Liu Xia, le cauchemar chinois ou la Novlangue de Pékin

[laoshi]

Chacun se souvient de la novlangue de George Orwell dans 1984 : les mots y disent exactement le contraire de ce qu'ils signifient dans la langue ordinaire à moins qu'ils ne soient purement et simplement vidés de leur sens. C'est ce que l'on constate dans la réponse des autorités pékinoises à la lettre de Liu Xia, dénonçant la répression arbitraire à laquelle elle est soumise depuis l'incarcération de son mari, Liu Xiaobo, et les conditions inhumaines dans lesquelles elle survit. Alors qu'elle n'a commis aucun délit, qu'elle n'a été condamnée par aucune juridiction, elle n'en est pas moins assignée à résidence depuis des années et quasiment séquestrée chez elle, privée de la visite de ses proches ou à ses proches. Ce cauchemar, le PCC l'appelle "le rêve chinois" et cet arbitraire, il l'appelle, sans rire, "l'Etat de droit"...

Lettre de colère de l'épouse de Liu Xiaobo, Nobel de la paix

L'épouse du dissident chinois lauréat du prix Nobel de la paix Liu Xiaobo dénonce dans une lettre ouverte adressée au président Xi Jinping l'"implacable répression" dont elle se dit victime.

"Dans l'état de droit, c'est la justice que nous devrions observer de la part de l'autorité publique, et non une implacable répression fondée sur la violence", écrit Liu Xia dans sa lettre diffusée vendredi par un avocat de la famille.

"D'après mon expérience, le 'rêve chinois' que vous défendez est devenu un cauchemar chinois", poursuit-elle. "Peut-être dans ce pays, être l'épouse de Liu Xiaobo constitue un crime."

Liu Xia est assignée à résidence pour des raisons qu'elle dit ignorer depuis que son mari a été désigné prix Nobel de la paix en 2010. Son frère a été condamné à onze ans de prison pour fraude fiscale. Ses proches affirment que le procès de Liu Hui a été fabriqué de toutes pièces.

Issu du mouvement démocratique de la place Tiananmen, en 1989, Liu Xiaobo purge une peine de onze ans de prison pour subversion, prononcée contre lui en 2009.

Au ministère chinois des Affaires étrangères, on disait vendredi n'avoir pas connaissance de la lettre de Liu Xia. "Comme vous le savez, la Chine est un Etat de droit et les autorités judiciaires chinoises traitent les dossiers en accord avec la loi", a dit la porte-parole du ministère, Hua Chunying.

[laoshi]

Liu Xia a réussi à communiquer brièvement avec Tsering Woeser, une intellectuelle tibétaine, au téléphone. Par deux fois, la voix tremblante, elle a dit "je suis Liu Xia" puis elle a ajouté "je vais mal" ; elle a dit qu'elle était malade mais qu'elle essayait de faire bonne figure.

[mandarine]

Des souffrances silencieuses ,mais pas encore muettes heureusement.
Que c'est triste.

[laoshi]

Les amis de Liu Xia sont très inquiets pour elle. L'assignation à résidence à laquelle elle est condamnée n'a rien à voir avec ce que l'on appelle de ce nom dans notre démocratie. Liu Xia est absolument prisonnière de son domicile et n'a que de très rares autorisations de sortie, toujours sous contrôle. La grave dépression dont elle a déjà souffert semble s'être à nouveau emparée d'elle. Selon Woeser, elle avait bu lors de son coup de téléphone ce qui témoigne de son état de profond désespoir...