J'ai découvert, en lisant La Dure Loi du Karma, de Mo Yan, l'existence de la Mère Meng, dite 孟婆 [Mèng Pó] en chinois.
La Mère Meng officie dans la dixième cour de la prison souterraine qui constitue l'Enfer, mi-bouddhiste mi-taoïste, de la tradition chinoise : 地狱 [dìyù] Diyu. C'est elle qui préside à l'oubli des vies passées que les damnés ont vécues dans leurs précédentes incarnations et des tourments qu'ils ont endurés en Enfer avant de renaître. Elle concocte ce brouet de l'oubli, 迷魂汤 [mí hún tāng] (littéralement "la soupe qui égare l'âme"), qu'on appelle aussi "l'infusion aux cinq parfums", à partir d'herbes sauvages qu'elle cueille sur la terre, au bord des mares et des ruisseaux….
Mo Yan détourne plaisamment le mythe dans son roman : si la soupe de Meng Po n'a aucune efficacité sur Ximen Nao, le héros de La Dure Loi du Karma, c'est qu'il règne à Diyu la même corruption que sur terre et que la potion de l'oubli est désormais frelatée….