le jeu de l'herbier dans "Le Clan du Sorgho rouge"

Les jeux donnent un bel aperçu de la culture populaire et des valeurs d'un peuple ; palrez-nous ici de ceux que vous connaissez.

le jeu de l'herbier dans "Le Clan du Sorgho rouge"

Messagepar laoshi » 24 Oct 2014, 16:58

:ec16: J'ai découvert le jeu de l'herbier en lisant Le Clan du sorgho rouge, de Mo Yan. Il s'agit d'un jeu pratiqué dans les années 30. En voici la description :

Mo Yan, dans Le Sorgho rouge, éd du Seuil, p. 412 a écrit:
[…] Grand-Mère s’était prise de passion pour l’ « herbier » (un jeu d’argent assez dans la veine de nos « loteries » et autres « tombolas » contemporaines) et s’évertuait à tenter de faire partie des heureux élus de sa « société ». Cette forme de pari, où ni les mises ni les pertes n’étaient trop importantes, avait essentiellement la faveur des femmes. Pourtant c’était Grand-Père, en sa qualité d’homme riche à l’existence posée, que les villageois avaient élu pour y présider. Il s’agissait d’introduire tente-deux noms de fleurs à l’intérieur d’un tube en bambou et de procéder, tous les jours matin et soir, à un tirage public dont le résultat était « pivoine herbacée », ou « rose de Chine », voire « rose » tout court. Les gagnants remportaient trente fois leur mise. Mais bien sûr c’est à lui que cela rapportait le plus. Les plus mordues de ces dames déployaient des trésors d’imagination et inventaient mille techniques pour deviner quelle serait la prochaine fleur, certaines soûlaient des gamines pour que la vérité sorte de leur bouche, d’autres s’évertuaient à chercher dans leurs rêves…

La Grand-Mère "laquelle n'était pas à une diablerie près", use d'un moyen de divination tout à fait macabre : elle se rend, de nuit, au cimetière des enfants morts laissés sans sépulture pour y "peser" un petit cadavre à l'aide d'une balance sur laquelle elle a inscrit le nom des fleurs :

Mo Yan, dans Le Sorgho rouge, éd du Seuil, p. 412 a écrit:
Quand enfin […] elle avait avec détermination enfoncé le crochet directement dans la chair, il en avait résulté un bruit étrange qui avait terrorisé et fait frissonner mon père. Si bien qu’il s’était détourné, mais la main glissant sur la tige elle lui avait fait signe de s’approcher. Le fléau avait pris une teinte rougeâtre, la ficelle cessé d’hésiter : avec exactitude elle s’était immobilisée sur le mot « pivoine ».
Des hululements furieux les avaient poursuivis jusqu’à l’entrée du village.
Avec assurance elle avait misé sur « pivoine ».
« Calycanthe » était sorti.
Elle était tombée gravement malade.
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