pour apprendre à lire avec la clef de la femme

trois images de la mère

Messagepar laoshi » 15 Avr 2013, 08:52

Les trois caractères du jour sont des termes de parenté associés à l'image de la mère à tous les âges de sa vie et à la lignée maternelle :

姆 奶 姥

[mǔ] "nourrice", "appellation de la femme d'un frère aîné du mari", "femelle" ; [nǎi] "lait", "allaiter", "bébé", sous forme redoublée "grand-mère paternelle" ; [lǎo], sous forme redoublée "grand-mère maternelle"

est formé de la juxtaposition de la clef de la femme (), à gauche, et de l'élément [mǔ], à droite. Ce composant a une double fonction, phonétique et sémantique, puisqu'il se prononce exactement comme le caratère et que, venant d'un pictogramme représentant les deux seins avec leurs aéroles dont sourdent une goutte de lait, il signifie étymologiquement "mère nourricière".

[nǎi] est formé de la juxtaposition de la clef de la femme (), à gauche, et de l'élément [nǎi], à droite. Ce composant - qui signifie aujourd'hui "n'être autre que" "finalement", "cependant", "autrefois" -, a lui aussi une double fonction, phonétique et sémantique, puisqu'il est un parfait homophone du caratère et que, venant d'un pictogramme représentant une femme à gros ventre, il signifie étymologiquement "femme enceinte".

[lǎo] est formé de la juxtaposition de la clef de la femme (), à gauche, et de l'élément [lǎo], à droite. Là encore, nous sommes donc en présence d'un idéophonogramme puisque [lǎo] représente un vieillard appuyé sur une cane . Une connotation péjorative et misogyne peut s'attacher à ce caractère qui peut aussi signifier "fadaise ! quelle bêtise !" : on ne se refait pas ! Prononcé [mù], le même caracère signifie, "matrone", "mère" ou "belle-mère".
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les filles de la deuxième génération

Messagepar laoshi » 20 Mai 2013, 09:43

Voyons maintenant quelles sont les femmes de la famille de la deuxième la génération. Rien de très idéologique ici, c'est plutôt la phonétique qui mène le bal, avec quelque fantaisie néanmoins :

[jiě], "grande soeur", "demoiselle" est composé de la clef de la femme, en partie gauche, et de l'élément composant [qiě] qui joue ici un rôle phonétique : mais, comme souvent en chinois, l'homophonie est très approximative puisque, si le ton est respecté, la consonne n'est pas la même.

Il en va de même pour
[mèi], "petite soeur", puisque le phonogramme se prononce [wèi] et non [mèi]...

et pour
[sǎo] "belle-soeur", "femme d'un frère aîné", [sǒu] joue un rôle phonétique tout aussi approximatif puisque, cette fois, la voyelle n'est pas la même ; néanmoins quelque chose du sens de ce composant demeure puisque [sǒu] signifie "vieillard" et que la belle-soeur désignée ici est l'épouse du frère aîné.

Notons que
[jiě] peut aussi s'écrire (qui se prononce aussi [zǐ]) comme dans le titre du film de Wang Bing, [sān jiě mèi], Trois soeurs...
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A lire : L'image de la femme à travers les caractères chinoi

Messagepar laoshi » 08 Déc 2016, 17:27

Un participant du MOOC de l'Inalco vient de signaler l'existence d'un article passionnant de Barbara Niederer qui confirme pleinement les analyses que j'ai faites ci-dessus : L'image de la femme à travers les caractères chinois, Barbara Niederer, in Langage et société, Année 1990, Volume 53 Numéro 1 pp. 5-26
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