mémoires de femmes au laojiao

l'idée de ce forum m'a été inspirée par l'action d'Ai Weiwei concernant les disparus du Sichuan, je vous propose d'y donner le nom de chacun des dissidents emprisonnés, disparus ou libérés dont vous aurez des nouvelles

mémoires de femmes au laojiao

Messagepar laoshi » 11 Mai 2013, 12:49

Un portofolio du Monde sur les femmes du laojiao : 11 images à voir et à méditer, pour ne pas oublier...

Le Monde, citant les propos d'une détenue, a écrit:
"Je n'oublierai jamais cette douleur qui me lançait au cœur"

Liu Hua, Lu Xiujuan, Chen Shenqun et Li Ping ont été internées comme de nombreuses autres femmes dans le camp de rééducation de Mansanjia, dans le nord-est de la Chine. Il en existerait 350 dans le pays. Elles témoignent de leurs conditions de détention.

[légende des photos]

La détenue Liu Hua montre sa carte d'identification avec la mention "Camp de rééducation par le travail des femmes de Masanjia au Liaoning".
Morceaux de tissus sur lesquels elle consignait secrètement le récit des violences subies par elle et les autres détenues, et qu'elle dissimulait, roulés et cousus dans des ourlets de vêtements.
Deux stylos que Liu Hua cachait à ses gêoliers, tantôt dans ses vêtements, tantôt dans sa bouche
Lu Xiujuan, 47 ans, a été internée de 2003 à 2005, puis de 2008 à 2010.
Sur les uniformes d'hiver des détenues, des noms de marques sportives. Aucune ne sait s'il s'agit de vêtements issus de surplus ou d'inscriptions fantaisistes
Petite partie des factures médicales attestant des soins reçus – dont le paiement est à la charge des détenues – à la suite de coups et brimades infligées au camp par les geôliers.
Li Peng, 60 ans, a été détenue à Masanjia d'août 2008 à août 2009
Elle montre sa carte d'identification. Une nuit de mars 2009, elle a écrit en gros sur son uniforme : "Je veux la liberté. Je veux rentrer chez moi. Je veux que les droits de l'homme soient respectés"
Etiquette d'un vêtement fabriqué dans le camp et volée par Liu Xiujuan, sur laquelle est écrit qu'il est destiné au "régiment 5302 de la police armée du peuple de Pékin, fabriqué en 2010, pour une personne d'1 m 75".
Cheng Shenqun, 55 ans, a été emprisonnée d'octobre 2008 à avril 2010
Les anciennes détenues portent aujourd'hui sur elles le badge de Gongmin ("citoyen"), un groupement d'avocats chinois engagés dans la défense des droits de l'homme, et rencontrent des juristes, des universitaires chinois et étrangers ainsi que des diplomates.
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Re: mémoires de femmes au laojiao

Messagepar mandarine » 12 Mai 2013, 07:01

En complément de votre information Laoshi, voici un article du Monde.

Le" supplice chinois " existe encore bel et bien.

Le procès actuellement en cours en Allemagne (http://www.france24.com/fr/20130506-all ... s-racistes)
nous laisse espérer une réparation possible pour ces victimes dans l'avenir , mais l'heure de la repentance est encore loin d'avoir sonné en Chine.

Il est tout de même rassurant de voir que ces femmes courageuses parlent ,certainement au péril d'une autre incarcération, pour le moins;les médias sont parfois au service de l'humanitaire.


Chine : les suppliciées de Masanjia
LE MONDE | 11.05.2013 à 12h37

Par Brice Pedroletti

Chen Shenqun, 55 ans, détenue d'octobre 2008 à avril 2010 dans le camp de Masanjia.

Image

Gai Fengzhen est une grande femme de 56 ans au visage émacié. Elle a posé sa béquille dans un coin de la pièce et tendu ses mains en arrière sur les rebords de l'étagère pour mimer un pendu. "On est placé entre deux lits en fer superposés, les mains attachées aux barres. Le plus douloureux, c'est en diagonale, quand une main est tirée vers le haut, et l'autre vers le bas." Elle se penche pour en faire la démonstration. Son corps est vrillé. Sa voix grince. "Les chevilles et les pieds sont aussi attachés, on ne peut pas fléchir les jambes", souffle-t-elle. Le dagua ("le pendu") et ses quatre variantes, qui dilate les tendons et meurtrit les articulations sans laisser de traces apparentes, est l'une des punitions infligées aux détenues du camp de rééducation de Masanjia.

Gai Fengzhen y a été soumise pour la dernière fois de sa détention le 1er juillet 2009, pendant six heures d'affilée. Elle vomit du sang. Elle n'a été relâchée pour être envoyée au cachot que lorsque sa tortionnaire est partie s'occuper d'une autre détenue installée sur le "banc du tigre" – un siège formé de tubes d'acier où la personne est attachée dans une position que la force de gravité rend affreusement douloureuse. C'était le troisième et avant-dernier séjour de Gai Fengzhen à Masanjia, camp modèle de laojiao ("rééducation par le travail") de Shenyang, capitale de la province du Liaoning (nord-est de la Chine).

Ces supplices nous ont été décrits par Gai Fengzhen et une dizaine d'anciennes détenues ...


http://s2.lemde.fr/image/2013/05/10/534 ... 37ee5b.jpg
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
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Re: mémoires de femmes au laojiao

Messagepar laoshi » 12 Mai 2013, 07:25

L'imagination des tortionnaires est malheureusement infinie. Les tortures que décrit Dans l'Empire des Ténèbres, de Liao Yiwu, sont effroyables.

On a toujours l'impression que le sort réservé aux femmes est moins cruel, on se dit qu'il n'est pas possible qu'autant de sadisme s'accorde au féminin. Les témoignages de ces femmes nous montrent pourtant qu'on forme aussi des professionnelles de la torture pour mater les détenues et qu'elles font leur travail avec le même zèle que leurs collègues masculins.
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torture et barbarie dans les camps-usines du laojiao

Messagepar laoshi » 11 Juin 2013, 08:06

Libération a publié, le 16 avril, un article bouleversant sur la barbarie de ces camps de rééducation où des esclaves modernes travaillent pour des marques de prêt-à-porter. Du Bin, qui a tourné un documentaire accablant sur la question, a été arrêté le 31 mai.


Philipppe Grangereau, dans Libération, a écrit:«Rééducation» de Chinoises : la barbarie exposée


Récit Les prisonnières des «camps de travail» sont exploitées et torturées. La presse locale a pour la première fois publié des témoignages.

Deux enquêtes sur les «camps de rééducation par le travail» publiées coup sur coup ce mois-ci par la presse chinoise mettent en lumière les violences extrêmes dont sont victimes les pensionnaires de ces institutions très spéciales. Ces deux investigations inédites plongent dans le monde obscur des camps réservés aux femmes.

Vagin. Le quotidien anglophone Global Times s’est intéressé à celui de Dalishan, près de Nankin (dans le sud du pays), tandis que le magazine Lens s’est penché sur le camp de Masanjia, près de Shenyang (nord-est). Après avoir suscité les réactions indignées de dizaines de milliers d’internautes, l’enquête sur Masanjia a été censurée sur le web. Yuan Ling, le journaliste de Lens, a rencontré plus d’une dizaine d’anciennes prisonnières. Certains des témoignages, sous forme écrite, ont pu être sortis clandestinement des camps, cachés dans le vagin de victimes libérées.

Les 5 000 détenues de Masanjia travaillent dans des ateliers de couture et de repassage pour le compte d’entreprises extérieures de prêt-à-porter, de dix à quatorze heures par jour, sans recevoir de salaire. Leurs maigres rations alimentaires sont constituées de légumes et de riz, jamais de viandes. Une fois par mois, elles peuvent prendre une douche chaude. Zhu Guiqing, une prisonnière qui se plaignait, a été enfermée pendant plusieurs mois, menottée et les fers aux pieds, dans un cachot spécial, appelé xiaohao («petit numéro»), de quelques mètres carrés. Bien que la température descende à -20°C l’hiver, ce type de cellule est dépourvu de chauffage, et surtout de toilettes, si bien que celle-ci se remplit petit à petit d’excréments. Zhu a également eu droit à treize jours de séances de tortures à la matraque électrique, sur tout le corps. Hu Xiafen, elle, a été électrocutée dans la bouche. «C’est comme si des aiguilles vous transperçaient», a-t-elle raconté au journaliste de Lens. Ce dernier a confié dernièrement qu’il avait recueilli des «récits identiques» auprès d’anciennes prisonnières d’autres régions du pays, ce qui laisse supposer que ces pratiques sont répandues.

Mot de travers.

De 190 000 (chiffre officiel) à 500 000 Chinois (selon la Fondation Laogai) sont en «rééducation par le travail». Ce système extrajudiciaire se distingue du pénal dans la mesure où les détenus ne sont pas officiellement considérés comme des criminels. Parfois, pour un simple mot de travers écrit sur un blog (Libération du 6 novembre), une personne peut être, sans jugement, condamnée par la police à purger jusqu’à quatre années dans l’un de ces petits goulags. A Masanjia, sont détenues des handicapées, des femmes enceintes et des malades, à qui tout soin est refusé. Certaines sont menottées des jours durant dans des positions très inconfortables, au motif d’un simple repassage mal fait, ou pour avoir refusé de signer des aveux.

L’une d’elle, Zhao Min, a tenu vingt-huit heures, suspendue dans le vide par des menottes attachées à ses pieds et ses mains aux montants d’un lit superposé. «Dès qu’on bouge, la souffrance devient intolérable», a-t-elle raconté. D’autres sévices plus classiques sont infligés, tel le laohudeng (le «siège du tigre», lire ci-contre). Les prisonnières en grève de la faim sont ligotées sur des lits parfois des semaines entières, sans être autorisées à utiliser les toilettes. Leurs dents de devant sont brisées pour permettre le passage dans la bouche d’un tuyau à travers lequel on leur injecte de la bouillie.

Troubles mentaux.

Parfois, les autorités du camp se débarrassent discrètement de leurs pensionnaires trop amochées. C’est ce qui est arrivé à Zhu Guiqing, atteinte de troubles mentaux, conséquences de mauvais traitements. En 2007, au terme de sa peine de trois ans, elle a été conduite dans une rue de Changchun, à des centaines de kilomètres du camp, où elle a été jetée par la portière. Recueillie par des riverains qui se sont cotisés pour la faire entrer dans un asile, elle s’est remise petit à petit de son traumatisme. Zhu Guiqing avait initialement été internée parce qu’elle réclamait une indemnité pour son frère, devenu handicapé suite à des sévices subis dans un autre «camp de rééducation».

Les 2 100 prisonnières du camp de Dalishan, à Nankin, fabriquent au rythme de quatorze heures par jour des jouets et des jeans «destinés à l’exportation», selon le Global Times. Tang Shuxiu, une ancienne «ouvrière modèle», a été condamnée, en avril 2011, à un an dans ce camp parce qu’elle réclamait avec trop d’insistance qu’on lui alloue un appartement. «Je me souviendrai toujours des cris effrayants et glaçants des détenues qui étaient battues par d’autres prisonnières plus anciennes», a-t-elle révélé au Global Times.

Dans les prisons chinoises, il est courant que les gardiens confient le «sale boulot» à des prisonniers, en échange de remises de peine. Selon une ex-détenue, citée par le journal, la police aurait des quotas d’arrestations à remplir, afin de garantir que le camp-usine ne manque jamais de main-d’œuvre.
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Fantômes de femmes au laojiao

Messagepar laoshi » 11 Juin 2013, 14:18

Voici le premier volet de ma traduction du documentaire que Bu Bin a consacré aux camps de rééducation par le travail dans lequel des milliers de femmes chinoises sont réduites en esclavage. Il est intitulé 小鬼 [xiǎo guǐ tóu de nǚ rén] "Des femmes (vivant) sur la tête des fantômes".

"Nous sommes sorties humaines du ventre de nos mères, mais dans le camp de travail pour femmes de Mansanjia, nous avons été torturées (sous entendu "de manière inhumaine") pour avoir réclamé nos droits ou pour avoir pratiqué le falungong.

Ils ont utilisé des matraques électriques sur nos seins et nos organes génitaux, ils les ont introduites à l'intérieur de nos vagins pour nous infliger des décharges électriques, ils ont empli nos vagins de poudre de poivre rouge, ils y ont introduit des brosses-à-dents qu'ils ont ensuite mises en rotation ; ils ont ouvert nos bouches avec des spéculums vaginaux pour nous nourrir de force et nous torturer. Nous ne comprenons pas ce qui arrive à notre pays, comment il est devenu le plus pervers du monde, une insulte à l'humanité tout entière.

Le camp de travail pour femmes de Mansanjia, dans la province du Shenyang, est un endroit de ce genre. C'est un endroit où nous n'avons pas été traitées comme des femmes mais comme des esclaves et des otages d'un système maléfique. Avant la construction du camp, il y avait là un cimetière, puis le cimetière a été rasé et le camp a été construit sur ses décombres aussi n'a-t-il nécessité aucune dépense foncière. La police du camp nous a dit :
"sous terre, il y a les fantômes, sur terre, il y a les femmes du camp". Nous, les femmes du camp, avons répondu : "ces fantômes souterrains ont leur place sur terre, tandis que nous, nous vivons en enfer, sous terre (synonyme en chinois de "clandestinement"), nous sommes des femmes vivant sur la tête des fantômes, le monde des vivants et celui des morts ont échangé leur place".

Papier et stylos étaient prohibés au camp, comme s'il s'agissait des fusils chargés que les soldats emportent pour combattre sur le front, nous n'avions absolument pas le droit d'en avoir mais j'avais réussi à conserver un tout petit stylo que je pouvais cacher dans mes vêtements ou dans la fente que j'avais ménagée dans la semelle d'une de mes chaussures. J'ai été passée à tabac par trois ou quatre fois par les chefs et les tyrans du camp pour avoir écrit ces choses. Quand je ne pouvais pas dormir la nuit, je couvrais ma tête de ma couverture matelassée pour cacher ce que je faisais, et j'écrivais dans mon lit. J'étais morte de peur à l'idée qu'ils pourraient me découvrir ; j'ai consigné au jour le jour mes trois années de détention dans ce journal du camp de rééducation par le travail
(
[láo jiào suǒ]), j'y ai consigné tout ce qui se passait jour après jour et à chaque instant, tout le mal qu'ils nous ont fait, toutes les tortures, toutes les punitions corporelles, les passages à tabac, les pendaisons dans des postures horriblement douloureuses, le "lit des morts" (人床 [sǐ rén chuáng]) et le "banc du tigre". J'ai tout noté, au fur et à mesure, et j'ai fait sortir clandestinement mes écrits grâce à des détenues qui les ont transportés dans leur vagin au fur et à mesure qu'elles étaient libérées. J'étais déterminée à faire sortir mon journal du camp avec moi si j'en sortais vivante, à apporter ma contribution personnelle sur la vie à l'intérieur du camp et à le faire connaître en Chine et dans le monde."
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