le cannibalisme en Chine

Re: le cannibalisme en Chine

Messagepar mandarine » 14 Sep 2015, 14:11

Hé bé !Je crois que Mo Yan a fait le tour de la question...
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
Avatar de l’utilisateur
mandarine
 
Messages: 1848
Inscrit le: 08 Juil 2011, 21:44
Localisation: reims

Re: le cannibalisme en Chine

Messagepar laoshi » 27 Nov 2015, 17:47

Voici un article de Solange Cruveillé de l'excellente revue en ligne Impressions d'Extrême-Orient qui confirme ce que nous disions plus haut et qui donne, malheureusement pour les innombrables victimes, d'autres références...
laoshi
Avatar de l’utilisateur
laoshi
Administrateur
 
Messages: 3912
Inscrit le: 06 Juil 2011, 06:23

Re: le cannibalisme en France

Messagepar mandarine » 29 Nov 2015, 19:27

Balayons aussi devant notre porte... ;)
En dehors des faits divers criminels que nous pouvons connaître aujourd'hui,Wikipedia nous renseigne sur ce sujet.

Il semble que l'anthropophagie ait été pratiquée dès le Paléolithique,puis le Néolithique,l'Antiquité;
_Du XIe au XIXe siècle,notamment en France,
Pendant la Révolution française, lors de la prise des Tuileries le 10 août 1792, des actes d'anthropophagie sont commis lors du massacre des gardes suisses et du personnel du palais. Lors des massacres de Septembre, des cas de consommation de foies humains et d'hémophagie (consommation du sang) sont également rapportés.

Pendant la révolte du papier timbré(1675), les soldats de Louis XIV, selon madame de Sévigné, auraient mis un enfant à la broche. Il est par ailleurs vraisemblable que les personnages d'ogres mangeant des enfants dans les contes tels que Le Petit Poucet de Charles Perrault étaient inspirés par les individus ou groupes anthropophages qui sévissaient dans les forêts européennes au moment des famines. Cependant, de telles accusations ont toujours été portées contre ceux que l'on voulait combattre afin de les diaboliser, et ce depuis l'Antiquité. Ainsi les premiers chrétiens étaient-ils accusés de manger des enfants vivants, et diverses sectes combattues par le régime ont toujours subi les mêmes accusations.

_XXe siècle ,
La France a connu des affaires de cannibalisme, exclusivement du cannibalisme criminel. Comme le 2 janvier 2007 à la maison d'arrêt de Rouen, où Nicolas Cocaign tue son codétenu et mange ses poumons, une partie crue et l'autre cuite avec des oignons sur un réchaud de fortune. Le 15 novembre 2013, à Nouilhan, un marginal du nom de Jérémy Rimbaud brise le crâne d'un homme de 90 ans et mange le cœur et la langue


... la législation ne prévoit pas de sanction pour les actes d'anthropophagie, car moralement inimaginables en Europe occidentale : « Quant au cannibalisme, il n'est tout simplement pas prévu par la législation allemande. » Les magistrats français peuvent néanmoins s'appuyer sur l'article 222 du Code pénal qui punit les tortures et actes de barbarie de 15 à 30 ans de réclusion criminelle, et considérer l'anthropophagie comme une circonstance aggravante en cas d'homicide.


https://fr.wikipedia.org/wiki/Anthropophagie
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
Avatar de l’utilisateur
mandarine
 
Messages: 1848
Inscrit le: 08 Juil 2011, 21:44
Localisation: reims

les banquets cannibales de la Révolution culturelle

Messagepar laoshi » 11 Mai 2016, 10:54

Au paroxysme de sa folie, la Révolution culturelle a connu des banquets macabres de chair humaine mais 50 ans après la tourmente, le PCC, après avoir décrété, une fois pour toutes, qu’il y avait 70% de points positifs contre 30% d’erreurs dans le maoïsme, ne veut ni souvenir ni reconnaissance historique des faits.

Les pires atrocités ont eu lieu à Wuxuan, au sud, dans la lointaine province du Guanxi où de joyeux convives se régalaient des cœurs, des foies et des organes génitaux de leurs victimes. Aujourd’hui les drapeaux rouges pendus aux arbres proclament que le Parti est au service du peuple et la ville semble bien paisible avec ses boutiques de yaourts réfrigérés et ses pêcheurs sur les quais de la rivière.

Beaucoup d’habitants disent qu’ils ont jamais entendu parler des douzaines de cas de cannibalisme qui ont alors ensanglanté la ville ; selon un haut-responsable d’une enquête officielle menée au début des années 80, 38 personnes au moins ont pourtant été mangées : « tous ces faits de cannibalisme étaient liés à l’exacerbation de la lutte des classes, a-t-il confié à l’AFP en demandant le respect de son anonymat par peur des représailles, c’était l’expression de la haine. C’est un crime épouvantable, dont les bêtes elles-mêmes seraient incapables. »

Les chercheurs expliquent cette violence extrême par la localisation de Wuxuan, une contrée reculée, par la brutalité du chef communiste régional, par la pauvreté et par l’âpreté des luttes de factions. Pendant les 10 ans qu’a duré cette catastrophe, le Guanxi n’a pas seulement été le théâtre de nombreuses exécutions mais encore celui d’une épouvantable cruauté et d’une terrible férocité.

Des victimes décapitées, battues à mort, enterrées vivantes, lapidées, noyées, ébouillantées, massacrées par groupes, éventrées, leur cœur, leur foie, leurs organes génitaux arrachés, explosées à la dynamite, et bien plus encore, rien ne leur a été épargné.

En 1968, un professeur de géographie nommé Wu Shufang a été battu à mort par les collégiens de Wuxuan. Son corps a été transporté sur les quais de la Qian où un autre enseignant a été contraint de lui arracher le cœur et le foie sous la menace des armes. De retour dans leur école, les collégiens les ont cuits au barbecue et les ont mangés.

Les habitants auxquels on a raconté cette histoire disent qu’ils n’en savaient rien ou opposent un silence gêné aux questions. Ceux qui acceptent la discussion disent que leurs souvenirs s’estompent et que la ville veut oublier son passé : « le cannibalisme ? j’étais sur place et je l’ai connu », déclare M. Luo à l’AFP, « cette histoire est insensée ! » « Et ce n’était pas un cannibalisme de la faim, comme celui du Grand Bond en avant, ajoute M. Ding, spécialiste de la Révolution Culturelle à l’Université de Hong Kong, c’était un cannibalisme politique, lié aux événements politiques, à la haine politique, aux rituels politiques ».

Le rapport de cette commission d’enquête n’a jamais été publié. Le monde extérieur n’a appris l’existence de ces crimes que lorsque le journaliste Zheng Yi a fait passer les documents clandestinement après les massacres de Tian’Anmen en 1989 et a publié The Scarlet Memorial, Le Mémorial écarlate, interdit en Chine, cela va de soi.

Un retraité, membre de la commission d’enquête, a récemment tenté de sensibiliser la Chine à cette question dans un magazine libéral à tirage limité mais ses efforts sont restés vains, a-t-il déclaré à l’AFP. Il y décrivait les résultats de ses investigations, affirmait que le nombre de victimes s’élevait à plusieurs milliers et que 100 personnes au moins avaient participé à ces banquets cannibales. Les cadres régionaux en poste au moment des faits ont riposté par une lettre de dénonciation aux dirigeants du Parti prétendant qu’il avait falsifié l’histoire et demandant qu’on exige de lui qu’il fasse son autocritique, qu’il rectifie ses erreurs et qu’il fasse ses excuses personnelles à ceux qu’il avait insultés. « Ils ont affirmé que j’étais antiparti, antisocialiste, anti-pensée-Mao-Zedong ».

Il y a quelques mois, cet ancien cadre a proposé son texte à un éditeur et a refusé de s’autocensurer. « Avant ma retraite, je n’osais pas dire non au Parti », déclare-t-il pour expliquer son long silence. Il est évident que le gouvernement tente de contrôler l’opinion publique pour établir sa propre autorité » Or, comme le note M. Ding, le Parti a peur que le souvenir du chaos de la Révolution culturelle ne mine sa légitimité : « plus on parle de telles choses, plus les leaders du Parti s’inquiètent ». Mais l’interdit qui pèse sur la connaissance et la discussion de l’histoire préoccupe le dissident Zheng Yi, aujourd’hui réfugié aux USA, « tant que le gouvernement chinois n’autorisera pas un examen approfondi de l’histoire, on ne pourra pas dire qu’on a aura tiré les leçons. »

mes sources, en anglais, "Flesh banquets" china's cultural revolution remain unspoken 50 years on
laoshi
Avatar de l’utilisateur
laoshi
Administrateur
 
Messages: 3912
Inscrit le: 06 Juil 2011, 06:23

les banquets cannibales de la Révolution culturelle

Messagepar laoshi » 11 Mai 2016, 10:54

Au paroxysme de sa folie, la Révolution culturelle a connu des banquets macabres de chair humaine mais 50 ans après la tourmente, le PCC, après avoir décrété, une fois pour toutes, qu’il y avait 70% de points positifs contre 30% d’erreurs dans le maoïsme, ne veut ni souvenir ni reconnaissance historique des faits.

Les pires atrocités ont eu lieu à Wuxuan, au sud, dans la lointaine province du Guanxi où de joyeux convives se régalaient des cœurs, des foies et des organes génitaux de leurs victimes. Aujourd’hui les drapeaux rouges pendus aux arbres proclament que le Parti est au service du peuple et la ville semble bien paisible avec ses boutiques de yaourts réfrigérés et ses pêcheurs sur les quais de la rivière.

Beaucoup d’habitants disent qu’ils ont jamais entendu parler des douzaines de cas de cannibalisme qui ont alors ensanglanté la ville ; selon un haut-responsable d’une enquête officielle menée au début des années 80, 38 personnes au moins ont pourtant été mangées : « tous ces faits de cannibalisme étaient liés à l’exacerbation de la lutte des classes, a-t-il confié à l’AFP en demandant le respect de son anonymat par peur des représailles, c’était l’expression de la haine. C’est un crime épouvantable, dont les bêtes elles-mêmes seraient incapables. »

Les chercheurs expliquent cette violence extrême par la localisation de Wuxuan, une contrée reculée, par la brutalité du chef communiste régional, par la pauvreté et par l’âpreté des luttes de factions. Pendant les 10 ans qu’a duré cette catastrophe, le Guanxi n’a pas seulement été le théâtre de nombreuses exécutions mais encore celui d’une épouvantable cruauté et d’une terrible férocité.

Des victimes décapitées, battues à mort, enterrées vivantes, lapidées, noyées, ébouillantées, massacrées par groupes, éventrées, leur cœur, leur foie, leurs organes génitaux arrachés, explosées à la dynamite, et bien plus encore, rien ne leur a été épargné.

En 1968, un professeur de géographie nommé Wu Shufang a été battu à mort par les collégiens de Wuxuan. Son corps a été transporté sur les quais de la Qian où un autre enseignant a été contraint de lui arracher le cœur et le foie sous la menace des armes. De retour dans leur école, les collégiens les ont cuits au barbecue et les ont mangés.

Les habitants auxquels on a raconté cette histoire disent qu’ils n’en savaient rien ou opposent un silence gêné aux questions. Ceux qui acceptent la discussion disent que leurs souvenirs s’estompent et que la ville veut oublier son passé : « le cannibalisme ? j’étais sur place et je l’ai connu », déclare M. Luo à l’AFP, « cette histoire est insensée ! » « Et ce n’était pas un cannibalisme de la faim, comme celui du Grand Bond en avant, ajoute M. Ding, spécialiste de la Révolution Culturelle à l’Université de Hong Kong, c’était un cannibalisme politique, lié aux événements politiques, à la haine politique, aux rituels politiques ».

Le rapport de cette commission d’enquête n’a jamais été publié. Le monde extérieur n’a appris l’existence de ces crimes que lorsque le journaliste Zheng Yi a fait passer les documents clandestinement après les massacres de Tian’Anmen en 1989 et a publié The Scarlet Memorial, Le Mémorial écarlate, interdit en Chine, cela va de soi.

Un retraité, membre de la commission d’enquête, a récemment tenté de sensibiliser la Chine à cette question dans un magazine libéral à tirage limité mais ses efforts sont restés vains, a-t-il déclaré à l’AFP. Il y décrivait les résultats de ses investigations, affirmait que le nombre de victimes s’élevait à plusieurs milliers et que 100 personnes au moins avaient participé à ces banquets cannibales. Les cadres régionaux en poste au moment des faits ont riposté par une lettre de dénonciation aux dirigeants du Parti prétendant qu’il avait falsifié l’histoire et demandant qu’on exige de lui qu’il fasse son autocritique, qu’il rectifie ses erreurs et qu’il fasse ses excuses personnelles à ceux qu’il avait insultés. « Ils ont affirmé que j’étais antiparti, antisocialiste, anti-pensée-Mao-Zedong ».

Il y a quelques mois, cet ancien cadre a proposé son texte à un éditeur et a refusé de s’autocensurer. « Avant ma retraite, je n’osais pas dire non au Parti », déclare-t-il pour expliquer son long silence. Il est évident que le gouvernement tente de contrôler l’opinion publique pour établir sa propre autorité » Or, comme le note M. Ding, le Parti a peur que le souvenir du chaos de la Révolution culturelle ne mine sa légitimité : « plus on parle de telles choses, plus les leaders du Parti s’inquiètent ». Mais l’interdit qui pèse sur la connaissance et la discussion de l’histoire préoccupe le dissident Zheng Yi, aujourd’hui réfugié aux USA, « tant que le gouvernement chinois n’autorisera pas un examen approfondi de l’histoire, on ne pourra pas dire qu’on a aura tiré les leçons. »

mes sources, en anglais, "Flesh banquets" china's cultural revolution remain unspoken 50 years on
laoshi
Avatar de l’utilisateur
laoshi
Administrateur
 
Messages: 3912
Inscrit le: 06 Juil 2011, 06:23

Stèles rouges, de Zheng Yi

Messagepar laoshi » 11 Mai 2016, 14:49

Le livre de Zheng Yi dont il est question plus haut, Scarlet Memorial, est traduit en français sous le titre Stèles rouges : du totalitarisme au cannibalisme aux éditions Bleu de Chine. Voici la présentation qu'en faisait Alexandre Coste dans Marianne, le 20 mai 2012 (je me permets de corriger les fautes d'orthographe et autres coquilles évidentes).

Alexandre Coste, dans Marianne, le 20 Mai 2012, a écrit:Chine: du totalitarisme au cannibalisme

« Ce jour-là, l’école secondaire de Tongling était en pleine effervescence culinaire : dans les cuisines, on cuisait de la chair humaine ; dans les dortoirs des professeurs, on cuisait de la chair humaine ; dans l’internat des filles, on cuisait de la chair humaine ; sous les auvents devant les salles de classe, on grillait de la chair humaine ; dans la cour de l’école, on grillait de la chair humaine. » Voici un extrait de l’enquête mené par l’écrivain Zheng Yi dans laquelle il affirme qu'en Chine, pendant la période de la Révolution culturelle, 10. 000 cas de cannibalisme auraient été recensés dans la province de Guangxi.
La Chine compte cinq régions autonomes, des régions dont une part importante de la population appartient à une minorité ethnique : la Mongolie intérieure, le Guangxi, le Tibet, le Ningxia et le Xinjiang (ou Ouïgour). La Région autonome Zhouang du Guangxi est une région montagneuse, méridionale et pauvre du sud de la Chine, qui jouxte le Vietnam, et dont le peuple a été absorbé par l’Empire du Milieu durant un long processus d’assimilation.

Le Guangxi est passé sous domination chinoise pour la première fois au IIIème siècle, mais le gouvernement impérial eut toujours des difficultés à contrôler ce territoire, les conflits ethniques étant alors permanents. Les « barbares du Sud », comme ils étaient appelés autrefois par les Chinois qui se considéraient en tous points supérieurs, avaient déjà une tradition de rituels cannibales vieille de plusieurs millénaires.

« Le grand penseur Lu Xun avait déjà lancé un appel en ce sens au début du siècle, car dans cette Chine « au passé cannibale de quatre mille ans », les adultes avaient mangé de l’homme, mais les enfants n’avaient probablement pas encore goûté à la chair humaine. Ce qui n’était que du symbolisme dans son roman était malheureusement devenu réalité dans la grandiose et radieuse société socialiste. A l’appel d’idéaux les plus brillants de l’humanité, les enfants s’étaient mis eux aussi à manger de l’homme ! »

L’auteur de ces quelques lignes est l’écrivain Zheng Yi (un nom qui se traduit par « justice »), qui fut le premier de sa profession à dénoncer ouvertement les méfaits de la Révolution culturelle dans un essai intitulé L’Érable. Ayant eu vent de rumeurs macabres alors qu’il était un jeune garde rouge en faction à Guilin, au nord-est de la province du Guangxi, il décida d’y retourner en mai 1986 pour y mener son enquête, dont le résultat sera publié dans l’ouvrage : Stèles Rouges, du totalitarisme au cannibalisme (publié en France aux éditions Bleu de Chine.)

Bénéficiant d’un accès aux archives locales du Parti communiste, il va se rendre sur les lieux qui furent le théâtre, entre mai et juin 1968, d’un nombre incroyable de cas de meurtres et de cannibalisme. Des étudiants qui dévorent leurs professeurs, des scènes de « pidou » (séance d’accusation publique durant laquelle le « coupable » est frappé et ridiculisé) qui dégénèrent en dépeçages, parfois alors que la victime est toujours consciente, les témoignages sont nombreux et abjects, rapportés avec une froideur clinique qui contraste avec la débauche de violence confinant à l’irréel.

Au cours de son investigation, Zheng va recueillir de nombreux témoignages, parfois des participants eux-mêmes qui décrivent avec force détails les exactions auxquelles ils se sont livrés. Bien que finalement condamnées par le Parti, les personnes ayant commis des actes de cannibalisme durant cette période n'ont pas été sévèrement punies par les autorités. Pire encore, certains participants étaient devenus d'importants représentants locaux du Parti au moment au Zheng enquêtait sur cette page embarrassante de l'histoire chinoise. « Beaucoup des personnes impliquées sont encore au pouvoir à Guangxi », écrit Zheng. « Certains d'entre eux m'ont dit de faire attention, où je pourrais bien trouver la mort. » Malgré des liens tendus avec les hautes instances locales, une santé qui se dégrade et les portes des archives se fermant le unes après les autres, l'écrivain poursuit vaille que vaille sa quête de la vérité : « Il n'y a pas beaucoup de luttes acharnées dans la vie, maintenant c'est le moment de lutter ! »

Cette plongée dans l'horreur telle que relatée dans son ouvrage, nous la suivons aux côtés de Zheng, « caméra embarquée ». La collecte de faits permet petit à petit de replacer l'abjection dans un certain contexte historique, politique et anthropologique.

L'explosion de violence n’est pas spontanée, et a une origine bien identifiable : les autorités politiques et militaires, alors dépendantes du Parti Communiste, légitimaient (via un Avis datant du 3 juillet 1968 émis conjointement par le Comité central du PC, le Conseil des affaires d’Etat, la Commission militaire centrale et le Groupe chargé de la Révolution Culturelle dépendant du Comité central) que l’on verse le sang des vieux « ennemis de classe » traditionnels (propriétaires fonciers, paysans riches, et toutes les personnes qualifiées de contre-révolutionnaires, de droitiers, etc.)

« Au moment du « règlement des problèmes laissés par la Révolution culturelle », le responsable adjoint Wuxan fut exclu du Parti pour cannibalisme, mais il affirma encore avec assurance : « Cette chair humaine, c’était de la chair d’espion qu’on a mangée ! » » (extrait de Stèles Rouges, du totalitarisme au cannibalisme, par Zheng Yi)

Au nom de la pureté des idéaux, l'un des plus grands tabous de l'humanité à sauté. Le processus, de l'avis de Zheng, a été le suivant : une phase de lancement avec des exécutions furtives menées dans un climat d'épouvante, puis une phase de « fête » avec des banquets communautaires, et enfin une phase de « folie collective » durant laquelle le mouvement prend une ampleur démesurée alors que l'on cherche à supprimer les « ennemis des classes ».

L'auteur précise que ce n'est pas une attitude propre à une certaine province de la Chine mais bien un phénomène à corréler avec la notion de totalitarisme.

Il souhaite qu'un monument commémoratif soit érigé au Guangxi, d'abord en mémoire des victimes, et enfin pour que le monde puisse se rappeler des raisons qui ont mené à ce pic de violence : « Nous souhaitons que cette histoire soit connue dans le futur. Nous espérons que tout comme à Auschwitz, Buchenwald et Nanjing, un mémorial - une stèle rouge – sera un jour érigé à Guangxi. »

Le Guangxi, qui reste encore aujourd’hui une des régions les plus pauvres de Chine, semble toutefois être sur le bon chemin pour sortir de cet état d’isolement et de pauvreté qui est le sien depuis des siècles. Les conflits ethniques à répétition, qui ont par le passé contribué à son retard économique, sont aujourd’hui terminés, à l'instar des épisodiques affrontements avec son voisin Vietnamien.

Zheng Yi, quant à lui, vit exilé aux Etats-Unis suite à ses prises de position explicites contre le pouvoir durant les évènements de Tian'AnMen
laoshi
Avatar de l’utilisateur
laoshi
Administrateur
 
Messages: 3912
Inscrit le: 06 Juil 2011, 06:23

Pour en savoir plus sur Zheng Yi

Messagepar laoshi » 11 Mai 2016, 15:01

Voici deux autres références très intéressantes sur Zheng Yi :

Zheng Yi : Un écrivain chez les cannibales par Michel Bonnin ; Perspectives chinoises Année 1993 Volume 11 Numéro 1 pp. 68-71

Sans oublier le site de Brigitte Duzan, qui donne un panorama de l'oeuvre complet de Zheng Yi.
laoshi
Avatar de l’utilisateur
laoshi
Administrateur
 
Messages: 3912
Inscrit le: 06 Juil 2011, 06:23

Un extrait de Stèles rouges, à lire absolument

Messagepar laoshi » 25 Juil 2016, 08:18

Dans la même revue, Le cannibalisme au Guangxi, extrait de Stèles rouges de Zheng Yi ; c'est un article insoutenable mais à lire absolument ! comment des intellectuels ont-ils pu participer à ces horreurs, comment des enfants ont-ils pu manger leurs professeurs ? c'est un des mystères de l'âme humaine !... Si le PCC refuse d'affronter ce passé, c'est qu'il ruine absolument toute sa prétendue légitimité ! "Sauvons les enfants", disait Lu Xun !
laoshi
Avatar de l’utilisateur
laoshi
Administrateur
 
Messages: 3912
Inscrit le: 06 Juil 2011, 06:23

Précédent

Retour vers l'actualité chinoise

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité

cron