L'idée de ce forum m'a été inspirée par l'action d'Ai Weiwei, l'architecte "disparu" après que les "promenades du jasmin" eurent mis les autorités en émoi et libéré à la veille du récent voyage de Wen Jiabao en Angleterre et en Allemagne. Ai Weiwei avait décidé de donner un nom à chacune des petites victimes du tremblement de terre du Sichuan dont le régime aurait bien voulu ne plus entendre parler. Elle m'a rappelé le beau poème d'Eluard, Liberté, où les mots "j'écris ton nom" reviennent en un leitmotiv obsédant et que j'ai voulu dédier aux morts de Tian'Anmen dont on ne saura peut-être jamais le nom. Je vous propose donc d'écrire ici, avec moi, le nom de toutes les victimes de la répression dont vous apprenez le nom...
Beaucoup pourtant, sont morts sans nom. On ne saura sans doute jamais qui était ce jeune homme qui arrêta pendant quelques instants une colonne de chars en route pour la place Tian'Anmen (la porte de la paix du ciel) en juin 1989. Alors des milliers d’étudiants pékinois campaient depuis le 15 avril 1989 sur cette immense place pour exiger des réformes démocratiques, le régime communiste, tenu d’une main de fer par Deng Xiaoping, décidait d’en finir avec « les émeutiers » ; bien que les soldats aient, à plusieurs reprises, fraternisé avec les étudiants, les massacres furent terribles : entre 2600 et 3000 morts selon la Croix Rouge, chiffres terribles et invérifiables dans l'état actuel des choses... Les mères de la Place Tian'Anmen, qui se battent pour faire reconnaître l'existence de leurs enfants morts, ont, pour l'heure, recueilli 180 noms malgré toutes les pressions que le régime exerce sur les parents des disparus pour les empêcher de parler.
En hommage à tous ces morts anonymes, je dédie ce poème beau d'Eluard chanté par Hélène Martin :