Mo Yan rappelle, dans Beaux Seins belles fesses, la fascination de Mao pour la génétique et, en particulier, pour la production de chimères monstrueuses. L'un des personnages de la ferme d'Etat où travaille le narrateur mène des expériences consistant à inséminer des femelles d'une espèce avec le sperme d'une autre espèce. Mao rêvait, semble-t-il, d'une science capable de créer des hybrides mi-singes mi-hommes pour créer une armée invincible dont il aurait été indifférent de sacrifier les "soldats"...
bulletins électroniques a écrit:
La Chine se lance dans le clonage à grande échelle
Au coeur du district de Yantian dans la municipalité de Shenzhen, l'antenne locale de l'Institut de Génomique de Pékin (BGI), fondée en 1999, est devenue le plus grand centre de clonage porcin au monde. Ainsi, plus de 500 cochons y sont clonés chaque année avec un taux de réussite oscillant entre 70 et 80%.
Bien que la technologie utilisée soit répandue, ces chiffres sont supérieurs au taux rencontrés habituellement dans le milieu (estimés par les spécialistes à 30-40%). De plus, l'échelle "industrielle" de mise en oeuvre de ces clonages est nouvelle. Et pourtant, aucune machine à la technologie avancée ne se cache derrière ces chiffres. Les embryons sont, en fait, préparés dans le laboratoire de génomique par des opérateurs derrière leurs microscopes. Une méthode rapide, facile et qui s'avère donc être efficace.
Le patrimoine génétique des porcs étant très proche de celui des humains, ceux-ci servent ainsi de cobayes pour le test de certains médicaments. La modification de leur ADN permet également l'évaluation de certains problèmes génétiques chez l'humain. Certains porcins finissant même par être des clones de clones. Mais BGI l'assure, ces clonages entrent dans le cadre d'une stratégie bien plus large : le séquençage d'un million d'animaux, de végétaux et d'individus. Cela fait également de BGI le plus grand centre de séquençage au monde. Le laboratoire bénéficie du statut de laboratoire clé d'état depuis 2011 et a reçu un soutien conséquent du gouvernement chinois. L'institut a ainsi bénéficié de 1,5 milliard de dollars de la part de la banque de développement chinoise.
Fin 2012, BGI a même racheté l'entreprise américaine Complete Genomics , lui fournissant le matériel nécessaire au décodage des génomes. A l'heure actuelle, BGI dispose de 156 machines capables de réaliser ces séquençages quand le plus grand centre européen, situé à Cambridge, en cumule "seulement" 30 (il avait fallu quinze ans pour décrypter le premier génome humain ; chacune des machines équipant BGI est capable d'en séquencer une quinzaine par jour). Il produit ainsi plus du quart des données génomiques mondiales . Ainsi, 57000 génomes humains et de nombreux autres génomes (riz, concombre, panda géant) ont pu être séquencés. Le dernier en date, qui est par ailleurs le plus grand génome animal séquencé jusqu'à maintenant avec 6,5 giga bytes de données, concerne le criquet .
L'objectif de BGI : développer des méthodes de séquençage toujours plus rapides et moins coûteuses. Et un jour peut-être, étendre la modification du génome à l'humain pour le rendre plus intelligent, par exemple. C'est en tout cas le but de Zhao Bowen , directeur actuel du laboratoire de Shenzhen, qui espère recueillir le matériel génétique de 2000 surdoués afin de découvrir les variantes génétiques associés à des aptitudes intellectuelles supérieures.
Leader mondial dans le domaine de la génétique, disposant du supercalculateur le plus puissant, Tianhe-2, et après l'alunissage du rover Yutu, la Chine poursuit ses ambitions de devenir un acteur majeur de la recherche dans le monde.