Elections à Taïwan

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Elections à Taïwan

Messagepar laoshi » 14 Jan 2012, 18:28

Libération du 14 janvier 2012 a écrit:Taïwan : le président pro-Pékin réélu
Partisan d'une politique d'apaisement vis-à-vis de la Chine, Ma Ying-jeou effectuera un nouveau mandat de 4 ans.

Le président taïwanais Ma Ying-jeou, artisan du rapprochement avec la Chine, a été réélu pour un mandat de quatre ans lors de l'élection présidentielle de samedi face à la chef de l'opposition, Tsai Ing-wen, tenante d'une politique ferme et indépendante vis-à-vis de Pékin.

"Nous avons gagné", a clamé Ma devant ses partisans, réunis dans son quartier général de campagne dans le centre de Taipei, peu après 20H00 (12H00 GMT), avant la proclamation officielle des résultats.

"Ce n'est pas une victoire personnelle, c'est la victoire des Taïwanais et la victoire de la voie de l'intégrité, de la prospérité et de la paix", a-t-il déclaré.

«Regrets» de l'opposition
Tsai Ing-wen a concédé sa défaite peu après. "Nous voulons exprimer nos plus profonds regrets à nos supporteurs pour notre défaite à l'élection présidentielle de 2012", a déclaré Mme Tsai, du Parti progressif démocrate (PPD), devant ses partisans près de Taipei. "Nous acceptons la décision des Taïwanais et félicitons le président Ma", a-t-elle ajouté.

Ma, candidat du Kuomintang (KMT), le parti historique de Taïwan, était crédité d'une avance de 700.000 votes sur sa rivale, selon des projections réalisées à partir de la participation, estimée à 14,5 millions de votes sur 18,1 millions d'électeurs, à partir de 75% des bulletins dépouillés.

Un responsable du DDP a estimé que l'écart final pourrait se situer entre 600.000 et 700.000 voix.

Des relations plus «harmonieuses» avec Pékin
Ma Ying-jeou, un juriste de 61 ans formé aux Etats-Unis, défend des relations apaisées avec la Chine, premier partenaire commercial de Taïwan. Il a promis la continuité samedi soir.

"Au cours des quatre prochaines années, les liens avec la Chine seront plus harmonieux et il y aura plus de confiance mutuelle" entre les deux pays que si Tsai l'avait emporté, a-t-il assuré.

Une stratégie critiquée par le DDP qui dénonce les écarts sociaux croissants dans un pays parmi les plus égalitaires d'Asie, alors que le KMT estime que l'accès au marché chinois a permis de créer des dizaines de milliers d'emplois et d'assurer à l'archipel une croissance proche de celle de son puissant voisin.

Ma Ying-jeou avait signé en 2010 un accord-cadre de coopération économique entre les deux territoires prévoyant notamment des tarifs douaniers avantageux pour les produits taïwanais.

«Une bonne chose pour le business»
"J'ai voté pour Ma parce que je fais du commerce avec la Chine où je me rends fréquemment. Sa reconduction serait une bonne chose pour moi et pour mon business", déclarait au sortir de l'isoloir une femme d'affaires, Ane Wei, résumant le sentiment général des milieux économiques à Taïwan.

Après avoir bondi de près de 11% en 2010, l'économie de l'ancienne Formose n'a cependant progressé que de 3,4% au troisième trimestre 2011. Un ralentissement lié à la morosité de l'économie mondiale, dont dépend fortement l'économie de Taïwan, tournée vers l'exportation.

Ruby Yang, une employée de bureau, confiait de son côté avoir donné son vote à Tsai pour "voir (élire) la première femme présidente de Taïwan".

Les relations bilatérales au beau fixe
Taïwan (république de Chine) et la Chine (république populaire de Chine) sont séparées depuis la fin de la guerre civile chinoise de 1949. Taïwan est indépendante depuis, mais Pékin la considère comme une île rebelle, n'excluant pas la force pour la voir revenir dans son giron.

Or les relations bilatérales n'ont jamais été aussi bonnes, en plus de 60 ans, que depuis l'arrivée de Ma à la présidence, selon les observateurs. Ils estiment que cette dynamique aurait marqué le pas en cas de victoire de Tsai.

"La raison pour laquelle la Chine continentale est si préoccupée par l'élection taïwanaise tient au fait que l'idée de 'l'indépendance de Taïwan' risque de progresser", écrivait vendredi le quotidien officiel chinois Global Times.

Pékin s'est montré extrêmement prudent et avare de commentaires pendant la campagne, de crainte de favoriser la candidate du PPD.

Plus de 500 millions de Chinois ont suivi l'élection taïwanaise en temps réel sur internet.

Les électeurs votaient également pour le renouvellement des 113 députés du parlement, dominé par le KMT.

(AFP)

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Re: Elections à Taïwan

Messagepar laoshi » 14 Jan 2012, 18:39

Le Monde, bien que son pronostic sur l'élection soit invalidé, donne une analyse plus approfondie de la situation politique, sociale et économique de Taïwan

Le Mondedu 14 janvier 2012 a écrit:
A Taïwan, bilan mitigé de l'ouverture à la Chine

La promesse du '6.3.3' du président taïwanais, Ma Ying-jeou, pendant sa campagne victorieuse de 2008, lui aura coûté cher en popularité. Elle pourrait provoquer sa défaite à l'élection de samedi 14 janvier.

Ma Ying-jeou avait promis 6 % de croissance, 3 % de chômage et 30 000 dollars de produit national brut (PNB) par habitant. Aucune des trois promesses n'a été tenue. 'Ni celle de couper son salaire', ironise un partisan du Parti démocrate progressiste d'opposition (PDP), indépendantiste.

Le chômage est monté à 6,5 % en 2009 et reste à 4 %, taux élevé pour Taïwan. Depuis l'exceptionnelle croissance à deux chiffres de 2010, l'économie nationale ralentit et sa progression serait de l'ordre de 4 % en 2012. Les salaires n'ont pas augmenté depuis des années.

TROIS 'LIENS DIRECTS'

En revanche, la promesse de rapprocher les deux rives du détroit, Taïwan et la Chine continentale, a été tant et si bien tenue qu'une partie des Taïwanais commence à s'en inquiéter. D'autant que cette ouverture à la Chine n'a pas eu l'effet miracle annoncé.

Dès décembre 2008, trois 'liens directs' ont permis aux hommes, aux marchandises et au courrier de circuler directement entre les deux pays sans devoir passer par une zone neutre intermédiaire, comme Hongkong, Macao ou le Japon.

Cette mesure a facilité les échanges et en a diminué le coût. Il n'y avait pas un seul vol direct, avant 2008, entre l'île et le continent. Il y en a désormais 558 par semaine, desservant quarante et une villes chinoises. La Chine absorbe à présent 40 % des exportations taïwanaises et reçoit 80 % des investissements taïwanais à l'étranger.

'Nos hommes d'affaires dépensent beaucoup d'argent pour construire un nouveau port, qui liera Taïwan à Fujian et Zhejiang. C'est notre argent et notre technologie qui servent à développer la Chine', commente le Pr. Jian-Jong guo, du Taiwan Thinktank favorable au PDP, indépendantiste. 'Nos entreprises qui partent en Chine pour y trouver de la main-d'oeuvre et des terrains bon marché importent des composants haut de gamme de Taïwan', affirme-t-on au ministère de l'économie.

Parmi les quinze plus importantes entreprises chinoises exportatrices, sept sont taïwanaises. On évalue à 2 millions le nombre de Taïwanais résidant en Chine, à 200 milliards de dollars leurs investissements sur le continent chinois et à 25 millions le nombre de Chinois employés par des entreprises taïwanaises en Chine.

Seize accords techniques bilatéraux ont été passés entre les deux rives du détroit. La pièce maîtresse du mandat du Kouomintang 2008-2012 fut l'ECFA, un accord-cadre de libre-échange avec la Chine, signé en juin 2010.

La première étape, intitulée 'Moisson précoce', couvre 16 % du commerce bilatéral. La façon dont se fait la sélection des produits exemptés de taxe d'importation en Chine n'a échappé à personne : Chine et Kouomintang ont visé quelques bastions ruraux des indépendantistes taïwanais, espérant ainsi les séduire.

Les pêcheurs de poisson lait, très prisé des palais chinois, ont vu des commandes mirobolantes arriver. Et quand, il y a quelques mois, le sud de Taïwan a connu une surproduction de bananes et d'ananas, la Chine les a rachetés.

'Les producteurs de thé de Nantou (centre) et une vendeuse d'oeufs de cent ans à qui j'ai moi-même parlé vous diront que cet accord leur a été très bénéfique ', a déclaré Ma Ying-jeou à la presse étrangère, jeudi 12 janvier à Taipei.

Mais, selon la chercheuse en économie Andrea Yang, 'une étude a montré que les Taïwanais ne confondaient pas affaires et politique.' Depuis l'entrée en vigueur de l'ECFA, au 1er janvier 2011, les échanges avec la Chine n'ont crû que de 2 %. Sur la même période, ils ont augmenté de 3 % avec les pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean).

Les grands patrons taïwanais de Chine ont fait allégeance à Ma Ying-jeou. Alors que l'opposition indépendantiste a fait campagne sur l'égalité et la justice, et que près de 40 % de la population active gagne moins de 1 000 dollars par mois, ce soutien a plutôt eu un effet négatif sur les Taïwanais 'd'en bas', qui aspirent à une économie recentrée sur Taïwan.
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