par laoshi » 14 Mai 2017, 16:21
je viens de traduire le premier chapitre du récit de Yan Yusu, je continuerai au gré de mes possibilités :
Ma vie est un livre dont la lecture est insupportable et mon destin fait qu'il est vraiment mal ficelé.
Je viens de Xiangyang, dans le Hubei. J’ai commencé à enseigner dans l’école du village à l’âge de 12 ans et je serais devenue officiellement institutrice si j’étais restée dans mon village et si j’avais continué à le faire. Mais je ne supportais pas l’idée de rester à la campagne et de voir le monde du fond d’un puits, c’est pourquoi je suis allée à Pékin. Je voulais voir le monde. J’avais 20 ans.
Après mon arrivée à Pékin, les choses n’ont pas marché comme sur des roulettes à cause de ma nonchalance, du manque de souplesse de mes pieds et de mes mains mais aussi de ma stupidité. Ce que d’autres parvenaient à faire en une heure, il me fallait trois heures pour le finir. Mes mains étaient beaucoup plus lentes que celles de la plupart de mes semblables. Quand je travaillais comme serveuse, je laissais tomber des plateaux et je cassais des assiettes, j’arrivais tout juste à ne pas mourir de faim. J’ai gaspillé deux années de ma vie à Pékin et j’ai compris que je ne verrais pas mes rêves se réaliser. Et puis j’ai épousé un homme du Dongbei, devenant ainsi, trop vite, une femme mariée.
Nous sommes restés ensemble pendant cinq ou six ans, et nous avons eu deux filles. Le travail de leur père était de plus en plus difficile et il rentrait ivre tous les soirs, avec l’envie de frapper. Je ne pouvais pas supporter la violence domestique c’est pourquoi j’ai décidé de ramener mes enfants à Xiangyang et d’appeler à l’aide. Cet homme ne nous a jamais recherchées. J’ai appris par la suite qu’il était allé de Manzhouli en Russie, et il est sans doute en ce moment même en train de tituber dans une rue de Moscou.
Je suis rentrée chez mes parents et j’ai dit à ma mère qu’il me faudrait élever mes deux filles toute seule.
laoshi