La légende de Dong Yong et de l'immortelle

La légende de Dong Yong et de l'immortelle

Messagepar laoshi » 17 Jan 2012, 14:08

On apprend décidément beaucoup de choses dans les feuilletons ! Dans Sifflet de pigeon, la grand-mère de Shengzi, un pauvre enfant que sa mère, sans doute contrainte et forcée par les circonstances politiques, a abandonné aux soins de sa mère et de ses voisins, reçoit la visite de Yanhong, qu'elle voit comme "une fée descendue du ciel" ; quelques instants plus tard arrive Shengzi, venu, à son tour témoigner sa "piété filiale" pour la vieille dame qui n'a plus toute sa tête mais ... voit mieux que quiconque les sentiments que les deux jeunes gens éprouvent l'un pour l'autre. A peine Shengzi est-il entré qu'elle ajoute : "et voilà Dong Yong qui vient voir sa fée".

Pour les Chinois, l'allusion est transparente, elle évoque l'amour impossible d'un pauvre mortel, un jeune paysan de la dynastie Han, Dong Yong, et de la septième et dernière fille de l'Empereur de Jade. Touchée par la générosité de Dong Yong, la fée a osé défier la loi de son père pour descendre sur la terre aider Dong Yong, réduit en servitude. La fée parvient, en tissant, à payer la dette du jeune homme au seigneur cruel qui le retient en esclavage et à ramener à cent jours au lieu de trois ans le contrat qui le lie à son maître. Tombés éperdument amoureux l'un de l'autre, ils se marient mais il est interdit aux dieux d'aimer les simples mortels et l'Empereur de Jade rappelle sa fille au Ciel, brisant à jamais le coeur de sa fille et du jeune homme....

Cette histoire, qui apparaît pour la première fois dans le "Livre des fils méritants" écrit par Liu Xiang, un célèbre lettré de la dynastie des Han de l'ouest, a été répertoriée dans le Soushenji de Gan Bao, un lettré de la dynastie Jin ; elle s'est transmise de génération en génération, surtout dans les provinces rurales, où elle s'est combinée à des thèmes autochtones en raison de son insistance sur la piété filiale, si importante aux yeux des Chinois, et de la revendication romantique du mariage d'amour ; de nombreux villages prétendent avoir vu naître Dong Yong : à Dongjia, dans le Shandong, on montre sa tombe et sa stèle funéraire tandis que le village de Xiaohuai, dans le Shanxi, exhibe la robe de mariée de la fée... Le troisième jour de la deuxième lune et le dixième jour de la onzième lune à Wuzhi, dans le Henan, on célèbre le culte de la piété filiale dans le temple des fées. Devenue partie intégrante du patrimoine immatériel de l'humanité, la légende de Dong Yong éclaire de manière exemplaire la psychologie chinoise.
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