Le mouvement du 4 mai 1919

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Le mouvement du 4 mai 1919

Messagepar laoshi » 20 Sep 2018, 08:17

Vous trouverez les coupures de presse de l'époque sur le site

Nicolas Offenstadt dans RetroNews, le site de presse de la BNF a écrit: « Une Révolution culturelle » ? Le mouvement du 4 mai 1919 en Chine

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1917, la Chine était entrée en guerre contre l'Allemagne auprès des Alliés. Alors quand en 1919 la négociation des traités de paix s'apprêtent à favoriser le Japon au détriment de la Chine déjà menacée par l'impérialisme nippon, les étudiants engagent un soulèvement populaire à Pékin. Relecture de l'actualité révolutionnaire autour du mouvement nationaliste du 4 mai 1919, par Nicolas Offenstadt.

Si la période 1918-1920 est bien « un monde en révolutions », selon le titre de la série dont participe cette chronique, toutes ne sont pas de même nature, loin s’en faut. La Chine connaît en cette fin de guerre une révolution « nationale » que les spécialistes ont parfois qualifiée de « révolution culturelle » (Lucien Bianco).

À la suite de l’entrée en guerre du pays - fort divisé - au côté des Alliés en août 1917, les espoirs étaient grands de bénéficier de reconnaissance au moment des négociations de paix, en particulier en recouvrant les territoires allemands du Shandong pris par les Japonais. Les fameux 14 points du Président Wilson et son appel à la libération ainsi qu'à l’auto-détermination des peuples avaient suscité de grands espoirs dans le pays, où l’influence des puissances occidentales est importante.

Or la conférence de Paris donne satisfaction au Japon. « La Chine n’est pas contente », peut en effet titrer Le Siècle le 6 mai 1919.

C’est une compensation, sans aucun doute, pour le refus par les Occidentaux de la proposition japonaise d’une déclaration sur l’égalité des races, ainsi que le constate à juste titre L’Ouest-Éclair :

« Le Conseil des Quatre, toujours sur l'invitation de M. Wilson, et pour entrer dans le jeu de la politique américaine, a refusé de proclamer le principe d'égalité des races. Les "jaunes" sont maintenus dans leur rang de race inférieure. Leur pouvoir de dissimulation est grand : ils affectent de ne prendre pour le moment aucun souci de l'humiliation infligée. En vérité, ils l'ont sentie profondément et on peut être sûr qu'ils chercheront à en tirer vengeance dans un avenir plus prochain peut-être qu'on ne le croit. Si l'Amérique a cru apaiser le ressentiment du Japon en lui faisant don de Kia-Tcheou, c'est que sa naïveté est grande. »



« Pas contente »... C’est peu dire. Une véritable révolte contre cette décision et la présence étrangère dans le pays éclate le 4 mai 1919. Les étudiants manifestent à Pékin et sont suivis par bien d’autres catégories sociales, c’est ainsi que les commerçants organisent le boycott des marchandises japonaises. C’est un soulèvement national contre la domination de l’extérieur et ceux qui la soutiennent en Chine. Les maisons des dignitaires qui représentent la soumission à l’étranger sont attaquées :

« [...] À Pékin, 5.000 étudiants ont tenté de se rendre chez les ministres d'Angleterre, de France et des États-Unis d'Amérique en vue de les prier de s'entremettre auprès du Conseil des Quatre pour faire rpévaloir une autre solution.

Empêchés de pénétrer dans le quartier des légations, ils sont allés alors incendier la résidence privée du ministre des communications et y ont blessé grièvement le ministre de Chine à Tokio (sic) qui venait justement d'arriver à Pékin. »

Mais le mouvement du 4 mai va au-delà des protestations du moment. La Petite République évoque un poids de « l’opinion publique chinoise » hostile aux décisions de Versailles, et la déclaration des délégués Chinois sur l’indignation de la « nation entière ».

Ce sont des formules, mais il se développe en Chine à l’époque, et en réaction, tout un mouvement de rénovation critique qui appelle à la modernisation du pays, plus ou moins sur le modèle occidental et contre toute une partie de la tradition confucéenne. La révolution est aussi littéraire avec la promotion d’une langue plus proche de la langue parlée et une littérature plus populaire. Dans ce contexte général, la pensée marxiste et l’engagement communiste gagnent en force, derrière la révolution d’Octobre. Les débats et discussions se multiplient, parmi les socialistes, mais aussi avec les libéraux. La Chine est en effervescence, « un remou profond et puissant agite la vieille âme de la Chine » croit constater le journaliste de La Lanterne.

On voit que plusieurs des récits français de ces enjeux appellent à un traitement attentif et prudent de la Chine : « qui sait ce que nous réserve demain ? » écrit le journaliste de L’Ouest-Éclair. En tous les cas, la trahison occidentale amène de nombreux Chinois à se tourner vers le modèle révolutionnaire russe. Le Parti communiste chinois, fondé en 1921, capte une bonne part de l’héritage du 4 mai.

Nicolas Offenstadt, historien, maître de conférences à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste de la Grande Guerre.

Tout l'été, Nicolas Offenstadt interroge l'histoire mondiale née en 1918 sur France Inter et RetroNews. Écoutez l'émission 1918 en Chine : Nationalisme et communisme pour un autre éclairage sur le mouvement du 4 mai 1919.
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