Campagne visant les défenseurs des droits de l’Homme.

l'idée de ce forum m'a été inspirée par l'action d'Ai Weiwei concernant les disparus du Sichuan, je vous propose d'y donner le nom de chacun des dissidents emprisonnés, disparus ou libérés dont vous aurez des nouvelles

Re: Campagne visant les défenseurs des droits de l’Homme.

Messagepar laoshi » 22 Sep 2016, 08:39

Xi Jinping a compris que le plus grand danger pour son pouvoir ne venait pas des dissidents et des militants des droits de l'homme, mais des juristes qui entendaient utiliser la législation existante pour faire progresser l'état de droit en Chine. C'est donc contre eux qu'il a décidé d'exercer la pire des répressions. Le 9 juillet 2015, ils ont été arrêtés en masse pendant ce qu'on a appelé, en Chine, "la rafle 709" (ainsi nommée à cause de la date : plus de 300 personnes ont été arrêtées ce jour-là).

Un tribunal de Pékin vient de condamner un avocat renommé, défenseur des droits de l’homme à 12 ans de prison. Xia Lin, 夏霖, 46 ans, détenu depuis novembre 2014, a été accusé de vol : il aurait volé 100 000 0000 Y à plusieurs personnes pour payer des dettes de jeu ! Xia Lin a nié les faits et a plaidé non-coupable. Il affirme que les emprunts qu’il a pu faire ont été soumis à des contrats en bonne et due forme et qu'aucune preuve n’a été donnée de ses prétendues dettes de jeu. Grand seigneur, le tribunal a réduit les charges de 100 à 48 millions !

Xia Lin déclare que les questions que lui a posées la police portaient avant tout sur l'exercice de son métier d'avocat, sur ses relations éventuelles avec le Mouvement des Parapluies à Hong Kong mais aussi avec l’activiste Guo Yushan (郭玉閃), arrêté en 2014, avec son confrère l’avocat Pu Zhiqiang (浦志強), condamné à 3 ans de prison en décembre dernier pour incitation à la haine raciale et trouble à l'ordre public, et avec Ai Weiwei (艾未未).

Les autres dossiers que Xia Lin a eu à défendre ou à instruire sont particulièrement sensibles pour Pékin :

    Celui d’une employée d’hôtel qui avait tué en légitime défense un cadre local alors qu’il tentait de la violer (cf. A Touch of sin)
    Celui d’un travailleur migrant qui avait tué un membre de la sécurité civile - membres des fameux chengguan -, alors que celui-ci lui avait confisqué ses outils de travail.
    Celui des villageois qui contestent les expropriations dont ils sont victimes
    Celui des parents de victimes du tremblement de terre du Sichuan qui mettent en cause la qualité des écoles sous les décombres desquelles sont morts leurs enfants.

Le cas Xia Lin est exemplaire. Il s’inscrit dans la lutte acharnée que Xi Jinping mène contre les avocats qui osent s’élever contre les vices de procédure, les entorses la législation existante, contre les abus de pouvoir. L’arrestation de plus de 300 dissidents et avocats en juillet 2015, les confessions publiques de plusieurs des avocats poursuivis, les condamnations pour « subversion » se sont multipliées sous son règne.
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les purges continuent !

Messagepar laoshi » 31 Oct 2016, 18:33

Raphaël Balenieri, correspondant de Libération à Pékin, a écrit: Les avocats chinois mis hors la loi

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Privées de leur droit de visite depuis près d’un an, des épouses d’avocats détenus arborent le nom de leur mari après avoir tenté de porter plainte à Pékin, le 4 juillet. Photo G. Baker. AFP

La campagne virulente contre les défenseurs des droits de l’homme s’accompagne de nouvelles mesures imposant le soutien au Parti et l’interdiction de parler à la presse.

Les avocats chinois mis hors la loi

«C’est une opération politique de très grande ampleur. Le pouvoir chinois a sans doute estimé que nous étions devenus trop nuisibles. Ces nouvelles régulations sont un instrument pour nous supprimer.» L’homme qui se confie dans ce petit square de Pékin et dont il vaut mieux taire le nom par mesure de sécurité est une figure éminente du Weiquan Yundong, le «mouvement pour la protection des droits civiques». Avocat depuis l’âge de 22 ans, connu pour avoir défendu les victimes du lait à la mélamine, qui avait tué six nourrissons et en avait empoisonné des milliers d’autres en 2008, ainsi que le militant aveugle Chen Guangcheng, fervent opposant aux avortements forcés, il se bat maintenant contre de nouvelles mesures administratives qui renforceront encore davantage l’emprise du Parti communiste sur les 22 000 cabinets d’avocats que compte le pays.

Comme environ 168 autres confrères, il a signé cette pétition - plutôt rare en Chine - demandant le retrait du nouveau texte. A partir du 1er novembre, les cabinets d’avocats devront «soutenir le leadership du Parti communiste chinois» (article 3) et «établir […] des organisations du Parti» en leur sein (article 4). «L’intervention politique des autorités est maintenant légalisée, institutionnalisée. Cette fois, c’est vraiment écrit noir sur blanc», s’emporte Kit Chan, directrice du China Human Rights Lawyers Concern Group (CHRLCG), une petite ONG fondée en 2007 à Hongkong qui suit le dossier. Plus préoccupant encore, l’article 50 interdit aux avocats de commenter en public leurs affaires ou celles de leurs confrères, de lancer des pétitions, de s’organiser en groupe, d’utiliser Internet ou de parler à la presse.

Raid.

Ces nouvelles mesures viennent confirmer la reprise en main des avocats, opérée par le régime de Xi Jinping depuis l’opération surnommée «7.09». Le 9 juillet 2015, le pouvoir communiste avait lancé un assaut sans précédent sur trois cabinets de la capitale chinoise. Fengrui, le plus touché, ne s’en est pas relevé. Fondé en 2007 par Zhou Shifeng (lire ci-contre), ce cabinet comptait une centaine de personnes. De nombreux avocats travaillant sur des affaires sensibles y avaient trouvé refuge après avoir été remerciés par leurs employeurs précédents en raison de leur engagement. Décidé au plus haut niveau, le raid contre ces dissidents de la profession a secoué tout le pays. «Les agents du ministère de la Sécurité publique sont allés frapper aux portes. Si les avocats n’ouvraient pas, ils entraient d’eux-mêmes, raconte notre interlocuteur en écartant ses mains pour montrer un pied-de-biche invisible. J’étais rentré dans ma province natale. On m’a quand même mis au secret, pendant quatre heures, le 9 juillet. Puis, pendant une dizaine d’heures, le lendemain. On m’a simplement dit que je ne pouvais pas parler, ni être dehors. Je n’ai pu retourner à Pékin que dix jours après.» Dans les semaines qui suivirent, environ 250 personnes, en majorité des militants et des avocats, ont été appréhendées, intimidées ou placées sous surveillance. Si la plupart ont été relâchées, quatorze avocats et dissidents ont été formellement arrêtés, selon Amnesty International. Sur ces quatorze, quatre ont déjà été condamnés à des peines allant jusqu’à sept ans de réclusion pour «subversion du pouvoir de l’Etat».«Ce style de répression n’est pas maoïste. Ce sont des procès staliniens. Le Parti utilise la justice pour régler des problèmes politiques», résume un sinologue. Par ailleurs, deux femmes, l’avocate Wang Yu, considérée comme l’une des meilleures de sa génération, ainsi que Zhao Wei, une assistante juridique de 24 ans, sont introuvables, alors qu’elles sont censées avoir été libérées cet été après plus d’un an en détention. Six autres personnes vont bientôt être jugées.

Réseau constitué.

En Chine, les intimidations contre les 700 avocats spécialisés dans les droits de l’homme (sur 300 000 praticiens environ) sont monnaie courante. Le pouvoir chinois, bien avant l’arrivée du président Xi Jinping et le tour de vis que celui-ci opère depuis 2013 contre des pans entiers de la société civile, a traditionnellement cherché à décrédibiliser leur parole et leur travail, vus comme une menace pour la stabilité de l’Etat-Parti. «Les avocats des droits de l’homme sont devenus de plus en plus visibles au cours des années 2000, raconte Mme Chan, du CHRLCG. Au départ, c’était un combat mené par quelques figures emblématiques, comme Gao Zhisheng [assigné à résidence depuis 2014, ndlr]. Puis ils se sont organisés, et en 2013, un réseau professionnel d’entraide s’est constitué de façon informelle et compte plus de 300 avocats aujourd’hui, malgré la répression.»

Par son ampleur et sa violence, la campagne des derniers mois a marqué un tournant. «Les défenseurs des droits de l’homme en Chine ne vont plus jamais travailler comme avant, déplore Frances Eve, chercheuse chez Chinese Human Rights Defenders, autre ONG basée à Hongkong. Le gouvernement tord le cou du poulet pour faire peur aux singes, comme dit le proverbe. En condamnant en septembre l’avocat Xia Lin à douze ans de prison pour "fraude", ils ont fait comprendre à tout le monde qu’il fallait rester dans le rang.»

Pour Teng Biao, qui a préféré s’installer aux Etats-Unis il y a deux ans avec femme et enfants, la bataille n’est pas terminée. «On n’a jamais cessé de travailler. C’est devenu très risqué, mais nous ne voulons pas arrêter, témoigne-t-il depuis le New Jersey. Ces nouvelles lois interdisent tous les moyens que nous utilisions, poursuit Teng. Malgré notre colère, le gouvernement va les appliquer. Il arrive en Chine que la mise en œuvre des directives se fasse de façon plus ou moins aléatoire, mais là, ça vient du pouvoir central. Avant, le gouvernement et l’appareil de sécurité avaient déjà de nombreux moyens à leur disposition. Il leur suffisait de trouver une excuse pour nous arrêter et nous emprisonner. A présent, ils vont être encore plus confiants.»

Wang Yu, 45 ans. Le symbole de la rafle du 9 juillet

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Wang Yu défend, entre autres, la cause féminine et la minorité ouïghoure. Une résistance que cette avocate renommée paie cher : elle a déjà subi deux ans et demi de prison. Wang Yu a été la première à être raflée lors de l’opération «7.09». Au même moment, son fils de 17 ans a été arrêté alors qu’il partait étudier à l’étranger. L’été dernier, lorsque le jury d’avocats du prix Ludovic-Trarieux a annoncé qu’il lui décernait son prix annuel, Pékin a annoncé la libération sous caution de Wang Yu et diffusé une vidéo où elle semble débiter un texte appris par cœur. Sur cet enregistrement, elle refuse la récompense, expliquant que «ce prix européen est destiné à l’instrumentaliser et à salir la réputation du Parti communiste chinois». Sa famille n’a pas eu de ses nouvelles depuis l’annonce de sa libération. (Photo Reuters) Laurence Defranoux

Xia Lin, 46 ans. Détenu depuis deux ans

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Cet avocat n’a pas été raflé le 9 juillet 2015, et pour cause : il était déjà détenu depuis le 8 novembre 2014. Xia Lin s’était fait connaître en défendant l’artiste Ai Weiwei, une femme de chambre victime de viol, ou encore un militant pour l’environnement. Juste avant son arrestation, il avait pris comme client Guo Yushan, fondateur d’un think tank indépendant, emprisonné pour avoir soutenu la révolution des parapluies de Hongkong. Xia Lin a ensuite été accusé d’avoir escroqué plusieurs personnes pour 10 millions de yuans (environ 1,5 million d’euros) afin d’honorer des dettes de jeu. Ses avocats ont expliqué qu’il avait bien emprunté cet argent, mais en passant des contrats en bonne et due forme, et qu’il n’y avait nulle trace de dettes de jeu. Il a finalement été condamné en septembre à douze ans de prison après un procès bâclé. (Photo Chinese Human Rights) L.D.

Zhou Shifeng, 52 ans. Condamné à sept ans de prison

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Il avait fondé en 2007 le cabinet d’avocats pékinois Fengrui, qualifié par le Quotidien du peuple, organe de presse du Parti, de «bande criminelle organisée» lors de la vaste opération policière en juillet 2015. Une semaine après son arrestation brutale, Zhou Shifeng est apparu dans une vidéo où il confessait avoir impliqué le cabinet dans des «activités criminelles». Convaincu d’avoir «joué un rôle majeur dans un groupe de militants qui ont tenté de manipuler l’opinion publique et nuire à la sécurité nationale en diffusant des pensées subversives», il a été condamné le 4 août 2016 à sept ans de prison par un tribunal militaire de Tianjin, pour «subversion du pouvoir de l’Etat». Avant son arrestation, il avait annoncé la création d’un fonds d’environ un million d’euros pour aider les familles d’avocats emprisonnés. Fengrui, qui employait près d’une centaine d’avocats, a fermé depuis. (Photo Chinese Human Rights) L.D.

Zhao Wei, 25 ans. Déjà Quatre mois Sans nouvelles


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Diplômée de journalisme, passionnée de justice sociale, l’assistante juridique avait déjà eu maille à partir avec la police. Elle est la plus jeune des 250 militants et avocats des droits de l’homme raflés par la police en juillet 2015. Un an après, lors de la visite en Chine du secrétaire de l’ONU, Ban Ki-moon, la police avait annoncé sa libération sous caution «après l’aveu de tous les crimes reprochés». Dans des messages sur les réseaux sociaux, dont son mari doutait qu’elle soit l’auteure, Zhao Wei remerciait les policiers pour leur «aide infinie», et déplorait avoir été manipulée par son employeur, Li Heping, célèbre défenseur des droits de l’homme toujours incarcéré. Dans une mystérieuse interview donnée au quotidien hongkongais South China Morning Post, elle confessait «avoir pris le mauvais chemin». Elle affirmait être rentrée chez ses parents, mais n’est toujours pas réapparue près de quatre mois plus tard. (Photo Chinese Human Rights) L.D.


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Li Heping condamné pour subversion

Messagepar laoshi » 28 Avr 2017, 07:36

On apprend aujourd'hui sur Chinese Human Rights Defenders que Li Heping, qui a déjà passé 659 jours en prison sans avoir accès à un avocat indépendant, a été condamné à trois ans de prison pour subversion ; il est aussi suspendu pour quatre ans ; il est incarcéré à Tianjin. Le procès s'est déroulé en secret le 25 avril.

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Re: Campagne visant les défenseurs des droits de l’Homme.

Messagepar laoshi » 03 Mai 2017, 12:46

Après le verdict, la femme de Li Heping a été victime de harcèlement de la part des services de sécurité chinois et de l'avocat commis d'office de son mari dans ce qui apparaît ni plus ni moins qu'une tentative de disparition forcée. Voir, sur le forum, les méthodes de la justice chinoise.
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