En ce qui concerne les phallus de jade, il ne s’agit pas, comme on pourrait le croire et comme le suggère l'expression "petit bonhomme de jade", de godemichés ou de plugs anaux mais bien plutôt d’objets rituels : le jade était censé préserver le corps de la décomposition comme nous l'avons vu dans l'exposition Splendeurs des Han (diapos 41 à 44). Les embaumeurs scellaient le corps à l’aide de ces bouchons originaux afin d’empêcher toute fuite indésirable de son essence vitale. Il s’agissait avant tout de contenir le qi ; l’orifice le plus important était la bouche ; l’exposition montre d'ailleurs un bouchon en forme de cigale dont l'article ne donne malheureusement pas d'image.
Il n’en va pas de même pour les phallus de bronze creux qu’ont découverts les archéologues.
phallus de bronze exhumé à Lianying, province du Jiansu, période des Han de l'ouest, 2e siècle avant J.-C. Musée Yizheng
phallus de bronze, exhumé dans la tombe n°1 du Mont Dayun, Xuyi, province du Jiansu, 2e siècle ; Musée Yizheng
Pour le commissaire de l'exposition, Fan Zhang, leur usage érotique est indubitable : leur taille et leur légèreté), ainsi que la forme de leur base (celui qui est dépourvu de poignée s'attachait sans doute à la taille avec des lanières de soie ou de cuir), sont parfaitement adaptés à cet usage. On ne sait pas s’ils étaient destinés à des hommes ou à des femmes mais la présence du phallus de bronze dépourvu de poignée dans la tombe d’un roi laisse penser un usage masculin.
Ces objets seront bientôt exposés au Asian Art Museum de San Francisco dans le cadre de l'exposition Tomb Treasures (Trésors funéraires)
