Une source proche de la famille affirme que Liu Xiaobo n'a plus que quelques jours à vivre : 時日無多. Quelle tristesse de voir Liu Xiaobo et Liu Xia, séprarés pendant de si longues années par la volonté d'un gouvernement totalitaire, cynique et cruel, réunis au seuil de la mort !
Malgré les propositions qui affluent de toutes parts pour accueillir et soigner Liu Xiaobo en Occident, la Chine ne semble pas prête à cet acte d’humanité ultime qui consisterait à satisfaire la dernière volonté de Liu Xiaobo : "mourir à l'Ouest". Le vice-ministre chinois de la Justice, qui a rencontré des diplomates américains, allemands et européens mardi, prétend que Liu Xiaobo est intransportable, vu de son état de santé... Quant au porte-parole du Ministre des Affaires étrangères, Lu Kang, il a opposé une fin de non-recevoir à ses homologues occidentaux : "Liu est un citoyen chinois, pourquoi devrions-nous discuter du sort d’un citoyen chinois emprisonné avec d’autres pays ?", a-t-il rétorqué à ses interlocuteurs.
Selon Liao Yiwu, Liu Xia a écrit au Ministre chinois de la Sécurité de l’Etat pour solliciter l'autorisation de quitter la Chine avec son mari et son frère dès le mois d'avril. "J’en ai assez [...] de cette vie grotesque, a-t-elle écrit à Liao Yiwu. J’ai hâte de m'échapper [...] J’ai du mal à réaliser que Xiaobo a accepté de partir de Chine avec moi [...]". Le 20 avril, elle adressait un appel à l'aide à l'Amérique : "nous sommes prêts à quitter la Chine, écrivait-elle, s'il vous plaît, aidez-nous"
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Elle ne savait pas encore, à cette époque, que son mari souffrait d'un cancer. Elle et son mari avaient simplement fait le deuil de la Chine, sachant que ce départ, si départ il y avait, serait sans retour. L'annonce du cancer en phase terminale n'a rien changé, bien au contraire : "Liu Xiaobo a clairement dit que s’il devait mourir, il voulait mourir en Occident", explique Liao Yiwu. Malgré son amour pour son pays, la décision de Liu Xiaobo est parfaitement cohérente : porteur des valeurs des Lumières, c'est à l'Ouest, où elles sont nées, qu'il entend mourir faute d'avoir pu y convertir la Chine, qu'il a tant aimée pourtant.
Comme l'écrit l'un des amis de Liu Xiaobo, les autorités ont traité le cancer de Liu Xiaobo "avec une précision cynique et calculée, ce type de précision qui permet aux trains à grande vitesse de la République Populaire d'arriver à l'heure ! " de telle sorte que lorsque "Xi Jinping acceptera humblement un second mandat de cinq ans" au 19° Congrès du Parti, aucun contretemps désagréable ne vienne troubler la fête...
Certes, la nouvelle coïncide avec la visite de Xi Jinping à Hong Kong et avec la commémoration du 20° anniversaire de la rétrocession mais le temps presse... il fallait évidemment éviter à tout prix que Liu Xiaobo meure en prison...