Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, voici quelques éléments biographiques :
Après l’ignominieuse capitulation de la France des Droits de l’homme devant les Droits de l’argent qui a souillé les Jeux Olympiques de 2008, les députés européens avaient eu à cœur de résister aux pressions économiques et politiques dont Pékin sait admirablement jouer… Ils avaient attribué le prix Sakharov 2008 à Hu Jia. Voici l’article du Monde qui l’annonçait :
Le Monde a écrit:
Le prix Sakharov 2008 pour la liberté de pensée a été décerné au dissident chinois Hu Jia, jeudi 23 octobre [2008], en dépit des pressions exercées par la Chine sur les eurodéputés. Ce prix, décerné par le Parlement européen, récompense depuis vingt ans des personnalités ayant marqué de leur empreinte le combat en faveur des droits humains.
Pékin a immédiatement fait part de son "fort mécontentement". Un porte-parole du ministère des affaires étrangères a qualifié Hu Jia de "criminel emprisonné en Chine" et rappelé les "démarches répétées" des autorités chinoises pour faire obstacle à cette distinction. Ce porte-parole a toutefois jugé que la décision des eurodéputés n'affecterait pas le sommet Asie-Europe qui s'ouvre vendredi à Pékin.
Au cours des derniers jours, des représentants du gouvernement chinois ont exercé de nombreuses pressions sur les eurodéputés pour empêcher que ce prix soit décerné au dissident. Dans une lettre du 16 octobre au président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering, dont l'AFP a obtenu copie, l'ambassadeur de Chine auprès de l'UE, Song Zhe, avait averti que "si le Parlement européen devait décerner ce prix à Hu Jia, cela heurterait inévitablement le peuple chinois et détériorerait sérieusement les relations entre la Chine et l'UE".
"HU SERAIT TRÈS HEUREUX S'IL LE SAVAIT"
Hu Jia, 35 ans, a été condamné en avril, à l'issue d'une journée de procès, à trois ans et demi de prison pour tentative de subversion pour des propos publiés sur Internet et des entretiens accordés à la presse étrangère. Avant sa condamnation à la prison, il avait déjà passé de nombreux mois en résidence surveillée avec sa femme et son enfant. "Enfin une bonne nouvelle, a déclaré son épouse, Zeng Jingyan, contactée par le bureau de Reuters à Pékin. Hu serait très heureux s'il le savait." Zeng a rendu visite mercredi soir à son époux, qui a été transféré le 10 octobre dans une "prison modèle" de Pékin, après avoir purgé une première partie de sa peine dans une prison de Tianjin, le grand port situé au sud de la capitale. M. Pöttering a affirmé que Hu souffrait d'une cirrhose du foie et qu'à sa connaissance, il n'avait pas accès à des soins médicaux adaptés.
Nombre de personnalités ont salué la figure de Hu Jia, "un défenseur des droits de l'homme dont l'engagement en faveur de la liberté d'expression et sur les questions sociales est emblématique", selon la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, Rama Yade. "Je suis intervenue personnellement, à plusieurs reprises, auprès des autorités chinoises, pour demander la libération de M. Hu Jia", a poursuivi la secrétaire d'Etat.
Outre Hu Jia, l'opposant biélorusse Alexandre Kozouline et l'abbé congolais Abbot Apollinaire Malu Malu étaient également en lice pour le prix Sakharov 2008. La récompense sera solennellement remise à Strasbourg, le 17 décembre, lors de la session du Parlement européen qui sera aussi l'occasion de célébrer les 20 ans de ce prix, auparavant décerné à Nelson Mandela, la militante birmane Aung San Suu Kyi ou l'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan
[color=#004080]La nouvelle de l'attribution du prix Sakharov à Hu Jia aurait dû faire l'unanimité, un nouvel article du Monde révélait malheureusement que certains partis, dont on attendrait précisément qu'ils soient les champions des Droits de l'homme, avaient préféré s'abstenir :
Le Monde du 25 octobre 2008 a écrit:Le Parlement européen a décerné le prix Sakharov pour les droits de l'homme au dissident chinois emprisonné Hu Jia. Par ce geste justifié, il récompense les efforts du plus connu et de l'un des plus courageux militants pour la cause des libertés en Chine. Et il fait preuve de plus d'audace que le comité Nobel : il y a quelques jours, celui-ci avait retenu Hu Jia dans la liste des personnalités sélectionnées pour le prix Nobel de la paix, mais il avait finalement cédé aux pressions diplomatiques de Pékin et renoncé à l'honorer.
Les parlementaires de Strasbourg en ont jugé autrement, à l'exception regrettable des socialistes et des communistes, qui ont préféré s'abstenir. Honorer Hu Jia, qui risque fort de languir jusqu'à la fin de sa peine de trois ans et demi dans une prison pékinoise, fait justice à cet homme de 35 ans qui n'a pas hésité à prendre, depuis des années, des risques considérables pour défendre le droit des opprimés, des laissés-pour-compte, des malades du sida et des Tibétains. Au point de commettre l'irréparable, vu de Pékin : la critique sans détour des abus du système de parti unique faite auprès des médias étrangers, ce qui lui a valu d'être embastillé pour "subversion du pouvoir d'Etat".
C'est donc un camouflet que le Parlement européen a infligé à cette Chine qui se flatte d'avoir retrouvé la place qu'elle estime être en droit d'occuper à nouveau sur la scène internationale. Un camouflet d'autant plus cinglant qu'il se produit à la veille de la réunion à Pékin du sommet Asie-Europe. En cela, le prix Sakharov à Hu Jia ne manquera pas de susciter d'amères réactions de la part des autorités de Pékin et de provoquer l'indignation d'une mouvance antioccidentale dont les tenants prônent la défense sourcilleuse des valeurs de la culture et de l'histoire chinoises.
Le pouvoir chinois, qui ne tolère pas que l'Occident puisse lui donner des leçons, a d'ailleurs fustigé le choix du Parlement européen, qualifié avec mépris de "grave interférence" dans ses affaires intérieures. Il est cependant douteux que cette récompense à un "ennemi" du régime change quoi que ce soit en matière de droits de l'homme. Sur ce terrain, le dialogue risque fort de rester au point mort entre les pays de l'Ouest et l'empire du Milieu. Malheureusement.
Hu Jia et sa femme Zeng Jinyan, elle aussi militante des Droits de l'homme en 2007 :