TF1 News du 28 décembre 2010 a écrit:La mort sous les roues d'un camion d'un chef de village qui s'était dressé contre des expropriations de terres a enflammé les forums de discussion chinois, pourtant très surveillés. De nombreux internautes remettent en cause la thèse officielle de l'accident.
Qian Yunhui, 53 ans, chef du village de Zhaiqiao dans la province orientale chinoise du Zhejiang, a été écrasé samedi par un poids lourd alors qu'il traversait une rue, a affirmé mardi la presse d'Etat. Le chauffeur du camion, non titulaire du permis de conduire, a été interpellé par la police ainsi que six résidents qui ont agressé les policiers à leur arrivée, a notamment assuré le quotidien officiel China Daily.
Mais cette version des faits est dénoncée par des résidents du bourg concerné et par de nombreux internautes. "Il semble difficile de croire à l'accident", a estimé M. Wu, un habitant du village cité par le journal Global Times. Des photos extrêmement crues -dont l'origina n'a pu être vérifiée - du corps disloqué du responsable, coincé sous la roue avant gauche du camion, ont été publiées notamment sur le site tianya.com, ainsi que sur le site de micro-blogging de Netease, un équivalent chinois de Twitter. "Ce n'est pas un accident de la route. Il s'agit d'un meurtre pour saisir des terrains", a lancé un cybercitoyen sur un forum local du web, ne croyant pas, comme beaucoup d'autres, à la thèse de l'accident. Une thèse alimentée par le fait que les autorités ont refusé de fournir des images vidéo, prises par des caméras de surveillance, de l'accident présumé, selon le Global Times.
M. Qian, le chef du village, avait été placé en détention trois fois depuis 2005 pour avoir exigé au nom des agriculteurs locaux des compensations pour des expropriations de terres destinées à la construction d'une centrale électrique. Le village s'était vu octroyer 65 millions de yuans (7,4 millions d'euros) pour ces saisies, une somme qui n'aurait jamais été versée selon des articles de presse.
Les internautes chinois, les plus nombreux au monde, utilisent de plus en plus l'internet pour dénoncer les passe-droits d'éventuels notables locaux corrompus ou ce qu'ils considèrent comme des erreurs de justice.