Il y a beau temps que le rituel catholique a abandonné le mea culpa, il n'en va pas de même avec la pratique de l'autocritique qui reste omniprésente dans la réalité et l'imaginaire chinois. Après la période maoïste, où elle s'est imposée de manière dramatique à toute la population, elle a continué et continue encore, semble-t-il, à s'imposer dans les circonstances les plus diverses de l'existence ordinaire (en dehors même l'autocritique liée à l'adhésion au Parti).
Sans parler de romans comme Beijing Coma ou Un Beau jour de printemps, qui, bien sûr, ne sont pas édités en Chine, mais qui en donnent maints exemples tragiques, on la rencontre régulièrement dans les divers feuilletons que diffuse CCTV. Je l'ai trouvée récemment dans Quand Le Bonheur frappe à la porte où elle est imposée à l'héroïne, dans les années 80, parce qu'elle a téléphoné chez elle sans autorisation depuis son lieu de travail, dans Le Passé est le passé, (même époque je pense) où un ouvrier doit en rédiger une et l'afficher en gros caractères pour s'être montré impoli avec un client, dans Eaux claires sous un ciel bleu où le chef du village doit « déclamer » publiquement la sienne pour avoir provoqué une intoxication alimentaire de la population au cours d'un banquet, dans Sifflet de pigeon où un intellectuel, que sa voisine, directrice du comité de quartier, a poursuivi de sa vindicte pendant toute la Révolution culturelle, fait amende honorable sous l'ère Deng Xiaoping en s'accusant de n'avoir jamais été victime que de sa "grande gueule" ;dans L'Etoile du bonheur sonne à notre porte (à l'ère Hu Jintao) où un pauvre marginal doit avouer publiquement qu’il s’est laissé aller à l’appât du gain et qu’il est mené par son égoïsme, dans Paysage pittoresque de lac et de montagne où l'on apprend que la police accepte généralement de relâcher les fauteurs de trouble (pourvu qu'il s'agisse de délits mineurs, genre tapage nocturne) après qu'ils ont rédigé leur autocritique.