Vous y lirez, sous forme romanesque, le récit des événements que racontent Jung Chang et Jon Halliday dans Mao, l'histoire inconnue, l'irrésistible ascension de Mao Zedong à la tête de la Chine, depuis son séjour au Pays des brigands. C'est sans doute cet épisode peu connu de l'histoire, autant que les goûts littéraires du "brigand" Mao, grand admirateur d'Au Bord de l'eau, qui a donné à l'auteur l'idée de s'inspirer de ce classique de la littérature chinoise. Je vous en dirai plus quand j'aurai lu le roman.
Vous trouverez, sur le site de Gallimard, non seulement une présentation rapide du roman mais encore un extrait lu par un sociétaire de la Comédie française.
Vous pouvez également lire deux chapitres du livre en pdf sur edenlivres,
dans sa présentation, l'éditeur a écrit: Dans leur jeunesse, caracolant par monts et par vaux, Mao Zedong et ses généraux s'étaient nourris du roman Au bord de l'eau, l'épopée des Cent Huit Brigands Justiciers. Bien d'autres ressources leur furent nécessaires pour échapper à Chiang Kai-shek et à ses conseillers de la Wehrmacht, aux Nippons déchaînés, aux canonnières anglaises du Yangtsé, aux policiers de la Concession française de Shanghai. Chaussés de semelles de paille, mâchonnant du gingembre et des piments, les hors-la-loi sillonnaient le pays et ralliaient à eux les Chinois miséreux. Ils parvinrent au pouvoir, et alors ce fut une autre histoire. Les alliances se défirent, les intrigues se nouèrent. L'un après l'autre, les compagnons de la grande aventure passèrent à la trappe...
Evene a écrit: Ce livre raconte les aventures, dans la première moitié du XXe siècle, de la cohorte des Bandits Justiciers, autrement appelés Redresseurs de Torts ou Brigands Rouges : ainsi nomme-t-on l' Armée des communistes chinois qui triomphera en 1949, après de longs et coûteux combats. Leur chef est un fils de paysans du Hunan, destiné à régner sans partage sur le Parti puis sur la Chine. Quand le récit commence, le pays est déchiré par la guerre civile.
Les puissances étrangères – France, Angleterre ..., mais surtout l'envahisseur japonais – se disputent les dépouilles de l'Empire, tandis que le Kuomintang de Tchang Kaï-Chek tente de prendre le pouvoir, luttant à la fois contre les étrangers et contre ses rivaux communistes. Mao s'impose d'abord dans un petit fief reculé des montagnes. Il construit patiemment l'Armée Rouge avec quelques comparses et, tout en combattant les Japonais, parvient à repousser quatre campagnes successives de Tchang Kaï-Chek.
La cinquième campagne sera terrible : le Kuomintang engage un million d'hommes, et l'Armée Rouge doit fuir, harcelée par les nationalistes et par les habitants des régions traversées, minée par des rivalités intérieures. La Longue Marche, d'octobre 1934 à octobre 1935, voit le corps d'armée dirigé par Mao perdre près de cent mille hommes sur cent trente, avant de trouver refuge dans une zone communiste stable.
Ce désastre sera plus tard transformé par le Président-poète en triomphe légendaire. Mao, qui a appris des Soviétiques la pratique des purges, assoit son emprise sur le Parti. En 1949, il proclame l'avènement de la République populaire de Chine. Viendront ensuite les épisodes terribles des Cent Fleurs, du Grand Bond en avant et de la Révolution Culturelle... Cette épopée cruelle et picaresque nous est racontée sous la forme d' un récit d'aventures à la façon de Au bord de l'eau.
Les personnages ont nom Tête-de-Fouine, Petit-Chien dit Rouge-Vertu, Liu-Gros-Nez, le Mandarin-Versatile, le Dragon- Borgne, l'Ours-Téméraire ou Deuxième-Couteau. Le ton, plein d'ironie narquoise, n'est pas celui du récit historique, bien que l'auteur s'appuie sur une documentation extraordinairement précise, jusque dans le moindre détail de la vie quotidienne de ces combattants légendaires : il n'y manque pas une sandale à semelle de paille ni une écuelle de porc au piment.
Le récit est à la fois pétillant d'humour et nourri d'une quantité d'anecdotes souvent affreuses ('La Révolution n'est pas un dîner de gala', faisait observer le grand Timonier). Philippe Videlier confirme, avec ce livre, l'invention d'un genre : le conte historique, genre qu'il avait déjà expérimenté dans ses ouvrages précédents. Le résultat est saisissant d' intelligence, et l'humour grinçant qui baigne le texte replace l'atrocité des faits dans le grand manège de l'histoire des hommes, avec sa musique lancinante.