« Xi Jinping […], pouvait-on lire dans un éditorial de Xinhua, l’agence de presse officielle, a toujours considéré la lecture comme un style de vie, un devoir intellectuel et une quête spirituelle ». Il citait un commentaire de 2013 à l’appui : « j’ai de nombreux passe-temps mais le principal est la lecture. Lire fait partie de mon mode de vie ».
Cet effort pour décrire le président chinois comme un intellectuel modèle intervient au moment où il exige une loyauté absolue de l’armée, du Parti communiste à la veille du remaniement important du pouvoir qui doit avoir lieu à l’automne à l’occasion d’un congrès du Parti. Les commentaires de Xi sont proposés à l’étude des cadres locaux et des officiers de l’armée et un recueil de ses précédents discours La Gouvernance de la Chine, a été traduit en douze langues. On l’a vu sur le bureau de Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, sur une photo publiée sur les réseaux sociaux il y a deux ans de cela.
L’éducation de Xi Jinping a été interrompue par la Révolution Culturelle mais il a été admis à l’université de Qinghua en 1975 ; il y a obtenu un doctorat en 2002 alors qu’il était à la tête d’un gouvernement provincial.
Xinhua tente d’accréditer la thèse d’un Xi Jinping grand lecteur en rapportant qu’alors qu’il travaillait comme jeune instruit dans le Shaanxi il aurait fait quinze kilomètres à pied pour emprunter une édition du Faust de Goethe.
Voici quelques-uns des livres auxquels Xi Jinping a déjà fait référence en public :
- Les classiques chinois :
Xi a lu une grande partie des œuvres de Confucius, y compris La grande Etude, La Théorie du sens et les Analectes.
Il a aussi étudié les livres de Mencius et d’autres classiques, comme les Annales des printemps et des automnes et L’Art de la guerre de Sunzi. La lecture de la plupart de ces livres, écrits il y a plus de 2000 ans, requiert la maîtrise du chinois ancien.
Xi se réfère souvent aux livres donnant des conseils politiques aux empereurs, en particulier aux Règles impériales de Li Shimin (l’empereur Taizong) , Le Miroir compréhensif pour changer le gouvernement de Sima Guang.
Il a lu de nombreuses œuvres historiques, dont La Grande Histoire de Sima Qian, Le Livre des Han, l’Ancien livre des Tang, le Nouveau livre des Tang et la Nouvelle Histoire des Cinq Dynasties.
Mais Xi a aussi lu de la poésie ancienne et des romans, y compris Le Cœur de la littérature et la Sculpture des dragons de Liu Xie, considéré comme le texte le plus important de l’esthétique littéraire chinoise, la source des anciens poèmes et le Rêve dans le Pavillon rouge, l’un des quatre romans classiques chinois.
Parmi les contemporains, il a lu Lu Xun, entre autre l’Appel aux armes, Errances, Contes anciens à notre manière.
Mais Xi Jinping ne reste pas prisonnier des lettres chinoises, il a aussi beaucoup lu les auteurs étrangers,
Les auteurs américains :
Le Fédéraliste, d’Alexander Hamilton, James Madison et John Jay.
Le sens commun de Thomas Paine,
Le Vieil Homme et la mer d’Hemingway
L’Ordre du monde de Kissinger.
Les auteurs allemands :
Faust de Goethe,
L’Homme Unidimensionnel de Marcuse,
L’Origine et le but de l’histoire de Karl Jaspers.
Les auteurs français :
Madame Bovary de Flaubert,
Les Misérables et Notre-Dame de Paris de Hugo
Gargantua et Pantagruel de Rabelais
Les auteurs anglais :
Le Conte de deux cités et Oliver Twist de Charles Dickens,
les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer.
Les auteurs russes :
Guerre et Paix de Tolstoy.
Et l’Acier fut trempé de Nikolai Ostrovsky.
Le Don paisible de Mikhail Cholokhov.
Les auteurs italiens :
La Divine Comédie de Dante
Le Decameron de Boccace.
Une telle liste est impressionnante, on aimerait que tous nos chefs d'Etat aient une culture équivalente. On doute qu'un Trump puisse afficher un tel bilan bibliographique mais il n'est pas le seul président inculte....