J'ai souvent remarqué que les frères et sœurs portaient des prénoms comprenant la même syllabe initiale (et donc, à l'écrit, le même caractère initial). Ainsi, dans Sifflet de pigeon, par exemple, le fils aîné de la famille ouvrière s'appelle "Yanping", il a une petite sœur nommée "Yanhong" ; de même, le fils du professeur Mi s'appelle "Xiaoshu" et sa sœur "Xiaoju".
J'en ai trouvé l'explication dans Le Rêve dans le Pavillon rouge qui oppose l'usage vulgaire consistant à nommer les filles de "vocables tenus pour particulièrement gracieux, tels que Printemps, Rouge, Parfum ou Jade", à l'usage aristocratique consistant à faire dériver les noms de génération des enfants les uns des autres. Ainsi l'aînée des filles de Jia le Politique étant née "un premier jour de première lune", elle a reçu le nom de "Printemps initial" et les noms de ses trois autres sœurs ont été en conséquence formés du mot "printemps". A la génération précédente, les noms des filles ont été composés d'après ceux des garçons, en fonction des composants des caractères cette fois. Jia la Diligente贾敏 [jiǎ mǐn], a reçu ce nom parce qu'il contient "le même élément de droite" 攵 que ceux de ces deux frères aînés, Jia le politique 贾政 [jiǎ zhèng] et Jia le Clément 贾赦 [jiǎ shè].
Il y aurait donc un processus de descente sociologique à l'origine de cet usage que partagent curieusement l'intellectuel et les prolétaires du feuilleton.