La Journée internationale des Droits de l'homme est proche et je voudrais d'abord exprimer ma gratitude pour tous ceux qui, dans le monde, ont montré qu'ils se sentaient concernés par la question de la liberté, des droits de l'homme, de l'Etat de droit, de la démocratie et de la justice sociale en Chine. Je vous remercie de la sollicitude que vous avez manifestée pour ma famille et pour moi-même. Si je me tiens ici aujourd'hui, devant la Tour de la Liberté, encore en construction, c'est que je suis dans un pays libre mais ma famille et des centaines de milliers de mes chers concitoyens sont encore sous la domination d'un régime autoritaire. Comme cette tour, leur liberté reste à construire, mais cela ne sera plus très long désormais. Nous devons joindre nos efforts pour les y aider.
Le monde connaît des bouleversements sans précédent : dans les six mois qui viennent de s'écouler et qui ont suivi le printemps arabe, la Birmanie a fait un grand pas vers la démocratie lorsque son leader, Thein Sein, a ordonné la mise en liberté de 518 détenus politiques ; Cuba a fini par assouplir les restrictions qu'il imposait à ses citoyens souhaitant se rendre à l'étranger ; malheureusement, dans les faits, la situation des droits de l'homme en Chine s'est aggravée. Cela devrait attirer l'attention du monde et, en particulier, des Etats Unis qui, en tant que phare de la liberté, se doivent de jouer un rôle d'avant-garde ; les nations du monde entier devraient recentrer leurs préoccupations de leurs intérêts commerciaux vers les droits de l'homme.
Le gouvernement chinois m'avait promis, avait promis à l'Amérique et au monde entier "de diligenter une enquête approfondie sur ceux qui persécutent ma famille au Shandong depuis des années et de rendre public leur verdict." Mais il a trahi sa parole. Parce que j'ai quitté mon pays, les autorités gouvernementales ont entrepris de se venger sur mon neveu Chen Kegui et sur d'autres. Chen Kegui a tenté de défendre notre famille mais il a été arrêté et est toujours incarcéré aujourd'hui tandis que les cadres corrompus qui ont ordonné son arrestation ont obtenu une promotion.
A ce jour, on ne constate aucune velléité de changement, aucune volonté de faire ce qui est juste chez les dirigeants communistes. Ils lancent un défi à l'humanité, à la justice et à notre conscience. A maintes reprises, dans des périodes "sensibles", à Pékin et d'autres villes de premier plan, ils ont fait enlever des dissidents, pour éviter qu'ils n'organisent des manifestations et cette pratique s'étend désormais aux cités de troisième ordre. Tsering Woeser et Liu Feiyue ont été enlevés, ainsi que Li Guohui dans la province du Shandong.
Dans une société qui ne respecte pas l'Etat de droit, les citoyens n'ont aucun sentiment de sécurité. Li Wangyang, dont ils prétendent qu'il s'est suicidé et qui venait d'affirmer qu'il ne suiciderait pas, a été assassiné : en fait, en Chine, personne n'est en sécurité : Liu Xia, Hu Jia, Wang Lihong, Jiang Tianyong, Xu Zhiyong, Zhen Enchong, Feng Zhenghu, Liu Ping, Sun Wenguang, tous ces gens et bien d'autres, sous couvert des règles de droit, ont été persécutés et détenus illégalement trop longtemps. Hada, Song Ze, le fils de Ge Zihui, âgé de huit ans et toute sa famille ont disparu sans laisser aucune trace. Les cadres communistes, à tous les niveaux, continuent à bafouer l'Etat de droit et l'humanité. Quel paragraphe de la constitution a donné un tel pouvoir au parti communiste ? Comment pouvez-vous diriger le pays avec justice alors que vous êtes aussi corrompus ?
Cher M. Xi Jinping, la nation tout entière vous regarde. Soit vous entendrez l'appel du Ciel et du peuple pour mener à bien les réformes qui s'imposent soit vous usurperez le pouvoir au profit du PCC. Ce qui est en jeu, c'est de savoir si la Chine connaîtra une transition pacifique ou une transition violente vers la démocratie ; il ne faut pas envoyer les mauvais signaux aux cadres du Parti, leur donner l'impression qu'ils peuvent continuer à agir comme ils l'ont toujours fait sans aucune restriction ; leur donner le message subséquent que quiconque leur demande de respecter leurs propres lois sera traité comme un ennemi de l'Etat. Aung San Suu Kyi est libre, désormais ; quand Liu Xia, Hu Jia, Wang Lihong, Jiang Tianyong et tous ceux que j'ai mentionnés plus haut auront-ils droit eux aussi à la liberté ? Thein Sein a libéré ses prisonniers politiques mais qu'en est-il de Gao Zhisheng, Liu Xiaobo, Guo Quan, Yang Xingshui, Ni Yulan, du Ouigour Christian Alimujiang, et de Qi Chonghuai ? Quand ces prisonniers d'opinion seront-ils libérés ? L'ouverture d'esprit de Thein Sein lui a valu le soutien du peuple birman et la reconnaissance internationale ; si Thein Sein a pu le faire et si Xi Jinping, lui, ne le fait pas, à l'évidence, ce ne sera pas parce qu'il ne le peut pas mais parce qu'il ne l'aura pas voulu et cela en dira long sur ce qu'il est, non seulement en tant que dirigeant mais encore en tant que personne. Et si c'est le cas, comment pourrait-on attendre de lui qu'il rende le pouvoir au peuple, qu'il mène à bien les réformes et qu'il maintienne la justice sociale ? De nos jours, ceux qui défendent leurs droits, sont enlevés et illégalement détenus.
Des gens comme Mao Hengfeng, Wang Kouma, Shen Peilan et Jin Yuehua sont envoyés dans des camps de travail ou des centres de détention, la violence pour maintenir "la politique de l'enfant unique" de la Chine continue de se manifester à grande échelle ; c'est un péché, parce que la vie est sacrée ; le nombre des auto-immolations par le feu au Tibet augmente de jour en jour et dépasse aujourd'hui les 80 morts. La persécution des adeptes du Falun Gong et des églises clandestines continue sous couvert de "maintien de l'ordre" tandis que la terreur rouge s'étend à toute la nation ; les "prisons noires" (geôles clandestines) sont légion, dans le pays tout entier…
L'autorité a montré son vrai visage et son entêtement en déclarant : "Je dois me maintenir au-dessus de la constitution et de la loi, que pourrais-tu contre moi, je suis au pouvoir !" Comment la communauté internationale peut-elle rester aveugle aux crimes commis par le PCC pour se maintenir au pouvoir ? Comment les dirigeants du monde libre peuvent-ils garder le silence en voyant couler le sang et les larmes de leurs frères humains et en voyant les Tibétains s'immoler par le feu ? Comment les dirigeants mondiaux peuvent-ils rester indifférents ?
Citoyens du monde, faites entendre votre voix pour défendre la justice. Et nous, peuple de Chine, nous pouvons et nous devons nous rassembler pour agir pour nos droits ; nous devons avoir confiance dans nos propres forces pour établir et conserver un système social juste et équitable. Nous n'avons pas à attendre d'un quelconque empereur bienveillant qu'il nous octroie nos droits ou de quelques dirigeants suprêmes qu'ils les défendent pour nous. Dieu vient en aide à ceux qui s'aident eux-mêmes ; c'est nous qui avons en mains notre propre destin !
Je voudrais en appeler à nos frères et nos sœurs du Tibet : s'il vous plaît, chérissez la vie, et ne choisissez pas la voie de l'immolation ; notre lutte ne durera pas éternellement et je sais que la solution viendra. Trouvons-la ensemble, voulez-vous ?
La Journée internationale des Droits de l'homme nous appartient à tous et à chacun sur cette planète. Chacun et chacune de nous a des droits et ces droits doivent être respectés. C'est en tant qu'hommes que nous devons agir...
Stéphane Lagarde, pour RFI, a écrit:
Hu Jia: «Pour tous les agents qui sont autour de mon appartement, c'est aussi très ennuyeux»
Le célèbre dissident chinois Hu Jia est privé de sortie pour la Journée des droits de l’homme. Depuis jeudi soir, 6 décembre, et jusqu’à demain mardi, Hu Jia est de nouveau assigné à résidence. « Il y a deux voitures en bas de chez moi, avec le moteur allumé pour que les agents n’aient pas trop froid », a-t-il confié ce lundi 10 décembre à RFI. Défenseur des victimes du sang contaminé et de l’environnement, Hu Jia a été emprisonné de décembre 2007 au 26 juin 2011. Depuis le 26 juin 2012, il a retrouvé ses droits civiques, mais sa liberté d’expression est restée soumise à conditions. Voici une interview que nous avons réalisée début septembre 2012.
Vous portez souvent les visages médiatiques de la dissidence chinoise sur vos tee-shirts. On voit régulièrement Chen Guangcheng ou Liu Xiaobo notamment, aujourd’hui c’est Tiananmen.
Oui, c’est Wang Weilin, l’homme qui a osé faire front aux chars le 4 juin 1989. En tant que simple citoyen, il a réussi à empêcher les machines de guerre de la dictature d’avancer, il a donc fait preuve d’un courage suprême. Ce courage a beaucoup influencé d’autres démocrates dans le monde et notamment en Europe. Le courage d'un Chinois a encouragé le changement dans les pays communistes en Europe. Je suis donc très fier de lui.
La Chine a beaucoup changé depuis la répression de Tiananmen.
Oui, sur certains aspects, mais pour ce qui est des libertés, moi je suis un prisonnier des Jeux olympiques par exemple. Les autorités m'ont envoyé en prison parce qu’elles souhaitaient « nettoyer » la capitale. En réalité, les menottes mises aux militants des libertés pendant les JO, c’est un peu la même chose que la répression du 4 juin. C’est juste moins violent mais les autorités poursuivent le même objectif : faire taire les voix dissonantes.
Quelles sont les conséquences de la résidence surveillée sur votre vie familiale ?
Evidemment, le plus dur, c’était la prison. J’ai passé 1 277 jours en prison. En détention, tu trouves que chaque jour est une éternité. Dès que j’ai été libéré, ma vie s’est nettement améliorée. Après, il y a la liberté surveillée. Pendant un an après ma libération, j’ai été suivi partout par la police. Et il y avait des gens chez moi pour bloquer les visiteurs. C'est évidemment difficile dans ce cas de mener une vie normale. Mais j’ai toujours pensé qu’il nous fallait normaliser cette situation qui est anormale. C'est juste une autre manière de vivre. Il y a une phrase dans La Peste de Camus, qui dit que finalement « la peste est aussi une vie ». Si on pense ainsi, notre capacité à s’adapter et à supporter les contraintes augmentent et on devient un adversaire de plus en plus fort face aux autorités. C’est vrai aussi que cela crée des tensions dans la vie de famille. Cela nous a servi de leçon, il faut essayer de garder la bonne distance et consacrer plus de temps à la famille. La famille, c'est la forteresse de la joie et de la liberté. Il faut accorder plus de sourire. Il faut aussi essayer de ne pas être trop stressé, pour se tenir éloigner de la peur et de la colère. Mener bien sa vie, c'est déjà une protestation.
Est-ce que vous avez appris à déjouer la surveillance de ceux qui vous surveillent ?
Depuis le 26 juin dernier, j’ai récupéré mes droits civiques et je ne suis surveillé que de manière temporaire. Avant c’était tout le temps. Cela a commencé en 2001 lorsque je suis intervenu sur le sida et les droits de l'homme. Avant je me consacrais uniquement à l'environnement. J’ai été détenu par la police dans le « Village du sida » au Henan pour la première fois en 2002. En 2004, je suis allé place Tiananmen et la police a élevé mon niveau de surveillance. J'ai depuis la capacité de reconnaître les gens qui me suivent. Il faut avoir de la chance pour s’en débarrasser, on peut difficilement le planifier. Dans le métro par exemple, il faut passer son sac au détecteur de métaux. Une fois il y avait du monde, et quand mon sac est sorti du détecteur je l’ai pris rapidement et j’ai couru sur le quai. Le métro est arrivé à ce moment là, je suis monté dedans et quand la porte s’est refermée, ils avaient quasiment le nez sur la vitre. Ils ont dû se faire rouspéter par leur chef. Parfois aussi, si vous sortez très vite du métro et qu’un taxi libre arrive, vous pouvez les semer.
Est-ce qu’à l’époque où vous étiez surveillé en permanence vous connaissiez vos gardiens ?
Oui et cela finit même par créer quelques affinités. Au début j’essayais toujours de me débarrasser de mes poursuivants en voiture, ou j’accélérais le pas quand j’étais à pied. Après j’ai réalisé que pour eux c’était juste une manière de gagner leur vie. Je sais aussi que s’ils me perdent ils se font engueuler. Quand c’est une femme par exemple, je ralentis le pas. Et quand je m'ennuie à la maison je décide d'aller à Ikea, ou d'aller voir un film, je me dis que ça leur fait aussi une sortie. Sinon tous ces gens qui surveillent devant mon appartement, s’ennuient aussi. Aujourd’hui les surveillances se sont largement espacées.
Racontez-nous ce qui s’est passé lors de l’évasion de l’avocat aveugle Chen Guangcheng au printemps dernier. Qui a eu l’idée de le conduire à l’ambassade des Etats-Unis ?
C'est Zeng Jinyan [Ndlr : son épouse] qui en a eu l'idée. Ce n’est ni moi, ni Guo Yushan [Ndlr : un activiste chrétien]. On a beaucoup discuté avec Guo Yushan et on s’est dit qu’on ne pouvait pas éternellement transférer Chen Guangcheng d’endroit en endroit. J'ai demandé à Yushan : « Est-ce que tu peux supporter le fait de te voir appliquer à nouveau ' le règlement 73 ' sur la détention au secret ? » Il m’a dit que si on était arrêtés, c’était aussi très risqué pour Chen Guangcheng. C’est à ce ce moment là que Zeng Jinyan nous a dit que le seul endroit sûr était l'ambassade des Etats-Unis. Guo Yushan a demandé à un ami de contacter les diplomates américains. Ils ont été d'accord pour l’accueillir, ils ont même envoyé une voiture pour venir le chercher. C'était très dangereux parce que le département de la sécurité nationale avait déjà retrouvé Chen Guangcheng. Il y a même eu une course poursuite sur la route qui mène à l’ambassade des Etats-Unis.
Chen Guangcheng a fini par quitter le pays pour les Etats-Unis. Qu’est-ce que vous en pensez ?
J’étais pour que Chen Guangcheng reste en Chine. Quand j'étais en prison, des agents de la sécurité nationale m'ont fait comprendre que certains pays pourraient m’accepter si je souhaitais quitter la Chine. Je leur ai répondu : je reste ici, car comme Aung San Suu Kyi l’a dit : « Notre existence est la meilleure des protestations ». J’avais confiance dans l'accord passé entre la Chine et les Etats-Unis. Je ne pensais qu’à une chose : comment allons-nous coopérer avec Chen Guangcheng ? Je lui ai alors conseillé de rester un petit peu dans l'ambassade des Etats-Unis et de faire savoir au gouvernement chinois que c'était une chance pour lui d'aller enquêter sur les crimes commis par le gouvernement local du Shandong [Ndlr : la province de l’avocat aveugle à l’est du pays], la persécution contre la famille de l’avocat aveugle et les avortements forcés. C'était une manière de redorer l'image du gouvernement chinois. Chen Guangcheng le pensait aussi.
Qu’est-ce qui l'a fait changer d’avis ?
C'est le ministère des Affaires étrangères qui l'a forcé à sortir de l'ambassade. Ils lui ont dit que sinon ils renverraient sa femme et ses enfants dans le Shandong. Et puis sa femme Yuan Weijing l'a appelé pour lui dire que des hommes l'attendaient à la maison avec des bâtons. Chen ne voulait pas laisser sa femme retourner en enfer. Quand il est arrivé à l'ambassade, les officiels des Etats-Unis se sont vite retirés. Il a un peu paniqué. Il est très courageux mais il a eu peur. La Chine et les Etats Unis avaient signé un vrai accord. C'est le gouvernement chinois qui a convoqué l'ambassadeur américain pour discuter de cet accord le 26 avril. Il voulait avoir un fardeau de moins et qu’il quitte la Chine. Et puis certains soutiens lui ont conseillé de partir. Pendant le jasmin [Ndlr : appels sur internet à des « manifestations du jasmin » en février et mars 2011 en Chine], une dizaine d’avocats et militants des droits de l’homme ont été arrêtés. Peu de temps après, le 3 avril, Ai Weiwei a également été arrêté. Ces gens là ont tous été persécutés et la peur du Parti communiste a été plantée dans leur cœur. Ces gens là ont disparu petit à petit du regard de l’opinion publique et d'internet. Ils étaient isolés. Ils se sont peu parlés et se sont peu rencontrés. Résultat : l’avocat Teng Biao a conseillé à Chen Guangcheng de sortir du pays. Et ce conseil est arrivé quand Chen Guangcheng était encore isolé à l'hôpital. Les amis étaient bloqués à l’entrée de l’hôpital. Il n’a pas pu envoyer de cadeau d'anniversaire à son fils. La pression n’arrêtait pas de monter. Et il savait que le gouvernement chinois n'a pas de limite, même diplomatiquement il est capable de duper les gens. Maintenant, Chen Guangcheng poursuit ses études aux Etats-Unis. Pour avoir son diplôme, cela prendra au moins deux ans. Après c'est sûr qu'il essayera de rentrer en Chine.
Quelles sont vos projets ?
Je suis allé en prison à cause de mes paroles, donc j'ai envie de faire plus de choses pour défendre la liberté d’expression. Je souhaite aussi multiplier les actions concrètes et me rendre où il y a des problèmes de droits de l’homme. Je pense au neveu de Chen Guangcheng, Chen Kaigui, et à Liu Xia, la femme de Liu Xiaobo [Ndlr : après cette interview, Hu Jia s’est rendu près de la résidence de l’épouse du Prix Nobel de la paix 2010. Il a lancé récemment un appel à se rendre sous les fenêtres de Liu Xia pour la soutenir]. Je veux aussi que l'adoption du pacte international relatif aux droits civils et politiques, signé par la Chine en 1998, soit respectée. Jusqu'à présent, les parlementaires ne l’ont toujours pas adopté. Mon ambition, c’est d’aider à ce que ce pacte soit validé lors de la réunion des deux assemblées parlementaires à Pékin.
On parle beaucoup d’internet. Est-ce que cela a une réelle influence sur les dirigeants chinois ?
Les nouvelles technologies nous ont beaucoup aidés, c’est vrai. D'abord, internet nous permet de communiquer et de partager les informations très vite. En plus maintenant avec les téléphones intelligents, on peut prendre des photos ou filmer facilement. Ces technologies nous aident à défendre nos droits. Après il y a toujours la censure. Mes comptes weibo [Ndlr : réseau de microblogging] ont tous été fermés. J'ai donc rouvert un compte qui s'appelle « Chonggui Shachang », « retour sur terrain de bataille ». Si j'utilise mon vrai nom, ce compte va être fermé très vite. J'utilise donc plus twitter [Ndlr : censuré en Chine].
Qu’est-ce qui vous fait tenir dans ce combat pour les libertés ?
Les autorités aimeraient créer une sorte de « syndrome de Stockholm » chez les gens. Pendant mon interrogatoire, il y avait toujours une personne très méchante qui hurlait et frappait sur la table, pendant qu’une autre me disait : « Laisse tomber, laisse tomber…» Il faut faire attention aux gentils dans ces cas-là. C’est le gentil le vrai responsable et le plus intelligent. Il te tend un piège pour gagner ta confiance et pour que tu lui avoues tout. Moi, je crois qu’il ne faut pas avoir peur de manière à se rendre utile le plus possible. En même temps, il n’y a plus grand-chose à craindre : toutes les personnes qui sont déjà allées en prison ne veulent pas y revenir. En même temps, tous ceux qui sont déjà entrés dans une prison savent ce que c’est et n’ont plus peur.
Oui et cela finit même par créer quelques affinités. Au début j’essayais toujours de me débarrasser de mes poursuivants en voiture, ou j’accélérais le pas quand j’étais à pied. Après j’ai réalisé que pour eux c’était juste une manière de gagner leur vie. Je sais aussi que s’ils me perdent ils se font engueuler. Quand c’est une femme par exemple, je ralentis le pas. Et quand je m'ennuie à la maison je décide d'aller à Ikea, ou d'aller voir un film, je me dis que ça leur fait aussi une sortie. Sinon tous ces gens qui surveillent devant mon appartement, s’ennuient aussi.
Les autorités aimeraient créer une sorte de « syndrome de Stockholm » chez les gens. Pendant mon interrogatoire, il y avait toujours une personne très méchante qui hurlait et frappait sur la table, pendant qu’une autre me disait : « Laisse tomber, laisse tomber…» Il faut faire attention aux gentils dans ces cas-là. C’est le gentil le vrai responsable et le plus intelligent. Il te tend un piège pour gagner ta confiance et pour que tu lui avoues tout.
Moi, je crois qu’il ne faut pas avoir peur de manière à se rendre utile le plus possible. En même temps, il n’y a plus grand-chose à craindre : toutes les personnes qui sont déjà allées en prison ne veulent pas y revenir. En même temps, tous ceux qui sont déjà entrés dans une prison savent ce que c’est et n’ont plus peur.
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