Mo Yan prix Nobel de littérature 2012

Publiez ici vos impressions de lecture concernant les romans (ou les bandes dessinées)

Les dissidents chinois n'aiment pas Mo Yan

Messagepar mandarine » 13 Oct 2012, 08:25

:livres: La polémique enfle de jour en jour.

De Ai Weiwei à Wei Jingsheng, plusieurs ennemis du pouvoir dénoncent le Nobel accordé à l'écrivain, qui de son côté demande la libération de Liu Xiaobo. Les choses ne sont décidément pas simples.


http://bibliobs.nouvelobs.com/actualite ... o-yan.html
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
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l'oeuvre de Mo Yan et le champ littéraire chinois

Messagepar laoshi » 14 Oct 2012, 08:13

Le Monde vient de consacrer un article de fond à la situation de Mo Yan dans le champ littéraire chinois : Mo Yan et la dure loi du Nobel

Libération propose une analyse intéressante de l'oeuvre de Mo Yan ; quant à RFI, après les critiques des dissidents, il donne la parole à la défense.

N'ayant lu que Beaux seins, belles fesses, je me contente de vous renvoyer à ces trois articles fort intéressants.
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Re: Mo Yan interviewé en 2009 sur "La dure loi du karma"

Messagepar Faustula » 14 Oct 2012, 09:43

Le prix Nobel de littérature 2012 accordait en 2009 au Nouvel Observateur un entretien intitulé Mo Yan : Mao, Bouddha et moi
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Un hommage de Mo Yan à Gao Xingjian

Messagepar Faustula » 14 Oct 2012, 10:41

Alors que les critiques littéraires chinois fustigeaient Gao Xingjian, prix Nobel de littérature 2000 et lui reprochaient ses accointances avec la littérature occidentale dans un réflexe nationaliste, Mo Yan prenait vigoureusement sa défense :

Mo Yan, dans un entretien à BlioObs, a écrit:
Gao est un Prométhée qui a volé le feu et qui nous l’a apporté
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Mo Yan sur France Culture

Messagepar laoshi » 18 Oct 2012, 13:22

France Culture a consacré la deuxième partie de son émission La Grande Table d'aujourd'hui à l'oeuvre de Mo Yan. L'émission dure 34 minutes. Un professeur chinois, spécialiste de l'oeuvre, le traducteur de plusieurs romans dont Beaux Seins, belles fesses, débattent du sens et de la portée de ce prix Nobel. Emission passionnante. Ecouter le professeur chinois, qui a une maîtrise époustouflante du français, est un vrai bonheur !

Vous pouvez télécharger le fichier son ici.
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Mo Yan un prix Nobel en débat

Messagepar laoshi » 19 Nov 2012, 11:22

Global Voices, un site qui regroupe les commentaires des internautes chinois sur divers sujets brûlants, vient de publier un florilège des opinions que suscitent l'oeuvre et l'attitude de Mo Yan.
C'est un vrai débat, riche de contradictions, je vous y renvoie Chine : Un débat d'intellectuels sur Politique et Nobel de Littérature.

Je viens de "diviser" le sujet pour mettre un peu d'ordre dans cette rubrique où j'avais eu le tort de mélanger la question du prix Nobel et les romans de Mo Yan. Vous pourrez désormais trouver ceux-ci à part, ce sera plus pratique et plus clair pour tous (bon, le compteur des lectures est remis à zéro mais ce n'est pas grave, ces messages ont été lus une bonne centaine de fois avant le déplacement).

Beaux seins, belles fesses

La Dure Loi du Karma
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la lauréate 2009 accuse...

Messagepar laoshi » 24 Nov 2012, 18:48

Herta Müller, qui a elle-même goûté aux joies du communisme roumain (vous vous souvenez tous, j'imagine, du délicieux couple Nicolae et Helena Ceausescu ?), ne décolère pas. Elle conteste vigoureusement l'attribution du Nobel à un homme qui appartient à la hiérarchie du Parti et qui n'a pas remué le petit doigt pour Liu Xiaobo.

Culture Box (avec AFP) a écrit:
Le Nobel de littérature pour Mo Yan : la lauréate 2009 accuse

Partager sur Tumblr Herta Müller, ancienne lauréate du prix Nobel de littérature, estime que le choix de donner cette année le prix au Chinois Mo Yan est une "catastrophe", et accuse l'écrivain de "célébrer la censure", a rapporté un quotidien suédois samedi.Herta Müller, récipiendaire en 2009, a raconté au "Dagens Nyheter" qu'elle n'était pas loin de pleurer en apprenant qu'on avait décerné à Mo Yan la prestigieuse récompense, à la mi-octobre. "Les Chinois eux-mêmes ont dit que Mo Yan était un responsable du même échelon qu'un ministre", a affirmé l'écrivaine allemande d'origine roumaine.

Selon elle, cette année, le lauréat chinois a copié à la main un discours du fondateur du régime communiste Mao Tsé-toung pour un livre d'hommage. "Il célèbre la censure. C'est très perturbant", a-t-elle déclaré.

Une "gifle" pour ceux qui travaillent pour les droits de l'homme
Hertha Müller, 59 ans, a ajouté que donner le prix au vice-président de l'Association des écrivains de Chine, soutenue par le gouvernement, alors que le prix Nobel de la paix Liu Xiaobo demeurait en prison, était "une gifle au visage de ceux qui travaillent pour la démocratie et les droits de l'homme".

Herta Müller a été persécutée par la police secrète de la Roumanie communiste pour avoir refusé de devenir une informatrice, et son oeuvre y a étécensurée. Elle s'est exilée en Allemagne en 1987.

Je pense, en effet, et je l'ai déjà dit, que ce prix était inopportun dans la mesure où l'on sentait là une capitulation du jury du Nobel (même si ce n'est pas le même prix ni même le même pays qui le décerne) mais je crois qu'il ne faut pas faire l'impasse sur l'oeuvre pour autant. Personnellement, je pense que l'oeuvre vaut peut-être plus que l'homme et qu'il faut la lire pour juger. C'est ce que j'ai fait avec Beaux Seins, Belles fesses, que j'ai lu avant l'attribution du Nobel, et surtout avec La Dure Loi du Karma que j'essaie de comprendre et de commenter.
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entre les racines et le cyber-espace

Messagepar laoshi » 03 Déc 2012, 12:08

Mo Yan réfléchit sur l'avenir de la littérature chinoise dans une interview publiée dans Courrier International. Pour lui, elle doit s'alimenter simultanément dans "les racines" du romancier et dans le grand bazar du net où l'inventivité langagière et thématique est foisonnante.
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Re: Mo Yan prix Nobel de littérature 2012

Messagepar mandarine » 03 Déc 2012, 12:51

Je suis désolée , je n'ai pas pu ouvrir l'article...
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
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Re: Mo Yan prix Nobel de littérature 2012

Messagepar laoshi » 03 Déc 2012, 14:23

Etonnant, je viens de vérifier le lien, il fonctionne... Quoi qu'il en soit, voilà l'article en clair :

Courrier International, rapportant les propos de Huanqiu Renwu, recueillis par Dong Yang et Zhang Xiaobo, a écrit:
Mo Yan : la "cyberlittérature", c’est l’avenir

Puiser dans ses racines et lire ce qui se publie sur le web : telles sont les sources de l’innovation aujourd’hui selon Mo Yan. L’écrivain, qui vient de remporter le prix Nobel de littérature, évoque sa vision de la littérature chinoise pour un magazine de Pékin.

Huanqiu Renwu : Que pensez-vous de l'évolution de la littérature contemporaine chinoise, depuis la phase d'engouement pour l'écriture expérimentale de certains auteurs des années 1980?

Mo Yan : Ce phénomène était sans doute lié aux vingt années précédentes, pendant lesquelles la Chine était repliée sur elle-même. Des années 1960 aux années 1980, la littérature chinoise n'avait pour modèle que le réalisme révolutionnaire, trop fortement influencé par la notion de luttes des classes. L'on déifiait son propre clan et l'on niait que l'ennemi soit un être humain. Au début des années 1980, on a brusquement pu lire les œuvres littéraires occidentales. Débarrassés de nos œillères, nous avons enfin réalisé que la littérature n'était pas ce dont on faisait l’éloge, et cette prise de conscience a impulsé un très grand dynamisme.

Cela a conduit à des percées majeures, avec l'apparition, dans les années 1980, de la littérature dite d’avant-garde. De nouvelles pistes ont été explorées. A la fois sur le plan du contenu, où se sont ouvertes des portes interdites (on a abordé des sujets comme les relations amoureuses, les tensions au sein des troupes révolutionnaires, et osé dépeindre les bons côtés des "méchants"), mais aussi sur le plan de la forme : on s'est inspiré des formes d'écriture de la littérature occidentale pour renouveler les techniques romanesques traditionnelles chinoises. Malgré leurs lacunes, ces expérimentations étaient vraiment nécessaires. Sans cette phase d'imitation de la littérature occidentale, nous n'aurions pas pris conscience de la nécessité de chercher les racines de notre propre culture et de créer une littérature qui nous soit propre.

HR : Où résident désormais les possibilités d'innovation pour la littérature chinoise ?

MY : Une œuvre littéraire est toujours nouvelle pour son auteur, alors qu'aux yeux d'autrui elle peut paraître déjà vue. Un écrivain doit se demander si ce qu'il écrit est nouveau pour lui. En revanche, il n'a pas besoin de savoir si d'autres personnes ont déjà abordé le même sujet.

La création est inséparable de la tradition et elle doit se nourrir en s'ouvrant sur l'extérieur. Ce n'est qu'en connaissant bien ce que nous ont laissé nos ancêtres et en sachant sur quoi et comment les écrivains étrangers écrivent aujourd'hui qu'il est possible de se montrer innovant. Par ailleurs, je considère que la création doit avoir l'audace de puiser son inspiration dans des formes d'art autres que le roman. Ainsi, les écrivains traditionnels doivent faire preuve d'un peu de modestie en consentant à se mettre à l'école des "cyberécrivains" ou des jeunes auteurs. Parler de création est vain si l'on ne comprend pas ce qu'écrit la jeunesse. Bien sûr, il faut s'imprégner au maximum de formes artistiques différentes, comme le théâtre moderne ou l'opéra traditionnel chinois.

HR : Que pensez-vous de la littérature numérique actuelle?

MY : Je n'ai pas lu beaucoup de "cyberlittérature", mais je sais qu'elle est en plein essor. Je suis allé une fois sur un site de romans et j'ai constaté que de nombreux cyberécrivains maniaient les mots avec une grande ingéniosité. Dans mon cercle de relations, je n'entends jamais prononcer certaines expressions en vogue chez les jeunes et qui sont très vivantes, même si, bien sûr, il y en a qui restent très mystérieuses… Lire ce genre de littérature numérique peut m'aider à conserver des liens étroits avec la vie actuelle et, grâce à la lecture de ces œuvres, j'ai accès à un environnement qui ne m'est pas familier. Par exemple, les livres à suspense ou les thrillers que beaucoup de gens publient en ligne témoignent d'une imagination très poussée.

La littérature numérique actuelle fait penser au commerce électronique d'il y a quelques années : c'est une tendance irrésistible. A l'avenir, le temps consacré à la lecture sera peu à peu englouti par le temps passé à surfer sur le Net et, quand les gens liront des livres, ce sera surtout sur leur ordinateur, leur téléphone portable ou leur liseuse. La lecture sur support papier va être reléguée dans un tout petit coin, sans pour autant disparaître, car une partie des lecteurs préférera toujours lire de cette façon.

HR : Que pensez-vous des écrits de la génération née dans les années 1980 ? Leurs expériences de vie peuvent paraître assez limitées.

MY : Cela restreint bien sûr leur inspiration. Bien souvent, quand un écrivain commence à écrire, il part de ce qu'il connaît bien : sa propre vie. Il décrit son environnement familier, les gens de son entourage et parle de lui-même. Mais parler de soi, de son école, peut permettre d'écrire deux livres tout au plus ! Après, le filon est épuisé : vous ne pouvez pas toujours écrire sur vos années lycéennes… !

Pour avoir davantage d'idées, il n'y a pas d'autre solution que de lire et d'engranger du vécu. Grâce à la lecture, on peut compenser la pauvreté des expériences vécues : la lecture d'ouvrages historiques permet d'anticiper sa propre vie, tandis que la lecture de romans de science-fiction l'ouvre sur l'extérieur. Tous les romans historiques que nous lisons reflètent une certaine perception de leur époque. Si les romans historiques écrits par les écrivains nés dans les années 1980 sont si différents de ceux des auteurs nés dans les années 1950, c'est parce que cette perception n'est pas la même.
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