par laoshi » 09 Oct 2011, 09:30
En décernant son prix Confucius de la Paix au sinistre Poutine, l’ex du KGB qui soutient, entre autres, le régime syrien contre les aspirations démocratiques de son peuple, la Chine se serait inscrite dans la continuité de la tradition stalinienne dont le PCC, Hu Jintao compris, ne veut pas récuser l'héritage : l'URSS avait créé, en 1949, un Prix Staline pour la Paix (rebaptisé Prix Lénine après le rapport Khrouchtchev, en 1956), prix qui fut décerné à plusieurs Chinois.
Poutine aurait évidemment fait pièce, dans l'esprit des promoteurs de ce choix, à Obama dont on oublie toujours qu'il a obtenu le Nobel de la Paix non pas pour ses positions géostratégiques mais pour avoir fédéré sur son nom des hommes et des femmes de toutes origines ethniques dans un pays naguère encore ségrégationniste.
Pourquoi donc, au bout du compte, la Chine a-t-elle renoncé à ce choix ? Peur du ridicule, peut-être mais il y a sans doute autre chose….
Je parlais plus haut de la lutte sans merci que se livrent depuis des mois "les durs du maoïsme" et les tenants du retour au confucianisme - au confucianisme autoritaire s'entend -, dont Hu Jintao est le chantre. Je rappelle, pour ceux qui l'auraient oublié, que le dernier épisode en date de cette lutte a été le "déménagement", le 22 avril 2011, de la statue de Confucius qui avait été "inaugurée en grande pompe" début janvier sur la place Tian'Anmen. Les nostalgiques du grand Timonier déploraient alors que "Confucius ait été installé sur la place Tian’Anmen dans une posture de salutation envers les grands pays occidentaux".
Il ne faut pas oublier, en effet, que le débat idéologique s'était cristallisé, pendant la Révolution Culturelle, sur le conflit entre maoïsme et confucianisme (jusqu'en France, où l'on pouvait trouver des mémoires de maîtrise de philosophie sur cette opposition dans les années 70).
La statue, placée en face du portrait géant de Mao pouvait apparaître comme une revanche des victimes contre leurs bourreaux mais aussi comme une tentative de récupération par le gouvernement d'une grande figure tutélaire alternative du Grand Timonier (soigneusement repensée bien sûr : il n'est pas évident que le Confucius de la place Tian'Anmen ait symbolisé le droit de remontrance du sage aux dirigeants, il incarnait sans doute plutôt l'idéal de soumission à l'autorité au nom de la sacro-sainte "harmonie" sociale).
Reste que cela était sans doute encore trop pour les partisans de la ligne dure. Je pense que la chronologie, dans cette affaire, est à prendre en compte. Erigée début janvier, avant que les promenades du jasmin n'apparaissent comme un danger majeur, la statue a été enlevée en catimini (si l'on peut dire pour une statue aussi monumentale) au moment où la répression s'intensifiait contre les intellectuels et autres dissidents galvanisés par les printemps arabes....
J’ai donc grand-peur que cet abandon du prix Confucius ne corresponde pas à un recul de la ligne stalinienne du PCC mais soit un nouveau pas en avant des durs du maoïsme…
laoshi