la Chine entre Calvin et Confucius

officiellement athée, la Chine est loin d'être débarrassée de la pensée magique. Répertoriez ici les croyances et les superstitions chinoises que vous connaissez.

la Chine entre Calvin et Confucius

Messagepar mandarine » 19 Jan 2013, 19:19

Renaissance religieuse dans l’Empire du Milieu : la Chine entre Calvin et Confucius

Rétropédalage des autorités, à coup de généreuses subventions gouvernementales, pour contrer ces intellectuels chrétiens qui sont également engagés dans l’important mouvement de « défense des droits civiques »

En conquérant les villes, le protestantisme, longtemps considéré comme la cinquième colonne de l’impérialisme occidental, a fini par s’acclimater dans l’Empire céleste. Il y a dix ans seulement, les chrétiens étaient suspectés de « trahir » la nation. Aujourd’hui, la vague évangélique est telle que chacun peut nommer plusieurs convertis dans son entourage. Au point que l’expression « wo xin jiao », (« je suis croyant ») signifie pratiquement « je suis chrétien ».



Ce n’est pas un hasard si ces intellectuels chrétiens sont également engagés dans l’important mouvement de « défense des droits civiques », entre autres au profit de leurs coreligionnaires des campagnes, trop souvent en butte aux exactions de potentats abusifs. Plus riches et plus au fait du fonctionnement du système, les églises urbaines pleines d’avocats, d’écrivains et de journalistes, mènent des batailles juridiques souvent perdues d’avance, mais qui ont le mérite de propager un modèle de justice et de droit. Au-delà de la communauté des croyants, c’est l’avenir du pays qui est en jeu.


http://monarchomaque.org/2013/01/18/chine1/
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
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Re: la Chine entre Calvin et Confucius

Messagepar laoshi » 26 Jan 2013, 12:57

Chan Koonchung montre bien, dans Les Années Fastes, comment les sectes évangéliques prospèrent sur la désespérance des Chinois ; le dernier pseudonyme de l'une de ses héroïnes sur internet « maizibusi », renvoie directement à la phrase de l’Evangile, « le grain tombé en terre ne meurt pas »…. Un certain sens de la charité, de la fraternité, de l'entr'aide individuelle, ressenti comme antithétique de l'inhumanité glaciale, corrompue et bureaucratique du Parti, est un puissant facteur d'adhésion à ces sectes, plus influentes, me semble-t-il, que l'église catholique dont vous nous parliez il y a peu à propos de Noël en Chine.

Parmi les dissidents convertis, figurent Li Bifeng, récemment condamné à 12 ans de prison du seul fait qu'il est soupçonné d'avoir aidé Liao Yiwu à quitter la Chine et Guo Yushan, dont parle Hu Jia dans une interview donnée à Stéphane Lagarde en 2012 ; Liu Xiaobo se revendique clairement du christianisme dans Vivre dans la vérité mais je ne sais pas de quelle obédience, catholique ou protestante, il se réclame ; quant à Chen Guangcheng, il semble bien lui aussi s'être converti, sans doute à la mouvance évangélique.

Je crois que la pensée chrétienne imprègne l'imaginaire intellectuel chinois là où l'on ne s'y attendrait pas, j'ai cru pouvoir le constater à propos du film City of Live and Death. Je remarque aussi que les églises sont souvent représentées dans les feuilletons chinois : on s'y marie parfois (alors même qu'on célèbre par ailleurs des rites bouddhistes ou taoïstes !), on y prie la Vierge Marie (c'est encore le cas dans le dernier feuilleton diffusé sur CCTV) dans un étonnant syncrétisme dont témoigne également le culte contemporain de Mao dont nous parlait Jolvil il y a quelque temps...
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Re: la Chine entre Calvin et Confucius

Messagepar jolvil » 26 Jan 2013, 23:10

L'article du site monarchomaque.org tente de comparer confucianisme et protestantisme calviniste et annonce de grande conversions au protestantisme en Chine à l'avenir.
Ce site est il lié à une église protestante? la littérature y est légèrement extrême-droitière. Il n'y a qu'a voir les "idées" affichées sur cette page :
http://monarchomaque.org/category/affichez-vos-idees/
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Re: la Chine entre Calvin et Confucius

Messagepar laoshi » 27 Jan 2013, 07:54

En effet ! je n'avais lu que les passages cités par Mandarine, je n'avais pas regardé le site : plus on descend dans la page, plus c'est édifiant !
Je viens de lire l'article comparant protestantisme et confucianisme en entier ; il est visiblement favorable au protestantisme mais n'a, quant à lui, aucun relent d'extrême-droite...
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Re: la Chine entre Calvin et Confucius

Messagepar jolvil » 27 Jan 2013, 10:31

Il y a bien un rapport étroit entre le terme "Monarchomaque" et le protestantisme, mais aussi avec la royauté puisque les monamarques souhaitaient une monarchie avec un pouvoir moins absolu.

Selon Wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Monarchomaque

Monarchomaque

Les monarchomaques étaient des libellistes qui s'élevaient contre l'absolutisme royal qui s'établit à la fin du xvie siècle, en Europe occidentale. Ils furent actifs au cours de la deuxième moitié du xvie siècle et du début du xviie siècle.
Les premiers auteurs monarchomaques émergèrent dans le camp protestant en France après les massacres de la Saint-Barthélemy : Philippe de Mornay, François Hotman, Théodore de Bèze, Hubert Languet, George Buchanan. Les thèses monarchomaques furent ensuite reprises par des auteurs catholiques de la Ligue quand Henri de Navarre (le futur Henri IV) devint l'héritier présomptif du trône de France à la mort de François d’Alençon frère du roi Henri III en 1584. Le principal auteur monarchomaque catholique fut le théologien Jean Boucher.

Une volonté de s'opposer à la monarchie absolue

Majoritairement français, les auteurs monarchomaques s'engagèrent dans la contestation du pouvoir royal suite aux massacres de la Saint-Barthélemy1. Ils prônaient le retour à une monarchie limitée, et se montrèrent critiques envers le concept de monarchie absolue, synonyme pour eux de tyrannie. L'existence et la diffusion des idées monarchomaques (du grec ancien μαχομαι « combattre » donnant étymologiquement le sens de « ceux qui combattent le monarque »2) démontre que la théorie de l'absolutisme ne devait pas nécessairement l'emporter dans le royaume de France de l'époque : des philosophies alternatives, plus enclines à tempérer le pouvoir royal, se développèrent également en France au xvie siècle.
Le terme « monarchomaque » fut inventé par l'Anglais William Barclay qui l'utilisa pour la première fois en 1600 à des fins polémiques. Il s'agissait pour lui de stigmatiser des auteurs huguenots qui auraient théorisé la destruction de la monarchie, même si dans les faits ces auteurs ne remettaient pas en cause le principe monarchique mais seulement une certaine pratique de ce pouvoir : ce n'est pas le roi qu'ils attaquaient, mais le tyran, c'est-à-dire un roi légitime qui, par sa pratique du pouvoir, se fait tyran. Les auteurs anglais Goodman et Knox sont également identifiés comme des monarchomaques. Ces auteurs allèrent jusqu'à accorder un droit de résistance aux personnes privées. Leurs thèses étaient perçues comme dangereuses, compte tenu de leur proximité avec les thèses qui animaient le mouvement anabaptiste.
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Re: la Chine entre Calvin et Confucius

Messagepar laoshi » 27 Jan 2013, 13:16

Je n'avais jamais entendu parler des monarchomaques ! merci à vous deux de me donner l'occasion de les connaître.

La question du "droit de résistance" au tyran (à laquelle j'ai consacré bien des cours de philosophie !) est pourtant au coeur de la pensée politique dès la fin du XVI° siècle et ce, jusqu'au XVIII° siècle et il est vrai que les penseurs protestants ou au moins "non-papistes", ont été à l'avant-garde des débats.

L'Eglise catholique a en effet été la plus sûre alliée du pouvoir absolu : "Ce que Louis XIV veut, Dieu le veut", dira Bossuet dans La Politique tirée des propres paroles l'Ecriture sainte ! Comme tous les adeptes de cette doctrine, il s'appuyait sur l'autorité de l'apôtre Paul qui, affirmant que l'autorité politique vient de Dieu ("non est potestas sine a Deo" = "il n'y a pas de pouvoir qui ne vienne de Dieu"), niait du même coup tout droit de résistance des peuples au tyran.


l'apôtre Paul, dans Epître de Paul aux Romains, XIII, I a écrit:
Que chacun se soumette aux autorités en charge. Car il n'y a point de pouvoir qui ne vienne de Dieu. Si bien que celui qui résiste à l'autorité se rebelle contre l'ordre établi par Dieu.

Dans une telle perspective, le tyrannicide était donc du même coup un déicide. Rousseau démontera ce sophisme au chapitre III du Contrat Social :

Rousseau, dans Le Contrat Social a écrit:Toute puissance vient de Dieu, je l'avoue ; mais toute maladie en vient aussi. Est-ce à dire qu'il soit défendu d'appeler le médecin ?

Rousseau réhabilitait ainsi non seulement le droit de résistance des peuples mais encore, implicitement, le tyrannicide... Je suis très étonnée de voir que les débats concernant les limites du pouvoir absolu du PCC, réputé en effet, comme le roi de Bossuet, "grand, glorieux et infaillible" (ce sont les trois adjectifs consacrés de la rhétorique officielle), empruntent les voies déjà parcourues par la pensée politique européenne, comme nous l'avions déjà constaté avec la pensée de Tocqueville. Xi Jinping a des soucis à se faire pour sa couronne !
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Re: la Chine entre Calvin et Confucius

Messagepar jolvil » 27 Jan 2013, 16:26

Je ne connaissais pas non plus, j'ai juste fait par curiosité une rapide recherche sur le nom.

Au lieu de régner au nom de "Dieu", le pouvoir communiste règne au nom du "Peuple", ainsi tout ce qui va à l'encontre du pouvoir communiste, va à l'encontre du peuple, cette entité abstraite, c'est imparable. C'est une autre forme de confiscation du pouvoir. A mon avis très dangereux puisqu'il ne permet plus le débat et la pluralité des idées, les erreurs sont commises à grande échelle, sans contre-pouvoir en entraînant toute la Nation. Il y a t il encore des philosophes libres de penser et d’écrire de nos jours en Chine?
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Re: la Chine entre Calvin et Confucius

Messagepar laoshi » 28 Jan 2013, 08:01

"Servir le peuple", par la "dictature démocratique" du Parti en considérant que le peuple n'a pas la maturité suffisante pour se déterminer lui-même et sans jamais lui demander comment et par qui il voudrait vraiment être servi, c'est nier la souveraineté du peuple dont on se réclame...

Je ne connais aucun "philosophe libre de penser et d'écrire" en Chine ; Liu Xiaobo, le seul philosophe contemporain que je connaisse, croupit en prison dans l'indifférence quasi-générale pour s'être "livré avec d'autres à l'acte criminel majeur de rédiger la Charte 08" qui réclamait, justement, le respect de cette souveraineté...

La transparence des concepts philosophiques fait qu'il est beaucoup plus difficile à un philosophe qu'à un romancier de déjouer la censure : Mo Yan peut jongler avec les symboles et les allusions au prix de bien des compromissions avec le régime, Liu Xiaobo avance à visage découvert...
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