La fête du double 9, du neuvième jour de la neuvième lune, aura lieu cette année le 23 octobre, demain donc. Son nom chinois est 重阳节 (重陽節 en caractères traditionnels) [chóngyángjié], "la fête du double yang".
9 (九 en chinois) [jiǔ] est pour les Chinois le nombre yang par excellence. Masculin, comme tous les nombres impairs, il est aussi le plus grand nombre impair à un seul chiffre et représente donc la masculinité suprême. Le redoublement du 9 risque donc de créer un excès de yang, aussi les anciens Chinois pensaient-ils qu'ils devaient se protéger des épidémies en s'éloignant des villes et des villages ; selon la légende, un héros nommé Hua Jing avait sauvé les habitants de son village menacés par un monstre porteur de la peste en leur recommandant de se cacher dans la montagne tandis qu'il combattait victorieusement le monstre au soir du neuvième jour de la neuvième lune.
C'est en souvenir de cet épisode légendaire que les Chinois, ce jour-là, gravissent colllines ou montagnes 登高 [dēng gāo] et vont pique-niquer sur les hauteurs. Boire du vin de chrysanthème 菊花酒 [júhuājiǔ] et porter sur soi des branches de cornus officinalis 茱萸 [zhūyú], en accrocher aux portes et aux fenêtres, tout cela était censé avoir des vertus prophylactiques. Dans certaines régions, la fête est aussi associée au culte des ancêtres, donc des morts.
Comme souvent en chinois, les rites associés à la fête du double neuf sont liés aux homophonies : le mot 久[jiǔ], qui veut dire "longtemps", étant homophone de 九 [jiǔ] (9), la fête du double 9 est aussi celle de la longévité et donc des personnes âgées ; de même le mot 糕 [gāo] étant homophone de 高, qui signifie "hauteur", on mange ce jour-là des gâteaux de riz 重阳糕 [chóngyáng gāo].