l'Agence Reuters de Hong-Kong a écrit:
L'opposant chinois a escaladé un mur pour s'évader
Dans l'habitation délabrée où il était assigné à résidence, le dissident chinois Chen Guangcheng a feint pendant longtemps d'être malade, gardant le lit pour laisser croire à ses gardiens qu'il était incapable de prendre la fuite, ont raconté ce week-end des opposants chinois.
C'est cette ruse mûrie de longue date qui a permis au dissident de déjouer la vigilance de ses geôliers et de parvenir à Pékin, où, selon des opposants, il se trouve désormais sous protection diplomatique américaine.
L'épouse de Chen, leur fils et sa mère se trouvent quant à eux toujours dans le village du Shandong, une province de l'est de la Chine, où le dissident était assigné à résidence. On est sans nouvelles d'eux depuis l'évasion.
Un diplomate étranger en poste à Pékin a déclaré dimanche que Chen se trouvait désormais à l'ambassade des Etats-Unis.
Lorsque les gardiens ont relâché quelque peu leur surveillance, le 21 avril, Chen, qui est aveugle, s'est glissé hors de la maison à la faveur de l'obscurité et il a escaladé un mur d'enceinte de deux mètres de haut.
"Il a tenté de creuser un tunnel mais a fini par renoncer à ce plan-là", a expliqué Bob Fu, président d'une ONG de défense des droits de l'homme, ChinaAid. "Ce qui lui a permis de réussir, c'était d'avoir fait croire qu'il devait garder le lit".
Selon Bob Fu, les gardiens de la maison ne se sont aperçus de l'évasion que jeudi, soit cinq jours après.
VOYAGE EN VOITURE VERS PÉKIN
Chen, qui était assigné à résidence depuis sa libération de prison en septembre 2010, a réussi à escalader le mur sans aucune aide, ont déclaré des opposants et des ONG des droits de l'homme.
Il s'est cependant blessé au pied en sautant de l'autre côté. Bob Fu précise que Chen était déterminé à prendre la fuite et a réussi à traverser une rivière, avant de retrouver des amis qui l'ont conduit en voiture à Pékin.
"Après s'être échappé du village, il m'a contacté et je suis allé le prendre en charge", a expliqué une amie du dissident, He Peirong, elle-même militante des droits de l'homme. "Il connaissait mon numéro de téléphone. Nous avions eu une conversation téléphonique en juillet dernier", ajoute cette amie de longue date.
Le voyage en voiture entre le Shandong et Pékin, long de 500 km, a pris trois jours. Ainsi le dissident aveugle a-t-il pu éviter les transports publics, où il aurait pu se faire repérer. Après son arrivée dans la capitale, Chen a changé de lieu à plusieurs reprises afin d'éviter de se faire prendre, ont déclaré des opposants.
He Peirong, elle, a été arrêtée vendredi, selon Fu.
La télévision de Hong Kong a diffusé samedi des images de la maison, dans le village de Dongshigu, où Chen a passé 19 mois en résidence surveillée. C'est une habitation triste et délabrée, avec des épis de maïs éparpillés sous l'avant-toit et dans une cour où règne un grand désordre.