le diangu du "banquet de Hongmen"

le diangu du "banquet de Hongmen"

Messagepar laoshi » 24 Jan 2013, 09:05

"Hong Men" (littéralement "la Porte des oies sauvages") est une ville du Shaanxi. Un "banquet de Hong Men", en chinois 鸿门 [hóng mén yàn], est un "banquet-piège" au cours duquel l’hôte a l’intention d’attenter à la vie de son invité. Il en est souvent question, dans les feuilletons que diffuse CCTV ; c'est le cas dans le feuilleton actuel, dans lequel Murong Feng, un seigneur de la guerre, convie deux de ses généraux félons à un festin de ce genre pour les éliminer.

L'expression "festin de Hong Men" est un "diangu"
[diǎn gù], une allusion historique (ou littéraire) immédiatement intelligible pour le public chinois mais très mystérieuse pour le spectateur français ordinaire.

En l'occurrence, cette expression figée fait référence au conflit opposant Liu Bang
[liú bāng] (-256 ou -247 ~ -195), fréquemment nommé par les feuilletons dans ce contexte, à son adversaire Xiang Yu [xiàng yǔ] (~233-202), alors général en chef de la rébellion des Chu contre les Qin.

Le prince Huai de Chu,
怀王 [chǔ huái wáng], ayant promis la ville de Guanzhong 关中 [guānzhōng], "berceau de Qin dans la plaine du Shaanxi, au premier qui y pénétrerait", celle-ci revenait de droit à Liu Bang mais Xiang Yu le contraignit à la lui céder. Cependant, Liu Bang s’avérait un rival assez inquiétant pour que les conseillers de Xiang Yu lui tendent un traquenard pour s’en débarrasser, le fameux "banquet de Hongmen" (鸿门). Xiang Yu ne put se résoudre à cet expédient. C'est pourquoi il est représenté comme un être noble et magnanime dans la tradition littéraire même si on lui reproche parfois sa "tendresse de femme", [fù rén zhī rén] et son manque de fermeté.

Liu Bang n'avait pas l'intention, en effet, de se laisser faire. Au terme d'une guerre de cinq ans, il viola le traité qu'il avait conclu avec Xiang Yu, qui l'avait nommé prince de Han et avec lequel il s'était partagé le territoire. Vaincu, Xiang Yu se suicida après que sa concubine Yu Ji, refusant de lui survivre, l'eut précédé dans la mort (tous ceux qui ont vu le film de Chen Kaige, Adieu ma concubine,
王別, [bàwáng biéjī] se souviennent de la scène déchirante des adieux qui donnent son titre au film).

Désormais sans rival à sa mesure, Liu Bang s'empara de l'empire et fonda la dynastie Han ; il régna de -202 à ~ -195.
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