« LA PROMESSE DE SHANGHAI », de Stéphane Fière

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« LA PROMESSE DE SHANGHAI », de Stéphane Fière

Messagepar mandarine » 06 Oct 2014, 11:53

Je retrouve enfin le titre de ce livre dont le souvenir ne m'a jamais quittée.
Je l'ai lu à la bibliothèque de l'Alliance Française de Shanghai ,où il doit encore s'y trouver bien sûr.
Histoire poignante de réalité d'autant plus que j'avais encore en mémoire le Mingong accroupi sur le trottoir d'une rue déserte de Shgh , dans un quartier en pleine reconstruction.Il semblait si accablé et triste que j'ai hésité à l'aborder et lui parler même en français et lui donner une somme d'argent s'il l'avait acceptée.Il était jeune.
Et lorsque j'ai lu ce livre , je m'en suis voulue de ne l'avoir pas fait .

Prix du livre : 9,70 e ; pas cher à mon avis .



http://www.linternaute.com/sortir/auteu ... tion.shtml
http://www.lepetitjournal.com/shanghai/ ... -meilleure


« LA PROMESSE DE SHANGHAI », de Stéphane Fière – La promesse d'une vie meilleure


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Poussés par la misère à quitter leur campagne natale et rejoindre Shanghai pour tenter d'y survivre, un jeune paysan et son père viennent comme des millions de « Mingongs », paysans déracinés, travailler sur des chantiers shanghaiens pour de riches entrepreneurs chinois qui suivent à la lettre le slogan de Deng Xiaoping « enrichissez-vous ». Une phrase bien belle dans une Chine « Post Mao » mais qui si elle n'est pas expliquée ni cadrée, tourne très vite à la domination de certains êtres humains sur d'autres.

Quand j'ai acheté « la promesse de Shanghai » la première chose qui m'est venue à l'esprit est « Comment un Français même si il a vécu en Chine pendant des années peut-il imaginer se mettre dans la peau d'un Mingong ? ». Je me trompais... Car très vite on s'aperçoit que l'auteur arrive de façon remarquable à retranscrire le quotidien de ces travailleurs, et grâce à une connaissance pointue de la société chinoise nous montrer à quel point ces hommes sont complètements broyés par le développement économique. L'histoire retrace la construction du quartier de Xintiandi dans les années 90. Quand on fréquente un peu ce quartier aujourd'hui et que l'on côtoie les gardiens d'immeubles, les coiffeuses du soir, les ayis (femmes de ménage)… Souvent des déracinés venus de leur campagne, on a du mal à s'imaginer ce qu'ils ont vécu. Grâce au livre, on arrive à toucher de près ou de loin leur ressenti.

Qui sont ces Mingongs ?

Ce sont des paysans déracinés, venus de la campagne et qui forment depuis le milieu des années 90 une population flottante, employée en masse sur les grands chantiers de construction des grandes villes en développement. Le destin de ces personnes est particulier car il met parfaitement en image la citation de Plaute qui dit « l'homme est un loup pour homme » il n'y a pas meilleure illustration de cette citation que le roman de Stephane Fière. Les Mingongs sont exploités, marginalisés et humiliés au quotidien. Ils vivent dans des abris de fortune, travaillent durement 7 jours sur 7 sans jamais avoir de jour férié, gagnent juste de quoi se nourrir . Victimes d’une absence de reconnaissance totale (ils n’ont pas droit au fameux « hukou » qui leur donnerait accès à l’école ou à l’hôpital public) ils deviennent des « immigrés » à l’intérieur même de leur pays d'origine. Leur condition est déplorable et très rares sont ceux qui pourront s'en sortir. Malgré toute cette misère, leur qualité de vie est bien meilleure que dans leur campagne natale, on n'ose même pas imaginer leurs vies là-bas. A Shanghai, le narrateur utilise le système D pour s'en sortir et n'hésite pas à arrondir ses fins de mois par tous les moyens, en commettant de petits larcins sans aucune morale. Le livre nous montre néanmoins une grande solidarité entre les Mingongs : quand un ami est dans l'ennui, tous se serrent les coudes pour lui venir en aide. Et ça marche ! Notre jeune migrant finit par acquérir un vrai appartement, s'amuse, sort au restaurant sans arrêt avec ses amis et rencontre une jeune fille. Cette vie aurait été complètement impossible s'il était resté à la campagne travailler aux champs, on comprend donc pourquoi il reste à Shanghai. Le livre nous fait aussi découvrir la perception qu'ont les Mingongs de nous « les amis étrangers », c'est le surnom qu'ils nous donnent ! Cette histoire nous incite à mieux découvrir les habitants de notre ville, car finalement, certains sont déracinés autant que nous, mais certes pas du tout dans les mêmes conditions…



Un Point de vue occidental

Ce qui me paraissait au départ comme prétentieux de la part de l'auteur devient au fur et à mesure un avantage pour le déroulé de l’histoire. Le fait que l'auteur soit un Français vivant en Chine depuis une vingtaine d'années, celui-ci porte forcément un regard d'occidental, plein de distance sur ce phénomène qui nous paraît complètement aberrant et scandaleux. Il apporte une vision extérieure sur un sujet de société propre à la Chine contemporaine, tout en respectant la culture de ce pays et sans jamais tomber dans le misérabilisme. Il n'incite pas le lecteur à avoir tel ou tel avis sur le sujet, il le laisse se faire sa propre idée en lui donnant des informations concrètes sur la destinée de ces personnes. L'écriture simple et parfois humoristique de Stéphane Fière font de La promesse de Shanghai une lecture agréable. Seul point négatif, le texte comporte des longueurs, par exemple tous les détails des repas entre les protagonistes ce qui rend parfois la narration un peu lourde.

Axel Amouyal (http://www.lepetitjournal.com/Shanghai) Mercredi 23 octobre 2013
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
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