Ai Weiwei et les voix du silence

l'idée de ce forum m'a été inspirée par l'action d'Ai Weiwei concernant les disparus du Sichuan, je vous propose d'y donner le nom de chacun des dissidents emprisonnés, disparus ou libérés dont vous aurez des nouvelles

Re: Ai Weiwei et les voix du silence

Messagepar mandarine » 27 Nov 2011, 08:58

les autorités chinoises ne récoltent que ce qu'elles sèment : la critique , la suspicion , avec un savant dosage des effets dans la mesure où elles ne peuvent ou ne veulent en supprimer les causes

mais au final , ce jeu de chat qui court après la souris sans jamais pouvoir l'attraper (TITI et GROSMINET) peut aussi être interprété comme étant une soupape de sécurité que le gouvernement accorde aux chinois : donner de quoi critiquer mais contrôler la critique , mettre quelqu'un hors d'état de nuire mais pas le faire disparaitre , toujours en veille et pour ce faire , la main d'oeuvre bien formée par les ex-gardes-rouge , les promotions et avantages innombrables : accès aux logement , inscriptions en université , ....bref : la variété des "bon-points est à l'échelle du pays
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
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Ai Weiwei ou l'art de défier Pékin

Messagepar laoshi » 01 Déc 2011, 16:15

Pour illustrer votre image de Titi et Rominet, voici un article très complet de l'Express concernant les démêlés actuels d'Ai Weiwei avec le Parti :

L'express a écrit:
Si sa notoriété permet à Ai Weiwei de ne plus se taire, elle ne le protège pourtant pas contre les attaques du Parti.

Les autorités tentent de réduire au silence cet artiste courageux et volontiers provocateur. Mais plus elles s'acharnent sur lui, plus ses fans sont nombreux... L'Express l'a rencontré.

Ai Weiwei était prêt à se taire. Après quatre-vingt-un jours de détention, au printemps dernier, le silence était la condition imposée par ses geôliers en échange de sa liberté: l'artiste ne devait plus critiquer le gouvernement, plus parler à la presse, plus s'exprimer sur Internet. "Le système est impitoyable et les citoyens chinois ne sont pas protégés par la loi", observe-t-il d'une voix posée. S'il a accepté de garder le silence, ajoute-t-il, c'est pour s'extirper du trou noir que les autorités chinoises réservent à leurs critiques, privés d'avocat et sans contact avec leur famille.

Durcissement du régime

L'épouse d'Ai Weiwei interrogée par la police
L'épouse de l'artiste a été convoquée par la police pour être interrogée, a-t-elle annoncé mardi.
"Ils m'ont enjoint de ne pas quitter Pékin", a-t-elle déclaré. "Comment se fait-il que je sois interrogée par la police de Pékin? Cela devrait être le fisc", a-t-elle ajouté.
Lu Qing est la représentante légale de la compagnie, Beijing Fake Cultural Development, à laquelle le fisc chinois a imposé un redressement de 15 millions de yuans (1,7 million d'euros), qu'Ai Weiwei veut combattre en interjetant appel dans les prochaines semaines. Ai est arrêté le 3 avril dernier, à l'aéroport de Pékin, en plein durcissement du régime: alors que des nations arabes se soulèvent, le Parti communiste chinois entre dans une période de transition qui, à l'automne 2012, doit voir émerger au pouvoir une nouvelle génération de dirigeants. Des dizaines de critiques sont interpellés, souvent placés en détention extrajudiciaire et parfois torturés. Lorsqu'ils ont la chance d'être relâchés, c'est à la condition de se faire discrets.

Problème: Ai Weiwei, âgé de 54 ans, est certainement le plus médiatique de tous les critiques du régime, en Chine et dans le reste du monde. Son père, le poète Ai Qing, était une figure littéraire respectée qui a subi les foudres du pouvoir dans les années 1950, lorsque Mao Zedong broya les intellectuels "droitistes". Lui s'est d'abord fait connaître en participant au design du Nid d'oiseau, le stade olympique de Pékin. Sur le mur, à l'entrée de son atelier, sur plusieurs mètres est accroché l'ouvrage qui l'a lancé en tant que voix dissidente: une liste des milliers d'enfants morts dans le tremblement de terre du Sichuan en 2008, par laquelle il entendait montrer que les officiels locaux avaient détourné les fonds publics consacrés à l'éducation et construit des "écoles tofu", vulnérables en cas de séisme.

Pendant les interrogatoires, il ne fut question que de subversion du pouvoir de l'Etat
Libéré le 22 juin, Ai découvre qu'il est accusé de fraude fiscale et se voit imposer une amende de 15 millions de yuans, soit 1,7 million d'euros. Une somme "aussi élevée que le ciel", explique l'artiste, qui l'assimile à une rançon: "Ma détention est liée à mes activités politiques. Pendant les interrogatoires, il ne fut question que de subversion du pouvoir de l'Etat."

A peine rentré chez lui, alors que sa mère parlait déjà de vendre la vieille maison familiale, voilà que les jeunes se mobilisent sur Sina Weibo, le Twitter chinois, et parviennent à réunir en quelques jours l'équivalent en yuans de 1 million d'euros, assez pour payer la caution et faire appel. Certains glissent des billets rouges de 100 yuans dans des avions en papier qu'ils lancent par-dessus le porche de sa résidence. Ai y voit une forme d'expression du mécontentement des jeunes.

Un nouveau chef d'accusation lui est alors notifié, celui de pornographie. L'Etat reproche à Ai Weiwei d'avoir fait réaliser un portrait de lui et de quatre femmes nus, diffusé sur Internet. Ce subterfuge se retourne contre les autorités: en soutien à l'artiste, des milliers de Chinois publient des photos d'eux-mêmes dévêtus. Ce sont ces accusations qui le poussent à reprendre la parole. "J'ai essayé de me taire mais voilà que je suis accusé d'autre chose. Ils essaient de me salir", explique posément Ai Weiwei.

En 1995 déjà, il n'avait pas hésité à se prendre en photo lançant un bras d'honneur au portrait du Grand Timonier trônant à l'entrée de la Cité interdite, une oeuvre baptisée Etude de perspective. Il a multiplié les provocations et testé la tolérance du Parti, jusqu'à son incarcération. La mise au trou l'a refroidi, même s'il dit n'avoir "pas vraiment le sens du danger". Un trait de caractère qui trouve son origine, selon lui, dans l'éducation qu'il a reçue pendant la période la plus arbitraire de l'histoire de la Chine, celle de la Grande Révolution culturelle. "Pour autant, j'ai très peur, reconnaît-il. Je suis aussi vulnérable que le voisin d'à côté."

Un raté à l'heure où Pékin s'interroge sur les moyens d'améliorer son image à travers le monde
Ai Weiwei est une épine dans le pied du pouvoir. L'aura dont il jouit auprès des milieux chinois branchés, sa capacité à mobiliser le Web et sa reconnaissance internationale rendent plus périlleux les efforts de l'Etat-parti pour le faire taire. Sa détention a valu à la Chine le déploiement d'une immense banderole - "Libérez Ai Weiwei" - sur les murs de la Tate Modern, à Londres... Un raté à l'heure où Pékin s'interroge sur les moyens d'améliorer son image à travers le monde. A l'inverse, ses mésaventures prouvent qu'avoir son portrait en couverture de Newsweek ne protège pas des foudres du Parti, ce dont Ai Weiwei semble désormais conscient.

Il interprète sa célébrité par le désir qu'éprouveraient de nombreux Chinois à voir certains dire tout haut ce qu'ils pensent tout bas. "Peut-être qu'étant un artiste, ajoute-t-il, j'ai ma propre façon de penser et de m'exprimer. Cela aide sans doute un peu." Puis il conclut, ironique : "Je crois qu'il faut rendre crédit au Parti. Au fond, toute la gloire revient au Parti."
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Une interview d'Ai Weiwei par l'Express

Messagepar laoshi » 01 Déc 2011, 16:20

l'Express a écrit: Ai Weiwei: "Sans expression ni créativité, une nation n'a pas d'avenir"Propos recueillis par Arthur Henry, publié le 01/12/2011

Ai Weiwei: "La peur en Chine vient de l'absence de protection juridique pour les citoyens qui font usage de leurs libertés de pensée et d'expression".
L'artiste contestataire chinois dénonce l'absence de protection pour les citoyens qui font usage de leur liberté d'expression. Mais refuse de quitter son pays, même s'il avait une vie meilleure à l'étranger.

Avez-vous peur?
Bien sûr, j'ai très peur. Pas parce qu'ils sont forts spirituellement ou puissants. La peur vient de l'absence de protection juridique pour les citoyens qui font usage de leurs libertés de pensée et d'expression. Cela a été le cas pour la génération de mon père et les autres depuis soixante ans, et cela reste vrai aujourd'hui.

Quels changements souhaitez-vous?
Il faut une justice indépendante plutôt qu'au service d'un groupe défendant ses propres intérêts
Les droits les plus fondamentaux, tels que la liberté d'expression, doivent être respectés. En coupant les canaux d'expression, de créativité, d'imagination, cette nation n'a pas d'avenir, elle se dirige vers une zone sombre et cela doit changer. S'agissant du système judiciaire, il faut l'équité, une justice indépendante plutôt qu'au service d'un groupe défendant ses propres intérêts. C'est l'essentiel, un minimum qui n'est pas respecté jusqu'à présent.

Pourquoi les Chinois ne s'interrogent-ils pas davantage?
Ils s'interrogent, sous différentes formes. Aujourd'hui, pour s'exprimer, il n'est pas nécessaire d'aller manifester dans la rue. Nous avons Internet et les gens expriment leur compassion, leur soutien, leurs idées par différents moyens. Pas besoin de brûler une voiture ou d'occuper un lieu. M'avoir donné 9 millions de yuans en quelques jours est une manière de parler. Que faire d'autre, quand le gouvernement peut vous faire disparaître sans explication puis lancer contre vous de fausses accusations? Se faire arrêter?

Vous reste-t-il du temps à consacrer à l'art?
Je ne me soucie pas trop de cela, car, quoi que je fasse, cela renforce ma vision du monde et une forme d'art sortira de ce type de lutte. Si j'éprouve le besoin de réaliser de nouvelles oeuvres, elles seront différentes, car nous vivons dans un monde qui a changé. Je n'ai jamais vraiment séparé mon combat de mon art.

Pensez-vous à quitter la Chine?
J'aurais probablement une vie meilleure, mais je ne veux pas abandonner les jeunes, ceux qui ne peuvent pas partir ni se faire entendre. En clair, je resterai, sauf si l'on m'imposait ici des conditions de vie extrêmes. C'est parce que c'est difficile que cela a un sens.
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Time Magazine à la rescousse

Messagepar laoshi » 05 Déc 2011, 11:31

Libération a écrit:Libération a appris que l’artiste dissident chinois Ai Weiwei a été élu «homme de l’année 2011» par l’hebdomadaire américain Time Magazine - qui n’a pas encore annoncé la nouvelle. Collé devant un ordinateur de son vaste studio de Pékin, hier matin, l’artiste était en communication avec les éditeurs de Time pour mettre au point la une de l’hebdomadaire, qui doit sortir le 16 décembre. Un dessin représentant un poing dans une arobase, symbole de la capacité potentielle d’Internet de démocratiser la Chine, semblait avoir la faveur de l’artiste. Persécuté par les autorités qui veulent le faire taire, le dissident a été détenu cette année pendant trois mois, puis s’est vu infliger une pénalité du fisc de 1,7 million d’euros. Contre toute attente, 30 000 donateurs lui ont envoyé la moitié de cette somme et Ai Weiwei a fait appel contre cette amende. Depuis, le harcèlement policier a redoublé : l’artiste a été accusé de «pornographie», son épouse «d’activités criminelle» et, cette semaine, le cabinet de son avocat a été perquisitionné.
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décidément kafkaïen !

Messagepar laoshi » 13 Déc 2011, 15:55

Les autorités s'acharnent décidément contre Ai Weiwei : après l'avoir accusé de fraude fiscale pour justifier, a posteriori, son arrestation et sa détention arbitraires, après lui avoir imposé un redressement fiscal de 15 millions de yuans (1,7 million d'euros), après avoir exigé une caution exhorbitante l'autoriser à faire appel de cette décision, le fisc refuse d'accepter la caution qui a été spontanément versée par des milliers d'internautes solidaires et la "justice" chinoise, selon Global Times, serait prête à le condamner pour collecte illégale de fonds ! Les artistes et les simples citoyens solidaires de l'artiste - qui nie toujours avoir fraudé le fisc -, lui ont envoyé près de 7 millions de yuans, un camouflet pour Pékin, qui n'entend pas en rester là !

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Re: Ai Weiwei et les voix du silence

Messagepar mandarine » 14 Déc 2011, 10:04

toujours le jeu du chat et de la souris ,
il y a au parti des gros nuls qui ne veulent pas perdre la face

qu'ils s'étouffent dans leur stupidité !
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
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Ai Weiwei, le poil à gratter du Parti

Messagepar laoshi » 23 Déc 2011, 19:07

Une nouvelle qui va vous ravir, Mandarine : Ai Weiwei, qui défie, comme vous le dites, "la stupidité" des "gros nuls", vient d'être élu "personnalité de l'année" par la rédaction du Monde.
On apprend entre autres dans cet article pourquoi certaines de ses photos de nus ont pu être taxées de "pornographiques" par la censure ; sur l'une d'elles, Ai Weiwei tient en effet une peluche de
[cǎo ní mǎ] Image devant ses organes génitaux, autrement dit devant "ses parties centrales". Or ce petit lama dont le nom signifie "cheval de l'herbe et de la boue", évoque une injure quasiment homophone [cào nǐ mā], qui signifie à peu près "nique ta mère" ! Il n'en fallait pas plus pour que le PC voie dans cette photo une injure contre "le Parti central" , figuré par les "parties centrales".

aiweiweiaonima.jpg
Ai Weiwei cachant "ses parties centrales" avec le caonima
aiweiweiaonima.jpg (19.82 Kio) Consulté 3091 fois


Quant à la photo que je vous ai montrée dans l'article sur "l'alibi de la pornographie", ", elle est intitulée par les internautes, Le Tigre et les huit seins . Le tigre, dans le bestiaire de la langue chinoise, est fréquemment associé au pouvoir le plus cruel qui soit, il incarne donc à merveille, pour les dissidents, le Parti (pensez à Mao dénonçant les puissances occidentales comme des "tigres de papier"...)

weiweinu0.jpg
le tigre et les huit seins
weiweinu0.jpg (20.82 Kio) Consulté 3092 fois
Image
portrait de famille dans Ju Dou

Conçue comme une dérision des portraits de famille, dont je vous donne ci-dessus un exemple emprunté à Ju Dou, cette photo est comprise par les internautes comme une métaphore de "l'écartèlement du comité central", incarné par le "tigre" Ai Weiwei entre les symboles de la Chine nouvelle : à sa gauche, "la bourgeoisie fière et installée", à sa droite, "les médias serviles", derrière lui, "les intellectuels dubitatifs" incarnés par la femme prise de fou rire et, enfin, "les ouvriers migrants" incarnés par la jeune femme timide qui cache sa nudité derrière la chaise.

Que l'interprétation des internautes corresponde ou non à l'intention d'Ai Weiwei, les censeurs n'en ont cure : "Avez-vous dit que vous n'aviez pas l'intention de donner une telle interprétation ?", lui a-t-on demandé lors de son interrogatoire. Et, parce qu'Ai Weiwei répondait par la négative, le policier conclut que ne pas avoir explicitement réfuté cette interprétation revenait "à en avoir l'intention" !


Brice Pedroletti dans Le Monde a écrit:Ai Weiwei, artiste de la révolteArtiste, architecte, cybermilitant trublion inclassable, Ai Weiwei réussit surtout l'exploit de donner un visage à la dissidence chinoise. Ce qui lui vaut d'avoir été choisi par la rédaction du "Monde" comme la personnalité de l'année.
ARCHITECTE, PLASTICIEN de renommée internationale, photographe, blogueur mais aussi fantasque empêcheur de tourner en rond, Ai Weiwei est sans doute la meilleure incarnation de cette Chine qui, aujourd'hui, fait plus que s'éveiller et, grâce à son développement inouï, participe désormais, tant économiquement que politiquement, au grand concert des nations. Les dernières réunions du G8 sur fond de crise financière en ont été la preuve, ainsi que la nouvelle volonté des Etats-Unis de se tourner vers l'Asie au détriment de l'Europe... Mais Ai Weiwei n'est pas simplement le pape de la bohème artistique pékinoise et une vedette, à l'instar de Damien Hirst, Jeff Koons ou Maurizio Cattelan, de l'art contemporain.

Par ses prises de position en faveur de la liberté d'expression, ses provocations, sa dérision et ses pieds de nez, il est devenu le poil à gratter de la société chinoise et le héraut d'une nouvelle dissidence s'exprimant surtout sur Internet. Les autorités ne s'y sont pas trompées en l'arrêtant le 3 avril dernier et en le gardant emprisonné plusieurs semaines pour "crimes économiques". Comme les anonymes de Tunis ou du Caire, les "indignés" de Madrid ou de Wall Street, Ai Weiwei représente à sa façon, joueuse et frondeuse, ce sursaut qui pousse un homme sans qualité à devenir le sujet de sa propre histoire. C'est pourquoi la rédaction du Monde a désigné ce trublion, cet artiste engagé, comme la personnalité de l'année 2011...

Depuis sa libération le 22 juin, Ai Weiwei passe ses matinées à répondre aux mails. Ce fut d'abord une routine de convalescent, de rescapé revenu du monde des morts. C'est désormais un rythme de croisière, même si tout change souvent à la dernière seconde. Il gère également les détails liés aux expositions de ses oeuvres qui tournent dans le monde – une dizaine figurent dans des expositions, toutes programmées avant son arrestation, dont les Têtes du zodiac, actuellement à Los Angeles, ou encore une grande rétrospective à Taipei, et une rétrospective de ses photographies programmée du 21 février au 29 avril 2012 au Jeu de paume à Paris.

A intervalle régulier, il fait des pauses devant l'un des ordinateurs de son atelier de Caochangdi, au milieu de la jeune troupe qui travaille pour lui. Les tweets défilent sur l'écran. On fait remarquer qu'il s'exprime moins qu'avant sur les événements qui embrasent la Toile chinoise. "Je me retiens. Sinon, j'en dirais trop, je ne pourrais pas m'arrêter", dit-il, avec sa voix douce de grand timide.

Toujours banni des médias chinois, le plus célèbre des opposants au régime fait surface de temps en temps là où on ne l'attend pas : le site d'information Caixin, connu pour ses audaces, a ainsi mis en ligne il y a quelques jours une photo de l'artiste à New York, où il vécut de 1981 à 1993. Plusieurs librairies pékinoises vendent son recueil de blogs et d'entretiens sorti en 2010. Une galerie du 798 Qi Jiu Ba, le site industriel converti en espace artistique de Pékin, montre l'une de ses installations sur les écoliers du Sichuan. Comme si de rien n'était, ou presque.

L'ARTISTE, QUI A PASSÉ QUATRE-VINGT-UN JOURS DANS LES GEÔLES secrètes du dragon chinois, d'avril à juin dernier, est toujours sous une forme de liberté conditionnelle. Il ne peut quitter Pékin sans autorisation. Des voitures de police sont stationnées en permanence près de son domicile. On teste la résistance de ceux qui l'entourent : son épouse, Lu Qing, responsable légale de Fake Design, l'agence d'Ai Weiwei, convoquée et interrogée fin novembre par la police, comme plusieurs de ses employés. Ou encore son avocat, Pu Zhiqiang, un grand gaillard à la voix de stentor, dont les policiers cherchent le point faible. La tactique de la victime collatérale est redoutable : les quatre personnes "disparues" en même temps qu'Ai Weiwei en avril – son comptable, son chauffeur, un associé et un partenaire – furent maltraitées en détention. L'un d'entre eux, l'architecte Liu Zhenggang, victime d'une crise cardiaque, faillit même y passer.

Ses après-midi, Ai Weiwei les consacre au fils, âgé de 2 ans, qu'il a eu avec son actuelle compagne. Il l'emmène au supermarché, puis au parc. En soirée, il s'attelle à la signature des "reçus" confectionnés à l'attention de chacun des 30 000 internautes qui l'ont aidé à payer la caution exigée par le fisc. Il reste à en signer les deux tiers.

Les reçus et les timbres qui servent à remercier les milliers de contributeurs qui ont permis de réunir le montant de la caution pour faire sortir l'artiste de prison. "M Le magazine du Monde"
Dans la salle de réunion, le jour de notre passage, quatre bénévoles calligraphient au pinceau le nom des contributeurs, avec le message suivant : "Merci à ceux qui ont la bienveillance de m'aider à traverser cette période sombre, et luttent à mes côtés au nom de la justice. Je promets de rendre tout l'argent emprunté. Ce reçu en est la preuve." Certains des timbres indiquant le montant prêté sont ornés de graines de tournesol ou portent le dessin de la mascotte anticensure des internautes chinois, le lama Caonima (en mandarin, suivant les tons utilisés cao ni ma peut signifier "cheval de l'herbe et de la boue" ou... "nique ta mère").

Ai Weiwei dans son atelier. L'artiste est assisté par de nombreux bénévoles. "M Le magazine du Monde"
Belle revanche sur l'irascible dragon du petit lama en peluche et des Sunflower Seeds : l'oeuvre constituée de millions de graines en porcelaine, faites à la main, présentée lors de la grande exposition de la Tate Modern de Londres, ne symbolise-elle pas, entre autres, les masses chinoises piétinées et désunies ? L'exposition était toujours en cours lors de l'arrestation de son auteur en avril 2011.

Après sa libération, Ai Weiwei a rouvert discrètement un compte sur Weibo, le site de microblogging chinois, sous le nom d'Aihuzi, ou "Ai le Tigre" – ses blogs et ses comptes sur le Net chinois ont tous été fermés au printemps 2009. Les abonnés à Aihuzi, qui se sont vite comptés par dizaines de milliers-, lui ont commandé des graines de tournesol. A eux de payer le port, et il leur en enverrait deux par personnes.

Quand est tombée début novembre la notification d'une amende fiscale à l'encontre de Fake Design, la Toile s'est mise à crépiter. Ai Weiwei et ses avocats ont dénoncé les vices de procédure, l'absence de preuves et l'hypocrisie d'une attaque avant tout politique. Des internautes ont proposé leur aide. Un numéro du compte en banque a été mis en ligne. Et en moins de dix jours, près de 30 000 internautes font parvenir à Fake Design, en leur nom personnel, l'équivalent de 1 million d'euros. La plupart des donations sont accompagnées de messages sur Weibo : "Quand un caonima ne peut ni voter avec sa main ni voter avec ses pieds [en émigrant], il lui reste à voter avec quelques renminbi ! [la monnaie chinoise]", dit l'un de ces 30 000 pieds de nez à l'Etat censeur.

WEIWEI, L'ANCIEN JOUEUR DE BLACK-JACK qui sévissait à Atlantic City, s'amusait à monter des gags avec Allen Ginsberg à Greenwich Village, ou faisait rougir ses compatriotes chinois de passage à New York en les mettant au défi d'être photographié nus, parfois en pleine rue, s'étonne lui-même de ces enchaînements improbables, souvent burlesques. Il n'avait pas prévu, ou calculé, que ses actions auraient un tel impact. "Avec Ai Weiwei, c'est devenu une mode pour les jeunes Chinois de s'intéresser aux affaires publiques. Tout à coup, avec lui, les défenseurs des droits sont devenus des stars. Avant, on les associait à des choses dangereuses, violentes", explique He Peirong, une jeune professeure d'anglais de Nankin convertie l'an dernier en pasionaria de la cause de Chen Guangcheng, un militant aveugle persécuté dans le Shandong. "La défense des droits est devenue une performance artistique", poursuit-elle.

En détention, ses interrogateurs ont notamment reproché à l'artiste plusieurs des photos mises en ligne sur son blog en 2009 et très largement diffusées sur la Toile chinoise. Dans l'une, il apparaît en suspension, dans le plus simple appareil, le sexe dissimulé derrière un caonima en peluche. Un autre cliché, baptisé "Le tigre et les huit seins" par les internautes, montre le quinquagénaire ventripotent et barbu, assis sur une chaise traditionnelle chinoise, en compagnie de quatre femmes, poussées à des degrés variés de fou rire, sur le modèle des portraits de famille. Tout le monde est dévêtu, mais les parties génitales ne sont jamais visibles.

On l'accuse lors des interrogatoires d'avoir fait circuler de la pornographie – la sanction est fonction, lui dit-on, du nombre de gens qui ont vu les photos. Mais on lui reproche surtout leur contenu politique : des jeux de mots sur la position du lama Caonima devant ses "parties centrales" – le comité central du Parti – avaient déclenché l'hilarité sur le Web. Les internautes n'avaient cessé également de débattre des sens cachés du " Tigre et des huit seins ", voyant dans Ai Weiwei un symbole de l'écartèlement du comité central, et dans l'une des odalisques la bourgeoisie fière et installée, dans l'autre les médias serviles, dans la troisième les intellectuels dubitatifs et, enfin, les ouvriers migrants dans la plus timide d'entre elles.

Ai Weiwei dans son atelier, à Pékin, en décembre 2011. "M Le magazine du Monde"
AI WEIWEI S'ÉTAIT POURTANT LANCÉ PAR HASARD dans cette série de nus : en mai 2009, un officiel d'assez haut rang l'a appelé pour lui demander ce qu'il prévoyait pour les vingt ans de Tiananmen. L'artiste a répondu qu'il n'avait pas l'intention de faire quoi que ce soit, mais n'avait pas de promesse à faire. Dans les jours qui ont suivi, ses blogs sur les portails chinois (Sina et Sohu), qui totalisaient 13 millions de visiteurs et avaient servi de support à l'enquête citoyenne qu'il a lancée fin 2008 sur les écoliers disparus du Sichuan, sont supprimés. Le blogueur s'inscrit alors sur un serveur à l'étranger, et s'y montre nu afin de l'authentifier aux yeux des internautes - non sans faire au passage un bras d'honneur à la censure.

Quant aux quatre jeunes femmes, elles voulaient absolument lui rendre visite, et il avait cru, dit-il, les décourager en leur proposant de poser nues. L'expérience fut naturelle, sans aucune perversité, nous a raconté plus tard Ye Haiyan, l'une des participantes. En détention, l'interrogateur d'Ai Weiwei, qui ne cessait de dire "Le sein et les huit tigres" au lieu du "Tigre et les huit seins", voulait lui faire reconnaître sa responsabilité dans les interprétations des photos qui ont tant passionné le Net chinois.

"Avez-vous dit que vous n'aviez pas l'intention de donner une telle interprétation ?", lui demande-t-il.

- Non, répond l'intéressé.

- Alors, cela revient à en avoir l'intention ", a poursuivi le policier..."

L'arrestation d'Ai Weiwei, le 3 avril, alors qu'il est à l'aéroport de Pékin pour se rendre à Taipei via Hong-kong, a surpris tout le monde, lui le premier. Le climat est alors particulièrement délétère en Chine. Depuis fin février, des appels à une "révolution du jasmin" circulent et des dizaines de militants, d'internautes, d'avocats sont mis au secret - une vague de répression comme la Chine n'en avait plus connu ces dernières années.

Mais Ai Weiwei bénéficie d'une protection non dite : internationalement connu, célèbre en Chine même si son nom est censuré depuis 2009, il est le fils du grand poète Ai Qing (1910-1996), dont les oeuvres sont connues de tous les Chinois et célébrées par le Parti. Ai Qing fut désigné comme " droitiste " et envoyé en exil dès 1957, l'année où naît Ai Weiwei, puis traité comme un paria pendant la Révolution culturelle - une expérience qui a fortement marqué le jeune Weiwei – "C'était le règne de l'inhumanité la plus complète", se souvient-il aujourd'hui. Le grand poète fut finalement réhabilité à la mort de Mao.

En faisant "disparaître" Ai Weiwei à l'aéroport, la police politique rend l'arrestation officieuse. Aucune notification ne sera jamais fournie à la famille. Des policiers perquisitionnent le jour même son studio. La presse officielle évoque quelques jours plus tard des "crimes économiques", tout en accusant l'individu de s'être "approché trop près de la ligne rouge". Le prisonnier restera tout le temps de sa détention dans un lieu secret, sous la surveillance constante de deux soldats postés dans sa cellule. L'arrestation ne l'a pas surpris. Les trois films documentaires qu'il a réalisés sur le harcèlement policier subi par des militants chinois (Blissful Harmony, A Beautiful Life et The Police Hit People), un travail de documentation sur la répression policière quasiment unique en Chine, ne lui ont laissé "aucune illusion" sur les méthodes employées.

C'EST APRÈS QUE ÇA S'EST GÂTÉ. "Quand on vous dit qu'il n'y a pas de loi pendant six mois, que vous ne pouvez pas prévenir votre famille, la situation est grave. On vous martèle que vous tombez sous le coup d'une autre forme de loi", raconte-t-il un matin de décembre. Le suspect subit une cinquantaine d'interrogatoires. "D'un côté, ça semble ridicule. Mais c'est comme un verdict. Ils vous disent que vous prendrez dix ans pour subversion, que vous ne reverrez jamais votre mère, ni grandir votre enfant. Jour après jour, ils vous le répètent et vous y croyez", explique-t-il. Une dizaine de billets de son blog écrits en 2007 et 2008 sont sélectionnés par ses interrogateurs.

"Mon degré de critique, selon leurs critères, équivalait à de la subversion", raconte-t-il. De même, six écrits de Liu Xiaobo avaient motivé la sentence "d'incitation à la subversion de l'Etat", prononcée le 25 décembre 2009 et qui lui valut onze ans de prison. Ai Weiwei sera questionné sur ses interviews à la presse étrangère, sur une conférence donnée dans une université à Hong-kong, sur le fait qu'il partage sa vie avec une femme autre que son épouse actuelle. Il doit livrer chaque jour des autocritiques, devant la caméra et sous forme écrite : "Vous devez admettre des crimes, sans savoir par rapport à quelle loi. Vous n'avez pas d'avocat. J'avouais, en disant, s'il est prouvé que ce soit un crime...", confie-t-il.

Certes, ce trublion de la Toile chinoise, qui avait appelé au boycott des Jeux olympiques en 2008 alors même qu'il avait participé à la conception du fameux stade Nid d'oiseau, n'y allait pas avec le dos de la cuillère dans ses attaques. "Vous disparaîtrez de notre vue dès que vous nous aurez rendu le droit de vote, et on n'entendra plus jamais parlez de vous. Toi le régime totalitaire sans vergogne, on aura même plus besoin de t'insulter – tu sombreras dans l'oubli", écrit-il en 2009 sur Twitter. Il est connu pour ses photos et ses sculptures du majeur de la main dressé bien droit, dans un perpétuel défi au pouvoir communiste.

Est-ce parce qu'il n'était pas en Chine durant la décennie qui mena aux événements de Tiananmen en 1989 qu'il se permet une telle liberté ? "Il va trop loin. Il cherche la publicité", s'agacent souvent des artistes de sa génération. La plupart ont enterré la hache de guerre. Ils profitent de tous les avantages de cette Chine ouverte à (presque) toutes les libertés et dans laquelle il importe bien moins de n'avoir pas de droits tant qu'on a beaucoup d'argent.

Quand en 2009 tout un groupe d'artistes expulsés de leurs ateliers,l'invite à rejoindre ses activités de protestation, certains l'accuseront de tirer la couverture à lui dans les médias étrangers. Ou le trouvent trop extrémiste. Quand il embarque quelques têtes brûlées pour défiler avenue de la Paix-Céleste, lui marche à l'écart, pour les filmer ; les autres artistes, intimidés par la police, s'en tiendront à des jeux de colonie de vacances dans un gymnase...

Son histoire d'amour avec Internet - après que le portail Sina lui propose de tenir un blog en 2007 - est loin de se résumer aux milliers de coups de gueule, sous forme de commentaires ou de tweets, qu'il a pu y publier à propos de telle ou telle affaire. C'est le travail sur le film Fairy Tale (2007) qui lui fait compren-dre pour la première fois le potentiel de ce nouveau média : il lance sur son blog un appel afin de recruter 1 001 candidats désirant voyager pour la première fois en dehors de Chine, à l'occasion de la foire Documenta de Kassel en Allemagne. La sélection de cet " échantillon vivant" de Chine fera l'objet d'un documentaire passionnant. En 2008, l'affaire Yang Jia, un jeune meurtrier que les internautes baptiseront "le tueur de flics", révélera quelques-unes des dysfonctionnements aberrants du système judiciaire chinois et le malaise d'une partie de la jeunesse. Ai Weiwei en fera une enquête filmée sur les jours qui ont précédé le massacre.

Le scandale des écoles du Sichuan qui, mal construites, s'écroulent en quelques secondes lors du séisme de mai 2008, amènera l'architecte qu'il est aussi à lancer en décembre 2008 une enquête citoyenne : près de 200 bénévoles vont dans les régions sinistrées retrouver les noms des enfants disparus. Le sujet est devenu tabou. Les parents des enfants et les bénévoles sont harcelés. La progression de l'enquête est racontée sur un blog. Toute une série d'installations, de films et de performances déclineront ce déni de mémoire, comme Nian ("le manque", en français), 4 851 noms prononcés par autant d'internautes qui lui ont chacun envoyé un fichier sonore. Forcées de réagir, les autorités publieront enfin un bilan des enfants victimes. Une victoire, même si l'enquête officielle sur les responsabilités des constructions défaillantes n'aboutira jamais.

Ai Weiwei en train de pianoter sur son smartphone. L'artiste passe beaucoup de temps à communiquer sur la Toile. "M Le magazine du Monde"
En parallèle à l'initiative d'Ai Weiwei, Tan Zuoren, un militant de Chengdu qui avait lui aussi entrepris de créer un mémorial pour les enfants, se fait arrêter (mars 2009), puis condamné en août à la prison pour " incitation à la subversion". Ai Weiwei est indigné. Il se rend à Chengdu avec les avocats de Tan Zuoren et plusieurs supporters pour témoigner à son procès en appel. Mais la petite troupe est séquestrée à l'hôtel par la police, Ai Weiwei recevant même un coup sur la tête – il découvrira ensuite qu'il en a gardé de graves séquelles lors d'un examen médical en Allemagne.

L'une des assistantes d'Ai Weiwei est kidnappée. Son mari accourt de Pékin, et l'équipée se lance à sa recherche dans les commissariats de la ville. Cela deviendra un film désopilant, intitulé Lao Ma Ti Hua, qui révèle au grand jour l'inanité du concept de justice dans la Chine d'aujourd'hui. "On prenait quelques images pour nos archives. Et puis j'avais enregistré le son quand les policiers sont entrés dans ma chambre et m'ont frappé. J'étais tellement en colère qu'on a décidé d'en faire un film", se souvient-il. Lao Ma Ti Hua et la dizaine d'autres documentaires de Fake Design, produits en 2009-2010, sont la partie émergée de l'iceberg d'impertinence qu'est le plus engagé des artistes chinois. Près de 100 000 DVD ont été distribués en Chine par le studio. Au moins autant ont été téléchargés sur le Net.

Lui en a-t-on parlé, lors des interrogatoires ? "Il y a des choses qu'ils ne me demandaient jamais. C'est comme s'ils évitaient. Par contre, ils voulaient savoir qui j'avais rencontré à New York vingt ans auparavant !" Allez savoir ce qui trotte dans la tête du dragon ?...
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Re: Ai Weiwei et les voix du silence

Messagepar mandarine » 24 Déc 2011, 08:36

décidément , je l'apprécie de plus en plus ce Ai WeiWei , et je suis loin d'être la seule !
merci Laoshi pour cet éclairage :applause:
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
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Ai Weiwei exposé au Jeu de Paume

Messagepar laoshi » 01 Jan 2012, 14:27

:peintre: Si vous avez la possibilité de vous rendre facilement à Paris, je crois que vous pourrez vous régaler au Jeu de paume, qui, après avoir soutenu Ai Weiwei en faisant signer une pétition en sa faveur lorsqu'il était incarcéré, lui consacre une exposition. Voici la présentation qui en est faite sur le site du Jeu de paume

Ai Weiwei : Entrelacs du 21 février au 29 avril 2012
Au début des années 1980, Ai Weiwei (Pékin, 1957) choisit New York comme terrain d’expression, y photographiant quotidiennement le monde qui l’entoure. Il poursuit cette pratique à Pékin, où il revient en 1993, montrant les multiples aspects de la réalité urbaine et sociale de la Chine. Ses photographies témoignent du capitalisme anarchique qui se développe dans son pays et des contradictions de la modernité. Tout à la fois architecte, sculpteur, photographe, blogueur et adepte des nouveaux médias, Ai Weiwei devient rapidement l’un des artistes majeurs de la scène artistique indépendante chinoise, produisant une œuvre prolifique, iconoclaste et provocatrice.

Ai Weiwei est un artiste généraliste et un critique social qui a entrepris de faire bouger la réalité et de contribuer à la façonner. C’est un observateur perspicace des enjeux et des problèmes sociétaux d’aujourd’hui, un grand partisan de la communication et des réseaux, et un artiste qui sait introduire de la vie dans l’art et de l’art dans la vie. Il aborde de front la question des conditions sociales en Chine et dans d’autres pays en livrant son témoignage sur les bouleversements que subit Pékin au nom du progrès, en adoptant dans ses Études de perspective une attitude irrespectueuse à l’égard des valeurs établies ou en rompant avec le passé dans des oeuvres composées de vieux meubles trouvés. L’idée qui le guide reste la même : libérer les potentiels dans le présent et pour l’avenir, affirmer ses positions grâce aux dizaines de milliers de photos et de textes diffusés sur son blog ou par le biais de Twitter.

“Ai Weiwei : Entrelacs” est la première grande exposition en France consacrée à cet artiste et homme de communication qui observe l’état du monde, l’analyse et tisse des liens avec ses semblables par de multiples canaux. L’exposition, qui présente également des vidéos de l’artiste, est centrée sur les photographies d’Ai Weiwei : celles par lesquelles il rend compte des mutations profondes du paysage urbain de son pays ; celles aussi qui relèvent d’une démarche plus artistique : le Conte de fées pour la documenta de Cassel et les innombrables photos numériques diffusées sur son blog ou à l’aide de son téléphone portable.
Par la richesse de son iconographie, cette exposition consacrée à Ai Weiwei tend à montrer la diversité et la complexité du personnage et sa manière d’être constamment en relation avec le monde. D’où cette idée d’entrelacs, de liens qui ne cessent de se tisser par-delà les frontières et les obstacles en tout genre.
Placé en détention le 3 avril 2011 par les autorités chinoises, libéré sous caution le 22 juin 2011, il est, à ce jour, toujours interdit de sortie du territoire.


> Commissaire : Urs Stahel

> Exposition co-produite
par le Fotomuseum Winterthur
et le Jeu de Paume, Paris.
En partenariat avec A Nous, Arte,
Courrier international, Polka Magazine,
Rue 89 et France Info.
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le redressement fiscal réexaminé

Messagepar laoshi » 21 Fév 2012, 10:22

Signe que la lutte paie, le redressement fiscal kafkaïen dont je vous avais parlé va être réexaminé, a-t-on appris dans Libération début janvier (j'avais manqué l'information) :

«Ils disposent de deux mois pour revoir ce dossier. Si nous ne sommes pas satisfaits des résultats, nous pouvons saisir la justice», a déclaré Pu Zhiqiang, un avocat qui défend les intérêts de la société Fake Cultural Development, fondée par Ai mais enregistrée au nom de sa femme.
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