Adam Smith à Pékin

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Adam Smith à Pékin

Messagepar laoshi » 31 Jan 2012, 15:20

J'avais commencé à lire, l'an dernier, Adam Smith à Pékin, un gros livre d'économie que j'ai dû interrompre pour me consacrer à mes copies et autres préparations de cours. L'auteur, Giovanni Arrighi, y développe le concept de "capitalisme industrieux" pour caractériser la Chine née des réformes de Deng Xiaoping et je dois dire que certains des feuilletons dont j'ai fait ici l'analyse comme Sifflet de pigeon et Le Printemps de Zhang Xiaowu, tout comme Brothers, le roman de Yu Hua, et les photos des petits métiers que nous propose régulièrement Mandarine dans les scènes de la vie quotidienne, me semblent parfaitement illustrer ce concept.

dans sa présentation, l'éditeur a écrit:À la fin du XVIIIe siècle, Adam Smith a prévu la nouvelle émergence économique de l'Orient et l'équilibre des pouvoirs avec l'Ouest. Dans cet ouvrage magistral et à contre-courant de la pensée dominante, Giovanni Arrighi démontre comment l'extraordinaire ascension de la Chine nous invite à relire La Richesse des nations avec un regard neuf. À la faveur d'une déconfiture de l'hégémonie américaine, la République Populaire pourrait proposer l'alternative au capitalisme du XXe siècle.

Peut-on se fier au modèle chinois actuel pour refonder l'organisation économique mondiale ? Giovanni Arrighi répond à partir de trois idées fortes : la voie de développement chinoise est essentiellement différente du néolibéralisme ; la montée de la puissance chinoise est déjà en train de modifier la structure de l'économie politique à l'échelle internationale ; l'un des aspects majeurs de la voie chinoise, contrairement à l'image que les médias occidentaux en donnent souvent, pourrait être porteuse d'un modèle plus égalitaire et plus écologique de développement.


Le livre est complexe, riche, foisonnant mais je ne suis pas assez loin dans ma lecture pour donner un avis tranché. En tout cas, bien que difficile d'accès, il est passionnant.
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Yu Hua à Paris, octobre 2014

Messagepar mandarine » 18 Oct 2014, 17:56

Avis aux parisiens !!

Je ne sais ce que vous en pensez ,mais j'ai bien l'intention d'investir 22 e dans " Le Septième Jour ».





Yu Hua à Paris, octobre 2014 (Bertrand Mialaret)

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« Le Septième Jour », de Yu Hua, éd. Actes Sud, octobre 2014

L’écrivain chinois Yu Hua, très connu à l’étranger avec des succès internationaux comme « Vivre » ou « Brothers », est de retour à Paris pour le lancement de son dernier roman « Le Septième Jour ».

Sept ans se sont écoulés depuis la publication en Chine de « Brothers », une période pendant laquelle Yu Hua a surtout écrit des articles et des essais et notamment un recueil remarquable dont on a parlé en 2010 : « La Chine en dix mots ».

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Il a bien voulu répondre une nouvelle fois à nos questions avec la complicité de sa traductrice, Isabelle Rabut, professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco).
Des morts sans sépulture

Le héros du livre, Yang Fei, est tué dans l’explosion de la cuisine d’un restaurant. Avec des ressources très limitées, il n’a pu s’acheter une concession funéraire, dont les prix, comme ceux de l’immobilier, ont explosé.

Il est contraint d’errer, sans une tombe pour son repos éternel, ce qui lui fait rencontrer nombre d’autres personnages qui illustrent par leur décès des tares de la Chine actuelle.

Les démolitions forcées tuent parfois les propriétaires, le nombre de victimes d’un incendie dans un centre commercial est sous-estimé pour protéger le maire. Un mari est exécuté pour le meurtre d’une femme dérangée qui revient au village après six mois. Des déchets médicaux flottent sur une rivière, ce sont des bébés morts et des fœtus avortés à la suite de la politique de contrôle des naissances.

D’autres drames sont mentionnés : la vente d’organes et les 20 000 personnes qui vivent dans des souterrains, ex-abris anti-atomique. Des scandales, des fait divers bien connus en Chine, mais évoqués dans le roman de manière distanciée.

Le livre n’a pas rencontré de problèmes avec la censure, mais ce n’est pas parce que des événements ou des faits divers sont connus ou ont déjà été évoqués que cela garantit toujours une publication sans incidents. C’est pourquoi si Yu Hua critique les abus de pouvoir et les fonctionnaires locaux, il se garde bien de mettre en cause le rôle du Parti.

Le roman a été écrit entre août 2012 et mars 2013 et est paru en Chine trois mois après. Les réactions du public ont été positives et 700 000 exemplaires ont été vendus.

Par contre, des critiques très agressives reprochaient au livre d’avoir été écrit trop rapidement, d’évoquer des évènements connus et de ce fait de ne pas innover et de manquer d’ambition. On regrettait la faiblesse des personnages d’un roman jugé plutôt comme un ensemble de nouvelles plus ou moins liées entre elles. Certains ont critiqué aussi le style peu littéraire qui serait plutôt celui d’un blog.
Des critiques excessives ?

Tout cela n’a guère ému Yu Hua qui avait déjà connu avec « Brothers » un déchaînement des critiques.

De fait, le livre est très centré autour du personnage principal, Yang Fei, et de ses relations avec son père ; une trame très forte est construite qui structure le livre et permet habilement d’introduire évènements et personnages.

Seul « Le Deuxième Jour », à savoir les relations entre Yang Fei et sa femme n’a pas à mon sens la qualité des autres journées même s’il souligne le caractère assez timoré de notre héros et la force de sa femme qui après, sa mort, se souviendra avec bonheur d’un mari honnête et d’une vie paisible.

Les personnages sont très variés, souvent attachants et surtout ne sont pas des « caractères » qui doivent démontrer une thèse ou jouer un rôle de dénonciation.

Et pourtant, une shampouineuse qui se suicide parce que son petit-ami, coiffeur, lui a offert un iPhone 4S de contrefaçon, qui annonce son suicide sur QQ Messenger, il faut y croire ! Mais parfois la réalité ou le talent du romancier dépassent la fiction.
En deuil de soi-même

Les morts sans sépulture portent leur propre deuil, ils vivent éternellement sous forme de squelettes dans des zones très éloignées des tombes. Le style de l’écrivain doit s’adapter à cette réalité. Comme dit Yu Hua au Quotidien du peuple :

« Pour la narration du point de vue d’un homme mort, le langage doit être sobre et froid. Pour les pièces dans le monde vivant, j’ajoute un peu de chaleur. »

Point de cruauté, point de sang ; quand on connaît la violence des premières nouvelles de Yu Hua, on pouvait craindre le pire. Mais il nous a expliqué, dans « La Chine en dix mots », comment un rêve sur son propre décès lui a permis d’échapper à une dépression nerveuse et de contrôler la violence de ses textes. Le style est très apaisé et parfois même tout à fait poétique.

Isabelle Rabut et Angel Pino, les traducteurs de ses derniers livres, ont beaucoup œuvré pour faire connaître et apprécier Yu Hua en France.

Certaines pages sont très belles, les bébés morts dans les branches des arbres, la toilette mortuaire de la shampouineuse Liu Mei… Le monde des morts paraît beau quand le monde réel déprime et est bien sombre !

Yu Hua n’est pas très précis concernant ses projets pour les mois qui viennent, mais il n’exclut pas d’écrire des nouvelles. L’une d’entre elles, « Victoire », a été publiée cet été dans le New Yorker et faisait partie du recueil de nouvelles « Boy in the Twilight » publié il y a quelques mois aux Etats Unis.
Les publications à l’étranger, un tournant ?

http://rue89.nouvelobs.com/sites/news/f ... x_mots.jpg

« La Chine en dix mots », de Yu Hua, éd. Acte Sud, août 2010

« La Chine en dix mots » a été publié en France comme « Le Septième Jour », en traduction en première mondiale, mais le premier de ces deux livres n’est pas paru en Chine.

Le chapitre introductif « Peuple » est un hommage aux victimes des événements de Tiananmen :

« Quand le peuple est uni, sa voix porte plus loin que la lumière et la chaleur des corps porte plus loin que la voix. »

C’est la première fois que Yu Hua s’exprimait en dehors d’une œuvre de fiction et savait en écrivant le livre qu’il ne le publierait pas en Chine ;

« C’est en cela que c’est un tournant mais je n’exclus pas que cela puisse se produire de nouveau. »

D’autres grands écrivains, comme Yan Lianke, ont également renoncé à des publications en Chine (par exemple pour « Les Quatre Livres »). Mais Yu Hua est l’un des seuls à publier régulièrement des libres opinions dans la presse étrangère, et qui plus est dans le New York Times (traduites par Alan Barr, son traducteur depuis de longues années).

Dix-neuf articles ont été publiés entre 2009 et 2014 sur des thèmes variés : censure et contrôle de la presse ou d’Internet, absence de libertés (élections et pétitions), pollution, contrefaçons et propriété intellectuelle, manipulations du pouvoir…

Les réactions des lecteurs occidentaux ont été très positives mais ceux de l’édition chinoise du New York Times ont parfois été acides en dénigrant la qualité des articles ou en critiquant l’auteur qui s’arrogerait le droit de représenter la Chine (alors qu’il se borne à écrire son opinion personnelle).

Le ton est sérieux mais parfois très humoristique et les conclusions souvent fort réussies, bref des textes de grande qualité.

Malheureusement, son emploi du temps va forcer Yu Hua à suspendre ces publications dans les prochains mois. La littérature et la Chine restent ses priorités.


Infos pratiques
« Le septième jour »

Par Yu Hua, traduit par Angel Pino et Isabelle Rabut. éd. Actes Sud, 2014. 270 pages, 22€.

http://rue89.nouvelobs.com/2014/10/18/l ... ise-255542
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Confessions littéraires de Yan Lianke

Messagepar mandarine » 24 Nov 2015, 10:37

Conférence Fu Lei (Institut français de Pékin)
2 décembre 2015 18:00



Dommage , c'est un peu loin pour nous .


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Confessions littéraires de Yan Lianke
Conférence Fu Lei
2 décembre 2015 18:00
Large_yanlianke

Grand romancier chinois de renommée internationale, Yan Lianke nous livre, à l’occasion d’une conférence Fu Lei, quelques anecdotes liées à la France. Il dévoile aussi ses lectures et ses auteurs français de prédilection.

Le talent de Yan Lianke a été récompensé à plusieurs reprises avec, entre autres, le prix Lu Xun en 2000 et le prix Franz Kafka en 2014. Yan Lianke développe au sein de son œuvre prolifique une véritable métaphysique poétique. Un grand nombre de ses ouvrages ont été traduits et publiés en France aux Éditions Philippe Picquier dont Bons baisers de Lénine (trad. par Sylvie Gentil), Servir le peuple, La fuite du temps et plus récemment Les chroniques de Zhalie.

Conférence présentée et animée par Renaud de Spens, chercheur, journaliste et auteur du Dictionnaire impertinent de la Chine.


http://www.institutfrancais-pekin.com/f ... yan-lianke
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