avoir blessé des cadres locaux venus se venger sur son père de l'évasion de Chen- est tout autant susceptible d'être maltraitée si M. Chen part aux-Etats-Unis que s'il reste en Chine. Si Chen Guangcheng a pu accepter des appels téléphoniques (dont celui de Guo Yushan, l'un des militants qui ont organisé son évasion et qui tire au clair auprès de M. Chen les raisons de son volte-face dans une transcription disponible en anglais, il n'a pas pu à ce stade recevoir ni des journalistes étrangers, ni des partisans - et semble n'avoir un accès que très aléatoire et limité aux diplomates américains.

La presse américaine fait ses grands titres sur l'affaire, mais celle-ci reste une "non-entité" dans les débats publics en Chine, les médias chinois n'ayant pas été autorisés à évoquer son cas sauf pour le décrire, dans des brèves, comme "une marionnette" des Etats-Unis.

UN CAS QUI VAUT POUR DES MILLIERS D'AUTRES

Enfin, alors que l'accord initial laissait entrevoir pour Chen Guangcheng la possibilité d'avoir un rôle déterminant en Chine en tant que porte-drapeau du combat pour les droits civiques, même avec des marges de manœuvre réduites à l'instar par exemple d'Ai Weiwei, il risque de ne plus pouvoir revenir dans son pays une fois parti aux Etats-Unis : Pékin a toujours préféré maintenir hors de Chine les voix dissidentes.

Le seul avantage du nouveau deal entre Chinois et Américain, et non des moindres, est le formidable regain d'attention qu'a obtenu M. Chen. Sa retentissante évasion, puis l'incroyable escalade diplomatique, qui ont suivi son souhait de revoir sa décision de rester en Chine, en s'invitant dans la campagne politique américaine - M. Chen a pu s'exprimer sur son cas en direct au téléphone lors d'une réunion du Congrès américain le 3 mai, ont fait monter les enjeux autour de son sort, au point de faire largement de l'ombre au sommet sino-américain. Or, l'avocat aux pieds nus ne parle pas que pour lui : symbolique des dérèglements les plus aberrants de l'état de droit en Chine, son cas vaut pour des milliers d'autres. Et l'immense et indicible embarras qu'il a suscité au sein du gouvernement chinois permet au moins d'espérer que le régime se méfiera désormais des retours de bâton désastreux que peuvent provoquer sur sa politique étrangère, les dénis de droit caractérisés dont sa justice est capable.

Dernier constat, l'affaire Chen Guangcheng, qui intervient en pleine crise politique en Chine, n'est pas sans conséquence sur les luttes politiques au sommet qu'a exacerbées le scandale Bo Xilai : la persécution du militant non voyant à partir de 2005, puis sa séquestration extra-légale depuis sa sortie de prison en 2010, sont indissociables de Zhou Yongkang, le haut responsable de la justice et de l'ensemble des services de police, au sein du Comité permanent, le cercle à 9 sièges qui dirige la Chine. Or, M. Zhou est considéré comme affaibli, et donc sur la défensive, depuis la chute de Bo Xilai, dont il était un des soutiens.
..

Les paradoxes du Global Times

MessagePublié: 08 Mai 2012, 13:15
par laoshi
:ec19: Courrier International a publié, le 4 mai, un article du Huanqiu Shibao, ou Global Times, le magazine officiel du PCC en langue anglaise. L’article, rapidement effacé de la toile, émane visiblement de l’aile « réformiste » de la rédaction tout en restant un monument de langue de bois.

Qu’y lit-on en effet ?

Le journaliste commence par évoquer « le nombre étonnant de reportages » que les médias occidentaux ont consacrés à « l’affaire Chen Guangcheng ». Les lecteurs du Global Times ne sauront rien, évidemment, de « l’affaire » ni en quoi il serait « étonnant » que les journaux occidentaux s’y intéressent ! La seule précision qui leur est donnée est qu’il s’agit de « cet avocat de Linyi dans la province du Shandong ». Sans doute est-ce déjà audacieux, puisque le nom de Chen Guangcheng et même le mot « aveugle » sont désormais inaccessibles aux moteurs de recherche chinois, mais pas question, bien sûr, de rappeler les faits ! Le lecteur du Global Times saura seulement que « Chen Guangcheng a "fait intrusion" dans l’ambassade des Etats-Unis à Pékin, d’où il a posé certaines revendications aux autorités chinoises ».

Le journaliste affirme ensuite que le cas Chen Guangcheng, qui « constituait une "patate chaude" pour les autorités locales chinoises devient également un sujet épineux pour le gouvernement américain ! » Voilà donc des questions qui mettent en jeu rien moins que la dignité humaine ramenées à des querelles de village et les autorités de Pékin dédouanées de leurs responsabilités juridiques :


Le Global Times a écrit: La plupart de ses plaintes sont celles d'un villageois à l’encontre de dirigeants locaux et concernent des problèmes de bas niveau, que même un fonctionnaire dévoué ne parviendrait bien souvent pas à résoudre.


« problèmes de bas niveau » ? Sans compter le déni de justice de la condamnation en 2006, la torture en prison, la détention extrajudiciaire depuis 2010, les multiples passages à tabac, sans compter l’impunité dont jouissent les tortionnaires, cet extrait de dans Wikipédia permettra d’évaluer « le niveau » des « problèmes » en question :

Wikipedia dans l’article « Chen Guangcheng » a écrit:Dans la ville de Linyi, dans la province de Shandong, ce sont sans doute plus de 10 000 femmes qui auraient subi des avortements forcés. Bien qu'officiellement illégales, ces pratiques sont utilisées par les autorités locales pour ne pas troubler les statistiques en dépassant leurs quotas et ainsi éviter d'être sanctionnés par leurs supérieurs pour non-respect de la politique de l'enfant unique.
Son activité met en lumière trois importants problèmes de société : le statut juridique d'un fœtus ayant plusieurs mois ; la réalité de l'adhésion de la population chinoise à la politique de l'enfant unique ; et le meurtre des bébés féminins dans une société où les parents veulent avant tout un garçon.


Le journaliste du Global Times n’a de cesse que de faire de Chen Guangcheng une sorte de paysan mythomane à l’égo surdimensionné dont les USA seraient bien mal inspirés de « prendre les revendications au sérieux ». Pour ce faire, il mesure son importance à l’aune de deux figures majeures de la scène scientifique et politique chinoise : « Chen Guangcheng n'est pas Fang Lizhi ; il n'est pas non plus Wang Lijun ». Comme si le respect des Droits de l’homme devait s’arrêter aux hiérarques du régime et aux autorités académiques ! Curieuse conception de l’égalité en pays communiste…. (Notons en passant que cette comparaison n’a sans doute pas plu aux censeurs qui ont fait effacer l’article de la Toile : évoquer l’astrophysicien Fang Lizhi, qui s’était réfugié à l'ambassade américaine après les massacres de la Place Tian’Anmen en juin 1989, alors que le Printemps de Pékin reste tabou en Chine, évoquer l’affaire Bo Xilai, qui manifeste les contradictions internes du PCC, n’est pas du tout « politiquement correct » !).

Le Global Times a écrit: Chen Guangcheng a été hissé au rang de "héros aveugle, défenseur des droits civiques" par les médias occidentaux et par certaines personnes en Chine, lui donnant la fausse impression d’être "certainement quelqu’un de très important aux yeux des Etats-Unis" et une perception de son pouvoir d’influence sur la Chine en complet décalage avec la réalité. L’utilisation exagérée de son image par certains médias semble avoir porté atteinte à sa capacité de jugement.


Pas question, évidemment, de mettre en nom sur « certaines personnes en Chine » ! Pas question de reconnaître que Chen Guangcheng ne fait pas seulement partie de « ces gens mécontents » qui « existent dans tous les pays », comme l’écrit le journaliste, mais qu’il est bien, aux yeux de ses concitoyens eux-mêmes, l’un de ces « avocats-aux-pieds-nus » qui tentent, de l’intérieur, de transformer la Chine en un Etat de droit. Il vaut mieux rappeler à la modestie avec un curieux mépris pour le juriste autodidacte qu’il est, voire le faire passer pour fou !

Le journaliste du Global Times ironise ensuite sur le « bureau des plaintes bis » avec lequel Chen Guangcheng, mentalement dérangé, confondrait l’ambassade des Etats Unis :


Le Global Times a écrit:Selon toutes probabilités, l’ambassade américaine ne veut pas devenir un "bureau des plaintes bis" recevant les doléances de la population. Elle s’intéresse davantage à transmettre les "valeurs universelles" aux Chinois en donnant accessoirement un coup de main à un ou deux d’entre eux dont le cas illustre bien l’application de ces valeurs.


Le « Bureau des plaintes », nous apprend Ursula Gauthier dans son blog, c’est le « Bureau central des Lettres et visites », également appelé « Bureau des Pétitions », que, pour la première fois depuis 1949, un premier ministre chinois, en l’occurrence Wen Jiabao, a honoré de sa visite en janvier 2011. Héritage de la Chine impériale, le « Bureau des plaintes » permet théoriquement aux victimes d’un déni de justice de faire entendre leurs doléances à l’échelon administratif supérieur, du village au district, puis du district à la ville, de la ville à la province et de la province à Pékin, recours ultime des « fangmin », des pétitionnaires qui croient, envers et contre tout, qu’ils peuvent utiliser le droit que leur reconnaît la constitution de faire entendre leur voix contre les cadres locaux. Dans les faits, comme « les fonctionnaires chargés de traiter les plaintes sont ceux-là mêmes qui ont commis les abus », les fangmin n’ont aucune chance ou presque d’obtenir gain de cause : selon le sociologue Yu Jianrong, 0,2% des dossiers débouchent sur une solution !

Battus, ruinés, clochardisés, conduits au bord de la folie par leur quête même, les fangmin hantent les trottoirs et les bas-fonds de Pékin jusqu’à ce les nervis des cadres locaux – dont la promotion est inversement proportionnelle au nombre de fangmin qu’ils laissent arriver à Pékin - les interceptent et les ramènent de force à leur point de départ !

C’est à ces zombis que le Global Times voudrait assimiler Chen Guangcheng ! Quand au contentieux qu’ils ont avec l’administration, le Global Times le réduit aux « petites querelles dont regorge la société chinoise », à de simples querelles de clocher, si l’on peut dire !


Le Global Times a écrit:Les relations sino-américaines ne portent pas sur des sujets si petits. Se donner de l’importance en prenant l’Occident à témoin est une voie choisie par certains Chinois désespérés. Mais l’idée est très mauvaise.


Ces « petites querelles », ces « sujets si petits » ne sont pourtant rien moins que les expropriations, l’impunité dont jouissent les voyous ou les assassins qui font régner la terreur à la solde des cadres locaux, les faits de corruption majeurs, les infanticides forcés, les détentions arbitraires, les violences et les dénis de justice de toute sorte….

Mine de rien, le rédacteur de cet éditorial fait néanmoins preuve d’une prise de distance inédite avec le discours officiel :


Le Global Times a écrit:Les autorités étasuniennes […] savent très bien que si elles "indiquaient" aux Chinois comment agir elles enfreindraient le grand tabou de la non-ingérence dans la politique intérieure chinoise et que Pékin n’en tiendrait pas du tout compte.


Au lieu de brandir l’interdit et le dogme de la non-ingérence dans les affaires intérieures de l’Etat chinois, il les analyse comme tels…. C’est déjà un grand pas en avant ! Mais cela ne dure pas et la puissance économique de la Chine est appelée à la rescousse pour récuser la légitimité des « valeurs universelles » que les puissances occidentales sont parvenues à instiller dans le corpus juridique chinois du temps de leur splendeur….

Le Global Times a écrit:Face à la puissance que représente aujourd’hui la Chine, l’époque où les gouvernements étrangers étaient en mesure d’orchestrer ou de contrôler la manière d’agir des Chinois est irrémédiablement révolue !


Beau sophisme que ce « droit du plus fort »… « sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effet change avec la cause, disait déjà Rousseau : « force ne fait pas droit ! ».

Après la question des valeurs, le Global Times revient aux faits pour démontrer l’inanité de la stratégie de Chen Guangcheng et annoncer son échec :


Le Global Times a écrit: Au cours des dernières décennies, aucun des Chinois qui se sont réfugiés dans le giron occidental sans se préoccuper des sentiments de la société chinoise n’a "réussi" comme il l’espérait.


Cette dernière phrase est un chef-d’œuvre de mauvaise foi ! Chen Guangcheng ne souhaitait pas se « réfugier dans le giron occidental ». Il souhaitait au contraire rester en Chine pour participer à la consolidation de l’Etat de droit, il luttait pour faire respecter dans les faits les principes constitutionnels que « la société occidentale a introduits en Chine » et « que le pays accepte en général ». C’est justement pourquoi il en appelait non pas aux Américains mais à Wen Jiabao car, lui aussi en est persuadé, « la progression des droits de l'homme se fait de l'intérieur ! ».

Mais, pour que les droits de l’homme progressent de l’intérieur, encore faudrait-il que la Chine ne se débarrasse pas de ceux qui, comme Chen Guangcheng, tentent précisément de la réformer de l’intérieur. S’il faut, comme l’affirme le Global Times que « l’ensemble de la société consacre [aux droits de l’homme] une grande partie de ses forces humaines et matérielles », il est pour le moins contradictoire de réduire au silence ceux qui formulent les critiques susceptibles de les « affiner » ! Bel exemple de « double bind » comme disent les Anglais (en substance, « parle et tais-toi ! »)….

Viennent enfin les poncifs de la langue de bois, un couplet nationaliste, une diatribe sur «la puissance colossale de la presse occidentale et sur ses agissements infâmes » et l’épouvantail du complot : le « gouvernement américain », prétend le Global Times qui oublie tout à coup l’ombre que cette affaire met sur le sommet sino-américain, se servirait du « prétexte » Chen Guangcheng « pour semer le trouble en Chine »….

On mesure ici les limites du réformisme incarné par Wen Jiabao. Reste que cet article permet de lire, en creux, la situation de « certains Chinois désespérés » ne voyant plus d’autre issue que de « prendre l’Occident à témoin » pour échapper à leurs tortionnaires : c’était encore trop pour les durs du régime. La « vieille garde » l’a une fois encore, emporté ; le texte a été effacé de la Toile… « harmonisé », comme on dit si bien à Pékin !

Chen Guangcheng assigné à résidence à l'hôpital ?

MessagePublié: 09 Mai 2012, 15:23
par laoshi
rtbf info a écrit:Chen Guangcheng attend toujours son passeport pour quitter le pays

Isolé à l'hôpital où ni ses amis ni les diplomates américains ne peuvent lui rendre visite, Chen Guangcheng a déclaré mardi avoir tout de même reçu pour la première fois la visite de responsables chinois devant l'aider à obtenir un passeport pour quitter la Chine.

Le militant aveugle des droits civiques a ajouté, dans une interview à l'AFP, que son épouse, pas plus que lui, ne pouvait quitter l'hôpital de Pékin, où se trouvent également leurs deux enfants.

Chen Guangcheng est hospitalisé depuis près d'une semaine pour une blessure résultant de son évasion de sa résidence surveillée, le 22 avril, ainsi que pour un problème gastrique remontant à l'époque où il était emprisonné pour son combat contre les abus de la politique de l'enfant unique en Chine.

Le refuge accordé pendant six jours fin avril par Chen Guangcheng à l'ambassade des Etats-Unis dans la capitale chinoise a été au centre d'une crise diplomatique entre Pékin et Washington la semaine dernière.

Afin de dénouer cet imbroglio qui a plombé la visite à Pékin de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, le gouvernement américain a promis d'accorder rapidement à Chen Guangcheng un visa pour aller étudier aux Etats-Unis. Pékin avait auparavant annoncé que le militant, âgé de 40 ans, pouvait faire une demande de passeport pour quitter son pays.

Le dissident, qui avait d'abord pensé rester en Chine après être sorti de l'ambassade avec apparemment des "garanties" sur sa sécurité, s'était vite ravisé et avait fait part de son désir de partir aux Etats-Unis, se sentant "en grand danger" dans son pays.

Chen Guangcheng a reçu une bourse d'études de l'Université de New York, mais aucune indication n'a été fournie sur la date à laquelle il pourrait partir.

De son lit d'hôpital, le dissident, joint par téléphone par l'AFP, a expliqué avoir reçu lundi la visite de responsables officiels chinois, qui lui ont assuré qu'ils allaient engager des procédures lui permettant de quitter la Chine.

"Ils sont venus hier, je leur ai demandé de m'aider pour les démarches, c'est-à-dire à obtenir les passeports", a déclaré Chen Guangcheng.

"Ils ont dit qu'ils m'aideraient à les avoir, mais je ne sais pas si c'est réellement ce qu'ils font", a-t-il ajouté, sceptique.

Il a indiqué que les responsables de l'ambassade des Etats-Unis "n'ont pas pu venir (le) voir, même une fois".

Pékin a exigé, sans effets, des excuses des Etats-Unis pour avoir hébergé dans leur mission diplomatique le militant chinois.

"Mes amis ne peuvent pas venir me rendre visite, je n'ai pas vu un seul ami depuis que je suis ici", a ajouté Chen Guangcheng.

Le champion de la lutte contre les avortements et les stérilisations forcés ainsi que les expropriations abusives a dit qu'il espérait toujours que "le gouvernement chinois honorerait pleinement ses engagements concernant ses droits en tant que citoyen et sa liberté personnelle".

Chen Guangcheng s'est également dit inquiet pour son neveu Chen Kegui, qui a été détenu pour avoir avoir attaqué avec un couteau un intrus dans sa maison suite à la découverte par les autorités locales de la fuite de son oncle.

Cet intrus serait un agent local chargé de la sécurité de Chen Guangcheng furieux d'avoir appris la fuite de ce dernier alors que son domicile était très surveillé.

Mardi, la police a quitté son domicile de Dongshigu, son village dans le Shandong (est) d'où il s'était enfui et où sa mère habite toujours, a dit Chen Guangcheng.

Mais la police est restée dans le village.

Mardi, l'hôpital Chaoyang de Pékin était toujours entouré par les forces de sécurité qui maintiennent la presse à distance et veulent éviter tout rassemblement de sympathisants de Chen Guangcheng. Plusieurs des amis de l'avocat ont été interpellés après avoir tenté de lui rendre visite à l'hôpital, et au moins deux d'entre eux ont été battus.

Chen Guangcheng lance un nouveau défi aux autorités de Pékin

MessagePublié: 09 Mai 2012, 15:28
par laoshi
Le Monde d'aujourd'hui nous apprend que Chen Guangcheng n'a rien perdu de sa combativité et de sa détermination à faire valoir le droit contre l'arbitraire.

Le Monde a écrit: Chen Guangcheng défie à nouveau le pouvoir chinois

L'avocat aveugle Chen Guangcheng a mis au défi, mercredi 9 mai, le gouvernement central de prouver qu'il n'était pas responsable de son assignation à résidence pendant près de deux ans dans son village du Shandong, mais que celle-ci était le fait des autorités locales.

Aux autorités, "j'ai dit que si elles n'enquêtaient pas, tout le monde penserait qu'elles ont ordonné" sa mise en résidence surveillée, a déclaré à l'AFP par téléphone de son lit d'hôpital le dissident, blessé au cours de son évasion à la fin d'avril, avant de trouver refuge pendant six jours à l'ambassade des Etats-Unis à Pékin.

A l'inverse, si des représentants du pouvoir central "vont sur le terrain et punissent ceux du Shandong, alors les gens penseront que ce se sont les responsables du Shandong qui sont à l'origine" de cette mesure, a ajouté M. Chen.

Champion de la lutte contre les avortements et les stérilisations forcés en Chine, Chen Guangcheng a purgé une peine de quatre ans de prison entre 2006 et 2010 avant d'être placé de facto en résidence surveillée, une mesure extrajudiciaire. Des dizaines, voire une centaine, de gardes entouraient sa maison ou les abords de son village de Dongshigu vingt-quatre heures sur vingt-quatre, l'empêchant ainsi que sa femme de quitter leur domicile et de recevoir des visiteurs chez eux. Aucune justification juridique n'a jamais été fournie par les autorités du Shandong pour cette mesure.

"Durant deux ans ils m'ont traité brutalement, venant à la maison pour nous menacer et nous battre", a déclaré Chen Guangcheng. "Pendant deux ans ils ne m'ont pas permis de communiquer avec le monde extérieur. Je n'ai pas pu rencontrer d'amis, ils ne m'ont pas laissé lire de journaux, ils ont même confisqué notre télévision et notre radio", a détaillé le militant des droits civiques.

M. Chen, qui a déclaré mardi avoir reçu la visite de responsables officiels lui assurant qu'ils allaient engager des procédures lui permettant de quitter la Chine, attendait toujours mercredi son passeport à l'hôpital Chaoyang de Pékin.

représailles....

MessagePublié: 10 Mai 2012, 13:23
par laoshi
Libération a écrit:
Chen Guangcheng accuse Pékin de représailles sur ses proches

Le militant des droits civiques a fui la résidence surveillée dans laquelle il était maintenu. Depuis, il affirme que les autorités chinoises se vengent sur son entourage.

L’avocat aveugle Chen Guangcheng, qui attend toujours son passeport pour partir aux Etats-Unis, a accusé jeudi les autorités de tenter de se venger de son évasion de résidence surveillée en privant son neveu de liberté et en menaçant certains de ses proches.

Chen, qui a provoqué une crise entre la Chine et les Etats-Unis en allant se réfugier six jours à l’ambassade de ce pays après son évasion fin avril, a expliqué que son neveu Chen Kegui était en garde à vue dans les locaux de la police du district de Yinan, dans la province orientale du Shandong.

Chen Kegui avait attaqué à l’arme blanche un intrus dans sa maison, peu après la découverte de l'évasion de son oncle par ses gardiens.

Des villageois et des internautes ont expliqué que cet intrus était un responsable local furieux de l'évasion de Chen Guangcheng, alors que sa maison était très surveillée depuis près de 20 mois.

L'épouse de Chen Kegui a disparu ces derniers jours, a ajouté Chen Guangcheng, joint par téléphone à l’hôpital où il a été admis il y a huit jours, après sa sortie de l’ambassade des Etats-Unis.

«Les autorités du Shandong se vengent», a déclaré l’avocat autodidacte.

«Hier (mercredi), le Bureau de la sécurité publique nous a appelés pour nous dire que Chen Kegui avait été arrêté et qu’ils voulaient que sa femme vienne signer un document», a-t-il ajouté.

Sa mère arrêtée plusieurs jours

Chen, âgé de 40 ans, a passé près de deux ans de facto assigné à résidence dans son village du Shandong après avoir été emprisonné quatre années pour son combat contre les avortements et stérilisations forcés en Chine.

Depuis la fin 2010, jusqu'à 100 gardiens se sont relayés dans son village de Dongshigu 24 heures sur 24, l’empêchant de sortir, de même que sa femme, et de recevoir des visiteurs.

C’est dans ce village que les parents de son neveu Chen Kegui sont restés, de même que la mère de Chen Guangcheng qui a peur pour cette femme âgée.

«La mère de Chen Kegui a été arrêtée il y a plusieurs jours», a dit l’avocat, «puis elle a été libérée sous caution, et maintenant ils menacent de l’arrêter de nouveau».

«Le père de Chen Kegui est confiné dans le village et ne peut pas partir. Ils lui ont confisqué son téléphone», a dit Chen. La police de Yinan ne répondait pas au téléphone jeudi.

Liu Weiguo, dont le cabinet d’avocat a accepté de représenter Chen Kegui, a de son côté indiqué qu’un autre avocat s'était vu retirer sa licence après avoir essayé de joindre le neveu de Chen Guangcheng.

«En tant qu’avocats, nous essayons de défendre Chen Kegui en conformité avec la législation, mais les autorités refusent de nous laisser le voir, violant la loi», a-t-il dit.

Interrogé jeudi sur le fait que Chen Guangcheng n’avait toujours pas obtenu le passeport indispensable pour aller étudier aux Etat-Unis, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hong Lei a simplement répondu : «Si un citoyen veut quitter la Chine, il a à accomplir les procédures afférentes en conformité avec les lois».

(AFP)

l'affaire Chen Guangcheng : service minimum dans "L'Humanité

MessagePublié: 12 Mai 2012, 10:18
par laoshi
Constatant que Google ne me renvoyait jamais à L'Humanité lorsque je cherchais les derniers articles parus concernant Chen Guangcheng, j'ai voulu en savoir plus sur la manière dont l'organe du PC français traitait cette affaire. Le moins qu'on puisse dire c'est que le journal fait le "service minimum" . Deux articles seulement sont parus à ce jour, les voici :

L'Humanité du 30 avril a écrit:L’affaire Chen entre Pékin et Washington

Le dissident chinois serait sous protection américaine. Discussions entre les deux pays  ?
Le dissident chinois Chen Guangcheng, qui a réussi à s’échapper de son domicile situé dans un village de la province de Shandong, où il était assigné à résidence, se trouverait sous protection américaine, à l’ambassade des États-Unis à Pékin. Mais Washington n’a pas confirmé cette information, et s’était contenté d’indiquer vendredi que la situation de Chen constituait un motif de « préoccupation ». Le militant avait annoncé lui-même sa fuite, en postant sur Internet une vidéo dans laquelle il s’adressait directement au chef du gouvernement, Wen Jiabao. Aveugle, surnommé « l’avocat aux pieds nus », Chen Guangcheng avait dénoncé les pratiques abusives de stérilisation de milliers de femmes et d’avortements tardifs et forcés dans sa province de Shandong. La surveillance à laquelle il était soumis depuis sa libération de prison en septembre 2010, où il avait purgé une peine de quatre ans, s’est étendue aux membres de sa famille.

L’affaire risque de compliquer les relations sino-américaines à quelques jours d’une visite d’Hillary Clinton à Pékin dans le cadre du « dialogue stratégique et économique » Chine-États-Unis annuel où des dossiers tels que la Syrie, la Corée du Nord et l’Iran seront discutés. Et où que se trouve Chen, il sera impossible aux deux parties de ne pas aborder le sujet. Le vice-premier ministre chinois des Affaires étrangères, Cui Tiankai, a fait savoir que la rencontre avec la chef de la diplomatie américaine aurait lieu comme prévu. La liberté ou l’exil pour Chen ?

B. D.


L'Humanité du 2 mai a écrit:Le dissident Chen Guangcheng quitte l’ambassade états-unienne à Pékin
Le dissident chinois Chen Guangcheng a quitté
hier l’ambassade états-unienne à Pékin, où il avait 
trouvé refuge il y a une semaine, après s’être enfui
de sa résidence surveillée. L’avocat militant des droits civiques ne demandera pas l’asile aux États-Unis,
la Chine s’étant engagée à garantir sa sécurité. Pékin exige désormais des excuses de la part de Washington.
Cette crispation vient ternir les relations sino-américaines, alors qu’Hillary Clinton et Timothy Geithner sont arrivés hier dans la capitale chinoise, pour l’ouverture
du dialogue stratégique et économique annuel entre les deux grandes puissances.


Titres d'une étonnante "sobriété" , pas de lien vers la vidéo mentionnée, rien depuis le 2 mai alors même que l'on va de rebondissement en rebondissement et que Chen Guancheng, voyant que sa sécurité n'est absolument pas garantie par l'Etat chinois, s'est bel et bien résigné à demander l'asile aux USA...

A défaut de l'oncle, le neveu...

MessagePublié: 13 Mai 2012, 08:17
par laoshi
RTL INfo a écrit:Son neveu accusé de meurtre, Chen Guangcheng "scandalisé"

Le militant chinois Chen Guangcheng a annoncé vendredi à l'AFP que son neveu avait été formellement accusé de meurtre après avoir attaqué des intrus ayant pénétré chez lui, une décision qu'il a jugée "scandaleuse", personne n'ayant été tué.
Son neveu, Chen Kegui, avait attaqué à l'arme blanche un cadre local qui était entré chez lui peu après la découverte par les gardiens de la demeure de Chen Guangcheng que ce dernier s'était échappé de résidence surveillée. Des avocats représentant Chen Kegui ont déclaré qu'un cadre local du parti communiste avait été grièvement blessé et deux autres blessés légèrement, mais que personne n'était mort. Pourtant la police a accusé formellement Chen Kegui d'"homicide volontaire", ont dit son oncle et ses avocats. "C'est scandaleux, c'est totalement déraisonnable", a déclaré Chen Guangcheng par téléphone depuis l'hôpital de Pékin où il est soigné pour les blessures consécutives à sa fuite. "Jusqu'à 10 personnes ont défoncé la porte et sont entrées (chez Chen Kegui) pour me chercher, mais comme ils ne pouvaient pas me trouver, ils se sont mis à donner des coups", a expliqué Chen Guangcheng. Jeudi, Chen Guangcheng, qui attend toujours son passeport chinois pour pouvoir partir aux Etats-Unis, avait accusé les autorités de tenter de se venger de son évasion en privant son neveu de liberté et en menaçant certains de ses proches. (MUA)

Ce que Chen Guangcheng pense des USA

MessagePublié: 14 Mai 2012, 10:01
par laoshi
Dans une interview accordée par téléphone à CNN le 3 mai, au lendemain de son admission à l'hôpital, Chen Guangcheng dit clairement avoir subi d'intenses pressions de la part des Etats-Unis pour quitter l'ambassade ; il affirme qu'il se sent non seulement trompé mais abandonné par le personnel diplomatique qui semble avoir été plus soucieux de se débarrasser de lui que de veiller à sa sécurité. Il explique aussi pourquoi il a changé d'a vis et a demandé à quitter la Chine alors qu'il aurait souhaité y rester. Je l'ai traduite pour vous :

Les autorités prétendaient que vous sembliez optimiste en quittant l'ambassade des Etats-Unis. Pourquoi ce revirement ?

A ce moment-là, j'avais très peu d'informations, je n'étais pas autorisé à appeler mes amis de l'intérieur de l'ambassade, j'ignorais donc à peu près tout de ce qui se passait à l'extérieur.
Le personnel diplomatique n'a eu de cesse de me persuader de quitter l'ambassade en me promettant que quelqu'un resterait à mes côtés à l'hôpital mais cette après-midi, quand je me suis retrouvé dans ma chambre, j'ai constaté qu'ils étaient tous partis.

Etes-vous déçu par le gouvernement américain ?

Très déçu. Je crois qu'en l'occurrence les autorités américaines ne protègent pas les droits de l'homme.

Que diriez-vous au président Obama si vous pouviez lui parler ?

Je lui demanderais de faire tout son possible pour nous faire sortir d'ici, ma famille et moi !

Que vous a raconté votre femme sur ce qui s'est passé après votre évasion ?

Ma femme a été ligotée sur une chaise pendant deux jours par la police. Ensuite les policiers ont apporté des bâtons à la maison et l'ont menacée de la battre à mort. Ils se sont installés à la maison, mangeant à notre table et utilisant nos affaires. Notre maison grouille de forces de sécurité, sur le toit comme dans la cour. Ils ont installé 7 caméras de surveillance à l'intérieur de la maison et des clôtures électriques tout autour de la cour.

De quoi les autorités l'ont-elles menacée pour vous contraindre à quitter l'ambassade des Etats-Unis ?

On m’a dit qu'elle serait renvoyée au Shandong et qu'elle y serait battue.

Il n'y a donc pas d'avenir pour vous en Chine ?

Je le crains.

Vous n'avez appris tout cela qu'après avoir quitté l'ambassade des Etats Unis ?

Oui, pour l’essentiel.

Est-ce que votre femme et vos enfants sont à vos côtés ?

Oui. Je viens juste de retrouver l’usage de mon téléphone portable. Pendant plusieurs jours, je n’ai pu ni donner ni recevoir aucun appel. En ce moment, je peux recevoir les appels mais je ne peux pas appeler moi-même.

Est-il vrai que l'ambassade des Etats-Unis a refusé de prendre vos appels téléphoniques ?

Oui. J'ai appelé deux membres de l'ambassade à plusieurs reprises, en vain.

Que souhaiteriez-vous dire au gouvernement américain ?

Je voudrais qu’il mette en œuvre des actions concrètes pour protéger les droits de l’homme. Nous sommes en danger. Si vous pouvez joindre Hillary Clinton, j’espère qu’elle pourra nous aider, ma famille et moi, à quitter la Chine.

Aussi vite que possible

Oui, aussi vite que possible.

Le monde entier a les yeux braqués sur vous. Quel sentiment est-ce que cela vous inspire ?

Beaucoup de reconnaissance. Je crois que les gens se sentent sincèrement concernés et qu’ils ne font pas semblant pour la galerie….

Avez-vous l'impression que le personnel de l'ambassade des Etats-Unis vous a menti ?

C'est un peu ça !

Qu'est-ce que cette épreuve vous a appris ?

Je constate que chacun poursuit avant tout ses propres intérêts [au lieu de se battre pour les valeurs qu'il proclame] au risque de perdre sa crédibilité.

Vous êtes tous les deux encore debout à près de 3 h du matin, est-ce parce que vous êtes angoissés

Oui, nous sommes très angoissés. J’ai dit à l’ambassade que je souhaiterais parler au révérend Smith [Chris Smith, un membre du Congrès] mais ils n’ont rien fait pour me permettre de le joindre. Je me sens un peu perplexe….


Questions à Yuan Weijing, la femme de Chen Guangcheng :

Est-ce que votre situation a empiré après l’évasion de votre mari ?

Oui.

Où est sa mère ?

Elle est rentrée à la maison [après avoir été mise en garde à vue pendant quelques jours] et les forces de sécurité s'y sont installées. Jusqu'alors, il s'agissait de civils recrutés localement maintenant, il s'agit de policiers. Ils nous ont menacés de nous briser. Ils sont en train de creuser à l'extérieur de notre cour. Je ne sais ce qu'ils sont en train d'installer.

Que s'est-il passé quand ils vous ont mise en prison après l’évasion de votre mari ?

Ils voulaient savoir comment exactement il s'était échappé : "Chen est aveugle, disaient-ils, et nous avons recruté un si grand nombre de gardes ! Comment a-t-il pu nous échapper et que compte-t-il faire après son évasion ?"

Après l'évasion, le gouvernement a essayé de me persuader de rester en Chine mais ils me tenaient à leur merci. Si nous revenions à la maison, ils nous enfermeraient dans une cage de fer.

Que diriez-vous à Hillary Clinton si vous pouviez lui parler ?

Je sais bien que les relations sino-américaines sont très complexes et que beaucoup de questions entrent en jeu. Mais nos vies sont réellement en danger. Si nous restions ici ou si nous retournions dans la province du Shandong, nous serions réellement tenus en laisse. J'espère que le gouvernement américain prendra en compte les droits de l'homme pour nous protéger et nous faire sortir de Chine.

Vous êtes-vous préparés à ne pas pouvoir revenir ?

Nous y sommes prêts parce que nous sommes en grand danger ici. On nous a fait beaucoup de promesses mais nous ne pouvons même pas utiliser notre téléphone librement, et je n'ai même pas le droit de sortir de l'hôpital. Cela prouve bien que nos droits ne sont pas protégés...

Est-ce que vous êtes sous surveillance à l'hôpital ?

Oui, ils ont des forces de sécurité sur place.

Est-ce que le personnel de l'ambassade a quitté l'hôpital ?

Oui, ils avaient promis de rester sur place aux côtés de Guangcheng et cela nous aurait donné un sentiment de sécurité. Mais nous n'avons vu personne depuis qu'il est hospitalisé. J'ai moi-même persuadé Guangcheng de se faire soigner à l’hôpital mais je ne savais pas que le personnel de l'ambassade avait fait pression sur lui pour qu'il quitte les lieux.