1an 1/2 de travaux forcés pour Tang Hui, mère courage

l'idée de ce forum m'a été inspirée par l'action d'Ai Weiwei concernant les disparus du Sichuan, je vous propose d'y donner le nom de chacun des dissidents emprisonnés, disparus ou libérés dont vous aurez des nouvelles

1an 1/2 de travaux forcés pour Tang Hui, mère courage

Messagepar laoshi » 17 Sep 2012, 22:41

Je vous ai déjà parlé du système des laojiao, camps de rééducation par le travail et des pétitionnaires qui tentent de faire valoir leur droit contre l'arbitraire mais sont, le plus souvent, durement réprimés pour avoir osé mettre en cause les fonctionnaires corrompus dont ils sont victimes. Le cas de Mme Tang, récemment évoqué au journal de 20 heures sur France 2, conjugue les deux questions.

Tang Hui, dont la fille a été enlevée, violée, séquestrée et prostituée à l'âge de 11 ans par un patron de bordel en octobre 2006 , s'est vu infliger une peine d'un an et demi de camp de rééducation par le travail pour avoir protesté contre la collusion des policiers chargés de l'enquête et du proxénète d'une part et contre le silence complice du tribunal qui n'a pas jugé bon de dénoncer les protections dont jouissait celui-ci d'autre part.

Pour se faire entendre, Tang Hui a utilisé toutes les voies de recours des pétitionnaires, pire, "elle n'a pas hésité à occuper pendant quinze jours un lieu d'accueil du public pour l'enregistrement des plaintes au tribunal intermédiaire de Yongzhou, ou à se coucher devant les voitures de cadres locaux". Face à cette mère-courage, la police a sorti l'arsenal habituel de la répression et de la langue de bois : selon elle, "la conduite de Tang Hui a gravement perturbé l'organisation des unités de travail et l'ordre social, provoquant une influence extrêmement mauvaise sur la société", et la sanction, une peine administrative sans jugement, est tombée : un an et demi de laogai...

C'était sans compter sur la puissance des réseaux sociaux, Weibo en tête, que le pouvoir ne parvient pas à bâillonner... Le Quotidien du peuple a finalement dû emboîter le pas aux internautes indignés qui ont relayé le combat de Mme Tang. Ce fait divers tragique met en lumière l'une des plaies de la société chinoise, le recours à la détention extrajudicaire, manifestement contraire à la constitution chinoise elle-même, et que dénonçait déjà Liu Xiaobo.


Le Monde a écrit: Mais l'affaire va désormais bien au-delà du cas personnel de Tang Hui. Elle relance les appels en faveur de l'abolition du laojiao, une anomalie pour de nombreux pénalistes chinois. "Dans l'affaire Tang Hui, il ne faut pas seulement regarder la barbarie des organes de maintien de la loi (...), il faut surtout regarder la cruauté et la noirceur du système de rééducation par le travail", a estimé l'écrivain Murong Xuecun. "Depuis quarante-cinq ans, des millions de personnes en ont souffert et demain, il continuera à apporter souffrance et douleur", a-t-il ajouté..
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du fait divers à l'affaire d'Etat

Messagepar laoshi » 07 Jan 2013, 22:54

Comment un fait divers devient-il une affaire d'Etat ? Le cas Tang Hui, qui a indigné la Chine tout entière, n'a pas été pour rien dans la récente annonce de la fin du laojiao, c'est ce que rappelle un article de Courrier International, La fossoyeuse des camps de travail, je vous le recommande.
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Re: 1an 1/2 de travaux forcés pour Tang Hui, mère courage

Messagepar mandarine » 08 Jan 2013, 10:21

Les centres de rééducation par le travail sont finalement devenus le choix le plus pratique pour mater des “casse-pieds” comme Tang Hui.(La fossoyeuse des camps de travail)

C'est bien ce que nous disions par ailleurs ; ce pouvoir est bien pratique finalement à ce premier stade de la hiérarchie;il serait étonnant qu'il disparaisse ...
Les autorités de votre pays,qui elles aussi pensent forcément à leurs intérêts,ne manqueront pas de comprendre combien le type de célébrité que leur vaut la persécution de personnes telles que vous les dessert Vaclav Havel à Liu Xiaobo
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Tang Hui se rebiffe

Messagepar laoshi » 12 Avr 2013, 08:26

Signe de la volonté, maintes fois affirmée par Xi Jinping, de réformer voire de fermer les camps de travail, la démarche juridique de Tang Hui, qui demande réparation à la justice et à la police après avoir été détenue de manière arbitraire ? Apparemment, cette fois, sa plainte a été jugée recevable.

CRIonline a écrit:Début d'un procès opposant l'administration à une femme envoyée en camp de rééducation

La mère d'une jeune fille victime de viol a décidé de poursuivre les autorités après avoir été placée en camp de rééducation par le travail. L'audience a débuté vendredi matin à Yongzhou, dans la province centrale du Hunan.
Tang Hui, qui avait fait des pétitions afin d'obtenir justice pour sa fille, enlevée et forcée à se prostituer, a demandé une compensation de 1.463,85 yuans (234 dollars) à la commission municipale de rééducation par le travail pour atteinte à sa liberté, selon le Tribunal populaire intermédiaire de Yongzhou.

Dans le cadre d'un procès administratif tenu en janvier, Tang Hui avait également demandé 1.000 yuans pour les dommages psychologiques subis ainsi que des excuses écrites.

En janvier, la commission de rééducation par le travail de Yongzhou avait refusé sa demande de compensation de l'Etat pour sa détention dans un camp de rééducation par le travail.

Cette affaire est aujourd'hui présentée devant un tribunal.

En octobre 2006, la fille de Tang Hui, alors âgée de onze ans avait été enlevée, violée et forcée à se prostituer, avant d'être secourue le 30 décembre de la même année.

Le 5 juin 2012, le Tribunal populaire supérieur de la province du Hunan a condamné deux des prévenus à la peine de mort. Quatre personnes ont également été condamnées à une peine de prison à perpétuité, et une autre à une peine de 15 ans d'emprisonnement.

Avant et après le verdict, Tang Hui avait fait des pétitions à plusieurs reprises devant des bureaux gouvernementaux. Selon elle, la police locale aurait en effet falsifié des preuves pour réduire les peines à l'encontre des personnes impliquées dans l'affaire.

Le 2 août, Tang Hui avait été envoyée dans un camp de rééducation par le travail de la ville de Yongzhou afin d'y purger une peine de 18 mois pour avoir "gravement perturbé l'ordre social et exercé un impact négatif sur la société".

Sa détention avait provoqué la colère du public. Grâce à la pression de la société, Tang Hui avait été libérée huit jours plus tard, car sa fille, âgée de 17 ans en 2012, était encore une mineure et avait donc besoin de sa mère.
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Re: 1an 1/2 de travaux forcés pour Tang Hui, mère courage

Messagepar mandarine » 12 Avr 2013, 11:29

Tang Hui n'en fait pas une affaire d'argent ;ses prétentions pour les préjudices subis sont ridiculement basses.
Dans le cas contraire , elle aurait été accusée de profiter de l'enlèvement de sa fille...
Quoi qu'elle dise ou qu'elle fasse ,elle ne peut rien attendre des autorités sans l'appui des médias .
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Cela ne s'arrange pas vraiment pour cette" mère courage"

Messagepar mandarine » 22 Mai 2013, 16:27

Seuls les policiers à ce jour n'ont pas été inquiétés...


Monde
Chine: pour sa fille violée, le combat acharné d’une «mère courage»
21 mai 2013 à 07:44
Tang Hui, le 28 avril 2013 à Changsha


Image

L’enlèvement, le viol et la prostitution forcée de sa fille avaient amené Tang Hui à demander justice. Mais l’obstruction permanente des autorités chinoises, et jusqu’à son propre emprisonnement, a fait d’elle une activiste prête à tout.

Pendant sept ans, elle s’est battue contre les hommes qui avaient violé sa fille et le système qui l’empêchait d’agir, jusqu’à obtenir la mobilisation de l’opinion lors de son internement en camp de travail l’an dernier, faisant d’elle une «cause célèbre» en Chine.

L’indignation soulevée par sa condamnation a contraint les autorités à la libérer. Tang a repris aussitôt son combat, sans illusion. Mais elle refuse de baisser les bras.

«Ce qui a le plus changé pour moi, c’est que je ne crois plus en la justice dans cette société», lance-t-elle en élevant la voix, lors d’une interview à Changsha, capitale de sa province natale du Hunan (centre).

La mère de 40 ans secoue ses cheveux fatigués: une coupe au carré, qui repousse doucement après avoir été tondue à blanc dans le camp de travail.

«Je continuerai, bien-sûr», prévient-elle.

Tang a voulu que les sept hommes qui ont forcé sa fille --11 ans à l’époque-- à se prostituer en 2006 soient châtiés. Mais aussi la dizaine de policiers qu’elle accuse d’avoir violé l’enfant et falsifié des preuves pour couvrir les proxénètes.

Elle a retrouvé sa fille trois mois plus tard dans un bordel. Le policier en charge du dossier a refusé d’intervenir, selon elle. «Il n’est pas même pas entré à l’intérieur (du bordel). Il est resté devant, puis il est reparti en voiture».

Finalement, d’autres policiers sont venus sauver sa fille. Mais ce n’était que le début, pour Tang, et au long de son combat, raconte-elle, elle s’est fait tabasser, accuser à tort et interner en camp de travail.

Pour Yu Jiangrong, chercheur à l’Académie chinoise des sciences sociales, Tang Hui est tombée dans ce qu’il qualifie de «cercle vicieux»: ces citoyens ordinaires qui deviennent des militants obsessionnels parce que le tort qu’ils ont subi n’est pas traité correctement.

«Les autorités locales ont recours à des méthodes si violentes que les revendications des gens se radicalisent», écrivait-il dans une des rares critiques publiques du régime en décembre dernier.

La fillette en est sortie terrifiée. Elle a attrapé un herpès, fait encore des cauchemars aujourd’hui et fuit les hommes. Pour éviter d’être stigmatisée, elle a déménagé dans une autre province et change d’école presque tous les ans.

Sa mère est restée au Hunan pour obtenir justice. Elle a suivi impatiemment les étapes du procès des ravisseurs. Un an pour qu’il s’ouvre, puis, de tribunaux en tribunaux, l’affaire a traîné quatre ans de plus. Un temps singulièrement long pour un système judiciaire volontiers expéditif.

Du coup, Tang Hui en est devenue «activiste», dans un pays où l’agitation est vite étouffée.

Elle qui a arrêté ses études au primaire et survit en tenant une boutique a écrit son histoire sur des tracts qu’elle a distribués dans la rue. A deux reprises, elle est restée des heures agenouillée devant le tribunal de Changsha. De là, elle est allé à Pékin porter sa requête aux autorités centrales, un mode de contestation ancestral en Chine.

Soucieux de conserver leur poste en parant aux moindres troubles dans leur province, le chefs locaux l’ont mise sous surveillance: «Chaque fois que je me rendais à Pékin, ils me ramenaient de force», raconte-t-elle.

Détenue à plusieurs reprises à Changsha, elle est si violemment battue une fois qu’elle passe plus d’une semaine à l’hôpital, vomissant, le visage tuméfié.

En juin 2012, deux des sept kidnappeurs sont condamnés à mort, quatre à la prison à vie et un à quinze ans de réclusion.

Mais Tang veut la condamnation des policiers. Elle récolte 12 mois de travaux forcés dans un camp proche de Changsha.

Dans ces camps, les tortures sont courantes: décharges électriques, mise aux fers, positions insupportables, ainsi que l’a révélé un magazine chinois en avril.

Tang n’était pas autorisée à parler avec ses co-détenues et n’a donc jamais su ce qu’elles avaient enduré.

En une semaine, la nouvelle de sa détention a fait le tour de l’internet et provoqué la colère de l’opinion. L’Etat doit «protéger les citoyens», dira un internaute.

Tang a saisi la justice pour sa condamnation. Demande rejetée, elle fait appel. Ses chances de victoire sont «infimes», dit-elle.

«Les gens ordinaires, comme moi, on peut bien s’agenouiller mille fois, dix mille fois, on obtiendra jamais de résultat», mais «si on ne le fait pas, ces gens ne paieront jamais pour ce qu’ils ont fait», dit-elle.




http://www.liberation.fr/monde/2013/05/ ... age_904214
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Tang Hui ou comment la Chine fabrique la dissidence

Messagepar laoshi » 22 Mai 2013, 17:03

Je me demande comment cette femme peut trouver en elle tant de courage !

On nous dit toujours que les dissidents et autres activistes sont manipulés par l'Occident qui rêve d'introduire le chaos en Chine. Mais ce qui est extraordinaire, dans cette affaire, c'est qu'elle n'a rien, au départ, de politique ! Elle nous montre comment les autorités chinoises produisent elles-mêmes la "dissidence" en couvrant jusqu'au bout les policiers et autres cadres corrompus.

On aurait envie de dire à Tang Hui : "tenez bon, on est de tout coeur avec vous" mais comment pourrait-elle nous entendre ?

Une note d'espoir cependant : désormais, les autorités chinoises ne sont plus à l'abri de l'opinion ; avec Internet, malgré l'efficacité de la Grande Muraille éléctronique, malgré la mise sous surveillance des internautes, les nouvelles se répandent comme une traînée de poudre. Du coup, les journaux eux-mêmes, comme le magazine dont il est question dans l'article, ne peuvent plus rester muets et de plus en plus de journalistes ruent dans les brancards ; quand aux universitaires, comme Yu Jiangrong, chercheur à l’Académie chinoise des sciences sociales, ils se sentent suffisamment portés par ce courant d'opinion pour oser formuler ouvertement certaines critiques...

Espérons que Tang Hui obtiendra réparation pour sa fille et pour toutes les femmes chinoises prostituées de force avec la complicité active de policiers proxénètes.
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