par laoshi » 08 Jan 2017, 11:30
Voici un très beau poème de 孟浩然 [mèng hào rán] Meng Haoran (689—740):
chūnxiǎo
春晓
Aurore de printemps
春 眠 不 觉 晓 ,
chūn mián bú jué xiǎo,
Somnolent (un matin de) printemps, je n'ai pas vu (poindre) l'aurore
处 处 闻 啼 鸟 。
chù chù wén tí niǎo
(mais déjà) alentour j'entends chanter les oiseaux
夜 来 风 雨 声 ,
yè lái fēnɡ yǔ shēnɡ,
Cette nuit, c'était le tumulte de la pluie et du vent qui me venait
花 落 知 多 少 。
huā luò zhī duō shǎo
Allez savoir combien de fleurs sont tombées
Ce beau poème est fondé sur une expérience toute simple, que chacun d'entre nous a sans doute faite : le poète s'est endormi au petit matin après une nuit de tempête et d'insomnie ; or, contre toute attente, à son réveil, le chant des oiseaux, annonçant l'aurore, a chassé le vacarme nocturne comme par magie. Le poète évoque sans doute aussi par là l'aube de l'année, le jour de la Fête du Printemps. Mais le sens du poème est aussi symbolique : fēnɡ yǔ, le vent et la pluie, ce sont aussi les tourments de l'existence, les aléas de la vie... Dès lors le dernier vers prend une teinte discrètement dramatique.
Ce quatrain, très expressif, a la structure canonique du jueju dans laquelle le premier vers introduit le thème, le deuxième l'amplifie et le renforce, le troisième amorce un tournant conduisant à la conclusion du quatrième vers.
laoshi