les offrandes de papier dans l'exposition Prune Nourry

les offrandes de papier dans l'exposition Prune Nourry

Messagepar laoshi » 16 Juin 2017, 11:33

La tradition des mingqi, [míngqì] des figurines de terre cuite accompagnant les défunts dans leur vie posthume que l’on voit au Musée Guimet, se prolonge dans les objets de carton que Prune Nourry expose dans la tête de son Bouddha géant. Ce sont d’authentiques offrandes contemporaines censées assurer au défunt tout le confort dans sa vie posthume.

Lao She, qui a travaillé comme apprenti dans une fabrique de la « confection funéraire » au début du 20° siècle, en parle ainsi dans Histoire de ma vie :


Lao She, dans Histoire de ma vie a écrit:

Un homme n'avait pas plus tôt rendu l'âme qu'on devait sur-le-champ fabriquer le "char funèbre" […]. Tout de suite après, il y avait "le troisième jour de la veillée mortuaire", pour lequel on ne pouvait se passer de "figurines à brûler" : des voitures, des palanquins, des mules et des chevaux, des coffres à linge, des "hommes de carton-pâte", des "bannières pour guider les âmes", des fleurs de papier, et beaucoup d'autres choses encore... Et quand on avait le malheur de mourir avant les relevailles, il fallait encore un buffle et une cage de coqs. Le "premier sept" venu, au moment où on psalmodiait les soutras, on devait confectionner des pavillons garnis de lingots, des montagnes d'or et d'argent, des rouleaux de tissus et des lingots, des vêtements, des plantes et des fleurs pour les quatre saisons, des collections d'antiquités et toutes sortes de meubles. Et quand arrivait la "levée du corps", outre les pavillons et constructions de papier, on avait encore besoin de beaucoup d'effigies à brûler : même pour les gens les plus démunis, un couple de "serviteurs" était nécessaire. Le "cinquième sept", on brûlait une ombrelle, et le soixantième jour après le décès, on fabriquait un bateau et des ponts. Alors seulement, un mort en avait fini avec nous, les colleurs de papier. 


Et la tradition ne s’est pas éteinte, comme en témoigne la description de deux cercueils luxueux dans le Rêve du Village des Ding :

Yan Lianke, dans Le Rêve du Village des Ding a écrit:

L’intérieur du cercueil d’or était entièrement décoré de scènes de bonheur. Il y avait tout ce qu’on pouvait désirer : la télévision, le réfrigérateur, une machine à laver à tambour, les appareils permettant de visionner les films et les opéras et même un micro pour chanter. Une table était dressée pour un banquet, avec de l’alcool de qualité, de la volaille, du poisson, de la viande, des verres à vin et des baguettes rouges. Le cercueil d’argent était décoré comme celui de mon oncle, avec un portrait souriant de Lingling et, sur les parois, des soieries, des vêtements de femme, des bijoux, une coiffeuse, des coffrets de produits de beauté, une machine à coudre et tous les ustensiles nécessaires à la préparation des repas dans une cuisine moderne comme à la ville, avec une hotte aspirante, des tabliers, des verres et des brosses. Rien ne manquait. Il y avait aussi des fleurs, des pelouses, des vignobles et des grenadiers sous lesquels gouttaient encore les vêtements de mon oncle que Lingling venait de laver.
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